Chapter six
- Hum de Tourmaline, une très belle ville et un très beau Royaume d'après ma chère sœur. Êtes-vous d'accord avec elle ?
Je ne savais pas très bien quoi répondre, pour être honnête je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il commence la conversation.
- Euh ...je ... oui...
- Bien !
Il se leva de son siège, faisant bouger ses cheveux blond et contourna le bureau avant de se mettre derrière moi.
- Levez vous ! M'ordonna t-il de sa voix puissante.
Je m'exécutai rapidement en baissant la tête.
- Savez-vous cuisiner ?
- Oui Monsieur
- Et jardiner ?
- Oui Monsieur
- Parfait ! Tu seras donc envoyé aux cuisines et aux jardins.
Il se rassit et commença à rédiger quelque chose sur un petit carnet en cuir avant d'arracher la feuille et de la donner.
- Gabriel tu lui fais un topo sur tout ce qu'elle doit savoir et sur son emploi du temps, je la veux demain opérationnelle ! Est-ce clair ?
Mon « protecteur » hocha la tête.
- Et toi je vais faire comme à tout les nouveaux arrivants, tu auras ta première morsure dans deux semaines et pas avant. Vous pouvez y aller.
A ces mots Gabriel me prit par le bras et me tira hors du bureau. Je me laissai entraîner en constatant que j'étais à présent entrée en enfer. Je n'avais plus de volonté propre, d'envies ou de désirs ou du moins je ne pouvais plus les exprimer clairement et juste les garder pour moi car au moindre mouvement rebelle ou inquisiteur de ma part ça serait ma tombe que je creuserai de mes propres mains.
Gabriel me parlait. Enfin c'est ce que je pensais vu que je voyais ses lèvres bouger .... Mais je n'entendais rien. Rien du tout. J'étais dans ma bulle, une bulle qui semblait être faite de béton armé, une bulle impénétrable. J'étais insensible à l'extérieur et je ne faisais que contempler en tant que spectatrice mes propres actions, j'étais devenue une poupée sans émotions, rien qu'un instant. Un instant long. D'un coup je repris mes esprits. On se trouvait devant une très belle porte en bois, je n'avais même pas remarqué que nous étions à l'étage. Gabriel déverrouilla la porte à l'aide d'une petit clé en bronze et on pénétra dans la pièce qui se trouvait être une chambre. Quand je dis chambre ce n'est pas la petit pièce que j'avais à Tourmaline non c'était une pièce immense avec un lit à baldaquin au centre, une grande armoire en bois clair et de grandes baies vitrés.
- Waouh ! Lâchai-je en posant un pied dans la pièce.
Gabriel se tourna vers moi avec un sourire et posa dans un tintement les clés de la chambre sur la commode.
- C'est beau hein ?
J'acquiesçai vigoureusement, oubliant presque où j'étais, malheureusement la réalité revint au galop et la pièce devint soudainement froide.
- Erine ... Tiens !
Il me tendit la feuille de carnet que Monsieur Powell lui avait donné. Je lui pris des mains.
- Il y a ton planning marqué dessus, respecte le à la lettre il pourrait t'arriver des bricoles sinon ...
J'hochai la tête.
- Ensuite, il marqua une pause, je te présente ta chambre.
Il embrassa la chambre du regard.
- Et la porte là-bas c'est ta salle de bains
Il désigna une porte au fond.
- Tu devras la partager avec une autre fille.
- D'accord
- C'est bon ? Tu crois que tu vas tenir ?
- De toute façon je n'ai pas trop le choix si ?
