How to be a good bad boy ? 2 : LES RÈGLES INDISPENSABLE (2)

Sylvain s'éponge le front avant de s'en retourner sur scène, tandis que Vivi, qui ne joue plus désormais et en profite pour prendre sa pause, lui fait un doux baiser sur la joue pour lui donner un semblant de courage.

Tandis que Vivi sort de la salle pour aller se prendre un café avec les autres comédiens en pause (Paul le gay guy, Brandom le big brother et Jinkôchinôwi la tasty teacher) et qu'Elmah, Sylvain et le metteur en scène se remettent en place, je reprends : le prochain fait à évoquer est donc celui comme quoi le bad boy aurait son comportement de connard si redouté pour cacher son enfance difficile ; puis comme quoi il serait quelqu'un de bien au fond, que la good girl est en train de transformer en garçon doux et honnête - une sorte de relooking psychologique, apparemment les filles elles aiment bien ça, les relookings. Enfin sauf moi. Pourquoi je le précise ? Peut-être parce que je suis la narratrice et que je peux me permettre de révéler plus de choses que les personnages.

– Tsss, wait a minut ! On me la fait pas à moi, celle-là ! me jette Elmah depuis l'estrade. Moi non plus je n'aime pas les relookings quand il commence à y en avoir trop. Je sais que j'aime bien être jolie et que les choses autour de moi sont jolies aussi, mais quand-même, faut pas pousser mémé dans les orties !

– On dit "que les choses autour de moi soient jolies", je corrige en me plaquant subitement les mains contre les tympans.

– MAIS FUCK, gueule-t-elle à s'en transpercer la gorge, TOI LA PROCHAINE FOIS QUE TU M'EMMERDES AVEC TA SALOPERIE DE SUBJONCTIF JE TE DÉMONTE LA TRONCHE !

Bon... reprenons : tout bon bad boy qui se respecte se sert de son comportement de connard pour masquer son passé difficile et est quelqu'un de bon au fond.

Mise en scène :

<< Elmah et Sylvain étaient chaudement enroulés dans la couverture, défaite du grand lit d'amour luxueux de notre bad boy pour emballer leurs deux corps presque nus. Le garçon serrait sa petite-amie dans ses bras pour la protéger des terribles coups de tonnerre de l'orage dont elle avait peur.

– FUCK ! hurla Elmah pour faire entendre une phrase qui ne faisait pas partie de ses répliques : c'est quoi ça encore ? J'ai pas peur des orages, je suis pas une autruche non plus, c'est bon ! La dernière fois j'ai regardé les éclairs avec Jinkô et je lui ai fais l'amour au rythme des coups de tonnerre, je te signale ! En plus c'est que des putains d'effets spéciaux, ton orage !

– Elmah, grogna le metteur en scène, joues correctement, s'il-te-plaît.

– Toi je vais t'éclater à la fin de la scène, termina la jeune fille qui avait complètement perdu son sang froid.

Bref. Il la protégeait des terribles coups de tonnerre de l'orage dont elle avait peur. Cependant, la jeune fille semblait voir quelque chose d'inhabituel dans ses yeux ; quelque chose qui ressemblait à s'y méprendre à une émotion de mélancolie, voire de tristesse. Tandis qu'elle sentait, sous la couverture, son corps qui tremblotait et ses jambes qui se repliaient nerveusement, elle le questionna tout bas :

– Qu'est-ce qu'il y a ?

– Tu sais, Elmah, commença Sylvain... maintenant que j'y pense, il y a des choses que je ne t'ai jamais raconté sur moi. J'ai été abandonné très jeune. À l'âge de quinze ans, j'ai été pris sous l'aile d'une femme pédophile et cruelle, Mrs Walles... elle a fait de moi son soumis pendant sept ans... de plus, avant qu'elle ne me recueille, lorsque ma mère était encore en vie, elle était battue par mon père, et mon père me battait aussi, des fois... et ma mère était pauvre et misérable, elle se prostituait devant moi pour pouvoir ramener un peu d'argent et nous nourrir, elle et moi, avec la nourriture que notre père ne nous laissait pas toucher... euh, s'interrompit-il soudain en sortant de ses dialogues, la pédophile sadique et la mère qui se prostitue, ça ressemble pas un peu à Cinquante Nuances de Grey ?

– Putain, alors là c'est inacceptable, coupa Elmah. D'habitude c'est moi qui fait Grey quand on joue à Cinquante Nuances.

– Arrêtez d'interrompre vos répliques et jouez, bordel ! s'égosilla le metteur en scène. Allez, on reprend, et sérieusement, cette fois-ci !

