Chapitre 5 - Partie 2
Assis sur le banc devant mon casier, je me frotte les yeux. Il n'est pas tout à fait six heures mais je me félicite d'avoir réussi à me lever, boire un café, m'habiller et rejoindre le stade sans tenter de me recoucher. Par un miracle, je n'ai pas la gueule de bois mais le manque de sommeil est douloureux.
Je tire sur mes chaussettes avant de les retrousser sous mes genoux. Je vérifie mes lacets puis me décide à rejoindre le terrain. Jo et Kim ne sont toujours pas arrivés et je compte pas poireauter dans les vestiaires. J'enfonce mon nez dans le col de ma veste et plisse les yeux, dehors. Le soleil se lève aussi et l'herbe humide laisse les empreintes de mes pas derrière moi. Je dépose ma gourde sur le banc et m'étire. La voix de Jonas résonne alors dans le hall.
— Encore une réflexion et je te fais courir en caleçon.
Je souris en me plantant devant l'entrée du hall. Kim est le premier à me voir et ses yeux lancent des éclairs alors qu'il ouvre violement la double-porte. Derrière lui, Jonas roule des yeux avant de me regarder, surpris.
— Déjà là et en tenue ? Tu dois être en forme.
— J'attends déjà seize heures avec impatience, je baille alors qu'il rit.
— Commence à t'échauffer, on arrive.
Je hoche la tête et il disparait dans le vestiaire. Lentement, je me mets à trottiner sur les lignes du terrain, les yeux plissés à cause de la rosée du matin. Rapidement, je suis rejoint par Kim qui me dépasse aisément et Jonas qui se maintient à ma hauteur.
— Bonjour à toi aussi, je balance à Kim qui lève son majeur. Charmant pour commencer la semaine.
On s'ignore hors du terrain mais je pensais avoir été clair sur le fait qu'ici, on était des coéquipiers. Ce qui signifie respect, bienveillance et politesse.
— J'ai dû le tirer du lit, laisse-lui le temps de se réveiller.
— En même temps, c'est pas humain de se lever aussi tôt après une soirée.
— Tu es parti bien plus tôt que nous, pour info, m'annonce Jonas en haussant les épaules. Charleston t'a donné les clefs ?
— Je dirai plus qu'il les a lui-même ajouté à celle de l'appart sans mon avis mais dans l'idée, oui.
— Evidemment.
Je me redresse et prends une inspiration alors que mes jambes commencent déjà à me tirer et mes poumons à chauffer. Devant nous, Kim continue de prendre de l'avance sans difficulté et je serre les poings : je n'ai aucune endurance quand lui peut tenir un match entier sans finir par vomir. Je rame en sprint alors qu'il est le plus rapide de l'équipe. Un fossé nous sépare et j'aimerai beaucoup le pousser à l'intérieur et qu'il se brise les jambes assez longtemps pour que je réussisse à le rattraper.
Le souvenir de la clef du toit me revient alors en mémoire. Jonas continue de regarder devant lui, la respiration lente et maîtrisée. Je ne ralentis pas et étire mes épaules en arrière alors que les mots m'échappent.
— Pourquoi la clef du toit ?
— Charleston t'a dit quoi exactement ?
— Qu'on est quatre à l'avoir. Pour le reste, il m'a dit de te demander ou à Ness.
— Il faudrait un miracle pour que Ness te l'explique, sourit Jonas avant de siffler. Hé, Kim ! On marche puis renforcement musculaire.
Devant nous, il lève le pouce mais continue de trottiner. Perso, je ne me fais pas prier et mes pieds se mettent immédiatement à marcher alors que j'étire mes bras au-dessus de ma tête.
— Evite de dire aux autres que cette clef existe, reprend enfin Jonas en enfonçant ses mains dans les poches de sa veste. C'est moi qui ai l'original mais je ne m'en sers pas. J'ai demandé au coach de me la filer quand Ness est entré dans l'équipe. Il est le premier à l'avoir eu puis j'en ai fait une copie pour Charleston quand ils se sont rapprochés.
— C'est quoi le but ?
— J'en sais rien. Mais je suis le capitaine de l'équipe et c'était la seule solution que j'ai trouvé pour aider Ness.
