Chapitre 28 - partie 2

Je ne fais que me tordre, couiner, râler, et les larmes s'échappent d'elles-mêmes lorsque ça devient trop insupportable. Mon cœur bat follement, mon sang tape dans mon crâne. Mon corps est une masse brûlante, en feu, qui me rend dingue.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, à pleurer, à souffrir, mais Charleston finit par revenir en allumant la lumière. Il est désespéré quand il pose sa main sur mon front et son regard croise le mien.

— Je suis désolé, Max. J'ai plus le choix.

— S'il te plait...

Il secoue la tête en s'éloignant, son téléphone déjà plaqué à l'oreille. J'essaye de me redresser mais ça me fait juste retomber dans le lit en serrant les poings autour du drap. Un autre grognement passe mes lèvres et je sais que j'ai perdu cette bataille.

— Ouais, j'ai besoin que tu viennes. Tout seul. C'est vraiment urgent.

Je me tourne une énième fois en gémissant. Putain, je suis juste en caleçon, je ne devrais pas avoir autant mal ! Il n'y a rien qui frotte sur mes plaies, rien qui ne devrait me faire couiner comme ça. La porte de notre appart s'ouvre et se referme puis des pas précipités résonnent dans le salon et atteignent ma chambre. Mes yeux trouvent Omare et il se décompose lorsqu'il fait un pas vers moi. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il est déjà assis à côté de moi sur le matelas, ses doigts qui touchent mon front et l'autre main qui me force à rester de biais, son regard glissant sur mon ventre.

— Putain mais c'est quoi ça, Max ? Dis-moi que tu n'as pas joué dans cet état.

— Je savais pas quoi faire Omare, grince Charleston en tournant en rond, ses yeux fous qui nous regardent tour à tour. Il ne veut pas que j'appelle Memphis mais...

— Tu te fous de moi ? s'emporte Omare en se relevant devant lui. Tu aurais dû l'appeler dès que tu as su, même si Max n'était pas d'accord ! C'était ta responsabilité en tant que coéquipier !

— J'avais mes raisons de ne pas le faire !

— Et tu as l'impression qu'elles sont justifiées ? Je l'appelle tout de suite. Et n'essaye pas de m'en empêcher, ou je te brise les doigts.

Je vois les épaules de Charleston se baisser et il détourne les yeux. Non. J'ignore la douleur et me redresse brusquement pour retenir Omare. Mais je le fais trop vite. Les deux pieds sur le sol, j'ai la tête qui tourne et l'instant d'après, je suis penché en avant, à vomir. J'ai trop chaud. J'ai trop mal. Et je n'ai plus conscience de rien. La voix d'Omare est vague dans ma tête, je laisse Charleston m'aider à m'asseoir au fond de mon lit, je grimace au moindre mouvement. Tout est trouble, je suis en vrac et c'est encore pire quand Omare revient et m'oblige à enfiler un short. Je gémis en serrant mon coussin et il s'excuse, sans arrêt. Des points obscurcissent de nouveau ma vision et j'agrippe l'épaule de Charleston alors que je me penche de nouveau au-dessus du sol. C'est en le voyant bouger que je me rends compte que je tremble.

— Il a attrapé quoi ? Hé, Max, qu'est-ce qu'il...

En croisant le regard de Memphis, je me fige. Il ne finit pas sa phrase, Selena qui apparait dans son dos, et je suis foutu. Leurs yeux écarquillés, l'expression choquée sur leur visage suffissent à me faire comprendre que je ne pourrais pas m'en sortir avec un simple rhume.

Selena est la première à reprendre ses esprits. Elle pousse Memphis et Charleston en s'asseyant à côté de moi. Ses mains se posent tout de suite sur ma peau mais je ne lâche pas Memphis du regard.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Je veux pas aller à l'hôpital, je gémis. Ça va se soigner tout seul.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? tonne-t-il en se tournant vers Charleston. Putain, est-ce qu'il a joué comme ça ?

— Désolé coach, je ne pouvais rien dire.

— C'est quoi ces conneries encore ? Et toi, tu ne pouvais pas en parler non plus ?

— Je viens de l'apprendre ! se défend Omare.

— Vous règlerez ça plus tard, crie alors Selena. Certaines coupures sont infectées et Max a de la fièvre. On doit l'amener aux urgences.

