Chapitre 15

Thibaud s'empare enfin du revolver et je retiens un soupir. A bout de bras c'est drôlement lourd ce bout de ferraille.
Sans le quitter des yeux, - pour m'assurer qu'il ne mette pas sa vie en danger- , je m'éloigne un peu de lui. Rien n'est dangereux pour le moment, la sécurité est enclenchée et l'arme est au bout de son bras, pointée vers le sol.
- Vas-y, lui dis-je en désignant la cible d'un mouvement de tête.
Il place son pied droit un pas en avant et ajuste ses doigts sur la crosse.
- Détends-toi, lui dis-je en remarquant le léger tremblement qui continue de le parcourir. Inspire et expire. Visualise le trajet de ta balle. Où tu veux qu'elle aille. C'est uniquement quand tu te sens près que tu peux tirer.
- Et si je ne me sens jamais prêt ? Me demande-t-il en fixant la cible.
- J'ai tout mon temps, rétorquai-je en m'asseyant du bout des fesses sur l'accoudoir du canapé.
Thibaud inspire profondément comme je lui ai dit de faire et expire. Il répète son manège tellement de fois que je finis par croire qu'il ne le fera pas, ou qu'il ne tardera pas à s'évanouir du surplus d'oxygène qui doit l'irriguer. À la dix-huitième expiration, ses épaules se détendent.
Son doigt appuie sur la détente et le pistolet comme le tireur sont projetés en arrière.

***

Mes mains viennent se plaquer sur ma bouche pour étouffer un son inarticulé.

Le revolver et les mains de Thibaud ont été propulsés à une vitesse faramineuse en direction de son visage. Droit sur son nez.
- Putain, Thibaud ! M'écriai-je.
Mais ça n'est pas possible une chose pareille ! Il pèse 25 kilos ou quoi ? Il a vraiment la constitution d'un marshmallow, c'est incroyable !
J'avais mis des munitions de petit calibre délibérément pour que ce genre de choses ne se produise pas. Un enfant de huit ans n'aurait presque pas bougé. Je me précipite vers lui quand il commence à se relever sur ses coudes. Son nez saigne abondamment.
- Doux Jésus ! Tu vas bien ? Lui demandais-je en tâtant ses bras et ses épaules pour vérifier qu'il n'ai rien d'autre d'endommagé que son visage candide.
Il me regarde et éclate de rire. Je fronce les sourcils, la situation n'est pas particulièrement comique. Mais ça me rassure sur le fait qu'il n'ai pas si mal que ça. J'attrape le revolver qui gît au sol et lui interdit d'y toucher à nouveau.

- Je te revois avec une arme à feu dans les mains et tu es un homme mort.

Pas tout à fait logique ce que je viens de dire, n'est-ce pas ? Je lui interdis de toucher à une arme pour qu'il évite de se tuer, sinon je le tuerai... Sans commentaire.
Thibaud est secoué par un gloussement tandis que je me relève et vide le revolver en me remettant de mes émotions. Je le pose sur la cuisinière et range les munitions dans une boîte.
Quand je me retourne, l'épais filet rouge qui dégouline de ses narines et de la base de son nez me soulève violemment le cœur. Une main sur la poitrine j'expire en essayer de me calmer.
- Avoue que c'était drôle, me dit-il en pouffant.
- Quelle partie ? Celle ou tu frôles le traumatisme crânien ou celle ou tu te détruis le nez ? Répondis-je sarcastiquement.
Du pur "humour" masculin ça.
Une bulle de sang décide au moment où je le dévisage, de se pendre à sa narine.
- Bouge pas, lui ordonnais-je en courant à la salle de bain pour me jeter à genoux devant les WC.
Mes entrailles s'échappent pas ma bouche, vidant mon estomac de la boîte immonde que j'ai mangé la veille. Ma gorge est brûlée par les sucs gastriques qui me font monter les larmes aux yeux. Je tousse et perçois avec dégoût un goût acide.
Je me relève en grognant. Pas le moment de me lamenter sur mon manque de tolérance à la vue du sang. J'ai un nez à remettre en place.



Voiliiii ! Que pensez vous du chapitre 15 ? J'espère que ça vous plait :)

Dites moi dans les comments ;)Kisses

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top