Chapitre 1 (réécrit)
Le jour de la venue au monde de mon frère Thibault fut pour mes parents le plus beau jour de leur vie. Deux ans plus tard ce fut à mon tour d'être reléguée à la septième merveille du monde. On dit souvent que les plus grandes fiertés des parents sont leurs enfants, pourtant quand 14 ans plus tard les jumeaux naquirent involontairement mes parents n'avaient pas l'air particulièrement heureux. Bien sur ils aimaient sans aucun doutes ces petits monstres de 4 ans qu'étaient Luka et Lou et ils ne les reniaient d'aucune façon. Avoir plusieurs enfants étaient trop rare à Tourmaline, mais on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils leurs prêtaient une grande attention. Ils préféraient se plonger dans leurs travails respectifs pour éviter que nos fins de mois soient aussi catastrophiques que les précédentes.
Avec tout ça j'étais donc obligée d'emmener tous les matins mon petit frère et ma petite sœur. D'habitude Thibault m'accompagnait car ma famille avait peur qu'un fameux raid m'enlève à eux mais du haut de ses 20 ans il devait commencer à chercher du travail. Les raids étaient assez courant, ils paraissaient dans l'Etat de Tourmaline mais ça faisait longtemps qu'aucun n'avait eut lieu dans mon quartier. J'étais même convaincue que tout ça n'était qu'une vaste légende destinait à terroriser les enfants.
- Erine ! On y va ?! Demanda la petite voix surexcitée de Lou tandis qu'elle tirait sur le bas de mon tee-shirt blanc.
Je la pris dans mes bras, lui déposant un baiser sur la joue avant de lui répondre.
- On attend Lu' et après on y va ma puce. Luka ! Tu fais quoi ?!
- Z'ai perdu Doudou !
Je soupirai et reposai Lou par terre avant de monter à l'étage, trouvant Luka au milieu de sa chambre, au bord des larmes. Lorsqu'il me vit, il me supplia du regard avec ses petits yeux, arme destructrice face à mon cœur attendri.
- Viens là mon ange, on va le retrouver Doudou, il ne s'est surement pas envolé le coquin.
Je le pris doucement dans mes bras, le calant contre ma hanche et on commença à chercher. Au bout de quelques minutes je le retrouvai sous sa table de chevet. Son doudou était en fait un lapin avec de grandes oreilles et un corps doux en tissu non rembourré. Bien entendu vu tout ce que Luka lui faisait faire il ressemblait de plus en plus à une loque et encore, c'était un bien joli mot.
- Tu vois, on l'a retrouvé, annonçai-je en ébouriffant les cheveux de mon petit frère qui lui regardait son doudou sous toutes les coutures pour voir s'il ne s'était pas fait mal, Peux-tu tout de même me dire ce qu'il faisait là ?
J'accompagnai ma question d'un petit coup de doigt sur son bout du nez et d'un sourire. Il adopta une pose songeuse qui me fit sourire d'autant plus avant de s'exclamer fier.
- N'a fait Casse Casse !
- T'as fait un Cache-cache avec Doudou ?
Il secoua la tête en signe d'affirmation. J'eus un petit sourire en coin face à sa candeur et on descendit rejoindre Lou.
Tandis que Luka se faisait aider de sa sœur pour s'habiller je pris mon sac de cours posé sur la table de la cuisine. Une fois habillés, ils me regardèrent, tellement mignons avec leurs petits manteaux et leurs grosses écharpes, cartable sur le dos. Ils avaient un petit air innocent et puéril que je leur enviais, je devais sûrement être comme ça à leur âge, croyant que tout le monde était gentil et que ma seule et unique peur serait de perdre mon doudou tout au long de ma vie. J'aurais aimé rester à cet âge où rien ne m'inquiétait, où tout était rose avec quelques touches de gris. Maintenant que j'étais dans la réalité, je comprenais que le rose n'avait jamais existé, que tout était une simple illusion visant à nous voiler la face. Maintenant ce que je voyais pour mon avenir était noir d'encre, rien n'était certain, même pas la vie, surtout pas la vie.