Je fronce les sourcils alors qu'il regarde l'heure sur sa montre. J'aimerai comprendre de quoi il parle, pourquoi Ness a l'air d'être une personne à part. Mais avant ça, il y a beaucoup d'autres questions qui tournent dans ma tête.
— Ok mais je n'ai pas besoin d'aide. Alors pourquoi moi ?
— Ordre du coach Memphis.
Mon corps se raidit au souvenir de sa conciliation quand je lui ai dit que je parlerai pas de mon passé. Je n'ai pas lâché un mot, j'ai évité toute trace d'un quelconque sentiment et pourtant, il aurait compris ? Rien n'est mentionné dans mon dossier, j'ai été vague sur les explications quand on a dû remplir la demande de licence.
Je repousse le sentiment qui vient s'insinuer dans mon estomac et préfère me concentrer sur autre chose que Memphis.
— Pourquoi tu es passé par Charleston ?
— Pour vérifier quelque chose.
— Super réponse, je râle et il sourit avec plus de mesquinerie. Vous avez l'air d'adorer les énigmes.
— Charleston est une énigme.
Je ne peux qu'hocher la tête. Entre les réactions d'Omare, son propre comportement à lui et les mots de Jonas, je comprends bien que Charleston est autant à part que Ness. Kim s'arrête soudainement de courir et il se met à marcher, étirant son dos à plusieurs dizaine de mètres devant nous.
— Pourquoi tu ne vas pas sur le toit, toi aussi ?
— Trop dangereux.
Il me lance un regard en coin qui me certifie qu'il est sérieux dans ses propos. La discussion ne repart pas et on rejoint Kim dans le rond central du terrain. Il a déjà l'air un peu plus réveillé mais il ne communique pas plus. Le renforcement musculaire et les étirements se passent donc dans un silence entrecoupé des ordres de Jonas. Me surprenant, je parviens à suivre leur rythme malgré tout mon corps qui me hurle d'arrêter ce supplice. Les regards de Kim deviennent de plus en plus insistant mais aucun mot ne passe ses lèvres.
— Bon, commençons.
— Ça fait déjà... je regarde ma montre en inspirant, trente minutes qu'on a commencé.
— Le plus dur arrive maintenant.
Je capitule et me laisse tomber sur l'herbe fraiche. L'humidité traverse mon t-shirt à manches longues, ma veste étant abandonnée en bordure de terrain avec les leurs. Les bras écartés, j'ignore le regard désapprobateur de Kim. Le capitaine s'accroupie puis s'assoit avec plus de grâce que moi avant d'être suivi par l'autre idiot. Je me redresse dans un effort surhumain et Jonas décide de prendre ça comme un accord tacite que l'enfer peut démarrer.
Il m'explique alors mon rôle avec tous les détails possibles : étudier l'adversaire, retenir son jeu, créer des brèches et les exploiter, intervenir en défense quand on perd la balle, assurer la reprise de l'avantage et leur permettre de marquer. En bref, jouer avec le feu parce que la plus minime action peut me mettre en faute ou hors-jeu. Je comprends alors que c'est pour ça qu'ils m'ont choisi. Mes facultés de sauvegarde, de maîtrise, d'anticipation me permettent de me placer sur le terrain de façon à avoir un coup d'avance contre mes adversaires. C'est comme ça que j'ai appris à jouer : regarder, analyser, retenir et contre-attaquer. Sans endurance et vitesse, j'ai dû rapidement combler mes lacunes avec d'autres qualités et c'est mon cerveau-éponge qui m'a permis d'arriver ici.
— L'avantage, c'est qu'on s'adapte rapidement aux autres joueurs, termine Jonas en indiquant le duo qu'ils forment. C'est pour ça qu'on va s'entrainer avec toi toute cette semaine de six heures à huit heures.
— Une demi-heure de pause avant le début de l'entrainement avec l'équipe à huit heures trente, marmonne alors Kim. Ça te laissera le temps de souffler avant d'enchaîner. Ça ne fera pas la différence sur ton endurance et ta vitesse parce que c'est irrattrapable mais on aura déjà un meilleur jeu.
— Si tu ne m'en crois pas capable, qu'est-ce que tu fous ici ? je réplique en ignorant Jonas quand il lève la main. J'ai pas besoin d'être Flash pour te faire une passe.
