(Note de l'auteur : j'ai changé la date de la morsure et je tiens à dire que ce chapitre était censé être doux et qu'il s'est assez transformé --')

10 novembre 2280

Royaume de Rubis, Banlieue de Rubis, Manoir Powell

Voilà maintenant 7 jours que j'étais arrivée ici et c'était déjà 7 jours de trop mais qui étais-je pour me rebeller ? Je n'étais rien alors je continuai de faire toutes les corvées qui m'étaient données, je ne protestai jamais et j'essayai d'être la plus discrète possible. Malgré tout une des autres filles présentes dans la maison me faisait vivre l'enfer, ne cessant de me rabâcher nuit et jour que je lui avais piqué sa place alors que je ne comprenais rien à ce qu'elle me racontait. Un nombre de fois incalculable j'avais envie de la frapper mais si je le faisais je savais que j'avais encore moins de chances de sortir d'ici donc j'enterrai profondément mes pulsions en moi et je faisais profil bas. Je n'en avais même pas parlé à Gabriel car je ne voulais en aucun cas qu'il s'en mêle. Je ne parlais à personne préférant rester seule car je savais que si jamais je trouvais un moyen de sortir et que j'avais des amis, je les ferais sortir en priorité au détriment de ma personne alors que je devais me contenter de m'occuper de moi-même et seulement de moi-même. Peut-être étais-ce égoïste de résonner comme ça mais dans ce monde il ne fallait pas faire place aux sentiments car ils se retourneront obligatoirement contre vous. Il fallait donc être supérieur par tous les moyens possibles, quitte à écraser, des amis. « La supériorité est toujours odieuse. » Euripide était un homme qui avait tout compris avant même que les autres le réalisent.

Je m'attachais les cheveux rapidement et descendit rapidement à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Joséphine était déjà en train de préparer la table avec vitesse et efficacité. Cette femme était la bonté même et j'aimais quelques fois parler avec elle le soir. Quand elle me vit arriver elle s'arrêta et me dévisagea l'air horrifiée. Je le regardais intriguée et m'inspectai du regard pour savoir ce qui n'allait pas, je m'étais pourtant habillé de l'uniforme et attaché les cheveux comme convenu.

  - Nom de Dieu Erine ! Que fais-tu là ?

Je ne voyais vraiment pas où elle voulait en venir, je travaillais comme tout les jours.

  - Je viens faire mon service pourquoi cette question ?

  - Mais tu n'es pas au courant ?

  - Au courant de quoi ? Demandai-je interrogative

  - Tu as ta première morsure ce soir ma grande !

Si j'avais eu de l'eau dans la bouche j'aurais sûrement tout recraché mais comme je n'en avais pas j'eus seulement un hoquet de surprise, j'avais complètement oublié cette partie, sûrement un déni de mon cerveau. Malgré ce rappel je ne voyais pas en quoi cela m'empêchait de travailler aujourd'hui et j'en fis part à Joséphine.

  - Gabriel ne t'a donc rien raconté ?

Je secouai la tête et elle regarda sa montre.

  - J'ai une dizaine de minutes pour te raconter rapidement ce qu'il va se passer alors écoute bien et soit attentive, assied toi.

Je m'exécutai et elle commença.

  - La première morsure d'un humain c'est comme un rituel pour Powell, tout comme pour ses parents. Le but n'est pas de te faire mal et de te faire peur, il veut que ça se passe calmement même si cela arrive rarement ... Il te laisse donc, pour commencer, toute ta journée où tu as le droit de faire ce que tu veux. Ensuite à 17 heures une robe te sera apportée, c'est la robe des novice, tu verras qu'elle est particulière. Tu dois donc te doucher avec un gel douche spécial qui repoussera les pulsions du vampire si cela va trop loin et tu devras revêtir la robe et t'attachant les cheveux de sorte à voir ton cou. A 19 heures tu seras conduite devant Powell et la suite tu la connais.

Je restai abasourdi, on se croirait dans une secte et cela me faisait peur, elle n'aurait jamais du me raconter tout ça même si je suis sûre qu'elle ne m'avait pas tout expliqué. Je la remerciai rapidement et remontai dans ma chambre vu que j'avais ma journée. J'allais commencer par me rendormir et ensuite je verrai.

