How to be a good bad boy ? 3 : L'ULTIME (LEÇON) RÈGLE INDISPENSABLE
Appelée par la voix traître de la gueule cassée du metteur en scène, j'émets un soupir qui balaie un vent soudain sur mon gobelet de jus d'orange, et je me dresse de la chaise où je m'étais pourtant si confortablement installée.
– Courage, me chuchote Paul, c'est la dernière caractéristique et la dernière mise en scène.
– Je sais, fais-je en soupirant une nouvelle fois, mais c'est la pire...
De retour dans la salle, je vois Sylvain qui boude dans un coin avant de commencer à jouer, Elmah qui tourne en rond sur trois mètres carrés, qui a joint ses doigts entre eux et qui souffle d'un vent lent et sourd, à l'affût de ravager - encore et inlassablement - le metteur en se métamorphosant en tornade ; pour se calmer. Le metteur en question est assis sur son siège au coin de l'estrade, le visage gonflé de bleus, les paupières cernées de grosses marques noires et la mâchoire démantelée de plusieurs dents - je n'ose pas imaginer le rendez-vous chez le dentiste.
Quant à moi, je vais donc vous introduire au dernier "trait de personnalité" (si on peut appeler ça plutôt qu'"horreur à bannir de ce monde déjà trop à chier") du parfait bad boy : c'est un attrait détestable, absolument rebutant, mais que certaines auteures de fictions clichés - comme on dit dans notre jargon - parviennent à trouver fantasmatique voire même attirant, tant elles sont mal conditionnées par la société. Les pauvres, je les plains. Mais les clichés, si ignobles soient-ils, sont ainsi faits : le bad boy est un forceur. Il se sert de son charme, de ses faiblesses inventées et surtout de ses inestimables capacités en manipulation psychologique pour convaincre la good girl de céder à ses besoins les plus ardents - pas les besoins à la fille, hein, mais bien ceux du garçon, et uniquement du garçon. Et elle qui ne voulait pas de lui et sa satanée pelle laboureuse de champs, elle finit par accepter de coucher avec lui en se disant qu'au moins, il sera satisfait et qu'elle, de son côté, ne passera sans doute pas pour une salope si elle dit que c'est lui qui l'a un peu forcée.
Conclusion, parce que j'en ai marre de tourner du pot de confiture et que je n'ai pas spécialement envie de tomber dedans comme une mouche : le bad boy est un violeur. Et allez, on suit mon sarcasme, et on applaudit bien fort la très honorable culture du viol ! Applaudissons ensemble avec insistance pour faire comprendre à quel point cette culture est stupide, rejetable, méprisable, détestable et potentiellement combustible. Allez. ALLEZ !!
Mise en scène :
<< Sylvain avait l'appétit très aiguisé par le joli petit cul d'Elmah qu'il voyait se secouer adorablement derrière cette cuisinière sur laquelle elle préparait des œufs brouillés.
– Oh, comment ça parle de mon cul, là ? s'énerva Elmah en se retournant, sans prendre garde au metteur en scène aux dents cassées qui lui criait, tant bien que mal, de jouer sérieusement. Et pourquoi je suis en train de me secouer derrière une cuisinière sur laquelle je prépare des œufs brouillés ? JE M'APPELLE PAS ANASTASIA STEELE, BORDEL !
Elmah continua donc de préparer les œufs brouillés en se trémoussant sur une musique rythmée et matinale, idéale pour commencer la journée. Cependant, Sylvain, de plus en plus affamé, questionna soudain, d'un air enjôleur qui laissait sans problème supposer son désir bestial grandissant que n'importe-quel personnage crédible aurait très mal pris, soit par colère, soit par peur :
– Dis, Elmah... tu m'excites un max... ça te dirait qu'on fasse l'amour ?
– Non, j'ai absolument pas envie, là, répondit-elle du tac au tac.
– Elmah ! grogna le metteur en crachant du sang entre ses dents fracassées, tu dois être gênée et dire non timidement, pas être froide et ferme comme ça !
– TA GUEULE, TOI !
– Franchement, qui parle sur un ton pareil à son potentiel partenaire sexuel ? grogna Sylvain entre ses dents, avant de reprendre : mais enfin Elmah, tu ne refuserais pas une telle faveur à ton bad boy, quand-même ? C'est n'importe-quoi ces répliques, ne cessa-t-il plus de s'interrompre, fulminant. Allez, pour me faire plaisir... tu te sentiras glorifiée et en plus tu passeras pas pour une salope puisque je t'ai forcée ! MAIS C'EST QUOI CES RÉPLIQUES ??!
– Mais on s'en fout, c'est bon, c'est juste une fiction ! Jouez ! insista le metteur en laissant malencontreusement sortir un énième jet de sang de son palais blessé.
– Comment ça, "c'est juste une fiction" ???!! s'exclama Elmah en lâchant la poêle dans un bruit grinçant sans fit vibrer la cuisinière de colère et flanqua les œufs brouillées au plafond.
Et soudain, la jeune fille s'éloigna de la cuisinière, puis du garçon, puis de la porte montée de l'estrade, et finit par descendre de la scène et par disparaître dans la loge sans demander son reste. Sylvain n'attendit pas bien longtemps qu'elle se fût décrochée de sa poêle posée avec fracas pour se lever péniblement de ce satané canapé, qui l'avait alourdi et qui devait être le support de la scène de viol de cette fiction à chier et à vomir, et suivre son mouvement. >>
– Hé ! mais revenez ! s'égosille le metteur en scène, avec de plus en plus de difficulté et la voix de plus en plus faible étant donné l'état sanguinolent de sa bouche.
Une fois que Sylvain s'enfonce à son tour dans la loge pour courir souffler aux autres comédiens de s'enfuir, je longe l'estrade en marchant tranquillement et en me dirigeant à mon tour vers la sortie. Le metteur en scène se rue vers moi, mais trébuche avant d'avoir pu parcourir trois mètres. Il étouffe un cri de douleur, et beugle, avant de perdre définitivement sa voix :
– MAIS ENLEVEZ-MOI AU MOINS CES ŒUFS BROUILLÉS DU PLAFOND !
Je sors de la pièce sans prendre garde à son ordre, tandis que la hotty hateful, le gay guy, le big brother et la tasty teacher rangent leurs affaires, que le bad boy franchit la porte de sortie, et que la good girl a déjà disparu depuis longtemps. Me plaçant entre Paul et Madame V de qui j'apprécie la compagnie, je démarre une discussion inintéressante avec eux, et nous nous mettons bientôt à rire. Je ris, mais au fond, je n'oublierai jamais cette expérience, parce que j'en ai tiré une profonde leçon. La nasty narrator est l'une des dernière à sortir de la loge, et ferme la porte derrière elle.
Pendant ce temps, le metteur en scène, grognant entre ses dents dont la moitié n'existent plus sur ses gencives et sont étalées par terre près de son siège ; prend la chaise sur laquelle il m'arrivait de m'asseoir pour raconter, la pose devant la cuisinière et grimpe dessus avec la ferme intention de nettoyer le plafond de son décor. Avant qu'il n'ait eu le temps de les toucher, les œufs brouillés tombent et s'écrasent contre son visage. Ils ne sont certes pas bouillants, mais encore chauds, suffisamment chauds pour le faire hurler - une énième fois - de douleur. C'est ça que j'ai envie de balancer à la gueule des auteures wattpadiennes dénuées du moindre talent et à la gueule de cette société de merde qui les influence si mal.
Je ne remettrai plus jamais les pieds dans cette foutue salle. Plus jamais dans la salle des fictions clichés.
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