La couleur de la solitude 🌓
Alia se réveille dans la pénombre comme tout les matins. Elle a mal au dos sûrement parce que son matelas n'est pas assez mou et n'est pas agréable pour une jeune fille comme Alia. Elle reste dix minutes dans la pénombre en criant pour que sa mère vienne lui ouvrir la porte. Mais elle n'arrive pas. Elle entends des cries, des pleures, des voix. Alia a peur. Elle se recroqueville dans le coin de la pièce, les genoux collés contre sa poitrine. Elle tremble de tous ses membres et n'ose dire un mot. Elle le sait, si elle cri ce sera pire.
La porte s'ouvre, elle laisse s'échapper un long bruit strident qui transperce de peur Alia. Elle aperçois une ombre imposante dans l'entrebâillement de la porte. Alia tremble. De froid. De fatigue. De peur. Un homme entre dans la pièce et avance en faisant des pas lourds. Silence. Une main levé. Des larmes qui s'écoulent. Un bruit fort et qui rappelle si bien celui de l'enfance brisée. Puis le bruit se répète. Encore et encore. Puis plus rien. Tout s'arrête. Aucun son. Aucune larme. Aucun cri.
Aujourd'hui Alia a école. Elle doit cacher ses bleus avec du maquillage. Sa mère l'aide, lui promettant que tout va changer et qu'elles vont s'en sortir. Foutaises. Alia va au collège. Elle sourit même si tout ses muscles lui font mal. Même si l'envie d'arrêter est devenu une obsession. Même si elle sait que tout va recommencer. Que demain les bleus seront de plus en plus nombreux. Mais elle sait aussi que si elle parle, il va la punir. Mais au moment de descendre les escaliers, Alia titube. Tombe. S'écroule sur le sol. Et les autres regardent, et rigolent. Parce que pour eux c'est drôle de voir quelqu'un tomber.
Demain Alia sera seule. Seule face à lui. Et elle ne pourra rien faire. Pas même lui dire d'arrêter. Parce qu'il ne supporte pas sa voix. Alia sera confrontée à lui. Et, elle ne trouve pas ça drôle et amusant. Elle voudrait juste de l'aide. Un peu de soutient. Une main tendue vers elle venue pour l'aider. Mais non. Demain Alia sera en proie à un sentiment de peur. De tristesse. De mélancolie. De peine. Et de douleur. Mais Alia n'avait rien demander. Même pas à naître.
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Ilan est heureux. Enfin, il paraît heureux. Il a des amis. Une belle est grande famille. Il a tout pour plaire. Il est jeune et a un grand avenir devant lui. Ilan est beau. Il attire toute les filles et n'en choisit aucune. Mais Ilan se sent seul. Allongé sur son lit grinçant au moindre de ses mouvements, Ilan pense. Du haut de son mètre soixante dix, il se sent minuscule. Abattu et perdu il réfléchit. Entouré de ses amis il se sent de trop. Un peu en retrait il semble effacé. Pourtant, il est bien là. Dans ses baskets bousillé à l'usure et son jean un peu trop bas. Il est là.
Comme tout les matins, Ilan va en cours. Sac sur les épaules et des rêves pleins le sac à dos. Il se sent bien. Il veut faire bouger les choses. Exister et faire exister les autres. Ilan est déterminé à devenir heureux. Mais lorsqu'il aperçoit ses amis devant l'entrée du bahut, ses doutes reviennent. Son doux sourire s'efface. Ses rêves s'envolent. Retour à la réalité. Il s'efforce de faire son plus beau sourire. Même si le cœur n'y est pas. Ilan ne se sent plus très bien. Ilan se sent seul.
Il ne comprends pas pourquoi. C'est comme un poids dans son cœur. Il ne supporte plus cette vie répétitive. Il veut changer ses journées moroses. Ilan veut s'en aller. Partir loin. Ne jamais revenir. Tout foutre en l'air. Pour l'instant, Ilan doit aller en cours. Suivre le professeur raconter des choses qui ne lui apprendront jamais comment survivre à l'âge adulte. Ilan en a marre de tout ça. Il n'est pas d'humeur à rigoler. Ses amis, eux, le sont. Il suit le mouvement sans être dedans. Ilan est aimé mais n'est pas sûr d'aimer en retour. La journée est terminée. Ilan rentre chez lui.