Sa dernière phrase me fait tiquer et je secoue la tête en essayant de m'éloigner d'elle, d'échapper à ses mains. Sauf qu'elle me retient et je sens trop faible pour me lever et partir en courant. Ses doigts se rappuient sur mes hanches et mes larmes coulent sur mes joues. Ça me brûle. Memphis oublie immédiatement les garçons et il me retient quand je m'apprête à m'effondrer au sol, à peine un pied dessus. J'entends son soupir en fermant les yeux pour m'empêcher de vomir.

— On y va. Selena, va t'assurer qu'il n'y a personne dans le hall avec Omare. Charleston, trouve-lui un haut, ordonne Memphis avant de l'aider à m'enfiler un t-shirt large. Maintenant, on va t'aider à marcher. Et on va à l'hôpital, Max.

— S'il vous plait... je couine alors qu'ils m'attrapent les bras. Je veux pas y aller.

— Ce que tu veux ne compte plus.

Je n'arrive même pas à protester. Quand ils me trainent hors de l'appart puis dans l'ascenseur, je suis une poupée de chiffon. Memphis évite de poser ses mains là où je suis ouvert et Charleston me retient le bras, sans parler. En bas, il n'y a personne, hormis la voiture de Selena qui tourne et Omare qui a les bras croisés, en se dandinant. Alors que Charleston m'assoit à l'avant, j'entends le coach s'énerver.

— Toi, tu restes ici et tu diras au gars que Max a eu une crise d'appendicite ou une connerie comme ça, je m'en contrefous. Tu te démerdes.

— Coach...

— On en reparlera. Rentre au chaud, ça me ferait chier que tu tombes malade.

Je grogne quand Charleston se glisse sur la banquette derrière moi et serre mon épaule. L'instant d'après, le coach se glisse derrière le volant à la place de Selena et j'entends une vitre se baisser à l'arrière.

— Tiens-moi au courant s'il te plait.

— Je t'appelle plus tard, lance Charleston à Omare. Merci.

Les yeux qui se ferment, je peine à rester éveillé alors que les voix autour de moi se mettent à bourdonner. Je me sens à côté de mes pompes, j'ai trop chaud et je frissonne sans arrêt. Les doigts courbés sur le bas de mon haut, je gémis lorsque la voiture secoue et que mes plaies frottent. C'est de pire en pire. La douleur me ronge, ça me brûle de l'intérieur et j'ai la sensation qu'on m'arrache les entrailles.

Sans savoir comment, je finis assis sur une chaise en plastique, au milieu d'une salle à la lumière trop vive, trop blanche. J'entends d'autres marmonnements, j'aperçois entre deux battements de cils des gens autour de moi mais mon cerveau n'enregistre rien. Recourbé contre le fond du siège, je n'arrête pas de trembler, le souffle court.

— Max Tonnel ? demande une voix d'homme et quelqu'un m'attrape le bras pour me lever. Suivez-moi.

— Doucement, je couine. Attendez...

Un miracle : je ne vomis pas sur mes chaussures mais dans une bassine. Memphis ignore mes plaintes quand il passe son bras autour de ma taille et je finis allongé de biais sur un lit. J'enfonce mon visage dans le coussin pour étouffer mes larmes alors que je sens des doigts remonter mon haut, tâter ma peau, et les voix qui analysent mon corps. Ce n'est pas du tout clair, ça se mélange, je ne comprends pas une phrase, je me retiens de vomir. Les fourmillements qui vrillent ma peau, mes pensées, je perds la tête, je me noie.

On m'oblige à me mettre sur le dos et je me mords le poignet, retiens un hurlement alors que je papillonne des yeux en espérant faire disparaitre les points noirs. On tamponne mon corps, on me tient les bras et les jambes, on me pique l'intérieur du bras, on me caresse les cheveux. Et sans m'y attendre, mon corps ne ressent plus rien. Pas de douleur, de frisson, de sensations. Complètement dans les vapes, je me laisse faire quand on cisaille mon haut pour nettoyer les coupures.