— Mais t'as besoin d'être endurant pour tenir tout un match. Et pour l'instant, on va juste avoir le droit à trente minutes d'un bon jeu avant que tu ne fasses l'éléphant !
— Va te faire f...
— Merde, on dirait des gamins !
Kim contracte les mâchoires tandis que je soutiens son regard. Sa phrase résonne durement en moi, me rappelant une époque où c'est ce que nous étions : deux enfants. Jonas passe une main sur son visage et claque ses doigts devant mes yeux pour attirer mon attention.
— Tu as raison sur un point : tu n'as pas besoin d'être aussi rapide que nous mais tu dois quand-même l'être bien plus que maintenant. Là où Kim a raison, c'est que ton endurance est à chier.
— Merci, clame ce dernier en levant les mains et Jonas enfonce son poing dans son épaule. T'es sérieux ?
— Ferme-la. Quant à toi, souffle le capitaine en se tournant vers moi, Brett décidera après ton premier entrainement avec nous ce qui conviendra le mieux de te faire faire pour que tu t'améliores rapidement. En attendant, il nous reste une heure et il vaut mieux qu'on commence à bosser.
Je n'attends pas une seconde plus et me relève pour m'éloigner de Kim avant d'enfoncer mon pied dans son visage. Je rejoins le banc et attrape ma gourde. Quand je les rejoins, ballon à la main, Jonas nous donne ses ordres et l'heure se déroule entre des passes, des sprints, des tentatives de mouvements et des mots plus haut les uns que les autres entre Kim et moi. Jonas finit par abandonner et nous laisse nous engueuler avant de relancer le ballon. Pour l'instant, il n'y a aucune cohésion alors que samedi, on avait réussi à trouver un équilibre. Visiblement, c'était une exception.
Quand un coup de sifflet retentit, Jonas s'arrête avec le pied posé sur le ballon et je me tourne vers les bancs où Memphis nous indique sa montre. Le capitaine regarde la sienne et nous annonce qu'on prend enfin notre demi-heure de pause avant que les autres arrivent. Les mains remerciant le ciel, je me dirige vers le hall en récupérant ma gourde au passage. Ma veste reste en boule sur le sol et je salue le coach d'un mouvement de tête, buvant la fin de ma bouteille.
— Pas trop difficile ?
Je secoue la tête en rejoignant la petite cuisine pour remplir ma gourde. Memphis ne me suit pas et discute avec les garçons quand ils sont à sa hauteur. Je suis au centre de leur conversation et je souris quand Jonas lui assure qu'il va réussir à faire quelque chose de notre trio. Je me laisse tomber sur un pouf au sol et étire mes jambes devant moi.
Jonas finit par me trouver quelques minutes plus tard et il m'oblige à me lever pour retourner dehors et faire une liste à rallonge d'étirements sous l'œil de Memphis qui ne s'arrête plus de parler avec Kim des autres équipes. Ma demi-heure de pause est une véritable blague.
— Toujours vivant, à ce que je vois.
— Achève-moi, je supplie Romeo quand il nous rejoint. Le plus vite possible.
Omare apparait quelques secondes plus tard et salue le coach avant de venir poser son bras sur mon épaule. Je tangue sous son poids, mes jambes ne tiendront jamais deux autres heures de course. Jonas me lance un regard avant de s'éloigner vers Memphis et je soupire de soulagement. La torture est finie.
— Ravi de constater que tu tiens encore debout ! Lael a parié que tu serais en état de mort cérébrale quand on vous rejoindrait.
— Quel soutien merdique, je grince. Il n'y a que vous ?
— Le reste de l'équipe finit de se changer, indique mon coloc en haussant les épaules. Et Brett est pressé de voir ce que la nouvelle recrue vaut.
Je frissonne à la simple mention de son prénom et c'est encore pire lorsqu'il sort, suivi de tous les autres membres de l'équipe. Si je me sentais déjà bien écrasé du fait que je sois petit, c'est pire encore quand Brett s'arrête devant moi. Vingt centimètres de plus que moi, aucun sourire, les sourcils froncés et ses cheveux coupés très court lui donnent un air de militaire prêt à en découdre avec l'ennemi. J'espère sincèrement ne pas être l'ennemi.
