Chapitre 25
Il est 22h30.
Après avoir joué à Big Mama, il faut que nous partions.
Les clefs de ma Ducati à la main, Thibaud et moi nous préparons à quitter l'endroit. L'envie n'est pas là, mais il le faut.
Sinon la prochaine fois que tu vois Tyna, c'est égorgée et pendue à ta fenêtre.
Je fronce mon nouveau nez en latex. Bonjour la délicatesse !
Tu dois t'occuper de ton russe d'abord. Après, tu te soucieras de la façon dont tu viens de foutre en l'air, une bonne fois pour toutes, ta relation avec Tyna.
Je ferme la porte du salon de coiffure derrière Thibaud et me dirige avec lascivité jusqu'à ma belle moto.
- Et maintenant ? Me demande-t-il.
- Maintenant, on va au Pyramid Club.
- Sans plan d’attaque ?
- Non, j'ai mieux, lui dis-je en enjambant ma Ducati.
Il hausse les sourcils et tend les mains pour prendre un casque.
- Quoi donc ?
- L'improvisation.
***
J'ai enfin trouvé que dire pour qu'il se taise. Tant mieux, son silence me laisse la possibilité de réfléchir. Je retiens le rire nerveux qui essaie de prendre possession de mon corps et accélère pour doubler. Les gens se font un plaisir de klaxonner dans mon dos.
Désolée, elle est pressée, m'excuse ma conscience. Mais je suis d'accord, elle conduit comme un pied.
Je suis en train de réfléchir !
Ça serait mieux de te concentrer sur la route, non ? Si tu veux que Thibaud et toi arrivent en un seul morceau au repère de ta victime sexy, je pense que ça pourrait être une bonne idée.
Depuis quand Sachka est-il sexy ?
Hum, tu l'as pas regardé ? Blond, des épaules de nageur, de beaux yeux...
Je soupire.
Tu es censée être la plus raisonnable des deux, tu te souviens ?
Tu as une très mauvaise influence sur moi.
La nuit est complètement tombée, la ville prend vie au rythme des feux de signalisation. Je me gare à une dizaine de mètres de la petite entrée surplombée d'un triangle jaune.
Il est à peine 23 heures et une longue file de personnes attend déjà sur le trottoir. Deux videurs sont à l'entrée et semblent faire un tri des clients. Je n'arrive pas à discerner leurs critères de sélection.
Ils renvoient à la fois des femmes et des hommes. Nous ne pouvons pas prendre le risque, il nous faut trouver une autre issue.
- On va monter à l'étage Blondinet, le prévins-je en désignant avec le bout de mon nez l'immeuble situé en face du club.
- Oui, il nous faut trouver une autre issue sinon on risque d'être remballé.
Je me retourne pour le regarder, presque fière de l'avoir involontairement dressé à penser comme moi.
Je t'avais dit que tu avais une mauvaise influence sur les gens.
Je souris et enlève mon casque. Thibaud se lève de la moto et me suit en direction de l'entrée. De nombreux noms sont affichés et ils ont tous une consonance occidentale. J'appuie sur une sonnette en choisissant la plus neuve et attends.
- Tak ?
Je hausse les sourcils, prise au dépourvu. Je peux me débrouiller en français, allemand, espagnol et italien mais qu'elle que soit la langue de la femme, il est certain que ça n'est aucune d'entre elles.
- Jest ktoś ?
Thibaud m'écarte et rapproche sa bouche de l'ordinateur.
- Dobry wieczór Pani. jesteśmy zgubieni. Można korzystać z Internetu ?
Si mes sourcils étaient haussés précédemment, ils sont sur le point de se décrocher.
- Tak, oczywiście ! Otwiera mi .
La porte vibre et s'ouvre. Je regarde Thibaud et murmure :
- Ça venait d'où ça ?
Il me fait un clin d'œil et me précède dans la cage d'escalier. Hallucinée, je le suis jusqu'au premier étage où une espèce de mama en chemise blanche et tablier rouge et vert nous tient la porte.
