Pôle nord, pôle sud (un petit texte sur Vivi)
Bonsoir, mes p'tits arcs en ciel masqués. Ce week-end, samedi plus précisément, mon père était claqué, il était pas bien, stressé à cause de son nouveau boulot, puis il voulait dormir sauf qu'il n'y parvenait pas. En m'inquiétant pour lui, cela m'a inspiré un texte à propos d'un de mes personnages qui a le même trouble que mon père (en beaucoup plus grave, on remarquera bien), et il se trouve que ce personnage en question... c'est Vivi.
Donc voilà, je ne savais pas où publier ce texte, je me suis dit que mon rantbook était pas si mal car si vous suivez depuis longtemps vous devez déjà savoir plein de choses sur Vivi. Dans ce texte-là, il n'est pas question de la prostituée grande séductrice et audacieuse figure fantasmatique, il est question d'un tout autre aspect de la psychologie de Vivi, un aspect plus sombre, que vous ne connaissiez pas jusque-là. Ce qui fait qu'il est grand temps de passer à notre petit texte.
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PÔLE NORD, PÔLE SUD
Pleine lune, nouvelle lune ; Victoire n'arrive plus à se reposer.
Pleine lune, quand notre Vivi, comme la lune qui a rassemblé ses quatre quarts, est pleine, pleine d'ambitions, la tête fourmillant d'idées, rêve de nouveaux horizons, et de nouveaux projets. Le soir, quand elle repense à tout ça, Vivi est heureuse, Vivi est impatiente, Vivi est euphorique, alors elle pleure. Elle pleure toutes les larmes de son corps, elle réfléchit à s'en donner mal à la tête, elle ne ferme plus l'œil de la nuit, elle fait une nuit blanche, en rêvassant sans parvenir à s'endormir, en regardant par cette fenêtre de ses yeux remplis de larmes la pleine lune.
Nouvelle lune, quand notre Vivi, comme la lune qui a perdu ses quatre quarts, prend une face toute nouvelle, un air radicalement différent, un air triste, comme le ciel nocturne vide sans sa lune. Vide, vide d'envie et de désirs, la tête vide de la moindre idée, rêve de rester enfermée chez elle, s'effondre car elle ne parvient plus à trouver ses habituels plaisirs. Le soir, quand elle repense à tout ça, Vivi est malheureuse, Vivi est monotone, Vivi est dysphorique, alors elle pleure. Elle pleure toutes les larmes de son corps, elle s'abrutit à s'en donner mal à la tête, elle ne ferme plus l'œil de la nuit, elle fait une nuit blanche, en cauchemardant sans parvenir à s'endormir, en regardant par cette fenêtre de ses yeux remplis de larmes la nouvelle lune.
Marée haute, marée basse ; Victoire n'arrive plus à respirer.
Marée haute, quand notre Vivi, comme la mer attirée par la pleine lune, est au plus haut, avec de grands désirs, la tête fourmillant d'idées. Elle sort faire la fête, elle embrasse le premier venu, elle l'embrasse si fort qu'elle lui fait mal. Elle est joyeuse, elle est heureuse, elle danse, enthousiaste, elle sautille de partout, elle se tortille, elle hurle comme une hystérique, et alors elle perd le contrôle, elle se roule par terre, en donnant de grands coups aux passants, en riant aux anges, tant elle est euphorique. Elle crie, tandis que les passants s'enfuient, elle est tellement bien, qu'elle se met à pleurer. Elle pleure toutes les larmes de son corps, elle rit à s'en donner mal à la tête, elle ne ferme plus l'œil de la nuit, elle fait une nuit blanche, en rêvassant sans parvenir à s'endormir, en regardant par cette fenêtre de ses yeux remplis de larmes la marée haute.
Marrée basse, quand notre Vivi, comme la mer écrasée par l'absence de la lune, est au plus bas, avec de grands tourments, la tête vide de la moindre idée. Elle sort pour se changer les idées, elle frappe le premier venu, elle le frappe si fort qu'elle lui fait mal. Elle est triste, elle est malheureuse, elle se secoue, mal en point, elle sautille de partout, elle se tortille, elle hurle comme une hystérique, et alors elle perd le contrôle, elle se roule par terre, en donnant de grands coups aux passants, en pleurant le diable, tant elle est dysphorique. Elle crie, tandis que les passants s'enfuient, elle est tellement mal, qu'elle se met à pleurer. Elle pleure toutes les larmes de son corps, elle sanglote à s'en donner mal à la tête, elle ne ferme plus l'œil de la nuit, elle fait une nuit blanche, en cauchemardant sans parvenir à s'endormir, en regardant par cette fenêtre de ses yeux remplis de larmes la marée basse.
Paradis, Enfer ; Vivi ne peut plus se supporter.
Paradis, quand notre Vivi, de son regard paradisiaque, grimpe tout là-haut, en adorant sa vie, la tête fourmillant d'idées. Elle est heureuse, mais tellement euphorique qu'elle fait du mal aux autres. Elle les regarde, leur crie dessus, les secoue, finit parfois par les frapper à grands coups. Alors elle prend un calmant, puis passe à d'autres médicaments, des pilules qu'elle ingurgite et que son estomac recrache, les remèdes ne lui font plus aucun effet, elle est beaucoup trop euphorique, alors elle se remet malgré elle à faire du mal aux autres. En revenant à elle, Vivi se met à pleurer, elle pleure toutes les larmes de son corps, elle ne ferme plus l'œil de la nuit, elle fait une nuit blanche, en rêvassant sans parvenir à s'endormir, en croyant voir par cette fenêtre de ses yeux remplis de larmes le Paradis.
