Chapter four

Date inconnue

Royaume de Rubis, salle d'enchères

Je restai stoïque. Incapable de bouger le moindre de mes membres. Tétanisée par le désespoir. On n'entendait pas beaucoup parler de Blake Powell et c'était ce qui faisait son mythe. Il n'était pas comme son jeune frère le roi qui montrait sa cruauté au monde entier, il n'était pas comme ses deux grands frères qui vivaient au jour le jour et faisaient des écarts, ayant pour conséquence la une de tous les journaux et il n'était pas non plus comme sa sœur et unique sœur qui était vraiment un fléau pour les humains. Non, Blake Powell était Blake Powell et cela le rendait dangereux. Peut être était il gentil et aimable ou au contraire violent et fou, nul le savait. Les seuls apparitions qu'il faisait étaient celles à la télévision pour les évènements nationaux comme le bal d'hiver ou la fête de l'insurrection, il participait aussi quelques fois aux visites des Royaumes pour garder un semblant d'autorité mais malgré ça on ne pouvait percer le mystère Powell numéro 3. J'étais donc tétanisée face à cette nouvelle des plus terrifiantes. Jusqu'à lors j'étais extrêmement reconnaissante à ce vieil homme sorti de nulle part de me sortir des griffes de ce Grinville mais je n'étais maintenant plus aussi sure de vouloir me jeter dans ses bras pour aller jusqu'à un temps indéterminé dans une maison ou plutôt un antre rempli de je ne sais quoi ou je ne sais qui. Je prenais encore une fois conscience de la situation dans laquelle j'étais. Vendus comme un chien j'appartenais maintenant à un vampire puissant pour sûrement l'éternité et je me retrouvais une fois de plus seule. Seule et démuni face aux évènements. Un instant je maudis mes parents pour ne pas m'avoir préparé à ça, pour ne pas m'avoir dit ce qu'il allait se passait pour m'avoir maintenue dans l'ignorance mais bien entendu même à eux je ne pouvais leur en vouloir car ils n'étaient que des humains parmi ce monde vaste et cruel. Je ne pus divaguer plus dans mon esprit car je sentis des mains m'attraper par les poignets et me tirer vers les coulisses. Je ne résistai pas pour autant car de toute façon à quoi cela servirait ? Je m'en sortirai avec des bleus, peut être un mal de crâne et je serais éreinté. Tout ça pourquoi ? Pour être en retard chez mon détenteur. Complètement inutile et légèrement suicidaire, et à ce que je sache je n'en étais pas encore à ce point là. Je me laissais donc traîner vers une voiture à l'extérieur sans coups ni injures. Ils me jetèrent quand même violemment sur la banquette arrière sûrement mécontent que je ne me sois pas rebellée comme une sauvage. Je ne cédais tout de même pas à la pression et leur souri gentiment tout en me mettant plus confortablement dans la voiture et fermant la porte d'un geste délicat. A travers les vitres teintés je pus voir qu'ils se regardaient tout les deux, tentant de comprendre ce qui n'allait pas chez moi et haussèrent les épaules avant de repartir pour continuer d'enlever de pauvres humains à leurs vies, comme moi.

*****

Voilà deux bonnes heures que nous étions partis de la salle d'enchères. Quand je dis « nous » je parlais du vieil homme et moi-même, c'était le chauffeur de la voiture. J'en avais un peu marre de le surnommer le vieil homme car en vrai il n'était pas si vieux et c'était un manque de respect mais j'avais trop peur d'ouvrir la bouche et il ne semblait pas ouvert à une discussion, je me contentai donc d'examiner la voiture puisque dehors il faisait tellement sombre qu'on ne voyait rien. Pour en revenir à la voiture, j'étais assez déçu. Je m'attendais à une limousine mais non, en même temps si c'étais pour aller chercher une pauvre esclave à quoi bon sortir l'argenterie, une charrette ferait l'affaire non ? Il faut tout de même avouer que l'intérieur était classe, tout en cuire et en inox brillant, c'était une belle voiture. Je continuai d'observer les petits détails quand soudain la voiture braqua à gauche d'un coup sec. Je poussai un petit cri en mettant mes mains contre la portière sur laquelle je menaçais de m'écraser puis la voiture s'arrêta. Automatiquement le « vieil homme » se retourna vers moi.