Thibaud s'approche d'elle et lui fait une baisemain, tel un parfait gentleman. La mama se met à rire et le serre avec fougue dans ses bras. Une fois encore, mes sourcils s'apprêtent à frôler le plafond. Elle lâche Thibaud et nous dit de rester sur le palier d'un signe de la main. Elle part hâtivement dans son petit taudis et revient avec deux paires de chaussons fourrés en laine avec une couture grossière et un motif floral sur le dessus. Thibaud se déchausse et enfile les pantoufles avant de rentrer chez elle, tout à fait naturellement.
Fais comme lui.
J'enlève mes chaussures en retenant un grognement et les suis. L'appartement est dans un état pitoyable, la peinture verdâtre a cloqué sur les murs, le plafond est plein d'auréoles jaunes et les carreaux au sol sont tellement inégaux qu'il faut faire attention de ne pas se tordre une cheville. Tout est étrangement très propre. Le vieux frigo est d'un blanc éblouissant, l'évier moyenâgeux n'a aucune trace de casseroles et le lit est fait à la perfection.
- Czy mogę ? Demande Thibaud en désignant l'ordinateur datant de la Seconde Guerre Mondiale.
Notre nouvelle amie hoche la tête vivement et disparaît dans un placard pendant que Thibaud prend place devant l'ordi d'un mètre cube.
- Ça a Internet ce truc au moins ? Le questionnais-je à voix basse. Au fait, elle parle en quoi ta copine ?
Thibaud sourit en allumant la chose supposée être un ordinateur.
- Polonais.
- Et pourquoi tu parles polonais ? Fais-je en plissant les yeux.
- Parce que ma mère est polonaise.
J'encaisse sa réponse sans rien dire. En fait je ne sais vraiment rien de lui.
- Nazywam się Aria, nous annonce notre hôte en revenant les bras chargés de gâteau.
Bien évidemment, je n'ai aucune idée de ce qu'elle vient de dire, donc je hoche la tête avec un sourire idiot sur les lèvres. Elle rit et parle à nouveau.
- Je m'appelle Aria.
Enfin, si je devais retranscrire ses mots, ce serait : Tch m'arjpeleuh Ahriaaa !
Mais j'ai compris l'idée.
- Faworki, Galaretka, Makowiec, Pączki, Sernik, Szarlotka, dit-elle en désignant tour à tour les gâteaux. Prennez ce que vous voulez, les enfants !
Aka : Prendtez che ke fou foulehj, lez ennfantes !
Je marmonne un remerciement, pas totalement à l'aise et prends un Szarlotka.
- Alors vous vous êtes perdus dans New York ? Nous demande-t-elle en mordant dans un faworki.
- Oui, fais-je en réfléchissant rapidement, nous faisons le tour des Etats-Unis.
- Aah, dit-elle en hochant la tête, Etats-Unis sont un beau pays.
Je lui souris, la bouche pleine.
- C'est très bon ! Affirmais-je en récupérant une miette tombée.
Je ne suis pas tranquille, j'ai l'impression qu'à un moment ou à un autre elle va sortir un mini-uzi de son tablier à dentelles.
- J'ai trouvé ! dit Thibaud subitement. Je me retourne et vois une carte de New York sur l'écran. Je regarde de plus près et remarque, dissimulé à l'intérieur, le plan de secours du Pyramid. Un sourire m'échappe et je me lève.
- C'était un plaisir, dis-je en m'inclinant légèrement devant Aria.
Nous resterions volontiers, mais nous avons une chasse à l'homme prévue pour ce soir.
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Haya ! Ça faisait longtemps heiiiing ? J'essaierai de poster plus souvent ces prochains jours <3
J'aime pas trop ce chapitre, mais dites moi ce que vous en pensez <3
(Si y'a quelqu'un qui parle polonais dans le coin et que mes phrases ne veulent rien dire désolée, c'est du google traduction :') )
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