Partie 15
Au cours de l'interview Alyssa s'était effondrée au sol. Elle se trouvait assise, le dos appuyé contre un canapé, les genoux ramenés contre sa poitrine et les yeux fixés sur la télé sans vraiment la regarder. Elina quant à elle était toujours sur le bureau mais fixait également la télé sans la voir. Mady et Stef ne savaient pas vraiment comment réagir surtout en voyant leurs amies en larmes. Elles n'étaient pas du genre à accepter des câlins spontanés mais plutôt du genre à décider d'elles mêmes de leur en demander alors elles n'osèrent pas le faire. Meryl quant à elle fixait tour à tour les deux jeunes femmes en essayant de déterminer tout ce qui se cachait derrière tout ça et surtout elle voulait savoir à quel point cela affectait ses héritières.
-"On doit vous préciser certaines choses je pense." murmura Elina entre deux sanglots
-"Prenez votre temps. Ça fait déjà beaucoup Eli." déclara Meryl en portant un regard bienveillant sur la plus jeune.
Elina souffla un bon coup en fermant les yeux avant de vérifier, d'un regard, qu'Alyssa était toujours d'accord.
-"Ce qu'il dit est vrai."
-"Avant tout vous devez savoir qu'Elina et moi on ne savait pas tout ça. On s'est rencontré pour la première fois au collège bien avant la cérémonie de commémoration lors d'une punition où on devait nettoyer le gymnase. Nous nous sommes surement déjà croisé avant vu les liens qui unissent nos deux familles mais c'était en coup de vent."
-"Ce jour là, pour la punition, nous n'avons pas vraiment échangé et on en est resté là. On s'est vraiment recroisé lors de cette cérémonie mais je n'étais pas au courant qu'Alyssa était dans une situation similaire à la mienne."
-"Notre petite guerre n'a rien à voir avec ça. J'ai souvent entendu mon oncle et ma tante parlaient de ma génitrice en l'insultant et en disant qu'elle les avait pourri jusqu'au bout. Un soir, qu'ils m'ont oublié dans un coin de la pièce, ils ont parlé. Ils disaient qu'au moins sur les six familles ils n'étaient pas les seuls à subir ça. Owen déteste Meredith. C'était la petite dernière, la princesse de ses parents et elle faisait ce qu'elle voulait car malgré tout elle réussissait à l'école sans aucun problème. Vous devez vous demander pourquoi c'est lui qui a eu ma garde alors qu'il déteste celle qui m'a donné la vie et bien c'est simple. Il ne peut pas avoir d'enfant et il est trop têtu pour avoir recours à un don car Sharon, sa femme, peut très bien porter un enfant. Il refuse également d'adopter donc pour cacher son impuissance ils ont décidé de me donner à lui sans compter qu'il était hors de question d'avouer que Meredith, la fille prodige, a été maman à 16 ans. Quand ils ont su pour sa grossesse ils ont voulu l'enfermer dans un genre de couvent ou je ne sais quoi pour la cacher au monde. Henry l'a retrouvé avec Aiden et l'a sorti de la car évidemment Austin et Scott étaient surveillés vu leur lien avec elle tout comme Rachel qui était sa meilleure amie. Quand je suis arrivée ils ont été dans une clinique privée et ils ont tous mis de leur poche, en petites coupures, pour que l'établissement ne garde aucune trace de leur passage mis à part mon acte de naissance qui est obligatoire. Ils m'ont déposé par la suite à l'orphelinat en payant pour que je ne sois pas adopté à part par quelqu'un de la famille. Cet homme à la télé a raison. Austin et Scott ne m'ont pas reconnu car ils ne savaient pas qui était le père. Comment on sait tout ça? Car Meredith a laissé une lettre à l'orphelinat expliquant tout. Elle a même dit que mon prénom signifie quelque chose comme "de noble portée" vu qu'elle et mon père sont issus de familles puissantes. Evidemment c'est ironique vu qu'ils détestent ces familles et leur rang. Bref. Les Kelly se sont mis à ma recherche car quand le bateau a été retrouvé, Meredith avait laissé une première lettre disant que s'ils ne me retrouvaient pas le monde le ferait pour eux avec toute l'histoire. Apparemment tout était prévu depuis bien avant ma naissance. Ils ont mis un an avant de me retrouver."
