Chapitre 12 :
AVEC EMILIE, nous avions fixé une date pour un café. Bien évidemment, lorsque le jour était venu, j'étais en retard, puisque j'étais plongé dans une tentative de collage ridicule pour l'anniversaire de mon père. Concentration oblige, j'avais enfilé ma monture noire pour ne pas accentuer ma mauvaise vue.
Lorsque je jetais un oeil à l'heure, je réalisais qu'Emilie devait attendre à notre point de rendez-vous, les sourcils froncés en battant la jambe. Je lui envoyais un rapide message pour lui dire d'aller directement au café, piochais un billet dans ma boîte à sous en regrettant de ne pas avoir de carte, vérifiais que Thoballe était bien à l'intérieur et m'élançais dehors comme une gazelle poursuivie par une lionne.
J'arrivais au café en nage, cherchant partout une petite brunette à l'air grognon comme si elle craignait de s'être fait poser un lapin. Je m'assis en face d'elle, le visage collant de transpiration.
- On va dire que je n'ai pas vu que t'étais en retard, grogna-t-elle.
Sa moue bougonne disparu instantanément de son visage pour me décocher un grand sourire. Emilie se leva de sa chaise et se pencha vers moi pour me faire la bise.
- Depuis quand t'as des lunettes ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Merde, j'ai du oublier de les enlever.
- Ca te va pas mal, les lunettes. Garde les.
- C'est mes lunettes de repos, j'en ai pas besoin.
- Comme tu veux. Sinon, tu vas bien ?
La brunette me décocha un gentil sourire avant d'accepter la limonade que lui tendais le serveur. J'en profitais pour commander un thé glacé, toujours en nage par mon sprint imprévu.
- Alors comme ça t'aime bien le thé ?
- Faut croire que la fée de la virilité s'est pas arrêtée à mon berceau quand je suis né.
Elle eut un éclat de rire rafraîchissant.
- Ca me surprend pas de toi, que tu prennes du thé, tu me diras.
Je haussais un sourcil interrogateur. Elle m'avait vu quelques minutes, à deux reprises seulement. Et encore : une fois, j'avais passé la majorité de mon temps planqué sous les draps pour me faire punir à l'arrivée. Pas les meilleures conditions.
- Je sais pas comment dire. T'es pas comme la majorité des garçons que je connais. T'émanes un certain truc et t'as l'air de pas pouvoir faire de mal à une mouche. T'as un bel aura.
- Je vois pas le rapport entre le thé et l'aura.
- Parce que le thé c'est considéré comme quelque chose de féminin, mais toi tu t'en fous. T'es pas dans cette masculinité fragile, t'en prends parce que ça te plaît. Je vois pas comment expliquer ça, s'embrouilla-t-elle en entortillant une mèche de cheveux dans son index."
Ses joues avaient pris une légère teinte rose.
"En gros, tu dégages quelque chose de positif. Si t'étais une couleur, tu serais quelque chose de très doux, genre le jaune pâle ou le bleu layette.
- Euh, merci, je suppose ?"
Elle éclata de rire avant de prendre une gorgée de citron pressé.
"T'as jamais joué au portrait chinois ?
- Si, quelques fois. Mais j'ai plus jamais rejoué depuis que mon père a dit que si j'étais un animal je serais un paresseux. J'étais super vexé.
- De ce que je vois, t'es pas un paresseux. Je dirais plutôt un Kuvasz.
- Un quoi ?
- Un Kuvasz. C'est une race de chien. Ils aiment pas la solitude et tiennent énormément à leur famille. Et ils ont un caractère assez doux aussi, pas trop du genre à sauter partout.
- Tu t'y connais en chien, visiblement.
- J'ai un Kuvasz, s'amusa Emilie en jouant avec sa paille."
Je reçus mon thé glacé et me jetais dessus comme Thoballe devant un bout de gras.
"Moi aussi j'ai un chien, répondis-je. C'est un Cairn Terrier. Enfin, c'est ce qu'a dit la véto.
- Tu le sais pas ?
- Non, pas vraiment. On rentrait de vacances et on a vu un chien attaché à un arbre. Il était clairement abandonné. Mes parents ont pas supporté de voir ça, on l'a ramené chez nous en attendant pour le ramener à la SPA, mais on a décidé de le garder au final.