Je repoussai ces pensées négatives dans un coin de ma tête et sortis de la maison, les jumeaux sur mes talons. Je fermai la porte à clé et me retournai face à la rue sale, poussiéreuse et dégradée. Toutes les rues de Tourmaline étaient dans cet état car nous, les humains, on ne méritait pas de vivre comme les autres, nous n'étions que du bétail et le bétail vivait généralement dans une étable.
Tourmaline était comme notre étable.
Notre famille ne vivait pas très loin du centre, cela avait ses avantages et ses inconvénients. Par exemple, pour tout ce qui était éducation et achats, c'était pratique puisqu'en quelques pas à peine nous y étions. Malheureusement la Gouvernante vivait aussi très près de chez nous, on ne pouvait donc pas avancer de quelques mètres sans tomber sur un membre de sa garde personnelle
J'arrivai sur la place Edgar Powell et me dirigeai vers l'école maternelle. Madame Cedex, la directrice de l'école maternelle et primaire, m'attendait devant l'établissement.
- Alors Mademoiselle Erine toujours en retard à ce que je vois. Ça n'a pas changé depuis 14 ans, vous me dégoutez.
Elle avait craché ces paroles d'un air méprisant et hautain qui me fit serrer les poings d'énervement. Je haïssais cette femme, ou plutôt ce vampire. Elle avait toujours ses cheveux blonds coiffés en un chignon serré et strict et elle portait un tailleur tiré à quatre épingles. Si on en croyait les rumeurs, cela faisait plus de 50 ans qu'elle était directrice de cet établissement à cause d'une faute qu'elle aurait commise dans le Royaume de Diamant. Ils l'auraient mise ici car elle haïssait les humains au plus au point et qu'elle ne s'en cachait pas.
Etant petite, elle aimait particulièrement me torturer psychologiquement et m'administrait des punitions plus que blessantes. J'avais encore une de ses marques dans mon dos, quand elle avait voulu me fouetter en public car j'avais volé un morceau de pain en plus à la cantine. Cette sorcière m'avait trainée sur la place Edgar Powell et m'avait attaché au poteau central avant de sortir une cravache, réussissant à m'infliger trois coups avant que la garde arrive. Je frissonnai à ce souvenir déplaisant et embrassai rapidement Lou et Luka avant de partir aussi vite que possible.
*****
Il y avait un seul lycée à Tourmaline, le lycée .... Edgar Powell bien entendu. Tous les professeurs étaient des vampires sans exception et ils nous méprisaient tout autant qu'on les méprisait. En plus des cours de Maths, d'Histoire-Géographie, de Sport, de Latin et de Langue nous avions des cours spéciaux, comme les cours de Vampirisme et de bonne conduite qui constituait 20 heures de notre emploi du temps sur les 31 heures que l'on avait, autant dire la majorité de notre semaine.
Pendant les cours, que ça soit des Maths ou même du Sport, les profs ne cessaient de nous rabâcher que la famille fondatrice, les Powell, était ce qui nous était arrivé de mieux et plus encore si bien qu'au bout d'un moment plus personne n'écoutait. Avec ma meilleure amie Lucie nous avions un jeu, on comptait combien de fois un prof pouvait dire « Powell » en une heure de cours. Le record était détenu par Mr Grandet, notre cher prof d'histoire avec vingt « Powell » dit en une heure. J'étais d'ailleurs en Histoire-Géographie et je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi et me plonger dans mes couvertures jusqu'à en mourir.
- ... à la tragique mort d'Edgar et Eléonore Powell tout le Royaume de Joyaux se retrouva en deuil. Mais le Royaume ne pouvant se relever sans dirigeant, l'empereur Rayan Foster, le bâtard d'Edgar Powell, s'empara alors du trône et remis tout le monde à sa place, construisant une nouvelle ère qui est celle actuelle. Quelqu'un pourrait-il me dire qui dirige quel Etat de Joyaux ?
Personne ne répondit et de toute façon personne ne répondrait, pas parce que nous ne savions pas mais parce que tout ça nous humiliait, il voulait qu'on étale la puissance de son espèce de notre plein gré, qu'on ressente de la peur en prononçant les noms des descendants Powell, ce qui montrerait sans aucun doute notre soumission déjà bien évidente.
Je regardai du coin de l'œil l'horloge murale qui était immense et constatait que ma journée serait fini dans cinq longues minutes. C'était un autre truc des vampires.