Il me sourit tristement avant de me dire qu'il devait partir. Je me retrouvais donc seule dans cette immense pièce, dans cette immense maison, dans cet immense royaume, loin des miens, seule et abandonnée de tous. Je ne crois pas avoir beaucoup pleuré depuis le début de tout ça et je me sentais forte pour ça mais maintenant rien ne me retenait de le faire, il n'y avait personne, j'étais seule. Je sentis mes yeux me piquer, toujours debout au milieu de la pièce, les cheveux décoiffés, les habits en haillons, les bras ballants avec dans une de mes mains la feuille de Gabriel. Mes dents vinrent mordiller instinctivement ma lèvre inférieur dans une tentative de retenu mais une larme me trahi en s'échappant de mon œil pour s'écouler de long de ma joue et atterrir dans le creux de mon cou. Au bout de quelques minutes une deuxième suivit puis une troisième et ainsi de suite. Je pleurais silencieusement, le regard noir, debout dans la chambre. Je pleurais tout ce que je pouvais pour me sentir le plus vide et insensible possible. Je pris un bout de tissu de ma « robe » pour m'essuyer les joues mais ce fut le doudou de mon frère qui atterrit dans ma main. Je ne pensais pas que sa vue me rendrait si faible, si vulnérable mais un sanglot s'échappa de ma gorge à la pensée de mes frères, ma sœur, mes parents si bien que je tombai à genoux, la bouche entre ouverte dans un cri muet et les yeux mi-clos par mon désespoir. Je sanglotai bruyamment mais je m'en fichais complètement, ils n'avaient qu'à venir ces foutus vampires que je puisse leur dire ma façon de penser, ils n'avaient qu'à venir me tuer si ils le voulaient je serais enfin libre. Mes pleurs se tarirent et je finis rouler en boule au milieu de ma pièce avant de m'endormir, épuisée.
*****
- Mademoiselle Erine ? Chuchota une voix dans mon oreille
Instinctivement je me relevais, percutant la personne.
- Aïe !
Je me massai le front en ouvrant les yeux sur Gabriel qui était lui aussi en train de se frotter le crâne.
- Désolée, grimaçai-je
- Pas grave, rit-il, non ce qui est plus grave c'est que tu t'es endormi sans lire ton planning !
Je me relevai d'un bond.
- Oh non je suis désolée je ...
- Stop Erine ne t'inquiète pas, je savais très bien ce qui allait se passer, c'est pourquoi je t'ai réveillé une heure et demi plus tôt pour que tu ais le temps de te préparer.
Mes yeux s'illuminèrent.
- Merci, merci, merci tu me sauves la vie !
- Ouais c'est ça allez dépêche toi sinon tu vas vraiment être en retard.
J'ouvris l'armoire et en sortit un pantalon noir et une chemise blanche ainsi qu'un blazer, c'était l'uniforme de la maison d'après Gabriel. Je filai ensuite à la douche et ressortit une demi heure plus tard propre, coiffée et prête à commencer ma journée. Je retrouvai Gabriel devant la porte de ma chambre, en train de manger un croissant. A la vue de ce met mon ventre gargouilla. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ? Au moins deux jours. Gabriel remarqua mon obsession pour sa nourriture et m'invita à descendre. Je le suivis doucement et remarquai que le soleil se levai à peine.
- Gabriel il est quelle heure ? Demandai-je
- 6 heures pourquoi ?
Je fonçai les sourcils.
- Pourquoi on se lève si tôt ?
- Je te rappelle que tu travailles aux cuisines maintenant, le petit déjeuner doit donc être prêt pour 8 heures, m'expliqua t-il en entrant dans ce qui me semblait être les cuisines.
Cinq femmes s'y trouvaient, déjà aux fourneaux.
- Oh Erine ! S'exclama la femme que j'avais vu hier à mon arrivée.
Elle s'avança vers moi et me donna un tablier.
- Tiens ! Je t'attendais pour commencer, tu vas rester avec moi pendant les premières semaines. Allez viens !
Elle partit directement au fond de la pièce tandis que je mettais lle tablier, j'allais remercier Gabriel pour ce matin et lui souhaiter une bonne journée mais il était déjà parti. Légèrement déçu je m'approchai de Joséphine.
- Alors bien dormi ? Me demanda t-elle en coupant du beurre qu'elle mit dans un saladier de farine.