- Oh non, arrête. Heureusement que vous étiez là...je déteste entendre ce genre d'histoire. Heureusement que ça c'est bien fini pour votre chien !
Elle touillait énergiquement le verre avec sa paille, l'air énervée.
"Et si Déo était un animal, tu penses qu'elle serait quoi ?
- Le loup. C'est un animal un peu menaçant, mais pas méchant. T'oses juste pas l'approcher. Elle aime pas être seule non plus. Je pense qu'elle a besoin de son groupe d'amis, ou au moins de toi.
- Comment ça, besoin de moi ?
- Me dit pas que t'as pas remarqué ? déplora Emilie avec un sourire attendri."
Je secouais négativement la tête. La brunette s'humecta les lèvres et remit ses mèches rebelles derrière ses oreilles, où des petits quarts de citron se balançaient de chaque côté de son lobe.
"C'est normal, tu me diras. Mais Déotile est pas quelqu'un de très souriant. A la danse, des filles m'ont demandé si elle avait pas un problème tellement elle parle peu. Une amie m'a dit qu'elle avait même jamais entendu le son de sa voix. Elle est très renfermée sur elle-même, on pourrait prendre ça pour du dédain ou quelque chose comme ça. Pour ça, le loup. Elle intimide. Mais avec toi, c'est différent, elle fonctionne différemment.
- Déotile ? Elle ne sourit pas ? m'étonnais-je.
- Oh, non, pas franchement. Mais un jour, elle a commencé à sourire un peu plus. Elle avait l'air plus heureuse. Son aura dégageait quelque chose d'autre, et puis, elle sentait autre chose que la clope et cette espèce d'odeur triste. Elle sentait un peu le frais, si tu vois ce que je veux dire ?
- Pas franchement, non. Une odeur triste ?"
Elle roula des yeux, comme agacée que je ne comprenne pas ses métaphores douteuses.
"Pour moi, ça se sent quand les gens sont tristes. Le bonheur a une espèce d'odeur, je trouve.
- Si tu le dis.
- Bref, elle souriait, elle a même commencé à parler avec d'autres filles à la danse. Alors on a commencé à se demander ce qu'il se passait, pourquoi un tel changement. Et une amie, Zoë, a commencé à dire qu'elle était amoureuse."
Emilie souriait, comme si elle était contente de me raconter ça. Son débit de parole avait diminué, elle prenait le temps de me raconter ça, comme si elle voulait profiter d'une petite sucrerie.
"Donc on lui a demandé. Et elle a dit que oui, en effet, elle avait quelqu'un. Et elle a rougi quand elle a parlé de toi. Parce qu'on a demandé des détails, évidemment. Et elle voulait pas trop en parler, mais elle souriait tellement que je me suis demandé comment t'étais pour la faire sourire comme ça. Je l'avais jamais vue dans cet état-là, tu sais.
- Et alors, tu t'attendais à quoi en pensant à moi ?
- Honnêtement ?"
J'hochais la tête et Emilie se mit à rire franchement.
"Je pensais que t'étais une fille et qu'elle osait pas le dire. Donc autant dire que tu ressembles pas vraiment à ce que j'imaginais.
- Je sais pas comment le prendre, je t'avoue.
- Bien ! s'exclama la petite brune avec un grand sourire.
Elle joua des ongles sur la table, l'air pensive.
"Tu sais, merci. Parce que Déo, pour nous, c'était la fille distante et jolie qui daignait pas nous parler. J'étais celle à qui elle parlait le plus mais c'était pas réellement ça. Et elle est devenue un peu plus accessible, tu vois.
- Je comprends. Pour moi, elle a jamais été vraiment accessible non plus. En fait, je suis allé lui parler un peu par hasard. C'est elle qui a fait la plupart du travail, si on peut parler de travail.
- Mais si t'avais pas eu le courage d'aller lui parler, est-ce qu'elle aurait eu le courage de t'embrasser ? élucida Emilie."
Ca je n'en savais rien : j'avais toujours eu beaucoup de mal avec la séduction. Ici, elle s'était faite en douceur, on avait parlé d'un peu tout et je croyais qu'elle était juste gentille avec moi. Puis elle m'avait embrassé et j'ai réalisé que la frontière entre gentillesse et drague était très confuse.
"J'ai une question à te poser. Comment t'as réalisé que t'étais amoureux d'elle ? C'était plus qu'un crush, à ce niveau-là, quand même.