Les grandes horloges.
Elles étaient là pour nous montrer que pour nous le temps avait une emprise, que nous n'étions pas immortels, que chaque heure, chaque minute, chaque seconde passée, était du temps en moins avant que l'on disparaisse de la surface de la Terre. Avant qu'on nous oublie tandis qu'eux seront toujours beaux, jeunes et orgueilleux. Mr Grandet restera éternellement un professeur d'histoire pour les milliers de générations à venir alors que dans soixante ans je serais morte, Lou et Luka m'enterreront et mourront à leur tour laissant une légère trace de notre passage à nos enfants et petits enfants jusqu'à ce qu'eux-mêmes nous oublient. Notre souvenir tombera dans le néant infini de la vie et de la mort.
D'un côté, le cycle de la vie avait un sens et je ne regrettai pas d'appartenir à l'espèce humaine, car nous avions peut être une vie courte mais au moins elle était riche. Nous naissions, nous grandissions, nous connaissions l'adolescence, la période jeune adulte, le plaisir d'être parents, d'avoir nos premières rides, de voir nos enfants grandir à leur tour devenant eux-mêmes parents tandis que nous devenions grands parents et ensuite arrière grand parents, nous connaissions les cheveux blancs, les douleurs dans les articulations, tout les petits tracas de la vie mais qui faisaient de nous ce que nous sommes, des êtres humains à part entière.
Quand je réfléchissais de cette façon, j'en venais même à avoir pitié de ces créatures puisqu'à l'intérieur elles étaient vides, vides d'émotions propres et de volonté. Dormir, manger, boire n'était pas une nécessité pour eux, on ne les voyait jamais rire, pleurer ou avoir peur, ils étaient impassibles, sans émotions. Ils ne connaissaient pas le bonheur, la tristesse, l'envie ... et ils ne pouvaient pas aimer, ou en tous cas je n'avais jamais vu de mes yeux un quelconque amour venant d'un vampire. Même leur cher défunt leader Edgar Powell avait trompé son soit disant grand amour avec la première venue, c'était bien une preuve de ma théorie.
- Mademoiselle Kostas !
Je relevai ma tête rapidement et rencontrai le regard froid de mon professeur. Il me toisait de toute sa hauteur et je me sentis me recroqueviller sur ma chaise. Tous les regards de la classe étaient sur moi et je commençais à paniquer intérieurement.
Qu'avais-je fais ?
- Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?
- Je .... Vous ...
Voilà ce qui m'arrivait quand je n'étais pas assez attentive en cours, j'étais si occupée à scruter l'horloge que je n'avais pas remarqué que Mr Grandet s'était remis à parler. Je me mis à mordiller ma lèvre inférieure en signe de stress.
- Vous quoi Mademoiselle Kostas ? On n'attend que vous justement.
Le temps semblait s'être arrêté, tout le monde me regardait, certains avec pitié, d'autres avec amusement, mais moi c'était loin de me faire rire car j'allais être puni pour mon inattention. J'ouvris la bouche pour répondre mais avant même que je ne prononce un seul son la sonnerie retentit, m'offrant une délivrance. Mais mon soulagement fut de courte durée.
- Mademoiselle restez ici, les autres je vous souhaite une agréable et bonne fin de journée.
Je vis les autres sortir un par un, me laissant seule face à mon sort. Quand Lucie sortit, elle me lança un regard compatissant et je lui adressai un minuscule sourire. Une fois qu'il ne restait plus que moi et Mr Grandet, je reposai mes yeux sur ce dernier.
- Etant donné que je sais très bien que vous n'avez pas écouté ce que je disais vous aurez un travail supplémentaire à me rendre pour demain, sortez une feuille et notez.
Je suivis son ordre et attendis la suite.
- Ecrivez. « Comparez la situation et la place actuelle de la race humaine avec celle du temps d'Edgar Powell et celle d'avant la grande insurrection. Vous devrez présenter ça sous forme d'un texte argumentatif de 6 paragraphes ; un d'introduction, comportant trois analyses de chaque période, un de commentaire et un dernier de conclusion. Chaque paragraphe devra faire un minimum de 20 lignes »
Il avait prononcé la consigne dos à moi et il se retourna plongeant ses yeux dans les miens.