— Max, ravi de te voir enfin. J'ai entendu beaucoup de choses sur toi mais je préfère me faire mon propre avis. Je ne serai pas aussi conciliant que Jo, aussi drôle que Lael et encore moins aussi doux que les perruches. Tu es dans notre équipe, sur notre terrain et tu dois en être à la hauteur. Pigé ?
J'acquiesce, parce que les mots ont décidé de se faire la malle. C'est alors qu'un gars à peine plus grand que moi se glisse entre nous et ses bouclettes couleurs pastels sont la première chose que je vois. Puis ses grands yeux marrons clairs et enfin, son sourire malicieux.
— Alors c'est toi, le troisième.
Je fronce les sourcils alors que le ton de sa voix grave est... joueur ? mielleux ? Je suis incapable de me décider mais la petite lueur dans ses yeux répond à son sourire.
— Désolé de ne pas avoir pu venir à ta petite fête hier. J'espère sincèrement que tu ne m'en veux pas.
— Ness, plus tard, lance alors Brett en posant une main sur son épaule.
— Mais j'aimerai comprendre pourquoi lui.
— On te l'a déjà dit, soupire le co-capitaine, il a un jeu qui contre les défenses des adversaires.
— Je ne parle pas de ça.
Le troisième. Il ne parle pas de ma place dans l'équipe mais de la clef du toit. Il a été le premier à l'avoir et il en connait donc la signification alors que moi, je débarque à peine et elle est déjà accrochée à mon trousseau sans que je ne sache pourquoi.
— Si les dernières présentations sont faites, on va peut-être pouvoir commencer ? lance Memphis en tapant dans ses mains. Brett, tu gères l'échauffement et tu t'occupes de Daren et Max, évidemment.
— Certainement pas.
La bouche ouverte, le coach papillonne des yeux alors que nos regards font des allers-retours entre eux. Jonas se pince l'arête du nez en soupirant, comme s'il s'était attendu à cette réaction. Finalement, Memphis parvient à se reprendre mais sa réaction laisse entendre toute sa stupeur.
— Pardon ?
— Je ne m'occupe pas des deux. Déjà que je dois gérer l'équipe, je ne peux pas me taper deux recrues en plus, assène Brett en croisant ses bras. Vous m'en filez un et l'autre rejoint un autre membre.
— Ce sont les deux joueurs qui seront tour à tour avec toi sur le terrain, ils doivent donc apprendre avec toi.
— Et j'ai une douzaine de joueurs à mater, en plus de ces deux-là.
Romeo, à quelques pas de moi, me lance un regard et ses lèvres bougent dans un je te l'avais dit qui me fait secouer la tête.
— Je suis d'accord pour m'occuper de l'un d'eux, parce qu'on est en nombre pair et que les duo de progression seront plus simple à organiser, reprend Brett. Mais c'est non pour les deux.
— Alors choisis celui que tu veux entrainer et on passe à autre chose, capitule Memphis en faisant un geste vague. On n'a pas toute la journée devant nous.
— Je n'ai aucune idée de ce que vaut Max en défense.
— Alors jouez ensemble, faites la macarena, apprenez le russe, je m'en fous mais prends une décision.
Le regard de Brett se tourne alors vers moi et il me jauge de haut en bas. Puis ses yeux parcourent le reste de l'équipe et je prends seulement conscience qu'ils sont tous là, à nous épier. Ness ne m'a pas lâché du regard, la tête penchée sur son épaule et je remarque que Charleston est à deux pas de lui, les mains dans les poches et l'attention posée sur Jonas.
— On va faire deux matchs de vingt minutes, annonce soudainement Brett. Je vais jouer avec les deux et je déciderai après avec qui je veux passer la saison.
— Max a déjà deux heures d'entrainement dans les jambes, s'exclame Jonas en m'indiquant du bras. Daren a l'avanta...
— Je suis d'accord.
Les yeux écarquillés, le capitaine me dévisage. C'est sympa de sa part de s'inquiéter pour ma poire mais lui-même m'a fait comprendre que mon endurance était naze. Si je peux pas tenir vingt minutes de match alors que j'ai eu plus d'une demi-heure de pause, c'est que je ne mérite pas ma place. Je croise le regard de Kim avant d'affronter celui de Brett. Son sourire en coin s'efface et il hoche la tête avant de donner ses ordres.