-"De mon côté c'est encore moins glorieux. Il se trouve que les meneurs de la bande c'était surtout Austin et Henry. Ce dernier était réputé pour avoir des comportements plus que limites avec les femmes. Lors d'un voyage à Cuba ils avaient tous bu durant une grosse soirée pour leur départ de l'île et il y avait des filles du coin. Aiden aurait accroché avec l'une d'entre elles et l'aurait entraîné à l'écart mais elle aurait refusé de coucher avec lui. Il est retourné avec ses amis, en colère, en leur disant qu'elle l'avait chauffé pour finalement changer d'avis. Henry aurait décidé "d'aller lui parler" avec Aiden sauf que finalement quand ils lui ont mis la main dessus Henry aurait dérapé et Aiden a suivi car il refusait de résister à son ami et ses colères. Ils l'ont violé et l'ont laissé comme ça avant de repartir de Cuba le lendemain. Trois mois plus tard ils ont dû revenir à Cuba car ils se sont rendus compte que Rachel y avait perdu son passeport quand elle a dû aller à l'hôpital en contractant un truc. Ils ont recroisé la fille en question et elle ne s'est pas démontée pour aller leur hurler dessus car, à cause d'eux, elle était enceinte et ses parents l'avaient mis à la porte. Henry s'en foutait mais Aiden aurait promis de revenir et il l'a fait quand elle l'a appelé en disant avoir accouché environ cinq mois plus tard. Ils m'ont récupéré, ont fait des tests ADN pour savoir qui était le père, c'était plus simple qu'à New-York car ici leurs parents n'allaient pas être au courant, et une fois la confirmation sur le géniteur Henry a donné de l'argent à la famille de ma mère pour le "dédommagement" et Aiden s'est occupé de me reconnaître et de l'orphelinat où Austin l'a accompagné pour l'aider à faire les mêmes choses qu'avec son enfant. Enfin Alyssa du coup. Pareil une lettre attendait les Davis à l'orphelinat et le jour du naufrage les parents d'Aiden ont reçu une première lettre leur disant également que s'ils ne me retrouvaient pas le monde le ferait pour eux. Ils ont mis deux ans à me retrouver. Evidemment il n'y avait aucun indice sur où je me trouvais car pour eux tout ça n'était qu'un jeu malsain destiné à leurs familles. C'est Jane qui, dévastée par la mort de son jumeau, a pris les choses en mains. Sa famille refaisait tous les orphelinats de New York et ensuite des USA et pendant ce temps elle est juste retournée dans la chambre d'Aiden. Elle y a trouvé un carnet de bord avec tous leurs déplacements durant leurs voyages. Elle a remarqué qu'ils sont retournés plusieurs fois à Cuba alors qu'ils devaient y aller qu'un mois et ne pas y retourner. A partir de la elle a épluché les numéros de téléphone qu'il a contacté durant leur passage à Cuba. Quand elle a trouvé un numéro qui provenait d'une maison qui recueille les mères célibataires elle a directement compris et a foncé à Cuba. Dans ce lieu ils lui ont donné une seconde lettre d'Aiden qui disait qu'il savait que c'était elle qui allait me retrouver. Après ça, il y avait les coordonnées de l'orphelinat, mon prénom et l'adresse de ma génitrice. Quand elle l'a rencontré la femme lui aurait dit qu'Elina est un dérivé "d'Helena" qui veut dire "éclat du soleil" c'était en référence à "Aiden" qui signifie "petit feu" mais aussi car après le viol elle a tout perdu. Elle pensait se laisser mourir jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'elle était enceinte. A ce moment là elle avait compris que sa mort entraînerait celle de l'être dans son ventre. Elle refusait de me tuer car j'étais un être innocent qui n'avait rien demandé alors elle a tout fait pour s'en