  - Ça va Mademoiselle ?

Ma main gauche était plaqué contre ma poitrine et l'autre sur siège de devant tandis que j'essayai de reprendre mon souffle.

- Mademoiselle ?

- Je ... ça va aller merci, répondis-je rapidement.

- Vous êtes sûre ?

Je relevai ma tête vers lui et lui adressai un petit sourire timide.

- Oui oui ne vous inquiétez pas.

Malgré le fait que je l'ai rassuré il continua de me regarder. Trouvant ce moment gênant je me risquai à prendre la parole.

- Que s'est-il passé ?

Il sembla reprendre ses esprits et me répondit pour mon​ plus grand soulagement.

- Je crois bien qu'un animal a traversé juste devant nous, j'ai donc essayé de l'éviter comme j'ai pu, désolé de vous avoir fait peur.

- Ne vous inquiétez pas, vraiment, le rassurai-je.

Il me sourit gentiment, remit le contact et repartit. Après quelques minutes de silence je me risquai enfin à poser la question qui me trottait dans la tête.

- Excusez moi mais ... c'est quoi votre nom ?

- Gabriel

J'hochai la tête et l'habitacle fut de nouveau plongé dans le silence.

- Et ... euh ... vous... vous êtes un vam ...

- Un vampire ? me coupa t-il

J'acquiesçai silencieusement ayant peur de l'avoir vexé.

- Non

Je fus choqué par ces propos.

- Vous ... vous n'êtes pas un vampire ?!!!

- Pas le moins du monde Mademoiselle

- Mais comment cela se fait-il ? Vous êtes au service du grand Blake Powell d'une façon très proche et il vous accepte en temps qu'humain ? C'est impensable !

- Il ne nous accepte pas mais il nous tolère

Il marqua une pause avant de reprendre d'un ton plus lourd et solennel.

- Avant que nous arrivions là-bas il faut que je vous apprenne quelques petites choses car vous n'avez l'air d'être au courant de rien du tout.

- Effectivement, marmonnai-je, en même temps si c'était mon choix d'être ici je pense que je me serais renseigné mais comme vous l'avais bien vu je ne suis pas ici de mon plein gré, finis-je sarcastiquement

Gabriel secoua sa tête visiblement amusé et me regarda dans le rétroviseur.

- Tenez ça par exemple, c'est à bannir de votre comportement, vous devez être obéissante et faire toutes les tâches que l'on vous donne sans broncher, même pas une petit remarque sarcastique dans un souffle car je vous rappelle que les vampires ont une ouïe assez développé et pour finir vous devez avant tout satisfaire tous les besoins de vote hôte.

- Tu parles d'un hôte, soufflai-je, un kidnappeur plutôt.

- Erine !

- Oui, oui je ne dis rien qui pourrais blesser quiconque, passez à la suite.

Il souffla une nouvelle fois d'amusement face à mon comportement qui, je l'avouai de bonne grâce, était parfaitement puéril.

- Donc quand vous allez arriver je vais vous présenter à Monsieur Powell et ensuite je vous donnerai les tâches dont vous devrez vous occuper ainsi qu'un uniforme et une chambre. Quand vous serez devant Monsieur Powell vous ne devrez en aucuns cas parler si lui ou moi ne vous l'autorisons pas, est ce bien clair ?

J'acquiesçai la tête plus du tout amusé par la situation car j'y étais, à ce moment tant redouté, j'allais littéralement me jeter dans la gueule du loup. Je commençai à étouffer dans cette voiture mais je le laissai continuer car je voulais avoir toutes les informations en main quand on arrivera là-bas.

- Maintenant nous allons passer à une information pénible mais à laquelle vous n'échapperez pas ...

Le ton qu'il prit ne me rassura pas du tout mais alors pas du tout du tout.

- Powell se nourrit des esclaves, chacun votre tour, vous y passerez tous ...

En arrivant chez un vampire en même temps, je n'allais pas dire que je ne m'en doutais pas, ça aurait été me mettre un bandeau transparent sur les yeux, espérant que je ne verrai rien. Malgré tout la nouvelle me fit mal, ma plus grande peur depuis, que j'étais nait, était de me faire mordre par un vampire et je n'allais pas y échapper, c'était certain. Je me mis alors à déglutir fortement, la chaleur de l'habitacle commençant à vraiment m'oppresser.