- J'attends un travail original et de qualité Erine. Ne me décevez pas. Vous pouvez sortir.
A ces mots je me précipitai vers la sortie. Il fallait à tout prix que j'aille chercher les jumeaux.
*****
J'arrivais essoufflée mais sans aucun retard à l'école maternelle. Heureusement que les plus petits sortaient une demi heure après nous. D'habitude j'étais déjà chez moi à cette heure puisque Thibault s'occupait d'eux le soir. Quand Lou et Luka me virent ils se jetèrent sur moi. Je les serrai contre mon cœur en rigolant. Les jumeaux à mes côtés, je me mis à marcher vers la maison pendant qu'ils me racontaient joyeusement leur journée.
Je ne les écoutai pourtant que d'une seule oreille, préoccupée par le devoir que j'allais être obligée de rendre demain en commençant à collecter des idées dans mon esprit. Monsieur Grandet m'avait donné un travail colossale et il le savait, il en avait fais exprès. Déjà dégoûtée par ce monde, mon opinion n'allait pas en s'arrangeant. Je soupirai discrètement en pensant que ma nuit allait sûrement y passer, peut-être que Thibault m'aidera dans un acte de pure gentillesse, mais sincèrement j'en doutais.
En voyant la maison au loin, les jumeaux lâchèrent mes mains avant de se mettre à courir en riant, leurs petits bras volant autour d'eux. Thibault se tenait dans le jardin et les réceptionna dans ses bras avant de s'accroupir à leur hauteur pour les embrasser. D'un air las je les rejoignis, posant mes lèvres sur la joue de mon frère en signe de bonjour. Il se redressa et on entra tous ensemble dans la maison. Thibault lâcha les deux monstres qui se déshabillèrent pour aller goûter avant de se tourner vers moi.
- Et toi ta journée vampirette ?
Je lui lançai un regard mauvais agacée par ce surnom qu'il cessait de me donner depuis petite. En signe de vengeance je lui lançai mon sac de cours violemment.
- Arrête avec ce surnom !
Il rattrapa le sac in-extremis avant de lever un sourcil, se donnant un air blasé.
- Cours.
Malgré ma mauvaise humeur, un petit sourire naquit au coin de mes lèvres et je me mis à courir, grimpant les escaliers à une vitesse folle. J'entendis mon frère derrière moi, peu discret. Arrivée dans le couloir, ne sachant pas où aller je me refugiai dans ma chambre, me glissant derrière mon lit, face à la fenêtre. Je coupai ma respiration haletante, mon cœur battant à tout rompre dans ma cage thoracique et attendit dans le plus grand des calmes. J'étais gagné par l'excitation du danger et l'adrénaline, j'avais envie de rire. Un silence pesant s'était installé dans la maison, seulement troublé par Lou et Luka qui se parlaient dans la cuisine. Tout ça était inquiétant puisque s'il n'y avait plus de bruit, Thibaut préparait une bêtise. Je me mordis la lèvre avec force.
- Coucou.
Un souffle s'abattit sur ma nuque et je me mis à crier de surprise en bondissant de ma cachette. Thibault éclata de rire en se tordant sur mon lit, pleurant presque à sa propre farce. Amusée je me jetais sur lui pour l'écraser mais il m'enserra dans ses bras, ne me laissant aucune sortie possible. J'en profitais pour me calmer et mieux respirer.
- Alors ta journée miss ? Demanda t-il une seconde fois.
Je roulai des yeux en posant mon menton sur le haut de son torse avant de souffler fortement.
- Nul, je me suis fais sanctionner par Monsieur Grandet.
Il fronça les sourcils.
- Pourquoi donc ?
- J'étais perdue dans mes pensées ...
Il rit légèrement en jouant avec mes cheveux.
- C'est le genre de Grandet, peut -être que je l'ai déjà faite cette punition, viens gouter et après je t'aiderais.