Je me retrouve ensuite sur le terrain après un second échauffement moins éprouvant que le premier et une vingtaine de minutes à regarder le premier match avec Daren. Je n'ai aucune difficulté à comprendre pourquoi ils l'ont choisi : il est vraiment bon dans son rôle. Mais je perçois aisément les grimaces de l'équipe face à son comportement trop brutal.
Sur la pelouse, derrière moi, Ness est dans sa surface de but et Brett jette un regard à notre équipe avant de s'arrêter sur moi. Devant nous, Kim et Jonas font face à Lael et Anton, les attaquants de l'équipe adversaire. La défense est réalisée par Omare et Romeo, ce qui m'arrange. J'ai déjà eu la possibilité de jouer contre eux et ils en ont gardé de bons souvenirs, vu les tronches qu'ils ont tiré quand Brett les a désigné. Sauf que cette fois, il y a plus de monde sur le terrain, donc plus de mouvements à analyser.
— J'ai voté pour ton admission en juin, m'avoue Brett quand Memphis envoie le ballon à Lael. Prouve-moi que j'ai eu raison de croire en toi dès le début.
Ses mots ont le mérite de me prendre par surprise. Pourtant, quand le coup d'envoi est lancé, c'est tout un élan de confiance en moi qui se répand dans mon corps. Les deux têtes pensantes de l'équipe voulaient de moi, trois mois en arrière. Aujourd'hui, elles me laissent la chance de briller sur le terrain et je n'ai pas le droit de les décevoir. Alors je donne tout ce que j'ai, malgré mes poumons qui rechignent à chaque mouvement, mes jambes qui manquent de me faire tomber, mon souffle erratique et ma vision qui se trouble quand le jeu ralentit. Je dépasse mes propres limites et surprends la défense adverse plus d'une fois en contrant leur tactique pour récupérer le ballon avant de faire des passes à Kim ou Jonas. Puis lorsque nous sommes en difficulté, je me retrouve aux côtés de Brett et j'adapte mes mouvements aux siens. Je repousse Lael qui s'énerve, Brett garde Anton en respect et Ness n'a aucun but à retenir car ils sont incapables de tirer.
Le plaisir de voir le visage de mes coéquipiers se transformer sous la rage me donne des ailes et le rictus machiavélique qui se dessine sur celui de Jonas et Kim me pousse à toujours faire mieux. C'est pour ça qu'ils me voulaient dans leur équipe et c'est pour ça que j'ai accepté leur proposition.
Le coup de sifflet retentit enfin et c'est à bout de souffle que je tape dans la main de Jonas quand il me félicite. Mes doigts s'agrippent violemment à mes genoux quand je me penche, à la recherche d'air. J'entends la voix de Kim me critiquer une énième fois mais personne ne l'envoie balader. J'aurai bien aimé le faire si j'étais capable d'ouvrir la bouche pour faire autre chose que respirer.
— Hé, le troisième, ne clamse pas déjà.
Je grimace quand Ness s'accroupie devant moi, les bras croisés sur ses genoux. Son petit sourire malicieux me donne envie de lui arracher ses cheveux multicolores alors qu'il penche de nouveau la tête.
— J'ai tout à comprendre alors reste en vie. Oh, tiens. C'est exactement ça que je veux comprendre.
Je ne saisis pas de quoi il parle jusqu'à ce qu'on me tende une bouteille d'eau. Je hoche la tête pour remercier la personne et me redresse difficilement en l'ouvrant avant de la vider de moitié dans ma bouche et le reste sur ma tête. Puis je réalise enfin que Charleston est à côté de Ness. Lael pose ensuite une main sur mon épaule quand je cherche le reste de l'équipe du regard. Ils se dirigent de nouveau vers les bancs et je grimace avant de les imiter, les deux goals dans mon dos.
— Si on n'était pas dans la même équipe, je t'aurai déjà fait payer tes coups de garce.
— Possible.
— Je déteste ton cerveau quand je dois y faire face, enchaine Lael en tapotant son index sur ma tempe. Et ça ne fait que trois jours que tu es des nôtres. Le reste de l'année va être long.
Je souris en coin, toujours incapable de faire une vraie phrase. Les perruches nous rejoignent dès qu'on arrive aux bancs et je m'assois au sol tout en attrapant la serviette que me lance Jonas. J'y enfonce mon visage et le coach commence son baratin.