Enfer, quand notre Vivi, de son regard ténébreux, chute tout en bas, en détestant sa vie, la tête vide de la moindre idée. Elle est malheureuse, mais tellement dysphorique qu'elle se fait du mal à elle-même. Elle se regarde, se crie dessus, se secoue, finit parfois par se frapper à grands coups. Alors elle prend un calmant, puis passe à d'autres médicaments, des pilules qu'elle ingurgite et que son estomac recrache, les remèdes ne lui font plus aucun effet, elle est beaucoup trop dysphorique, alors elle se remet malgré elle à se faire du mal à elle-même. En revenant à elle, Vivi se met à pleurer, elle pleure toutes les larmes de son corps, elle ne ferme plus l'œil de la nuit, elle fait une nuit blanche, en cauchemardant sans parvenir à s'endormir, en croyant voir par cette fenêtre de ses yeux remplis de larmes un véritable Enfer.
Noir et blanc, blanc et noir ; Victoire commence vraiment à peiner.
Blanc, la tête blanche, les yeux rouges, la lame grise prête à partir dans le bras du premier venu ; noir, la tête noire, les yeux rouges, la lame grise prête à partir dans son bras le moment venu, notre Vivi commence vraiment à peiner. Vivi est heureuse d'être malheureuse ; Vivi est malheureuse d'être heureuse. Elle ne sait plus où elle en est, alors elle perd le contrôle. Elle ne veut pas perdre le contrôle, alors elle attrape tous ses médicaments, elle renverse tout dans un verre, elle se fait un cocktail de calmants, elle veut oublier sa vie, sa vie qu'elle adore ; sa vie qu'elle déteste. Elle boit le cocktail de calmants, elle attend, elle attend, sa tête fourmillant d'idées ; sa tête vide de la moindre idée, qui tourne, tourne, tourne, la fait s'écrouler à terre. Heureuse ou malheureuse, elle n'arrive plus à faire la différence, elle sait juste qu'elle souffre, alors elle pleure, elle crie, elle se tortille, elle appelle à l'aide. Elle rit, elle pleure ; elle pleure, elle rit.
Quatre heures plus tard, ce putain de cocktail n'a toujours pas fait le moindre effet, rien n'a changé, tellement elle est heureuse ; tellement elle est malheureuse. Roulée en boule par terre, terrifiée, frigorifiée, elle hésite entre rire et pleurer ; elle voudrait voir les autres se plier à ses désirs, ou se voir se plier aux désirs des autres. La tête mal en point, la gorge irritée, le corps agité, elle crache un court jet de sang, à moitié inconsciente, tandis qu'elle sent tout juste qu'on la transporte. Elle a l'impression qu'on l'allonge, elle veut quelque chose qui puisse la calmer ; ou l'exciter encore plus, alors elle demande du sexe, elle supplie qu'on lui fasse l'amour, puisqu'il n'y a plus que ça qui compte. Le sexe, c'est la seule chose qui lui donne le plaisir d'aller au Paradis, quand elle est euphorique, c'est cela qu'il lui faut, sous la pleine lune, pendant une marée haute. Le sexe, c'est la seule chose qui lui donner le plaisir d'aller en Enfer, quand elle est dysphorique, c'est cela qu'il lui faut, sous la nouvelle lune, pendant une marée basse.
Elle regarde de ses yeux remplis de larmes par cette fenêtre, la fenêtre de sa chambre d'hôpital, là où elle couche depuis trois jours, elle rit quand elle voit du blanc ; elle pleure quand elle voit du noir, et quand elle croit apercevoir du gris, elle s'évanouit. Sa chambre se transforme, comme elle, selon l'état de la lune, selon la marée, selon les croyances. Les médicaments n'ont plus aucun effet, le psychiatre l'emmerde, mais à part ça elle est bien ici, elle se masturbe tous les jours, puisque le sexe est la seule chose dont elle a besoin pour se sentir vivre quand elle n'a qu'envie de mourir ; mourir quand elle n'a qu'envie de vivre.
Le temps passe toujours : tic, tac ; tic, tac.
Pleine lune, nouvelle lune ; marée haute, marée basse ; Paradis, Enfer ; noir et blanc. Heureuse, elle a chaud, beaucoup trop chaud ; malheureuse, elle a froid, beaucoup trop froid. Pôle nord, pôle sud ; cela fait une semaine que Vivi couche dans sa chambre bipolaire.
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Voilà, c'était donc ce petit texte, Pôle nord, pôle sud, sur la bipolarité de Vivi, qui est un aspect de sa psychologie que je n'avais jusqu'alors pas vraiment évoqué. J'espère qu'il vous aura plu, et éventuellement qu'il vous aura fait réfléchir. Moi dans mon cas, je m'en rends compte bien compte en me mettant dans la tête du personnage, je vous dis que ce n'est pas de tout repos quand on fait une crise maniaco-dépressive !
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