- Il a une seconde information dont je dois vous faire part, vous aussi vous devrez vous nourrir de sang ...

Mes yeux s'écarquillèrent d'horreur et mes lèvres se mirent à trembler de façon incontrôlable.

- Co ... com... co... comment ça ? Bégayai-je

- Si le maître ne change pas souvent d'esclave c'est avant tout qu'ils sont immortels, il ne veut pas à avoir à enterrer des corps dès que vous mourrez à la fin de votre vis, alors tous les jours vous devez boire un verre de sang pour ne pas vieillir, voyez le bon côté des choses, vous devenez immortels et vous obtenez des sens plus développés, tenta t-il

Immortels. Immortels, nous devenions immortels. Immortel ; Qui n'est pas sujet à la mort. Le problème était là, même ça ils arrivaient à nous l'enlever. La mort. Une échappatoire. Une sortie de secours. Un rouage dans le système. Une volonté propre à l'Humain. J'y avais déjà pensé. Mourir était ma seule issu si tout était vraiment trop dur, si la pression était trop forte mais ce n'était plus une solution envisageable. Moi qui croyais qu'un jour ils seraient dans l'obligation de me renvoyer chez moi car je ne pourrais plus servir à rien. Ils me renverraient chez moi pour que je puisse mourir auprès des miens, en paix, mais tout s'effondre, tout se brise et rien ne sera jamais fini. Jamais. Une infinie sombre de siècles, d'époques et de tournant dans l'histoire, un cercle vicieux d'émotions, de rencontres et de folie. Comment ne pas devenir fou ? Tout explosa en moi. D'un coup. Comme ça. Je sentis mon cœur sortir de ma poitrine en un geste douloureux et vain. Je ne contrôlai plus rien. Et je ne contrôlerai plus jamais rien. C'était le début de la fin. De ma propre fin. Et j'allais y assister.

- Mademoiselle ça va ? Me demanda le chauffeur en me sortant de mes pensées.

Quand je relevai la tête je vis un air inquiet plaqué sur son visage. Son visage si jeune et si vieux à la fois car pour être dans le petit papier de ce cher Powell il ne fallait certainement pas être né de la dernière pluie.

- Mademoiselle ? Répéta t-il

« Non ça ne va pas ! » aurais-je voulu hurler « Rien ne va et plus rien n'ira jamais ! ». J'aurais voulu cracher ma haine au monde entier mais qui étais-je pour faire ça ? Erine Kostas, une pauvre enfant enlevé en pleine rue à Tourmaline. Pitoyable, c'était le mot. De plus j'étais dans l'incapacité totale de prononcer le moindre mot tellement ma gorge semblait serré. L'air autour de moi semblait fait de plomb et des points noirs commençaient à zigzaguer devant mes yeux. Je me mis donc à taper du plat de ma main sur la vitre pour avertir Gabriel d'arrêter la voiture de suite. Le bruit attira son attention.

- Mademoiselle ! Paniqua t-il enfin, je ... ne bougez pas j'arrête la voiture.

Il se gara rapidement sur le bas côté et sortit de la voiture pour enfin m'ouvrir ma portière. Heureusement il me rattrapa in extrémiste avant que je ne me mange le sol car j'étais complètement affalée sur la porte. Il me soutint jusqu'à l'orée d'un bois devant lequel je m'affalai. Je devais vraiment faire pitié mais en cet instant je m'en fichais royalement. Je pris quelques goulées d'air avant de réfléchir au sens de la vie et d'éclater en sanglots. Je n'avais jamais sangloté d'une telle façon, même quand mon chat flocon était mort. J'avais l'impression que personne ne pourrait m'arrêter et que tout un puit sans fond se déversait à travers moi. Des gémissements de douleur passèrent la barrière de mes lèvres jusqu'à ce qu'il ne resta plus que ce son dans la forêt, comme quoi mon puit n'était pas vraiment sans fond. Je sentis deux bras me soulever de terre, un sous mes genoux, un dans mon dos. Gabriel me porta jusqu'à la voiture et me déposa sur la banquette arrière.

- Je suis terriblement désolé douce Erine, me murmura t-il avant de me mettre à sombrer dans un sommeil cauchemardesque.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top