Allongée sur un lit qui grince, Ilan observe les étoiles. Il n'a pas mangé. Il n'a pas faim. Il n'est pas fatigué. Il est vide. Il n'y a plus rien qui le caractérise. Ilan pense. Se remémore les années passées. Il se demande s'il a toujours été seul. Il n'en sait rien. Il ne veut pas en parler. Ilan se dit qu'il n'a personne à qui en parler. Ilan est seul. Dans sa chambre il regarde les étoiles. Il est bousillé. Un peu foutu, très perdu. Demain, la routine va recommencer. Et rien n'aura changé.
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Safia se sent humiliée. Issu d'une famille de croyant, elle croit en sa religion. Elle est libre. Safia porte le voile. Safia en est fière parce que c'est ce qu'elle est. Sa religion ne devrait pas être un obstacle à toutes relations humaines. Safia se sent rejetée. Elle en souffre. Mais ne dit rien et garde la tête haute pour faire honneur à sa famille. Mais Safia est à bout. Elle voudrait juste qu'on entende ses prières. Elle voudrait juste pouvoir être entièrement libre, pouvoir marcher dans la rue sans être épiée, sans être injurier ou dénigrer.
Mais les parents des autres élèves ne sont pas du même avis. Les enfants sont influencés à cause des amalgames trop fréquents. Safia se sent vulnérable. Les autres enfants évitent de l'approcher. Ils devraient comprendre qu'une jeune fille ne leur fera jamais de mal. Ce n'est pas de leur faute, mais celle des parents. Safia a, elle aussi, été touchée par les malheurs du monde. Son père est parti rejoindre les étoiles alors qu'ils étaient dans leur pays natale.
Encore une journée passée seule. Safia ne sait plus quoi faire pour se faire entendre. Elle ne demande pas le monde. Elle se sent humiliée. Safia est jeune. Belle. Intelligente. Elle a un avenir devant elle. De grandes possibilités s'offrent à elle. Mais elle sait déjà qu'elle va devoir redoubler d'efforts pour réussir dans la vie. Juste à cause de sa religion. De ses origines. De ses croyances.
Safia voudrait témoigner. Témoigner son amour pour la France. Pour le monde. Pour la vie. Elle voudrait un peu de réconfort et de gentillesse. Elle ne demande aucunement la richesse, juste un sourire. Elle voudrait crier son mécontentement face à tant d'injustices et d'ignorance. Elle voudrait montrer aux gens que tous les gens pratiquants sa religion ne sont pas des criminels. Elle voudrait parler. Crier. Pleurer. S'exprimer. Mais personne ne semble l'écouter.
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Akio se sent désorienté dans cette société sans scrupule. Seul dans son appartement, la vie lui parait fade. Il a cours mais ne veux pas y aller. Akio se force à se lever. Passe devant le miroir. Il se sent différent. Anormal. Son reflet dans la glace le dégoute. Il s'injure. Il est seul dans sa vie et ses parents ont tenté de lui faire rencontrer des femmes. Il a finit par leur dire qu'il était indifférent à ce genre de choses. Ses parents n'ont pas tout de suite compris. Ils ont vite réalisé ce qu'il voulait dire. Akio est différent. Et ses parents n'apprécient pas qu'il le soit.
Celui qui fait battre le cœur de Akio n'est pas une de ces jolies filles très coquette. Mais la personne qui le connaît mieux qui lui-même. Son meilleur ami. Ses parents n'approuvent pas. Ils ne veulent pas que leur fils soit une personne comme eux. Akio a tenté de leur parler. Ils ont finit par l'envoyer dans un appartement miteux loin de chez eux. Il se sent incompris. Ses parents se sentent humiliés. Akio s'en veut. D'avoir révéler qui il est. D'éprouver des sentiments pour son ami.
Akio arrive d'un pas lent dans l'établissement scolaire. Des regards furtifs lui sont accordés et des injures humiliantes sont murmurer. La rumeur circule vite ici. Certaines personnes n'ont pas encore muris. Les gens se moquent de lui. Par peur de la différence. Par peur de l'inconnu. Ses amis sont partis. Akio se sent seul. Perdu dans cette société qui veut lui coller une étiquette.
Akio est mal. Il ne comprends pas cette société. Il est perdu. Désorienté. Foutu. Il ne sais plus quoi faire pour que tout redevienne comme avant. Il voudrait crier son mécontentement. Il ne sait plus qu'est ce qu'il doit croire. Dire où ne pas dire. Faire ou ne pas faire. Il regarde les vieilles photos de famille avec un arrière goût de mélancolie. Plongée dans une tristesse il se taire dans un mutisme et s'enfonce un peu plus chaque jour au fin fond du gouffre.