sortir, j'étais devenue une petite lumière dans son obscurité. Malgré tout elle refusait de me garder car, pour commencer, elle n'aurait jamais trouvé de mari et ensuite parce qu'elle savait qu'à chaque fois qu'elle me regarderait elle verrait l'un de ses agresseurs et qu'elle allait revivre ce moment à jamais. Elle s'est dit quand même heureuse que mon père soit Aiden car d'après elle ça restait un gentil garçon et qu'il n'aurait jamais fait ça s'il n'y avait pas eu Henry. Il a eu plusieurs fois la possibilité de l'agresser durant la soirée mais ne l'a pas fait avant l'intervention de son ami. Quand il a appris la situation de ma génitrice en revenant pour le passeport de Rachel, c'est lui qui s'est occupé de la placer dans cette maison d'accueil. Jane a tenu à me garder car elle se sentait responsable. C'est la seule fille de la fratrie et elle a toujours dû faire ses preuves et jouer des coudes pour s'y faire une place. Elle bossait comme une dingue à l'école pour avoir les meilleures notes et déjà à l'époque sa carrière dans les affaires de l'entreprise Davis prenait de l'ampleur. Pour tout ça, elle a dû s'éloigner d'Aiden qui l'a très mal vécu mais ils n'avaient pas les mêmes objectifs. Elle voulait une place dans cette famille et lui voulait s'en libérer. C'était également le plus jeune, celui à qui on cédait tout."
-"Vous l'aurez sans doute compris l'accident n'en est pas un. Je ne sais pas ce qui s'est vraiment passé sur ce bateau mais ils ont passé deux ans en mer donc c'est peu probable qu'il leur soit arrivé un accident en mer calme. Si cet homme dit vrai ils étaient sur un gros coup et c'est surement ce qui a mal tourné."
-"Mais ils avaient laissé "deux armes de destruction massive" au cas où..." murmura Elina.
-"Nous deux. Je n'avais aucune idée qu'Elina était la seconde mais j'ai assez entendu Owen hurler que mon seul but dans la vie était de lui gâcher la sienne. Ma mère m'a laissé une lettre où il y a simplement écrit "Pardonnes moi d'avoir dû faire du plus beau cadeau que l'on m'ait fait dans la vie, le plus gros fardeau de notre famille. Que ta vie soit heureuse et qu'elle devienne aussi merveilleuse que nos gênes te le permettent." avec son médaillon où elle a rajouté mon prénom au sien. Elle ne s'est pas trompée. Je suis bien évidemment devenus le plus gros fardeau de ma famille même si à travers moi et ma ressemblance avec elle mes grands-parents y ont vu une chance de se rattraper. Je ne suis qu'une arme abandonnée par ses parents, accueillie à contre cœur et abandonnée à nouveau car c'est ce que les gens font. Ils passent dans votre vie en coup de vent, vous l'éclaire ou vous la bousille avant de repartir en vous abandonnant sans se retourner."
-"Et encore une fois tout s'effondre autour de nous. Nos familles ne nous protégeront pas. Ils vont juste nous voir comme la chose dont ils auraient dû se débarrasser depuis le début. C'est ce que mes oncles disaient "encore un caprice du gamin, comme tous ses caprices ça va nous péter à la figure alors débarrassez vous en" mais mes grands-parents n'ont pas voulu et de toute manière Jane s'y opposait corps et âme. Elle n'était presque jamais à la maison à cause de son boulot mais c'est une bonne personne. Avec mes grands-parents et un seul de mes oncles ce sont les seuls à me voir comme une Davis."
Remarquant qu'Alyssa était au bord de la crise de panique Elina se leva et, en chancelant, sans pouvoir expliquer son geste, alla se glisser dans les bras d'Alyssa, le dos contre son torse. Surprise la plus vieille ne la repoussa pas pour autant et commença à se calmer.
