Partie 21

-"Je savais que tu connaissais personnellement Elizabeth Kelly mais je ne vous pensais pas proches. Du moins pas si proche. Vous semblez assez complices." remarqua Elina quand sa tante la rejoint.

-"Je n'aime pas vraiment les Kelly, comme toutes ces familles soi-disant si importantes. Ils ont cette élégance naturelle qui leur donne un air arrogant et ils savent en jouer."

-"Non sans blague." répondit sarcastiquement la Cubaine en regardant Alyssa.

-"Mais Elizabeth a de quoi l'être. Ça reste entre nous hein mais c'était elle mon modèle quand j'étais jeune. Maman n'a jamais osé déroger à la règle du "seul les hommes ont le pouvoir" alors que cette femme n'en a cure. Elle a des frères et sœurs pourtant, par son tempérament, c'est elle que son père a choisi pour reprendre l'entreprise. Enfin elle par le biais de son mari. Quand ils se sont mariés c'était par amour et non par arrangement ce qui est surprenant. Il venait de nul part, il n'était pas un homme destiné à tout ça mais pourtant lors du mariage il a pris le nom "Kelly" et a hérité de l'entreprise. Officiellement c'est lui qui dirigeait l'entreprise mais tout le monde sait que rien ne se faisait sans l'accord d'Elizabeth sauf en ce qui concerne sa fille Meredith. Son père était toujours en vie et il a ordonné, ainsi que sa famille, de placer Meredith dans un établissement durant sa grossesse. Elle n'a rien pu y faire."

-"Alyssa nous en a parlé enfin elle ne nous a pas dit qui a donné l'ordre mais elle nous a raconté la version "Kelly" du drame."

-"Ça me surprend. Et toi lui as tu donné notre version?"

-"Oui. C'était juste après le direct de l'interview, devant Meryl, Mady et Stef."

-"Tu n'en as jamais parlé à la maison."

-"C'était tabou Tita."

-"Pas avec moi. Je connais mieux que quiconque Aiden. Je pourrais te parler de lui pendant des heures pour te dire à quel point c'était un idiot mais un adorable idiot. Il était juste un peu trop dans son monde."

-"J'aimerais en savoir plus sur la culture cubaine en fait. J'ai passé les premières années de ma vie là-bas. C'est autant ma culture que la culture américaine."

-"C'est normal lobezno. Tu devrais y retourner durant un voyage et il y a surement des Cubains ici, prêts à te renseigner."

-"Arrêtes de m'appeler louveteau." grogna Elina.

-"Désolé c'est l'habitude." rigola Jane "As-tu parlé d'autre chose avec elles?"

Elina dévisagea sa tante quelques minutes. Elle savait parfaitement de quoi elle parlait mais elle ne saurait dire si l'air nonchalant de sa tante était réel ou non. Elle essaya d'y trouver la peur, l'appréhension, à laquelle elle s'attendait mais il n'en fut rien.

-"Non. Par contre Alyssa sait quelques trucs depuis presque onze ans. Elle n'a jamais eu les explications mais elle a vu des choses. Elle en sait autant sur moi que j'en sais sur elle." avoua Elina en baissant la tête d'un air coupable pour éviter de voir la réaction de Jane.

-"Ne baisse pas la tête Lina. Je ne suis pas en colère. J'ai entendu parler d'elle. Elle tient de sa mère et sa grand-mère et si au début elle semblait suivre l'exemple de la première, on dirait qu'elle a finalement suivi le second. Meredith aurait été une femme remarquable mais elle n'a jamais su trouver quelqu'un capable de canaliser son surplus d'énergie et son caractère. Le seul qui l'a fait est le père d'Alyssa et il n'était pas d'une très bonne influence. Quand tu étais petite je me demandais souvent comment tu serais adulte, si tu arriverais à trouver l'amour et comment il serait. J'essayais de deviner si tu allais être amoureuse d'une personne plutôt en retrait ou alors d'un caractère aussi explosif que le tiens. J'étais la seule à pouvoir t'approcher, celle que tu ne craignais pas et aussi celle sur qui tu laissais ta rage éclater. J'en ai conclu que tu aurais besoin de quelqu'un avec un certain aplomb pour te soutenir et t'aimer."

-"Où veux-tu en venir?"

-"Je t'aime lobezno tu le sais? Je ne veux que ton bonheur. Alors aimes qui tu dois aimer sans te soucier des autres. Peu importe le choix de ton cœur, s'il choisit une personne en particulier ça veut dire que c'est cette personne qui lui convient et seul ton cœur aura raison à ce sujet. Le chaud et le froid ensemble ça fait toujours des étincelles mais toutes les étincelles ne brûlent pas." rigola Jane.

-"Arrêtes le Champagne Tita. Tu commences à dire des trucs qui ne veulent rien dire." grogna Elina en rougissant.

Jane s'éloigna en rigolant tandis qu'Elina resta un moment seule. Quand elle releva la tête elle croisa le regard d'Alyssa qui lui fit un petit sourire timide. Ça énervait la brune de savoir qu'à cet instant précis c'était encore son ennemie la plus proche d'elle au sens psychologique et émotionnel. La châtaine savait ce qu'elle ressentait et la comprenait plus que quiconque ici.

-"Soirée mouvementée on dirait." rigola une jeune femme à ses côtés ce qui la fit sursauter. "Je ne voulais pas te faire peur Elina, pardonnes moi."