- Une fois, quand j'étais bourré, j'ai passé ma soirée à parler d'elle. J'avais que son visage en tête, que son nom aux lèvres, je voyais qu'elle et j'avais Déotile en boucle comme un CD rayé.
- Aww."
Elle était à deux doigts de baver sur la table : on aurait cru qu'elle avait vu un panda roux ou un animal dans l'esprit.
"Je suis vraiment contente pour vous deux, vous êtes trop trop trop mignons.
- Rien que ça ! raillais-je. Et toi, alors ?"
Elle tourna au rose en un quart de seconde et s'étrangla avec son jus de citron.
"Euh, rien de spécial, marmonna-t-elle, le regard bas."
Elle finit son verre avant de relever les yeux.
"Les gens me voient comme un bébé plus que comme quelqu'un avec qui potentiellement sortir, en fait.
- Laisse moi deviner, t'es une 2001.
- Ah! Tu vois. Tout le monde devine mon âge, c'est fatiguant. En plus, je suis pas très grande, alors ça fait fuir tout le monde. Ils ont envie d'avoir une copine, pas de faire du baby-sitting.
- C'est vrai que tu fais jeune. Au moins tu peux profiter de l'avantage moins de seize ans au cinéma encore longtemps.
- Normal, j'ai quinze ans !"
Je ne pus retenir mon rire et elle croisa les bras d'une moue vexée.
"Mais comment ça se fait ?
- Je suis née en septembre, gros malin.
- Ah, t'es vierge alors.
- T'es aussi délire astrologie ? Trop bien !"
Je me demandais quel aspect n'aimait-elle pas : elle m'avait parlé d'aura, de portrait chinois, elle faisait de la psychologie avec une analyse poussée entre les animaux et les hommes, elle aimait l'astrologie. J'étais sûre qu'elle croyait au taro, aux fantômes, au pouvoir des pierres et que sa chambre était décorée en inspiration feng-shui.
"C'est quoi ton ascendant ? Tu sais lire un thème astral ?
- Euh, non, je sais mon signe et mon ascendant, c'est déjà pas mal, non ?
- T'es un puceau de l'astrologie, en fait.
- C'est toi la vierge ! rétorquais-je."
Elle sourit en dégaina son téléphone.
"Et pourquoi tu m'as demandé mon ascendant et pas mon vrai signe, plutôt ?
- Ca crève les yeux que t'es cancer. C'est des gens adorables, mais qui sont dans leur coquille. J'ai tendance à dire, dans leur bulle, plutôt. Mais ce sont des gens biens. Et je sais que j'aime beaucoup les cancers."
Je ne sus quoi répondre, la tête bouillonnante de toutes ces informations qui n'avaient pour moi ni queue ni tête. Je ne pensais pas être une personne spécialement bien, j'avais des défauts. Par exemple, je ne voyais jamais l'heure, je pleurais beaucoup trop, je ne savais jamais comment réagir avec les gens et je prenais les choses beaucoup trop à coeur sans laisser aux gens le temps de s'expliquer.
Je vérifiais mon téléphone et réalisais que j'avais un message de Valérie. J'allais y répondre plus tard. J'avais un autre message, de ma mère, qui me demandait de ne pas rentrer trop tard puisque Lilith et sa mère étaient exceptionnellement de passage. Dix neuf heures maximum pour l'aider à ranger et à faire la cuisine.
Je jetais un oeil à l'heure. J'avais encore dix minutes devant moi avant de partir.
"Ca va ?
- Je dois rentrer bientôt, j'ai ma cousine qui passe à l'improviste. Et sa mère. A savoir une femme maniaque, méprisante et qui déteste ma mère. Je peux pas la laisser ranger toute seule.
- Ah, ta mère est femme au foyer ?
- Non, prof d'anglais. Donc là elle est en vacances.
- Je vois...tu dois être super fort en anglais, alors.
- A ton avis, pourquoi j'ai fait LVA anglais ? relevais-je avec un sourire malicieux.
- Option art plastique pour moi, sourit Emilie."
Ca ne m'étonnait qu'à moitié : elle avait l'air bouillonnante d'idées, incapable de rester en place sur son lit sans rien faire, sauf pour regarder une série. C'était le genre de fille qui n'avait pas une passion, non, elle était passionnée. Elle lisait, dessinait, créait, cherchait, trouvait, inventait, bricolait, bidouillait. Une bonne fréquentation à avoir.
