Rainy night
Crack. Crack. Crack.
Toute la maison semblait s'agiter à son rythme. Régulier, rapide, haché, brutale. Un. Deux. Un. Deux. Un mouvement répété, mécanique, comme ses couteaux qui s'abatte sur la viande à la chaine. Sourd, lourd, sombre. Le son semblait étouffé, comme si la nuit et ses terreurs l'avalait.
Plic. Plic. Plic.
La pluie battait les vitres sales de la grande bâtisse, aussi régulièrement qu'un pendu se balance au bout de sa corde. Une goute après l'autre, tapant contre l'épaisseur avant de glisser le long de celle-ci pour rejoindre ses copines et former une flaque épaisse et sombre.
Ha. Ha. Ha
Une respiration. Lourde. Comme les coups. Le froid la faisait s'échappé dans une volute épaisse. Le froid glacial de la vielle maison qui mourrait à petit feu se mélangeait doucement à celui de la mort elle-même. La mort qui respirait actuellement devant lui. Derrière cette porte. Elle se tenait là, il pouvait la voir par l'embrasure. Elle avait pris les formes de son ami, elle s'était glissé dans son corps pour pouvoir perpétué son œuvre maléfique. Il n'y avait que cette explication possible. HoSeok ne pouvait pas s'être mit à massacrer leur ami sans que le Malin se soit emparé de lui.
Jimin n'était sorti que quelque seconde, pour aller chercher une boite d'allumette. La maison était viellée et son installation électrique aussi et il avait suffi de se gros orage pour que les plombs lâchent. C'était tout ce qu'il avait fallu, une vingtaine de secondes, peut-être une minute. Lorsqu'il était revenu devant la porte, il avait senti son corps se figeait, son cœur battre plus fort que jamais et ses jambes le lâcher. Dans l'embrasure de la porte, dans la faible lumière de la petite dizaine de bougies qu'ils avaient réussi à trouver et à allumer avec le briquet qui ne quitter jamais Yoongi, même s'il ne fumait plus depuis longtemps ; il l'avait vu. Il avait vu HoSeok, un imposant cendrier en plomb usé et tâché d'un liquide rouge épais entre les doigts, le corps brisé en deux, abatant avec une force presque animal l'objet sur une forme incertaine et acculé au sol et inerte.
Jimin avait rapidement comprit. Il avait rapidement compris que la forme mourante, surement déjà morte, au sol était Yoongi. Que les tâches rouges sur le métal usé du cendrier étaient son sang. Et il ne devait plus faire de bruit. Plus un seul bruit. Qu'il ne devait plus respirer. Qu'il ne devait plus exister. Jimin devait rester dans le noir, y disparaitre, fuir la lumière comme on fuit les ténèbres. Il devait se fondre dans l'épaisse noirceur qui l'enveloppait et ne plus en bouger, y sombrer et se laisser emporter, s'y noyer sans lutter. Il fallait qu'il disparaisse. Il fallait qu'il bouge. Mais il ne pouvait pas. Non seulement son corps ne le laissait pas faire, pétrifier par le visage de la mort qui lui était si familier, si affectueux, si doux ; mais en plus de ça, il savait qu'au moindre mouvement, il serait sorti des ténèbres. HoSeok saurait qu'il était là, debout, derrière la porte.
La porte. La seule barrière entre la mort et Jimin. La porte. Son seul espoir de survie.
Crack. Crack. Crack.
Le rythme se perd. Il devient plus incertain, plus désordonné. La folie a pris le dessus.
Plic. Plic. Plic.
La pluie s'amplifiait. Comme les coups. Elle frappait plus fort les vitres fragiles. Elle s'écrasait de façon systématique et irrésistible contre la fragilité du verre, comme si elle voulait le briser en un millier de petit morceau.
Silence.
La respiration a cessé. Elle s'était faite silencieuse à mesure que l'orage roulait dans le ciel, l'emplissant avec férocité.
Klong.
Le cendrier avait roulé sur le sol abimé de la vielle baraque dans un son creux et rond. Il avait fini sa course sous la table, un petit peu plus loin.
