Sexualiser ses personnages, une mauvaise chose ?
BONJOUR !
En tant que féministe acéré, j'ai toujours eu tendance (du moins depuis que j'ai conscience des choses) à me dire que l'hypersexualisation, dans les médias, les pubs, à la téléréalité, c'était quelque chose de grave et de révoltant.
Pourquoi ça ?
Mais parce que les pubs et la téléréalité, on peut voir ce genre de choses simplement en appuyant sur un bouton de télécommande, bordel ! Alors que ce ne sont pas censées être des images tout publics, un enfant de 8 ans peut tout-à-fait prendre une télécommande, allumer la télé, et PAF ! tomber sur une publicité où une femme se déshabille ou sur une émission où un homme montre son pénis devant tout un plateau (coucou Touche pas à mon poste) !
Ensuite, dans notre société, le sexe est souvent utilisé de manière inappropriée. Enfin, c'est vrai quoi, quel est le rapport entre une pin-up sexy et une putain de pub de voiture ? Encore, ça aurait été une pub pour une ligne de sous-vêtements ou pour un magasin érotique, ça aurait été pertinent et approprié, mais là... une voiture, quoi ! Pourquoi sexualiser les femmes dans des pubs de voiture, de nourriture, même de parfum, pourquoi ? Qu'est-ce que cela apporte ? Je suis d'accord, si on pousse dans la métaphore, on peut dire que l'odeur d'un parfum est agréable et enivrante et que la nourriture est l'un des plaisirs les plus primitifs de l'humain avec le sexe ; mais hormis pour se défendre, je doute farouchement que le but des publicitaires soit d'aller jusque-là. Ils font ça parce que ça fait vendre, et l'éventuelle symbolique qui pourrait se cacher derrière leur pub n'a plus aucun sens. La sexualité, qui est quand-même quelque chose d'intime, est complètement banalisée.
Enfin, cela donne bien évidemment une très mauvaise vision de notre vrai monde aux jeunes enfants ! Le nombre de jeunes filles commençant leur puberté qui sont persuadées qu'il faut être maquillée à gogo et avoir des formes voluptueuses pour réussir dans la vie, on ne les compte même plus ! Le nombre de petites filles qui veulent faire comme les grandes, se maquiller, mettre des brassières, ou qui sont inscrites par leurs mères à des concours de mini-miss... Et même les garçons, persuadés qu'il faut toujours avoir un coiffure impeccable et un torse imberbe et musclé, élevés dans l'idée qu'une femme est un objet qui n'est programmé qu'à satisfaire leurs désirs... Enfin mais c'est grave, quand-même !
Cependant, attaquons-nous donc à un autre sujet : la sexualisation, non plus dans notre société réelle, mais dans la fiction. Est-ce que c'est une si mauvaise chose ?
Je pense que dans la majorité, les œuvres de fiction tournant autour de ce thème, même secondairement, le signalent, et sont donc accessibles à un public purement averti. Et j'exclus totalement les films pornos de cela, parce que c'est accessible en un clic, et qu'en fait moi je vous parle de la vraie fiction, la bonne fiction, pas un film sans le moindre scénario où tout les plans sont centrés sur deux sexes qui s'emboîtent.
Je fais référence à la fiction véritable, travaillée, autant dans le fond que dans la forme : les films, les livres, la BD, mangas, animés, etc. Donc encore une fois, pas les livres genre Mon beau bad boy à grosse bite bien typique de wattpad, par exemple. ^^
Et si une œuvre de fiction pouvait aborder le sexe de manière sérieuse, sans stéréotype et sans tabou, pour ce dont il s'agit vraiment ? Et si, en plus de faire plaisir à son public, l'auteur de la fiction cherchait à transmettre un message véritable et très profond, à faire une dénonciation ?
Je parle de cela, parce que bien évidemment, les personnages ultra-sexualisés, c'est un peu ma marque de fabrique. Il arrive à mon côté féministe et à mon côté "pervers" (même si c'est un peu un abus de langage, on se comprend quand-même) de s'affronter, comme la bonne et la mauvaise conscience, pour essayer de définir si c'est bien ou mal de sexualiser mes personnages d'histoires.