— Bon, il y a encore quelques lacunes pour certains d'entre vous, on voit que les vacances ne sont pas loin. Les séances de muscu sont obligatoires le mardi, jeudi et samedi à partir d'aujourd'hui, clame Memphis et des grognements lui répondent. La prochaine fois, vous ferez ce que je vous dis. Passons. Maintenant que les deux matchs ont été fait, tu veux peut-être nous donner ta décision ?
Je relève la tête et pose mes yeux sur Brett. Assis à côté de Jonas, il quitte des yeux la feuille qu'il tend au capitaine pour fixer Daren puis moi et enfin, le coach.
— J'ai vu avec Jo : je vous donnerai la réponse demain matin, en même temps que les nouveaux duo de progression.
— Quelqu'un a expliqué au troisième ce que c'est, au fait ? demande alors Ness en m'indiquant du doigt. Il a l'air perdu.
— Arrête de l'appeler le troisième, marmonne Lael à ma droite. On a tous saisi qu'il n'y aurait dû avoir que deux recrues et qu'il a eu du bol, pas besoin de le rabâcher sans cesse.
Je ne sais pas ce qui me surprend le plus : le fait qu'il y ait cette explication logique derrière ce surnom pour éviter les questions ou le fait que Ness ait été bien plus malin que ce que j'imaginais. Mais avant qu'il ne puisse répondre, Jonas attire mon attention.
— Brett compose des duo de progression pour améliorer la coordination entre deux joueurs d'une même ligne ou deux joueurs dont les rôles doivent s'équilibrer. Pendant les entrainements et les matchs, tu les verras forcément ensemble sur le terrain, jusqu'à ce qu'il y ait un remplacement. Mais dans ce cas, on met toujours quelqu'un avec qui il y a une très bonne cohésion.
— C'est pour ça que tous les deux mois, on accorde une semaine avec de nouveaux duo, complète Brett. Ça ne fait pas une grande différence mais ça permet de jouer avec quelqu'un d'autre et de tester de nouvelles tactiques. C'est plus clair ?
Je hoche la tête avant qu'il ne détourne les yeux sur le coach. Les miens trouvent alors ceux de Ness qui sourit un peu plus, les mains glissées dans ses cheveux. Son air malicieux ne le quitte pas une seconde tandis qu'il tapote ses doigts sur sa tête.
— C'est bon pour vous, coach ?
— Tant que tu m'assures que j'ai tout demain, ça me va. Est-ce que quelqu'un a autre chose à rajouter ?
— Oui, tonne Omare en levant la main. Enfin, c'est plus une question. Vous avez la date pour la cérémonie d'ouverture de la League One ?
— Merde, bien vu.
Memphis sort son téléphone et reste une vingtaine de secondes à le regarder avant de répondre.
— C'est le seize septembre, dans deux semaines. Rien d'autre ? Bon, alors direction la salle de muscu. L'entrainement est terminé, vous m'avez fait pitié. La prochaine heure, vous allez la passer à remuscler vos corps qui ont trop longtemps pris le soleil !
Je grimace en me levant avec l'aide des perruches. Memphis me suit du regard quand je me fais presque tirer par Lael vers une porte que je n'avais pas encore remarquer à l'autre bout du terrain. La salle de musculation s'illumine quand Brett allume la lumière et je perds foi en l'humanité lorsque Romeo me pose sur une machine et s'improvise coach personnel.
L'heure qui suit est un calvaire.
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Hey ! 🌻
Déjà une dizaine de chapitres de poster, j'espère que l'histoire de Max vous plait ! 💚
Effectivement, le début est assez long, le temps que tout se mette en place... Mais à partir de maintenant, les choses risquent de s'accélerer pour les Racoons 😏
Et j'ai quelque chose à vous proposer ! Est-ce que vous préférez avec un chapitre tous les dimanches et donc, faire durée le plaisir plus longtemps ? Ou vous voulez avoir un chapitre le mercredi et le dimanche ?
Je me rends compte que, seulement le dimanche, ça fait une longue attente alors je vous laisse le choix x) Dites-moi ce qui vous ferez plaisir en commentaire ! 💚
Passez une bonne semaine ! 🌻
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top