Chapitre 42
Je parie qu'il en rêve depuis que j'ai éliminé son premier homme, qu'il a ce besoin malfaisant d'entailler la peau de son ennemie et de la voir souffrir.
Doux Jésus, je m'emballe. Mais ce que je vois dans ses yeux ne me dit rien qui vaille.
Il peut cependant me cisailler autant qu'il voudra. Tant qu'il s'acharne sur moi, les autres sont épargnés. Qu'il me fasse autant de cicatrices que dans son fantasme tordu l'exige, la quasi-totalité de ce que j'ai à perdre se trouve dans cette pièce.
La lame glisse de ma tempe à ma mâchoire qu'il redessine, le regard hagard. Il suit avec précision le tracé de ma jugulaire puis s'échappe sur ma clavicule et descend le long de mon bras. A son passage, j'ai l'impression que mon sang est attiré au niveau du point de contact. Comme aimanté par l'acier inoxydable. Le couteau continue sa trajectoire et arrive à l'intersection entre mon biceps et le muscle de mon avant-bras. La pression se fait plus forte, mais n'entaille pas la peau pour autant. J'ai la sensation que mon sang fuit maintenant la lame et cherche à se réfugier dans le reste de mon corps.
Une zone blanche suit le chemin emprunté par l'arme. Quand il atteint mon poignet, Sachka augmente encore la pression et commence très finement à inciser l'épiderme. Le sang ne perle pas encore de l'ouverture, pourtant présente jusqu'à mon majeur.
Puis, il remonte jusqu'à mes côtes flottantes et continue la morbide valse que seul son couteau et lui semble connaitre. Il longe la courbe de ma taille, bute sur ma hanche et profite de l'occasion pour appuyer un plus fort. Seule la pointe entre en contact avec ma peau. Sachka est tellement absorbé par cette vision que son manège en devient curieusement sensuel et perturbant. En haut de ma cuisse, il s'arrête, appui la lame de tout son long et l'encourage à mordre ma chair.
La sensation de douleur ne me parvient pas immédiatement. Seul mon souffle faiblit. Je baisse les yeux, à la fois intriguée et détachée. L'incision est captivante, propre et indéfinie, tout comme l'homme qui l'engendre. Sachka a levé la tête et me fixe maintenant avec une intensité à damner une bonne sœur.
Mon mur de brique imaginaire s'éloigne brutalement. Mes paupières se ferment subitement et je m'efforce de le retenir. L'acier laisse un sillon précis derrière lui. Je m'oblige à me concentrer pour conserver ma semi-hypnose et ignorer mon pouls qui se précipite. L'appréhension m'enveloppe comme un brouillard et amplifie la douleur. Sachka et sa lame se force le passage jusqu'à mon genou et il la seulement, il l'a soulève pour de bon.
Mon membre s'engourdit subitement avant d'être secoué par un spasme. Une douleur fulgurante me traverse de la tête aux pieds. Un mal viscéral m'emprisonne et ma cuisse tressaute. Mon mur de brique vole en éclat quand j'ouvre de grands yeux horrifiés. La profonde coupure incendie la totalité de ma jambe et le sang afflue abondamment de la plaie. Un son inarticulé s'échappe de ma gorge alors que je me contorsionne sur la chaise pour échapper à la douleur qui m'aveugle et m'assourdit. Mon cœur bat si fort que j'entends le sang chanter dans mes oreilles.
Une fébrilité qui m'était jusque la encore inconnue s'empare de mon être. Chaque cellule de mon corps se fait un plaisir de me rappeler l'existence de l'ouverture sanguinolente qui barre ma cuisse. Alors, une colère écrasante naît de mon incapacité à réagir.
L'envie de détruire, mordre ou griffer ce qui m'approche me submerge. J'en veux à la Terre entière. A l'imbécile qui a créé les armes. A l'abruti qui a découvert l'acier. Au crétin qui a rendu Sachka tel qu'il est. Et à moi.
Observez bien l'ironie de la situation. On lui fait du mal et c'est à elle qu'elle en veut.
Oui, je m'en veux de ne rien faire. De ne pas pouvoir fuir mon propre corps.
Ma peau m'envoie des décharges électriques qui me paralysent, m'empêche de respirer. Je tente vainement de me concentrer sur quelque chose, n'importe quoi, qui puisse me sortir de cet état terrifiant où je ne contrôle plus mon corps ni mes réactions.
Je parcours les derniers événements à la recherche d'une anecdote paisible ou agréable. Mais mon concentrer devient aussi éprouvant que 4 années de guerre en Syrie.
Une insoutenable fatigue m'ankylose et je perds peu à peu la notion du temps. Mes paupières s'alourdissent, mes membres s'engourdissent...
Et puis ... Plus rien.
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Voila, je suis assez productive ce soir, je vais même essayer d'en poster un troisième. Donnez-moi votre avis pleasse!
Kisses <3
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