-"Crois pas. Je te déteste toujours mais malheureusement tu fais partie de mes points constants dans ma vie de merde et tu es un des plus vieux points stables que j'ai ici. Tu es la seule qui ne me regarde pas avec pitié, tu sais ce que je vis et c'est tout. Ma vie vole en éclat, ma carapace avec et j'ai besoin de savoir que je ne vais pas être seule face à tout ce qui va arriver. C'est égoïste je sais mais si je coule je sais que tu couleras avec moi car, ça me tue de l'avouer mais en ce moment tu es bien la seule à qui je peux me raccrocher sans peur."
-"Ce mec a précisé qu'il lui fallait un bout de temps pour trouver les preuves. On va voir nos familles tout faire pour cacher la vérité quitte à nous détruire s'il le faut. Alors oui même si je te déteste également je comprends ce que tu dis et je t'en remercie également car j'en ai besoin alors je vais être aussi égoïste que toi. Je pensais m'être débarrassé de mon image d'orpheline, boulet de sa famille mais on dirait que je vais à tout jamais rester une orpheline. Une non désirée, un accident, une arme dont personne ne veut. Un poids que l'on traîne avec dégoût et dédains qui menace d'exploser et souiller sa famille à tout bout de champ." murmura Alyssa avant de passer ses bras autour de la taille de la petite brune et de poser sa tête sur son épaule. Sentir Elina contre elle, son parfum, sa tristesse, ses peurs et son corps chaud la réconfortait sans trop savoir pourquoi.
Les deux jeunes femmes possédaient un fort tempérament et tenaient à leur indépendance mais pourtant là, en ce moment, elles avaient besoin de se reposer sur quelqu'un d'autre. Sur une personne qui jamais ne les jugerait pour toute cette histoire, qui les comprenait vraiment et qui mieux qu'elles deux pour cela?
-"On est là nous aussi." déclara Stef en s'asseyant à côté de ces deux amies tout comme Mady.
-"Et ça fait cinq ans que vous n'êtes plus orphelines. Vous avez une maison, un travail et des gens qui vous aime. Je vous considère comme mes filles. Je n'ai pas besoin de partager votre sang ou votre nom pour vous aimer comme j'aurais aimé la chaire de ma chaire. Ici personne ne vous fera de mal. Il est hors de question que je laisse ces journalistes vous atteindre et vos familles vous détruire. Quitte à tout perdre pour ça. Je préfère encore donner ma vie plutôt que voir vos brillants avenirs voler en éclats. Vous avez tellement à vivre et vous avez déjà tellement vécu. Je suis sur que vous nous cachez encore des choses qui viendront avec le temps mais peu importe je ne bougerais pas. Annoncez-moi que vous aimez les trolls si vous voulez mais rien ne me fera partir. Dites-moi que vous cachez des dizaines d'enfants illégitimes et bien pas grave, je serais une dizaine de fois grand-mère. Peu importe à quel point vos familles sont pourries, votre passé sombre, votre orientation différente, vos projets d'avenir flous ou je ne sais quoi vous serez à tout jamais mes filles et rien ne m'enlèvera ça car c'est ça être une mère. La génitrice vous donne la vie, la mère vous donne l'amour maternel que vous méritez. Et n'oubliez pas que je dirige une des plus puissantes entreprises de la ville et que mon mari est l'un des avocats les plus réputés et respectés du coin. Vos familles sont puissantes oh oui mais face à nous elles n'ont rien de plus. On joue sur le même tableau. Si elles veulent s'en prendre aux deux personnes que j'aime le plus sur cette planète, que dis-je, dans cet univers alors qu'elles viennent. Je les attends de pieds fermes. On ne peut pas se mettre en travers de l'amour maternel et j'anéantirais toutes les personnes qui oseront vous vouloir du mal."