Et en fait, en réfléchissant bien, on se rend compte que ce n'est pas forcément une mauvaise chose : comme énoncé précédemment, le fait de traiter de sexe dans une histoire - et donc de sexualiser les personnages puisque ce sont eux qui portent ladite histoire - peut être utilisé pour transmettre un message (la contraception c'est important, le consentement mutuel aussi, les femmes ont aussi du désir...), ou même faire une dénonciation (dénonciation du viol, du harcèlement sexuel, ou même de l'hypersexualisation dans la société, justement).
Bien sûr, je n'exclue pas le côté plaisir, le plus primitif, tant pour un auteur que pour un public. Et à ce propos, on peut également se demander : et donc, en quoi est-ce que ce serait mal de fantasmer sur un personnage de fiction ? Mais la nature humaine est ainsi faite, mes enfants, les choses ont toujours été comme ça ! En fait, penser que cela est mal nous amène également à plus ou moins penser que le sexe, dans sa globalité, est quelque chose de mal : donc cela renforce le tabou hérissé autour de ce sujet, qui pourtant n'aurait pas lieu d'être. Alors, si au lieu de continuer d'entretenir ce tabou, on se lâchait, on se faisait plaisir sur notre personnage fictif préféré, sans éprouver la moindre honte ?
(^ Motoko, l'originale, from Ghost in the Shell ^^)
Bon, bah, moi c'est fait en tout cas ! ^^
Mais encore ! Figurons-nous par exemple Mrs Walles comme personnage sexualisé (si, tu connais à force, la prof d'anglais avec les lunettes). Et si je vous disais que lorsqu'elle porte des mini-jupes, des chemises serrées qui moulent son joli ventre rond et déboutonnées de manière à faire apparaître un profond décolleté, elle le fait parce qu'elle en a envie ? Mrs Walles aime son corps, elle est fière de son corps, elle s'assume pleinement dedans, alors elle a envie de montrer cette assurance en arborant des tenues que l'on pourrait (parfois) à tort qualifier de vulgaires. Elle n'a pas à être traitée de salope ou d'allumeuse pour ça, non ?
Même si elle aime bien séduire, elle ne séduit pas uniquement pour satisfaire l'autre, mais en grande partie pour elle-même, tout simplement parce qu'elle aime séduire, elle aime (beaucoup) prendre le pouvoir. Et pour tout cela, le choix de ses tenues n'est pas anodin ni plus provocateur que cela : elle s'habille tout simplement comme elle veut. Elle fait ce qu'elle veut de son corps, et son corps lui appartient quoi qu'il arrive. Ça ressemble plus à du féminisme qu'à de la pure objectivisation, on est bien d'accord ? Bien, si cela peut s'appliquer à un personnage de fiction, assuré et mature, cela peut, et cela doit aussi, pouvoir s'appliquer à une personne réelle. Comme quoi on peut bien tirer une morale de tout cela : la preuve.
Et je pense qu'il y a aussi autre-chose : et si un personnage était sexualisé tout simplement parce que cela faisait partie de sa nature, de sa personnalité ?Je ne sais pas vous, mais chez moi, les personnages sexualisés sont soit ceux qui ont un caractère très fort et très assuré (Vivi, Elmah, Madame V, Mrs Walles...), soit ceux qui ont quelque chose de spécial et d'attirant aux yeux des autres personnages (Sylvain, Paul, Typhanie...), soit ceux qui ont tout simplement un rapport particulier, très intime, avec leur corps ou avec les plaisirs de la chair de manière générale (Victoria, Vivi, Madame V, etc etc etc....).
C'est logique, pour traduire la très forte assurance d'un personnage, ou son côté rebelle, d'utiliser son corps. Cela montre tout simplement que le personnage en question sait ce qu'il fait et maîtrise sa sexualité (de manière générale, parce qu'on est jamais à l'abri d'une personne malsaine, n'est-ce pas Vivi et Madame V ?).