"Déo m'a dit que tu faisais du collage. C'est sympa comme truc !
- Ouais, j'aime bien, ça me détend.
- Tu dois être doué de tes mains alors.
- T'imagine pas à quel point, répondis-je avec un clin d'oeil."
Elle rosit un peu avant d'enfiler sa veste couverte de pin's en tout genre. Des ronds, des en forme de coeur ou autres petites formes amusantes, des multicolores ou d'autres avec des écritures. Au centre trônait un badge avec le drapeau homosexuel pour seul décor.
"T'es lesbienne ? demandais-je de but en blanc.
- Non, mais j'aime bien montrer mon soutien à la communauté. Niveau sexualité, je suis un peu perdue, mais j'en déduis d'une certaine manière que je suis pas hétéro, parce que la plupart des hétéros ne se posent aucune question. Et toi ?
- Hétéro aussi, je crois ?"
Elle me soulevait le doute. J'avais parfois trouvé quelques garçons mignons, mais ce n'était pas de la bisexualité. Enfin, je ne pensais pas...à dire vrai, je n'éprouvais pas de répulsion à sortir avec un garçon. Mais de là à me dire bi...
"C'est compliqué, l'adolescence, commenta Emilie avec un sourire."
Elle ne croyait pas si bien dire.
Plus j'y pensais, plus j'étais perdu. Je ne pensais pas qu'une telle constatation puisse me remuer autant. Une chose était sûre, je n'étais pas gay. Mais sinon...
"T'as pas à vouloir te mettre d'étiquette.
- Dit-elle."
Elle me sourit et se pencha vers moi pour me faire la bise une nouvelle fois. Puis, elle paya sa limonade et s'éloigna en proposant de se revoir bientôt, avec Déo, cette fois.
Je payais à mon tour et rentrais chez moi. Ma mère me cria presque dessus parce que je n'avais pas enlevé mes chaussures et que j'avais fait des traces mais je ne voyais presque rien. Ca devait être l'effet Elena.
Mon père avait deux soeurs. L'aînée, Julia, la mère de Mélissa, était la plus rebelle des trois. Elle avait eu tendance à faire le mur pour sortir en boîte avec ses copines, avait eu un copain tôt mais s'était assagie. Elle était directrice d'une boîte importante, avait plein d'argent mais peu de temps pour ses enfants.
Mon père, petit dernier, me racontait qu'il était le préféré de ses parents et qu'ils passaient sur toutes ses bêtises. Alors il en profitait et accusait la soeur cadette, Elena.
Elena, à l'ingrate place du milieu, se voyait pointer du doigt tout ses défauts. Elle n'avait le droit de rien faire et subissait une pression monstre. Elle avait juré de n'avoir jamais d'enfants puis elle était tombée enceinte de Lilith par accident et lui faisait bien ressentir qu'elle ne l'aimait pas. Elena avait détesté ma mère au premier regard et lui faisait bien ressentir. Mon père la soupçonnait d'avoir des TOC. En tout cas, il était clair et net qu'elle était psychorigide.
"Aide moi à la cuisine au lieu de salir la maison ! me reprocha ma mère en manquant m'assommer avec le balai.
- Deux minutes, j'enlève mes chaussures !
- Encore avec ta Déotile, hein ? Ecoute, Tintin, je l'aime bien ta copine, mais j'aimerais bien te voir aussi. Et là ça m'aurait vraiment arrangé que tu sois là pour m'aider à nettoyer.
- J'étais avec une amie, je passe pas ma vie avec Déotile, quand même."
Elle eut un petit ricanement et je réalisais que ce n'était pas entièrement faux.
Vexé, je ne répondis rien et me contentais d'allumer la musique, histoire de préparer la venue de ma tante et ma cousine dans la bonne humeur.
"J'aime pas cette chanson, protesta ma mère avec un grognement."
Elle était d'humeur exécrable. J'avais beau essayer de la chatouiller avec un plumeau, de faire une chorégraphie décalée en agitant les pattes de Thoballe en rythme de sa chanson préférée ou même essayer de jongler avec des pommes (j'y arrivais, fut un temps), elle ne décochait pas un sourire.