HoSeok respirait profondément, creusant son torse à chaque inspiration, expirant longuement. Son corps était secoué comme s'il voulait encore frapper, assener coup après coup, comme si le geste s'était imprimé dans ses instinct primaux. Il balança la tête d'un coup en arrière, juste quelques secondes. Juste le temps qu'il faut pour que Jimin fasse un pas en arrière. Juste un pas. Juste un pas pour faire craquer le parquet. Juste un craquement. Insignifiant. Presque inaudible.
Pourtant HoSeok bascula de nouveau la tête vers la porte et son regard embrumé par un nuage épais et rougeâtre croisa celui terrorisé et tremblant de Jimin. Ses lèvres fines s'étirèrent en un affreux rictus qui arracha un hoquet de terreur à Jimin.
« Cache toi bien, Minnie~... Je compte jusqu'à cent et le monstre du placard viendra te chercher... »
Jimin s'était retrouvé à courir comme si la mort était sa propre ombre. L'ombre était partout. HoSeok était devenu l'ombre. L'ombre était omniprésente. Jimin le sentait. Il était partout. HoSeok était partout et nulle part à la fois. La maison ne lui avait pas semblait si grande lorsque Yoongi avait proposé d'y passer un week-end et maintenant il avait l'impression qu'elle n'avait plus de fin. Le couloir se déroulait sous ses pieds. Les porte s'enchainaient sur les murs et elles ouvraient sur une pièce vide, puis une autre, encore vide, toujours vide, sans fin.
Le vide. L'ombre partout. Pas un seul recoin pour se cacher, pour se blottir et attendre le jour.
Attendre le jour rouler en boule. Attendre l'espoir tapie dans le noir et attendre que la lumière l'engloutisse.
Mais il n'y avait rien. Pas une cachette. Pas d'espoir.
Et Jimin courait.
Encore. Un, deux, un, deux. Des enjambées toujours plus grandes. Plus vite. Encore plus vite. Respirer. Oublier de respirer. Plus vite. Son cœur qui tambourinait contre ses os. Ses jambes qui tremblaient mais qui semblaient toujours capable de le pousser plus loin. Toujours plus loin. Courir loin des ténèbres. Fuir l'ombre. Fuir HoSeok. Se cacher. Mais il n'y a rien. Nulle part. Le vide. Partout. Pas le moindre placard, la moindre table, pas le moindre espoir.
Respirer.
Courir.
Encore. Plus vite. Toujours. Encore.
Oublier de respirer.
S'arrêter.
Besoin de respirer.
Besoin de réfléchir.
Pas le temps.
L'ombre partout.
HoSeok est tout proche.
HoSeok est là.
Courir.
Fuir.
S'éloigner.
Disparaitre.
Vite.
Vite.
Vite.
Le cœur au bord des lèvres, la gorge sèche, une envie de vomir, ses poumons qui le faisaient atrocement souffrir, le brulant à chaque inspiration précipitée. Mais il continuait. Il courait toujours plus vite, toujours plus loin, s'enfonçant toujours plus dans les ténèbres. Il le sentait, HoSeok n'était plus très loin. Sa voix sombre avait résonné dans l'immensité de la nuit, égrainant les chiffres un à un, se rapprochant lentement de cent, prenant un plaisir mauvais à laisser une éternité s'écouler entre chaque. Jimin avait l'impression que plus la centaine approchée, plus HoSeok était proche, plus le couloir s'allongeait, plus le noir était omniprésent, plus l'espoir disparaissait.
« Cent. Près ou pas, Minnie, je viens te trouver ! »
Plus vite. Plus vite. Plus vite. Cours. Cours. Cours. Cours. Encore. Cours. Ne t'arrête pas. Il est là.
Le couloir semblait s'allonger à mesure que sa course devenait plus incertaine. Son corps l'abandonné lâchement. Son cœur lui bâtait dans les oreilles, il sentait son sang lui brulait la peau et une respiration au gout métallique emplissait sa bouche. Il avait mal. Mais il avait surtout peur. Des images envahissaient son cerveau. Il revoyait son ami abattre le cendrier sur une forme au sol. Une forme qu'il savait être Yoongi. Une forme qu'il savait morte. Une forme au crâne explosé, le visage figé dans l'horreur et la terreur. Une forme qui baignait dans une flaque de son propre sang.