A l'entente de ces mots les deux jeunes femmes laissèrent s'échapper toutes les larmes qu'elles retenaient depuis de si nombreuses années. Quand Meryl, qui se trouvait face à elles, leur ouvrit ses bras elles s'y jetèrent sans retenir leur tristesse mais aussi leur joie et se laissèrent submerger par ce flot de sentiments confus. Peur, tristesse, soulagement, angoisse, joie, elles les laissaient les assaillir de part en part sans, pour la première fois de leur vie, essayer de les retenir. Elles eurent l'impression que plusieurs des petites aiguilles, qui tiraillent leurs cœurs depuis leur naissance et qui se sont multipliées tout au long de leur vie, disparaissaient et elles savourèrent cette sensation.
Jamais elles ne pensaient un jour entendre qu'elles étaient les bienvenus quelque part, qu'elles étaient désirées et vraiment appréciées pour elles, pour leur personnalité et qui elles sont vraiment et par-dessus tout, elles avaient perdu l'espoir qu'un jour elles seraient vraiment aimées. Aimées sans jugements, sans rejets, sans amertumes, sans regrets et sans arrières pensées malgré leurs vies compliquées, leurs passés chargés, leurs sales caractères et leurs insécurités si nombreuses. C'était la première fois que la peur de l'abandon disparaissait d'une relation. Elles pleurèrent d'autant plus en sentant Stef et Mady leur frotter le dos, signe qu'elles aussi ne comptaient pas partir, qu'elles allaient rester et affronter tout ça avec elles. Elles avaient toujours eu peur qu'elles aussi partent à cause de tous leurs secrets et de leurs caractères ingérables et pourtant elles se trouvaient encore là. Elles continuaient de prendre le risque de recevoir un truc en pleine tête en venant les voir, de continuer à les pousser dans leurs retranchements pour prendre soin d'elles au risque de s'en prendre plein la figure et de leur tenir tête pour les faire réagir sans jamais baisser les bras.
Elles finirent par s'endormir dans les bras de Meryl qui les berçait en attendant que leurs pleurs cessent. Cela dû leur prendre une bonne demi-heure pour laisser sortir ce trop-plein accumulé depuis si longtemps. Quand elles étaient à l'orphelinat elles ne savaient pas qu'en réalité leurs parents avaient payé pour qu'elles ne soient pas adoptées alors durant les cinq premières années de leur vie elles crurent que personne ne voulait d'elles tout comme leurs parents avant. Une fois dans leurs familles elles n'avaient eu l'impression que de déranger, de ne pas être les bienvenues de plus on ne s'était pas privé de leur rappeler constamment. Pour gagner en légitimité elles avaient travaillé comme des dingues pour réussir leurs études et être les premières. Quand Jane eu des enfants Elina crut qu'elle allait être mise dehors, rejetée car de trop. Quand son grand-père est décédé Alyssa pensait avoir perdu l'une des seules personnes de sa famille qui l'acceptaient et de ce fait elle pensait qu'elle allait être mise dehors. Toutes leurs vies elles ont eu peur de ça, de ce moment ou on les abandonnerait encore en se rendant compte qu'elles n'étaient pas à leur place, qu'elles ne convenaient pas, qu'elles n'étaient pas normales et ça avait fini par arriver. Jusqu'à aujourd'hui.
Pour la première fois elles dormirent le cœur léger en se sentant enfin "à la maison" ici entouré de l'odeur de Meryl, Stef et Mady. Elles se sentaient stupides d'avoir pu croire que ces trois femmes allaient partir en apprenant leurs origines mais que pouvaient-elles y faire? Toute leur vie on leur a dit de se cacher, que personne ne devait savoir. Avec le temps elles avaient fini par avoir honte d'elles-mêmes, de qui elles étaient et avaient même pensé à plusieurs reprises à mettre fin à tout ça. Elles exprimaient ce mal-être à leur manière. En rendant le monde malheureux d'un côté et en le rendant heureux de l'autre. Elles ont grandi dans la retenue en se conformant à ce qu'on leur disait jusqu'à un soir dans un gymnase de basket où pour la première fois elles purent s'abandonner et être elles-mêmes: de simples ados qui jouaient au basket. Elles avaient profondément adoré et détesté ce moment comme tous ceux qui suivirent.
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