J'hochai les épaules et elle me demanda de pétrir la pâte avant d'aller chercher du lait. Je fis rapidement ce qu'elle m'avait demandé et une fois fini je partis me laver les mains. Elle revint avec du lait, des pêches et de la vanille.
- Tiens
Elle posa les pêches sur une planche à découper et me tandis un couteau.
- Épluche-les et coupe-les en brunoise !
Je m'exécutai.
- On prépare quoi ? Demandai-je au bout du troisième fruit.
- Une tarte à la pêche, répondit-elle avec un sourire, tu vas adorer !
Je lui souris à mon tour.
- D'ailleurs en parlant de nourriture je voudrais savoir si c'était possible que je mange ?
Elle me regarda avec un sourcil interrogateur. Sa mimique me faisait penser à ma mère et quand je la regardai bien, elle tout entière me faisait penser à ma mère de bien des façons. Je secouai la tête et lui répondis.
- Je n'ai pas mangé depuis un moment et j'ai faim ...
- Oh mais bien sur !
Elle me tendit une pomme et un morceau de pain, à la vue de la nourriture je poussai un soupir de soulagement non-contrôlé, Joséphine rit à ma réaction. Je m'empressai donc de manger tout en continuant de couper les fruits.
Au bout d'une heure tout était prêt et des serveurs arrivèrent pour prendre les plats, exténuée je m'affalai sur le plan de travail. Je me reposai un peu mais le travail reprit quand les plats sales revinrent en cuisine. Je passai ensuite toute la matinée à cuisiner pour le midi mais je m'arrêtai vers 15 heures, mon service étant fini. Gabriel me reconduit dans ma chambre et je m'allongeai sur mon lit tel une étoile de mer en repensant à ma journée. On pouvait dire qu'elle s'était passée relativement bien. Maintenant que j'avais fini pour aujourd'hui je ne savais pas trop quoi faire, je ne savais même pas si j'avais le droit de sortir de ma chambre. J'étais plongée dans mes pensées et finis par m'endormir.
*****
Je fus réveillé quelques heures plus tard par un claquement de porte. Je me relevais d'un bond et vit une fille rentrer en trombe dans ma chambre.
- Alors c'est toi ! Me dit –elle d'un ton hautain et véhément, sache que tu ne pourras pas me remplacer, j'irai quand même !!!
Je secouai la tête, encore embrumé par le sommeil, je ne savais pas du tout de quoi cette fille parlait.
- Hein ? Je comprends rien là ...
- Arrête ton petit jeu avec moi ! Ça ne marchera pas avec moi ! C'est moi qui devais y aller et toi t'arrives comme une fleur !!! Tu es finie !!
A ces mots elle repartit aussi vite qu'elle était venue, me laissant toujours dans l'ignorance la plus totale, je ne voyais vraiment pas de quoi elle parlait et on pouvait dire que ça me passait largement au-dessus. Je me laissai retomber dans mon lit quand je remarquai que ma bouche avait un goût comment dire ... pâteux. Oui c'était ça pâteux et j'avais une de ces soifs. Je me relevai malgré mes membres engourdi et flageolant et je clignai plusieurs fois des yeux essayant de me concentrer sur la porte face à moi. J'avançai doucement et atterris dans le couloir. J'essayai d'avaler ma salive mais ma langue semblait morte, elle ne me répondait plus si bien que je faillis l'avaler dans ma panique. Mes doigts, qui tenaient le chambranle de la porte se mirent à me piquer comme si j'avais la fourmi, puis ce fut autour de mon bras, et de mon cou jusqu'à ce que je me mette à devoir contrôler ma respiration qui se faisait saccader. Je ne savais pas ce qui m'arrivait, je me sentais faible et prise au piège. Mes clignements de paupières se firent plus lents et je vis ma tête basculer sur mon épaule droite. Soudainement mes jambes me lâchèrent après avoir longuement tremblés, je me retrouvai à genoux une petit seconde avant de basculer sur la droite, ma tête tapant durement le sol. La dernière chose que je vis fut le chaton. Pinceau me regardant de ses grands yeux innocents.
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