Chapitre 8


   L'odeur de la foule, un mélange des parfums de chacun, je baignais dedans. J'étais mal à l'aise, j'avais l'impression que j'allais me noyer à chaque instant. Les personnes parlaient entre elles, voire même seules. Les moteurs des voitures ronronnaient et les klaxons résonnaient. J'étais perdue, encore.

   J'aurais du suivre Noah à la trace lorsqu'il est descendu du bus, mais je rêvassais. Je me suis donc retrouvée seule dans un bus bondé à ne pas savoir que faire. Je cherchais désespérément mon téléphone mais il ne se trouvait plus dans ma poche. J'ignorais si on me l'avait volé où si je l'avais malencontreusement laissé tomber, mais le fait étant que je n'avais pas de moyen de joindre Noah. Je descendis donc à l'arrêt suivant qui se trouvait quelques kilomètres plus loin. Je n'avais pas d'autres choix que d'attendre, je pouvais toujours me rendre à l'arrêt précédent mais me connaissant je sentais que cette histoire allait mal se terminer si je le faisais.

   Je m'asseyais sur les marches de l'entrée d'une boutique et attendais patiemment. Pour une fois c'était moi qui scrutais les passants et non l'inverse. Des aller-retours interminables, aucun Bonjour, ils se percutaient les uns les autres sans même un Pardon. Et j'assistais à ce spectacle maussade.
L'odeur de café provenant de la boutique se répandait dans mes narines, me faisant oublier l'odeur de la foule. En quelques instants la journée si excitante s'était transformée en la journée la plus longue. C'est fou comme les choses peuvent changer si rapidement. À croire que tout est éphémère.

   Les bus de ville faisaient leurs va et viens quotidiens, mais pas un seul ne venait de l'aéroport. Dès que les portes s'ouvraient, les personnes se livraient dans une bataille ridicule et se laissaient emporter par l'impatience.
Depuis quelques minutes, j'avais remarqué une certaine fille qui se tenait aussi droite qu'une poutre et devait patiemment attendre.
Elle se démarquait particulièrement des autres par son aura si intriguante. Ses cheveux aussi brillants que la soie formaient de jolies boucles, une rose trônait sur sa tête, sa robe bouffante aux milles frou-frous était parsemée de nombreux rubans, et elle cachait ses jambes sous des bas de dentelle.
Elle fixait les aiguilles de sa montre sans même relever la tête, à la regarder on pouvait croire qu'elle ignorait le reste du monde.

   Lorsque le bus suivant arriva, elle avança et se plaça exactement en face de la porte avant, une vraie mathématicienne. Mais elle fut vite déplacée de sa position si parfaite, un homme quelque peu pressé qui venait tout juste d'arriver en courant n'hésita pas une seconde à la pousser. Puis de nombreuses personnes suivirent l'exemple de cet homme, si on pouvait appeler cela un exemple. Finalement, elle se retrouva à rentrer la dernière, et dans la précipitation, elle en avait fait tomber un petit médaillon couleur rouille. Je me précipitais pour le ramasser et le lui rendre avant le départ du bus.

-Vous avez fait tomber ça.

   Elle ne me regardait même pas, elle fixait le médaillon, et avec maladresse elle me l'arracha des mains. Elle tourna alors enfin la tête vers moi. Je n'avais pas encore pu voir son visage, une large couche de khôl contournait son regard et soulignait à la perfection ses yeux d'un vert profond. Rien qu'en la regardant on pouvait lire en elle, elle était comme un livre ouvert avec la moitié des lettres effacées.

   Elle m'ignora, se tourna et retrouva sa position si droite. Pas de Bonjour, pas de Pardon, pas de Merci, pourtant elle n'était définitivement pas comme les autres.  Elle m'avait irrévocablement remercié.

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