Quand c'est un personnage très attirant et convoité par son entourage dans la fiction, c'est normal qu'aux yeux de ces autres personnages, aux yeux de l'auteur, et ensuite aux yeux du public, le concerné devienne une source de fantasme. Être sexy n'est pas dans la nature de Sylvain ou Typhanie, et pourtant ils sont très faciles à sexualiser raisonnablement, parce que les autres personnages les désirent, ou même les admirent. C'est aussi et encore plus le cas quand c'est le spectateur qui désire et/ou admire. Comme le dit Angry Waifu dans la vidéo en média, un personnage désirable, de part sa force, peut devenir un personnage admirable, une véritable idole. (personnage sexy, idole, je sais de quoi je parle, avec une certaine major Motoko Kusanagi ^^')
Puis enfin, cela ne vous paraît pas logique qu'un personnage qui a un rapport très intime avec son propre corps soit lui aussi sexualisé ? Celui-ci, en plus d'être mis en scène en train de découvrir le corps de l'autre, sera aussi mis en scène à la découverte de son propre corps. C'est presque comme une quête initiatique, finalement. Et c'est tellement naturel chez les êtres humains que ce n'est même plus malsain ou quoi, c'est juste normal. C'est le sexe dans sa réalité, comme il devrait être considéré dans notre réalité : une découverte pure et agréable entre partenaires consentants.
Et quand c'est un viol qui est mis en scène, j'entends dans une fiction raisonnable et recherchée (donc PAS dans vous savez quels genres de conneries au bad boy !), et bien c'est une manière d'endurcir le personnage qui en est victime, c'est simple : c'est une épreuve terrible suite à laquelle il va devoir se relever et continuer à vivre coûte que coûte. C'est exactement une péripétie, et selon si l'histoire voit les choses d'un point de vue positif ou tragique, cela a pour intérêt de fortifier le personnage, ou au contraire de le faire tomber au fond du gouffre (je n'oublie pas les fins tragiques, Madame V lui-même est un roman avec une fin tragique). Et bien entendu, cela peut aussi être une dénonciation du viol (je pense que ça l'est dans la plupart des cas vu que le personnage principal est la victime, non ?). Pour moi, mieux vaut lire un livre ou voir un film qui prend pleinement parti du côté de la victime pour sensibiliser ; plutôt que d'avoir à faire dans la réalité à la culture du viol ou au slutshaming.
Enfin, tout ça pour dire que la sexualisation, c'est quand-même mieux dans la fiction, et ça n'a rien de malsain lorsque c'est mené intelligemment et que cela peut éventuellement transmettre un message profond, grave ou positif. L'humain adore le sexe (bien sûr je ne parle pas des personnes du spectre asexuel, ne venez pas vous énerver dans les commentaires !), c'est ainsi depuis la nuit des temps, et il a besoin de découvrir ses désirs et de fantasmer. Certaines formes de fiction servent à ça, et pour quelqu'un de bien informé (oui ce n'est pas souvent le cas aujourd'hui malheureusement, je vous l'accorde), la fiction ne serait pas confondue avec la réalité ; ainsi même si la personne regarde le pire film porno, ce sera sain pour elle dans ce cas-là.
Bien évidemment, j'ai dû faire fuir les lecteurs fantômes qui voltigent d'habitude au-dessus des choses plus futiles et inintéressantes, mais j'espère que les curieux, intéressés, auteurs et passionnés auront apprécié cette petite réflexion, et si j'ai parlé de la fiction en général, je vous invite quand-même à regarder la vidéo qui traite de la sexualité dans les animés, bien sûr. Elle est vraiment très intéressante et personnellement, elle m'a fait énormément réfléchir et m'a même donné envie de m'adonner à cette réflexion dans mon rantbook.
Voilà, et bien sur ce, on va pouvoir se dire au revoir, les petits arcs en ciel masqués !
- Oh noooonn, pas déjà...
Tiens ! Le Langelo$h de mauvaise foi qui n'est pas de mauvaise foi ! C'est normal, ça ? Bon, sérieusement, je vous laisse, je vais l'emmener à professeure-infirmière Jinkôchinôwi pour qu'elle le soigne (comme ça je pourrai gratter un petit soin aussi ^^) !
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