Bien entendu je n'avais rien vu du tout car je me réveillai quand on m'apporta la robe des novices. Celle-ci était d'ailleurs assez spéciale, elle était à manches longues et à col remonté, avec une jupe partant des haches jusqu'au sol. Le buste était tout de même en grande partie dévoilé car il était constitué de dentelle. Avec ma robe on m'apporta un gel douche constitué d'argent, ce qui affaiblirait Powell lors de ma morsure. Je m'empressai d'aller à la douche, prenant soin de bien me nettoyer car je ne voulais en aucuns cas me faire tuer ce soir, ce n'était pas vraiment dans mes projets à vrai dire. Une fois fini je revêtis la robe en prenant soin de ne pas la froisser et je me fis un rapide chignon. J'accrochai la dernière pince quand on toqua à ma porte. Je m'empressai d'ouvrir et découvrit Gabriel sur le seuil de ma porte. Sans réfléchir je le pris dans mes bras, j'avais vraiment peur qu'il ne vienne pas me voir avant le moment fatidique. Il fut surpris de mon geste et me serra contre lui en me poussant dans ma chambre pour refermer la porte. Après quelques secondes je me détachais de lui.

  - Tu es sûre que ça va Erine ? Me demanda t-il inquiet.

J'hochai la tête peut sûre de moi et il me tendit des talons blanc pour aller avec la robe. Je m'empressai de les mettre et me regardais dans le miroir de ma chambre.

  - Tu es très belle, me complimenta Gabriel avec un petit sourire.

Je me retournai vers lui, prenant peu à peu vraiment conscience de ce qui allait se passer dans quelques instants.

  - Ça fait mal ?

Il haussa les épaules.

  - Ça dépend de toi ... Entre vampire la morsure au cou est un acte d'amour pur ...

  - Ah ...

  - De toute façon pour tous les novices il y a une préparation avant ... le moment...

  - Comment ça ?

  - Je ne peux pas t'en dire plus, il soupira, tu verras par toi-même, allez viens c'est l'heure.

J'étais contente que ça soit Gabriel qui m'amène, j'avais l'impression d'être moins seule dans cette épreuve. Dans le couloir on croisa la peste qui ne cessait de me menacer, quand elle me vit habillée de la robe des novices je crus un instant qu'elle allait me tuer sur place mais elle se contenta d'un regard noir de mépris et d'une moue dédaigneuse. Je soupirai alors qu'on atteignait ma destination bien trop rapidement à mon goût. Quand je vis que je me retrouvai devant la même porte qu'il y a 7 jours je fus assez surprise. On allait vraiment faire ça dans son bureau ? Je secouai la tête tandis que la porte s'ouvrit.

  - C'est maintenant que je te laisse Erine, on se retrouvera demain matin, Bonne chance ... Me souffla Gabriel avant de me pousser gentiment à l'intérieur.

A peine étais-je rentrée que la porte se referma, je commençais à paniquer mais tentai de garder mon sang froid.

  - Erine ...

Une voix profonde me fit sursauter. Je tournai la tête à gauche et découvrit Blake Powell assis nonchalamment sur fauteuil, vêtu d'un simple tee-shirt et d'un jean sombre, je m'attendais à un peu plus de classe de sa part vu ce qu'il s'apprêtait à faire, quoiqu'il ne voulait peut-être pas tacher ses beaux habits de mon sang. Rien que cette idée me fit frémir de dégout.

  - Vous réfléchissez trop, vraiment ...

Il appuya sur bras et se releva d'une grâce féline avant de s'avancer vers moi. Je déglutis mais ne bougeai pas, trop impressionnée et effrayée pour. Il finit par se mettre face de moi et me releva le visage avec deux doigts sous mon menton, plongeant son regard dans le mien. Il avait les yeux gris. Un gris acier avec quelques pointes de gris clair et de noir. Ils étaient beaux, très beau même, tout comme lui d'ailleurs, avec sa chevelure blonde, ses traits fins et sont corps détaillés. Dans mon lycée il aurait fait fureur. Il aurait vraiment pu aller à dans mon établissement scolaire car il devait, e apparence, ne pas être plus vieux que moi. J'étais si perdue dans sa contemplation que je remarquai bien trop tard qu'il était derrière moi.

  - Erine ... Me chuchota t-il au creux de l'oreille, sais-tu ce que je vais te faire ?