Il imaginait la douleur. La peur. L'horreur. Il imaginait le visage d'HoSeok. Il imaginait le visage si doux, si tendre, si lumineux de son ami s'assombrir. La folie de son regard. La violence qui y tourbillonnait avec une rage rouge et brulante.
Il imaginait et ces images poussaient ses jambes plus loin.
Mais il les entendait. Les bruits de pas derrière lui.
Lent.
Régulier.
Il était juste derrière lui. Il était toujours plus près. Jimin avait beau courir, fuir, HoSeok était toujours derrière lui. Il était juste derrière lui. Comme son ombre. Accrochée à ses pieds, se fondant dans le silence de la nuit et l'engloutissant dans la terreur.
Un. Deux. Un. Deux. HoSeok fait un pas après l'autre. Il ne se presse pas et son ombre se projette dans l'immense couloir.
Un. Deux. Un. Deux. Sa respiration lente et sereine résonne dans le crâne de Jimin. Elle tape contre son corps fatigué et apeuré.
Krrrrrrrrrrrrr.
Le bruit d'une lame contre le mur. Elle se traine contre le plâtre usé et grêleux. Elle fend le papier peint avec souplesse et aisance, laissant une trace nette derrière elle. Elle s'approche. Elle est bientôt là. Elle est toute proche. Elle derrière lui. Juste derrière.
Plus vite.
Krrrrrrrrrrrr.
Plus.. vite.
Krrrrrrrrrrrr.
Plus...vite.
Krrrrrrrrr.
Plus.... Vite.
Krrrrrrrr.
Plus....vit...
Krrrrrrrr.
Plus...vi...
Krrrrrrrr.
Plus...v....
Krrrrrr.
Pl...
Un éclair.
Une porte.
Au fond du couloir. Une porte. Avec une vitre sur laquelle s'abat la pluie avec force. Une porte sur l'extérieure. Sur l'espoir.
Son seul espoir.
Au bout de ce couloir. De ce couloir qui semblait sans fin.
Une fin.
Elle est là. A porté de main. Il n'y a qu'à tendre le bras. Courir encore un peu.
Un. Deux. Elle est bientôt là. Courir encore. Plus vite.
Un. Deux. Juste devant. Juste devant. Encore un peu.
Un. Deux. Ses doigts s'enroulent autour du bout de métal rouillé de la poignée.
Krrrrrr.
Un. Deux. Les pas résonnent dans le silence bruyant d'une nuit orageuse.
Un. Deux. Son cœur tambourine plus fort contre sa cage thoracique.
Krrrr.
Ha. Ha. Ha. Sa respiration s'ajoute à la cacophonie de son cœur et la pluie.
Krrr.
Plic. Plic. Plic. La pluie résonne de l'autre côté. Juste de l'autre côté. Dehors. L'espoir est dehors.
Krr.
Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi est-ce qu'il n'arrive pas à ouvrir la porte ?! Pourquoi est-ce que les choses avaient pris une telle tournure ?! Pourquoi ses mains étaient si glissantes ?!
Il ne voyait plus rien. Les larmes plein les yeux. Les gouttes frappaient de plus en plus fort contre vitre, provoquant un vacarmes odieux et insupportable qui allait le rendre fou. Si ce n'était déjà pas fait. Ses poings s'abattaient sur le bout de bois espérant le faire céder mais rien. Il vibrait mais ne semblait jamais se briser. Il sentait du sang coagulé recouvrir ses petits points, tâchant la vitre, mélangeant le rouge de l'intérieur au gris de l'extérieur, tandis que son corps se secouait, se jetant contre le bois. Sa respiration tranchait l'air, ses pleurs tranchait sa respiration et la peur enveloppait ses restes vibrant, tremblant, tressautant dans un draps d'un rouge sombre et opaque.
Kr.
Pourquoi....
« Trouvé Minnie~ »
Ecrit en une traitre en quelque sorte, d'un coup de tête en écoutant des conneries... Hm j'suis relativement satisfaite et j'avoue que ça me fait étrange hahahaha.
Krisus~
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top