Je souris légèrement en fermant les yeux quelques secondes. Mon frère finit par se redresser m'entrainant avec lui et il m'embrassa sur la joue. Alors qu'il allait me dire quelque chose, la sonnerie de la porte retentit. On se regarda interloqué avant de descendre les escaliers montés quelques minutes plus tôt. C'était plutôt rare voir même ce n'était jamais arrivé que quelqu'un sonne chez nous. On n'invitait jamais personne et tout le monde, à la maison, avait ses clés sur lui. Qui cela pouvait-il donc bien être ?
Thibault ouvrit la porte, moi à ses côtés. Mon cœur s'arrêta à la vue de nos hôtes. Il y avait trois personnes sur le pas de notre porte. Deux gardes et une femme.
Jane Powell.
Je déglutis tandis que mon frère prit la parole.
- Madame la gouvernante, que se passe t-il ?
Elle nous toisa de ses yeux gris, presque translucides. Dire qu'elle était belle serait nier sa magnificence. Ses cheveux noirs, coupés en un carré plongeant, la rendait stricte et envoûtante, l'approchant de la perfection. Elle ressemblait beaucoup à sa mère, elle en était presque la copie conforme. A cette pensée son visage se tourna vers moi, me transperçant du regard.
- Je vous remercie mademoiselle Kostas pour tous vos compliments.
Sans plus de mots elle rentra dans la maison, ses talons claquant sur le carrelage. Nous nous décalâmes sur le côté et elle claqua des doigts. Aussitôt les deux hommes qui l'accompagnaient se dispersèrent dans la maison. Lou et Luka se refugièrent derrière mes jambes.
- Madame que se passe t-il ? Demanda Thibault une nouvelle fois, légèrement paniqué.
Elle se tourna vers lui.
- Voyez-vous, votre camarade Maxwell a été arrêté ce matin pour avoir erré sur la voie publique aux heures du couvre-feu, et il se trouve qu'il a miraculeusement réussi à s'échapper. Vous ne trouvez pas ça intéressant ?
Je regardai mon frère avec attention, espérant qu'il n'est pas commis l'irréparable. Cacher un fugitif reviendrait à se faire exécuter, pire s'il l'avait aidé à s'échapper. Heureusement je ne vis rien sur son visage qui le prouvait.
- Erine ze veux aller dehors ! S'exclama Luka en tirant sur ma manche.
- Oui moi aussi ! Renchérit Lou de sa petit voix fluette.
Je regardai Thibault qui hocha la tête sous les yeux de la gouvernante.
- Excusez-moi, annonçai-je en sortant, le cœur battant.
Notre rue n'était pas très pratiquée, elle était seulement constituée de nombreuses maisons dont certaines à l'abandon. Les voitures étant des possessions rares pour les habitants de Tourmaline, peu de véhicules passaient ici. Je laissai donc Luka courir partout, essayant d'attraper le peu d'insectes qui osaient trainer dans cette poussière pendant que je marchai derrière lui avec Lou.
Personne ne posa de question jusqu'à ce qu'on arrive sur la grande place. Je partis m'asseoir sur un muret, surveillant les jumeaux du regard. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Thibault, j'espérais qu'il allait bien. Je regardai le monde qui m'entourait. Une petite fille jouait dans la boue sous le regard bienveillant de sa mère, deux ouvriers se rafraichissaient à la fontaine et six personnes semblaient se courir après, à l'autre bout de la place.
En fait non, ils ne se courraient pas après, ils courraient vers nous. Et en criant.
Une des femmes tomba et un vampire arriva derrière elle pour lui assener un coup de bâton sur la nuque. L'espace d'un instant la place entière se tut, plongeant la foule dans un état de béatitude puis un mouvement de panique s'éleva. Sur la place tout le monde se mit à courir dans n'importe quels sens, criant à tout rompre. La mère laissa sa fille dans la boue pour s'enfuir, les ouvriers se bâtèrent pour rentrer dans leur camion, plus rien ni personne n'avait de lois. Je me levai subitement à peine consciente de ce qu'il était en train de se passer et attrapai le bras d'une fille, qui passait à toute vitesse.
- Que se passe t-il ? M'écriai-je pour me faire entendre par-dessus le vacarme ambiant.
Elle me regarda avec des yeux paniqués.
- Raid, il y a un raid.
Ce chapitre fait parti de la récriture, il y a donc eu des rajouts non présents dans le chapitre 2, tout va se faire au fur et à mesure.
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