Chapitre 6
Le pilote anoncait le départ imitent de l'avion. J'étais toute excitée, je n'avais encore jamais mis les pieds en Angleterre, ça allait être une grande découverte.
J'étais bien évidemment placée juste à côté de Noah, à force les coïncidences ne me surprenaient plus. Je n'avais jamais pris l'avion, je n'avais jamais quitté le cocon familial, et voilà que je me retrouvais à partir en voyage avec un inconnu. Mais j'étais heureuse, tout simplement. Noah m'avait aimablement laissé la place prêt du hublot pour que je puisse pleinement profiter du voyage.
Lorsque l'avion décolla, je me mis en boule, effrayée par la sensation étrange qui me parcourait.
-Il faut que tu te tiennes bien droite lors du décollage. M'expliqua Noah.
Mais je ne l'écoutais pas, je restais recroquevillée sur moi même et observais par le hublot le sol se dérober sous mes pieds. J'étais comme une enfant dans une fête foraine, une grande enfant de 17 ans qui découvre le monde.
Je pouvais sentir le regard de Noah se poser sur moi, je suis persuadée qu'il devait se marrer devant mon comportement puéril.
-Une enfant qui saute dans les flaques et qui s'émerveille devant un avion, impressionnant.
-Tu m'as vu sauter hier ?!
-Je te vois tous les soirs à vrai dire. Tu rentres tristement de tes cours en chantonnant, et sans jamais me voir, ça aussi c'est triste.
Je comprenais mieux d'où il savait toutes ces choses sur moi, c'était légèrement rassurant. Mais comment avais-je fait pour ne jamais le croiser avant ? En tout cas j'étais heureuse, heureuse d'avoir pu marquer son esprit avec ma voix.
-D'ailleurs Hyelin, que comptais-tu faire en Angleterre ? Me questionna-t-il.
Je pris un certain moment avant de répondre, j'avais encore besoin d'accepter la disparition de ma mère, mais surtout de me rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'un rêve ni d'un cauchemar mais bien de ma réalité.
-Je vais chercher ma mère.
-La chercher ? Tu la ramènes à la maison ?
Évidemment qu'il ne comprenait pas.
-En quelque sorte. Elle s'est enfuie de chez nous.
Je ne pensais pas qu'il comprendrait la situation. Après tout, il semblait vivre dans un autre monde, une sorte de monde parallèle où tout est beau et sans soucis, et qui expliquerait son sourire permanent et un peu trop lumineux pour une amatrice de pluie telle que moi.
-Moi aussi je suis parti de chez moi. Je suis en pleine fugue pour tout t'avouer. Me confia-t-il.
-Pourquoi ça ? Tu as quelque chose à fuir ?
-Ouais, mes parents. Ils sont toujours derrière moi, ils m'encouragent à réussir dans la vie, mais depuis toujours ils ne font que suivre leurs idéaux.
Ouais, je dirais qu'ils sont trop derrière moi, et pas seulement, ils prennent même les devants. Toute ma vie ils m'ont imposé leurs choix, leurs objectifs, mais la musique n'en faisait pas partie. Ils pensent que "C'est pas un vrai métier", et ils ont plutôt raison, je veux pas de ça moi, j'ai jamais aimé travailler, alors pas question d'en faire mon travail. Je veux que la musique devienne mon quotidien. J'ai compris que je ne rendrais jamais mes parents fiers de moi en faisant ce que j'aime, alors me voilà ici à fuguer pour les décevoir d'avantage.
Il riait, mais ses yeux humides le trahissaient. Ça crevait aux yeux qu'il était triste de s'en aller comme ça et qu'il ne supportait pas d'être incompris par les personnes les plus proches de lui.
D'un geste amical, je lui ai tapoté l'épaule et lui ai souris.
-Le bonheur ne peut exister que si l'on a été malheureux.
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