Sylvain et Elmah bougonnèrent avant de se serrer un peu mieux dans la couverture et que le garçon ne continuât :

– Et d'ailleurs... je suis désolé... c'est à cause de cela que je me comporte comme un connard... mais je suis quelqu'un de bien, au fond... j'en suis certain... j'ai juste besoin de reprendre confiance en cette facette-là de moi-même, que quelqu'un me montre qu'elle existe en moi, qu'elle n'est pas qu'une lubie qui s'efface tel un mirage dans un désert...

– Si tu veux, je peux t'aider à voir cette facette en toi, lui murmura Elmah d'une voix aussi caressante que sa main qui titillait son menton. Je peux t'aider à changer, à devenir quelqu'un de vraiment bien. Pour cela, tu dois commencer par exorciser tes problèmes, tu dois me confier en détails ce que ton père te faisait subir, et ce que cette Mrs Walles te faisait subir. Raconte-moi tout, ô Sylvain mon bad boy d'amour... je suis complètement ridicule, cracha-t-elle finalement sans trop se faire remarquer du metteur en scène.

– Mon... mon père, il me battait et il battait ma mère, reprit Sylvain, il nous privait de nourriture, voilà ce qu'il nous faisait ; mais Mrs Walles... non, non, je ne peux pas te parler d'elle, ce serait bien trop... comment dire... non, je ne peux pas. Je suis trop perturbé par cette expérience... en fait ; et il se coupa soudain pour souffler d'agacement avant de finir : j'ai cinquante nuances de tourment...

Alors, Elmah éclata franchement de rire, et se tortilla en tout sens sur le matelas luxueux tandis que le metteur en scène la fusillait du regard.

– Pardon, pardon, s'expliqua-t-elle sans parvenir à calmer son fou-rire pour autant, j'ai pas réussi à me retenir, c'était vraiment trop drôle ! >>

La scène désormais finie, Elmah se sort du lit et s'habille un peu mieux pour aller casser la gueule du metteur en scène, et pendant ce temps-là, Sylvain, les bras croisés derrière le crâne, allongé oisivement sur son oreiller, me demande sans me regarder :

– Franchement, comment tu fais pour raconter tout ça ? Ça doit être horrible comme rôle, ça, la narratrice !

– Un peu, ouais, mais bon, on s'y fait, réponds-je avec une tranquillité et une indifférence trompeuses - qu'est-ce qu'il me les casse, ce rôle...

– Sérieux, pourquoi t'as choisi ce rôle ?

– Je sais pas vraiment, je songe, je trouvais que nasty narrator ça faisait stylé, alors je l'ai pris.

Le metteur en scène revient le visage couvert de bleus, suivi de près par Elmah qui garde sur ses joues rouges de colère un air triomphant de victoire. Des gestionnaires se précipitent sur l'estrade. Ils sont près d'une douzaine.

Comme tout se prépare derrière moi pour jouer la prochaine scène, je vais désormais vous parler du prochain trait de personnalité du bad boy que l'on va évoquer : celui du macho violent et irrespectueux. Et oui, notre bad boy est si fier de sa virilité et de son statut de mâle alpha privilégié par toutes les femelles  de la meute, qu'il ne va pas hésiter à adopter un comportement soi-disant involontairement bestial et complètement désagréable - alors qu'entre nous, au fond, il est parfaitement conscient de ses torts, et il kiffe juste avidement faire souffrir la good girl, parce qu'il est fait comme ça, le personnage du bad boy. Je me demande pourquoi le metteur en scène n'a pas choisi quelqu'un comme Gilles Neroma ou Ryshar Ikuto pour ce rôle, d'ailleurs. Ça aurait bien mieux correspondu à leurs personnalités et leurs pathologies respectives. Mais bon. Je crois que tout comme les auteures qui donnent vie à ces ignobles bad boys, le metteur en scène fait des choix étranges et ne se pose pas les bonnes questions. Donc passons : le macho violent et irrespectueux, désormais.

Mise en scène :

<< Sylvain, exaspéré par cette fille qui ne cessait de le suivre partout où il allait, se retourna soudain dans un geste brusque et s'empara violemment du col d'Elmah, sur le point de lui demander où il se rendait et si cela ne le dérangeait pas qu'elle le suivît. Elle poussa un cri strident qui fit se dessiner un sourire forcé-cruel sur les lèvres du bad boy, entre-apercevant ses dents sur lesquelles il avait été forcé d'étaler un chewing-gum à la menthe pour les faire blanches.

Avec une bestialité inouïe, digne de celle d'un animal sauvage et enragé, il traîna la jeune fille plusieurs mètres dans les couloirs, s'éloignant de la salle 104 qui était sa destination, et finit par la plaquer sauvagement contre le premier casier qui se présenta - bien qu'il n'était pas censé y en avoir dans les couloirs intérieurs de l'établissement reproduit pour jouer la scène, le metteur avait décidé de le rajouter pour faire comme la dramaturge qui lui avait envoyé son histoire : faire appel à une facilité de scénario.