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Andrew ouvre ses yeux poussant un soupire. Il n'a pas envie de voir sa famille. Ses amis. Son reflet dans le miroir. Et encore moins la pitié dans le regard des gens. Il veut être oublié, qu'on ne se retourne plus sur lui dans la rue. Il veut être libre de ses mouvements comme n'importe lequel d'entre nous. Il voudrait faire du sport. Pouvoir monter facilement dans le bus. Andrew est agacé par les gens qui le regardent de haut en bas comme s'il était un objet que l'on pourrai contempler et juger autant qu'on le voudrait. Il veut s'éloigner de sa vie monotone.
Il se prépare. Toujours avec difficulté. Il est aidé de sa mère mais il ne veut pas de son aide. Il voudrait y arriver seul. Mais il ne peut pas. Andrew est dépendant de ses parents. Il n'a pas le choix. Il n'a jamais connu la liberté d'avoir une indépendance totale. Il en rêve. Mais pour l'instant, Andrew doit aller en cours. Lorsqu'il descend de la voiture, il est voué à lui même. Et il le sait, il a une sorte d'appréhension au moment où il arrive dans le lycée.
Les regards sont posés sur lui. Il en a l'habitude. Les roues de son fauteuil vibre sur le goudron. Il ne sait pas trop où aller. Il n'a pas envie d'aller en cours. Pas envie de rester dans les couloirs. Pas envie de recroiser les regards pleins de pitié. Il n'a pas besoin de ça. Il ne veut pas de ça. La sonnerie retentit. C'est l'heure de revoir les mêmes personnes. Les mêmes regards. Les mêmes paroles. Les mêmes cours. Tout ça le fatigue. Il ne veut plus de cette routine qui le tue à petit feu.
Il rentre ce soir avec l'aide de sa mère. Il est fatigué et n'a pas envie de parler mais il ne veut pas inquiéter sa mère. Il se tait. Se perds dans les noirceurs de son cœur. Se noie dans les profondeurs de ses larmes. S'enterre dans des pensées sombres. Il se fait du mal. Et le sait. Mais Andrew ne fait rien pour arranger cela. Demain ne sera, pour lui, que la continuité d'aujourd'hui. Il ne trouve aucun réconfort dans les bras de sa mère. Il n'éprouve plus aucun sentiment. Il est vide.
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Pour tout ces gens qui se sentent écartés.
Pour tout ce qui rentre chez eux avec le cœur abimé.
Pour les jeunes filles qui se font maltraité.
Pour les gens qui se sentent seuls malgré leurs nombreuses amitiés.
Pour les handicapés qui subissent les paroles murmurées et les regards de pitié.
Pour toutes ces personnes qui rêvent de s'échapper.
Pour les filles voilées qui se sentent humiliées et souillées.
Pour nos pensées cachées.
Pour nos âmes tâchées par la société.
Pour tout les amours gâchées.
Pour les amitiés rouillées.
Pour les fois où l'on aurait pu agir mais on ne l'a pas fait.
Et pour tout nos regrets.
Pour toute les choses que dont je n'ai pas parlé,
Et pour tout ces gens que je n'ai pas cité.
Donnons le sourire aux personnes les plus attristées.
Rangeons les armes, la guerre a assez duré.
Renversons la société.
Prenons le temps de nous écouter.
Arrêtons de nous oublier.
Cessons ces stupidités.
Disons nous la vérité.
Et, essayons de nous aimer.
Alors ce texte m'émeut à chaque fois que je le relis. Pas parce que je pense qu'il est bien écrit ou quoi que ce soit de ce genre mais parce que je le trouve tout simplement émouvant. Une amie m'a dit que j'étais empathique et je pense que c'est pour ça que j'écris beaucoup sur ce que les autres peuvent vivre tout en me mettant à leur place. Je sais que je ne pourrai jamais comprendre les gens entièrement parce que je ne vivrai et ressentirai jamais les même choses qu'eux. Mais j'ai écris ce texte pour vous faire comprendre qu'au delà des apparences il y a peut être un lourd secret, une parole jamais prononcé, une absence envahissante, un mal être profond. Faites attention à vous et à ceux que vous aimez.
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