J'hochai la tête, de la façon la plus stable que je pus.

  - Je vais te mordre là ...

Il prit mon poignet droit.

  - Et là ...

Il prit moi poignet gauche.

  - Et aussi là ...

Il posa deux doigts dans mon cou, augmentant ma peur. Il se remit devant moi et posa ses deux mains dans mon cou, englobant ma gorge de ses mains, sans serrer. Il rapprocha sa tête de la mienne tandis que ma respiration s'accéléra. Que faisait-il bon sang !? Il continua de se rapprocher et finit par m'embrasser doucement le front. Je poussai un soupir de soulagement.

  - Tu as peur Erine ?

  - Ou...oui...

  - C'est normal

Sans m'y être attendu il me prit par les hanches et me posa sur son bureau avant d'attraper délicatement mon poignet.

  - C'est la première et la dernière fois que je te mordrai au poignet, c'est juste pour que tu t'habitues ok ?

J'acquiesçai et il attrapa un coupe papier pour découper ma manche avant de porter mon poignet à sa bouche. Je ne pouvais décrocher mon regard de son visage s'apprêtant à me mordre. Il posa délicatement sa bouche contre le creux de mon poignet et me regarda attendant sûrement que je lui donne ma bénédiction où je ne savais quoi, il pouvait toujours rêver. Ce fut après avoir pensé ça que je me rendis compte que les vampires lisaient les pensées. Son regard changea et il sortit ses canines férocement, qui pénétrèrent instantanément ma chair. La douleur arriva petit à petit et je me crispai en poussant un petit cri de douleur. Instinctivement je voulus me dégager mais il retint mon poignet et commença à aspirer mon sang sans retenues. Je souffrais certes mais c'était encore soutenable. Il se décrocha de moi après plusieurs minutes d'une façon sauvage qui m'arracha un nouveau cri de douleur. Il darda sur moi un regard noir mais au sens littéral du terme. Tout le gris de ses beaux yeux avait fait place à une nuance beaucoup plus sombre, m'emplissant d'horreur et d'admiration. Il pencha sa tête sur le côté et annonça d'une voix calme et rauque, son menton dégoulinant de sang.

  - Tu as très bon goût Erine ... dommage que tu aies la langue bien trop pendue ...

Il attrapa férocement ma nuque, arracha d'un geste sur mon col et planta durement ses canines. Cette fois-ci je me mis à hurler tellement la douleur était intense. Je commençais à me débattre avec le plus de force que je pouvais mais je compris trop tard que c'était une très mauvaise idée car il se retira et recommença à me planter trois fois d'affilées juste dans le simple but de me faire mal. Au bout de la troisième fois il me regarda dans les yeux tandis que je vacillais, seulement soutenue par sa main sur ma tête et l'autre sur ma hanche. Des larmes coulaient en abondance sur mon visage et je gémissais de douleur.

  - Ça t'apprendra ma belle ...

Il se rapprocha de mon cou et je crus qu'il allait encore me faire mal mais je sentis sa langue passer doucement sur mes blessures béantes, d'un geste précis et expert. Cet acte me procurait un bien fou, soulageant ma peau meurtrie. D'épuisement je posai mon front contre son épaule en sanglotant.

  - Je suis désolée ...

Il releva ma tête et me regarda, ses yeux étaient redevenus bienveillants et me scrutaient, ne comprenant sûrement pas pourquoi je m'excusais. A vrai dire je ne comprenais pas moi-même mais j'avais comme le sentiment qu'il fallait que je le dise. Mes yeux papillonnaient et je vacillais encore une fois.

  - Eh Erine !

Les sons s'atténuaient autour de moi et ma vision se brouilla, réduisant Blake à une vulgaire tâche sombre.

  - Erine !!

Je sentis mon corps partit en avant mais je me sentis rattrapé avant de m'effondrer. La personne que je supposais être Blake me cala dans ses bras et me souleva avant de sortir de la pièce. Ses pas résonnaient de façon rapide dans le couloir et mon corps ballota quand il descendit les escaliers précipitamment. Quand il rentra dans la cuisine, des cris horrifiés se firent entendre tandis qu'il balaya tout ce qui se trouvait sur le plan de travail. Ce fut la dernière chose que j'entendis avant de sombrer. Le gel douche n'avait pas si bien marché.