-"Ce n'est rien Margot." répondit la Cubaine en offrant un petit sourire à la métisse. Elle s'en voulait de ne pas avoir reconnu directement la jeune femme qui lui avait parlé un peu plus tôt dans la soirée. Elle allait reprendre la parole mais l'arrivée d'Alyssa la déstabilisa. La châtaine ne voulait aucunement laisser la scène de tout à l'heure se reproduire alors elle avait décidé de s'incruster dans la conversation. Margot leur parla un petit moment avant de partir rejoindre un ami qui l'appelait.

-"Tu t'ennuies au point de venir t'incruster dans mes conversations?"

-"Je m'assure que tu ne te blesses pas en cassant d'autres verres." feint Alyssa en fuyant le regard suspicieux de la plus jeune.

-"Vous allez bien vous deux?" demanda doucement Meryl en se joignant à ses deux héritières.

-"Tu avais tout planifié?" demanda Elina.

-"Elles sont influentes dans vos familles. Personne ne fera quoi que ce soit contre vous grâce à elles. Je ne sais pas pourquoi vous ne vouliez plus les voir et je ne vais pas vous obliger à me le dire mais elles en souffrent tout comme vous. Ne dites pas le contraire, vous en souffrez. Je le sais c'est tout. Je les connais plus ou moins alors je les ai contacté. Elles n'ont rien exigé, elles ont juste demandé de vos nouvelles."

-"Tu as bien fait." soupira Alyssa en regardant sa grand-mère qui semblait plaisanter avec monsieur Lewis.

-"On sait que pour eux tu n'étais au courant de rien." fit remarquer Elina en désignant le groupe de Lewis et Clifford.

-"Je me doutais qu'ils préparaient quelque chose mais je ne savais pas quoi." avoua Meryl.

-"Merci pour ma tante." murmura Elina en souriant à Meryl.

-"Ne me remerciez pas trop vite. Que vous vous disputiez au bureau quand il n'y a personne très bien, je m'en moque, mais je vous ai déjà dit que je ne tolérerais rien de ce genre devant les clients et même si ça leur a plus d'enfin vous voir commencer une dispute je ne vais pas me montrer clémente. J'ai une dernière annonce à faire et avant que ça commence dites vous bien que vous serez en binôme ensemble et que c'est non négligeable c'est clair?"

Les deux jeunes femmes déglutirent avant d'acquiescer d'un hochement de tête. Elles n'avaient aucune idée de ce que Meryl aller annoncer mais d'instinct elles savaient que ça n'allait pas du tout leur plaire.

-"Mesdames et messieurs." interpella Meryl en reprenant sa place sur l'estrade "J'espère que vous passez une agréable soirée malgré tous les petits incidents qu'il y a pu avoir. J'aimerais profiter de ce moment pour faire une autre annonce et celle-ci touche plus particulièrement mes employés ici présents. Ce sont tous des employés chargés à leur niveau de la direction. Il y a ceux qui sont juste en dessous de moi dans la hiérarchie mais il y a également tous les responsables des autres services. Vous avez surement tous entendu parler de l'incident qu'il y a eu entre deux de mes salariés cette semaine et qui a conduit au revoit de l'un d'entre eux. Ce genre d'incident arrive beaucoup trop souvent à mon goût. Les remarques faites à Alyssa et Elina tout à l'heure en sont encore la preuve. Nous sommes une entreprise beaucoup trop importante pour nous permettre ce genre de comportements. Si les dirigeants ne s'entendent pas et ne se respectent pas un minimum les centaines d'employés sous leur responsabilité agiront de la même manière. Je dirige une entreprise de conseils et non un Zoo. De ce fait j'ai décidé que durant les deux semaines de fermeture annuelle tous les membres de la direction devront se joindre à moi pour aller dans un camp. Evidemment vous aurez la possibilité de récupérer vos vacances par la suite et vous serez payé. Je ne peux pas vous obliger à venir mais ceux qui refusent devront se contenter de leurs postes actuels tout au long de leurs carrières au sein de "Ran Corp" et se faire à l'idée qu'au moindre écart ils seront licenciés car je me montrerais intransigeante avec eux. Ceux qui acceptent devront signer un papier stipulant qu'ils peuvent être renvoyés de l'entreprise durant ces deux semaines. Ce camp est un genre de petit camp militaire destiné aux entreprises. Il a pour but d'aider les dirigeants à créer une bonne dynamique de groupe au sein de leurs entreprises. Bien sur j'ai pris plusieurs mesures auprès de mes assureurs pour prendre à la charge de "Ran Corp" tout incident car, d'après mes informations, il est courant qu'il y ait des blessés dans ces camps et c'est même pour cela que j'ai mis autant de temps à me décider. Vous serez par binômes durant le séjour et nous partons dans une semaine donc d'ici vendredi au plus tard je veux vos binômes de fait. Des documents sur le camp vous seront communiqués. Ce ne sera pas une brochure de club maid. Ils vous expliqueront que vous serez mis dans des situations qui exigeront de vous que vous repoussiez vos limites. Il y aura du stresse et pas mal de frayeurs. Le but n'est pas que vous réussissez individuellement mais collectivement. Vous avez tous ignoré mes mises en garde. A chaque réunion je vous prévenais qu'un jour je serais obligé de sévir et bien ce jour est arrivé et si vous cherchez un coupable allez tous vous voir dans un miroir. C'est la faute de ceux qui agressent, sont intolérants, égoïstes et j'en passe mais également de ceux qui les regardent avoir ce genre de comportement sans rien faire."

Les employés se dévisagèrent tous et ne savaient pas trop qu'en penser. L'idée de passer le reste de leur carrière sur la sellette ne les enchantait pas mais le camp n'était pas plus rassurant. Il y avait certains groupes d'affinités au sein de l'entreprise mais aussi un grand nombre de tensions. L'idée de dépendre des uns des autres ne leur convenait pas du tout.

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