Tandis qu'Elmah se débattait furieusement mais devait faire semblant d'être paniquée et à moitié excitée pour se conformer à son rôle, Sylvain la regarda de haut, et approcha soudain son visage du sien, faisant se cogner leurs nez dans un entrechoc à faire craquer du cartilage et une paire de tympans. De son ton dédaigneux et dominateur, il lui demanda, les dents serrées :

– Je peux savoir pourquoi tu me suis, petite salope ?

– POURQUOI IL DOIT M'INSULTER ? QUI EST LA CRÉTINE QUI A ÉCRIT CETTE MERDE ??? s'égosilla Elmah, hors de contrôle.

Le metteur en scène lui jeta un regard noir. Elle souffla sans discrétion, imita la lame sous la gorge à l'attention du metteur, et fit alors semblant de gémir de peur faible pour bégayer sa véritable réplique - enfin, celle de son personnage, quoi :

– Je... dé... désolée, je... je voulais juste savoir où tu allais... par curiosité... je suis d... désolée...

– Vous les filles, avec votre satanée curiosité, siffla le bad boy. Peuh ! et bien pour ton information, petite garce curieuse, j'allais me rendre en salle 104 pour allonger ma femelle alpha contre le bureau enseignant et la baiser sauvagement jusqu'à lui enfourner une portée de bébés Sylvain !

– C'est pas ça une femelle alpha. Une femelle alpha, c'est comme un mâle alpha, mais en femelle, elle domine quoi. Bref, se reprit-elle avant de l'être par le metteur en scène qui, plus il était agacé par elle, commençait aussi à en avoir peur ; mais enfin Sylvain, que... quelle femelle alpha ?

– BAH PARDI ! MADAME V, ESPÈCE DE CRUCHE SANS CERVELLE ! lui hurla-t-il dessus, lui faisant couler des larmes de crocodiles qui contrastaient avec son visage échauffé, qui n'était pas propre à son personnage. C'est quoi ce sexisme dégueulasse ? s'énerva Sylvain à son tour. On a déjà ma good girl et Langelo$h pour baiser Madame V sur le bureau enseignant de la salle 104, tu veux pas que je m'y mette aussi ? cria-t-il au metteur en scène qui haussa machiavéliquement les épaules. Puis je vais pas la baiser, c'est une prof, j'ai pas le droit !

– Et bien alors, Monsieur le bad boy, répliqua le metteur d'un ton sarcastique, tu ne te souviens donc pas de cette Mrs Walles qui a fait de toi son soumis lorsqu'elle t'a recueilli à l'âge de quinze ans ? Elle aussi était bien professeure, il me semble ?

– Mais en plus tu confonds tous les scénarios dans lesquels je joue ! Mrs Walles n'a rien à faire ici, elle fait partie de #TeamTeachers, et pas d'une fiction où la femme se laisse faire sans même se dire qu'il y a quelque chose qui cloche ! Merde à la fin !

Bon, comme vous aviez eu l'occasion de mesurer le machisme, la violence et l'irrespect de ce bad boy (il est censé cracher au visage d'Elmah à la fin de la scène, mais je crois que ça ne va pas se faire aujourd'hui), je décidai d'arrêter la mise en scène et de ne pas vous y offrir la querelle entre les comédiens et le metteur en scène rédigée au passé simple. >>

Donc, au présent, cela donne : Sylvain lâche doucement Elmah pour ne pas la faire s'écraser contre le sol, et reprend immédiatement une démarche brusque pour se diriger vers le metteur en scène. Ce dernier l'éloigne d'une main plaquée sur son visage, secoué d'un rire moqueur ; qui ne tarea pas à se transformer en un cri de douleur lorsqu'Elmah survient et se met à lui balancer des coups de pieds sur les hanches - elle ne va pas non plus lui fracasser les boules, c'est encore trop tôt pour ça, je veux dire. Madame V, la comédienne (et professeure dans sa vraie vie) qui joue le rôle de la tasty teacher, arrive avec sa huitième tasse de café à la main juste pour regarder le metteur se faire frapper, par pur voyeurisme, avec son petit rictus insupportable au coin des lèvres. Elle m'adresse un rapide signe de main et s'en va, déjà lassée du spectacle.

Quant à moi, je profite de la bagarre qui semble plus longue d'habitude pour la suivre dans la loge et prendre une petite pause en compagnie des autres personnages très sympathiques quand ils ne jouent pas leurs rôles chiants ; mais également pour me préparer à l'ultime et dernier attrait du bad boy, que nous traiterons dans la prochaine partie - et oui, je vous ai gardé le pire pour la fin...

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