"Tu vas les abîmer, grinça-t-elle en m'arrachant la pomme rouge de la main pour la reposer dans le bol à fruits."
Je n'eus pas le temps de protester qu'elle posa un gros livre de recettes sous mes yeux.
"Prépare moi ça, je prépare la chambre d'amis."
Elle partit d'un coup de talon pressé, me laissant les bras ballants devant le bouquin de cuisine. Heureusement qu'une quiche lorraine n'était pas trop compliquée à faire. Alors que je versais mon appareil dans la pâte toute prête, elle retourna dans la cuisine, à deux doigts de s'arracher les cheveux par poignées.
"Et ton père qui est pas là !
- Il rentre à quelle heure ?
- Aucune idée, il est injoignable. Pour changer, tiens !"
A force de tourner dans tout les sens, elle manqua trébucher sur Thoballe et laissa exploser sa colère sur ce pauvre chien qui n'avait rien demandé à personne, l'insultant de sale cabot pourquoi tu traînes toujours dans mes pattes fous moi la paix à la fin merde !
Je regardais la scène, abasourdi, à deux doigts de laisser tomber la quiche sur le sol.
A l'instant où je mis la quiche au four, la sonnette retentit et je pus voir le luxueux 4x4 de ma tante Elena garé devant notre maison.
Je réprimais un hurlement de rage et ouvrit la porte. Une tornade rousse se jeta aussitôt dans mes bras et pendant que ce semblant d'orang-outan me couvrait d'affection, je croisais le regard bleu de ma tante Elena et sa mine pincée.
"Bonjour Augustin, prononça-t-elle d'une voix froide. Où est Marcus ?
- Euh...pourquoi ne pas entrer d'abord ? bégayais-je, gêné."
Elle s'exécuta en marquant exagérément son soupir. Tenant à la main une petite valise de voyage noire hors de prix qui roula sur le sol, ruinant le ménage impeccable de ma mère, Elena laissa échapper un faux sourire.
"Ne me dis pas que tes parents irresponsables au point de te laisser seul à la maison ?
- J'ai dix sept ans, quand même, je peux rester seul sans faire cramer la maison..."
Elle claqua la langue contre son palais, mécontente que je lui fasse la remarque.
"Comme le temps passe vite, je croyais que tu en avais quatorze.
- Il fait pas quatorze ans, Tintin, objecta Lilith, les poings dans les poches.
- Donc, où sont tes parents ? s'impatienta ma tante en s'appuyant sur sa valise. Je ne vais pas dormir sur le canapé, si ? Quoique, ça ne m'étonnerait pas, ton père m'a parlé de problèmes d'argent, récemment. Pas étonnant, quand on voit combien ta mère travaille. Toujours en vacances ! Et ses horaires !
- Elle travaille aussi beaucoup à la maison.
- Oui oui c'est ça."
Ma mère fit - enfin, son apparition dans le salon. Elle s'était changée et avait troqué son jean abîmé contre un pantalon noir et chaussais des talons qu'elle ne mettait jamais parce qu'ils lui faisaient mal aux pieds.
"Sophie, avisa Elena d'un ton pincé. Où est Marcus ?
- Il n'est pas là. Il travaille encore.
- Tu devrais en prendre de la graine."
Je pris la main de Lilith et l'emmenais dans ma chambre, nous emportant loin de cette terre de conflit. J'entendis encore quelques bribes de phrases dédaigneuses sur le ménage et sur mon comportement. Puis j'entendis la voix sifflante de ma tante insinuer :
"Ca se trouve, il te trompe."
Ma mère ne répondit rien.
Et je me pris à penser à Emilie, à ses croyances bizarres, et je pensais que dans une telle situation, ce serait le genre de personne à se servir de la superstition.
Aussi me chuchotais-je à moi-même, poings serrés : "si papa ne trompe pas maman, il arrive maintenant". Et j'y croyais fort, fort comme l'acier.
j'me suis fait opérer des dents de sagesse et j'ai à peu près aussi mal que déo lors de sa première fois (roooohhhh qu'est-ce qu'on est beauf dans cette maison)
bref ce chapitre est un peu différent, j'suis encore perdue entre une énième réécriture et le fait de finir le bouquin donc disons que je vais écrire en premier jet depuis le temps
bref voilà voilà, reposez vous bien,
K. <3
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