Puis à un moment donné, je me retrouve seul dans la pièce. Je recommence à peine à avoir conscience de ce qu'il m'entoure, à garder les yeux ouverts sans avoir la tête qui tourne. Le silence est glauque, jusqu'à que la porte s'ouvre sur Memphis. Je le suis des yeux quand il tire le petit tabouret, qui se trouve sur la table contre le mur, vers moi. Je suis lourd, je ne bouge pas plus et il soupire en passant une main sur son crâne.

— Est-ce que tu te sens capable de parler ?

— De quoi ? je croasse.

— Charleston m'a dit que c'était arrivé ce week-end et que tu l'as convaincu de ne rien dire. Mais j'ai besoin de comprendre comment tu as pu en arriver là, ce qu'il s'est passé surtout.

— C'est rien, coach. On peut partir d'ici ?

Il fronce les sourcils quand je me redresse sur mon coude, prêt à basculer mes jambes dans le vide. Je réalise peu à peu qu'on est à l'hôpital, c'est-à-dire que le docteur va lire mon dossier et comprendre qu'il y a un problème. Il faut que je parte d'ici avant. Mais le coach appuie sur mon épaule et m'oblige à me recoucher.

— Certainement pas. Tu es dans un sale état, Max !

— Je peux pas rester, je siffle avant de sentir la panique arriver. Il faut que je sorte ! S'il vous plait, j'ai pas le droit ! J'ai pas le choix !

— Calme-toi pour commencer.

— Me calmer ? je répète en hurlant. Je devrais pas être là ! Faites-moi sortir ! Mon dieu, ne me laissez pas rester ici...

J'éclate en pleurs, les doigts enroulés autour des draps sous mon corps. Memphis tend la main et pose ses doigts sur mon poignet alors qu'il se lève.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Max ?

— Je veux partir.

— Tu...

Il détourne les yeux vers un gars et je ferme les yeux en basculant sur le côté, dos à eux. Je serre les dents en constatant que mon bras ne peut pas s'écarter de trop à cause de la perfusion. Voilà pourquoi je ne ressens plus qu'un léger tiraillement.

— Bon, j'ai les résultats : c'est bien une infection. On va devoir vous garder deux jours pour s'assurer que...

— Hors de question !

Assis sur le lit, je me tiens la tête quand le monde se met à tourner. Mais je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits, de riposter, que cet enfoiré lâche sa bombe.

— Avec vos antécédents médicaux, on est dans l'obligation de prendre cette précaution, monsieur Tonnel.

Le regard froid de Memphis se pose sur moi et je l'ignore en affrontant froidement le docteur. Bien sûr qu'il a lu mon dossier et qu'il a pris connaissances de ces horreurs. Bien sûr qu'il cherche à me protéger, comme ils ont été obligés de le faire il y a deux ans. C'est son métier, c'est son rôle mais il est inenvisageable que je passe quarante-huit heures en observation au fin fond d'un hôpital. Ça va me rendre malade.

— Lorsque j'étais mineur, oui, je crache violemment.

— Pas seulement. Je dois appeler votre référent si vous devez sortir plus tôt et...

— Putain, non ! Personne ne sera au courant et vous allez me faire sortir maintenant !

— Max, me prévient Memphis en claquant ses doigts sous mes yeux. Tu te calmes.

— Je ne resterai pas ici !

J'attrape la perfusion, fou, mais le coach enroule déjà ses doigts autour de mon poignet. Je grimace sous sa force et lâche les fils. Le docteur est tétanisé alors que Memphis lui lance un regard noir. Je me sens impuissant, je suis cloué sur place. Il y a trop de questions qui tournent dans ses yeux, trop d'incompréhension et il va poser ses questions, il va chercher à savoir ce qu'il se passe. Ma respiration s'accélère brusquement, la panique qui s'insinue sournoisement dans mes pensées.

— Je suis son coach, considérez-moi comme son référent et dites-vous que je suis au courant. Il sort cette nuit, cingle Memphis tandis que je me fige.

— Ça ne marche pas comme ça. Max ne peut pas sortir d'ici avant d'avoir vu...

— Je vous promets que je vous fais radier de l'ordre des médecins si vous dites un mot de plus.

Les yeux du docteur s'écarquillent quand il les pose sur moi. La tension dans le corps de Memphis s'accentue, pourtant il ne lâche pas des yeux le mec en blanc. Mes mains se remettent à trembler et j'agrippe les draps en essayant de les calmer. De me détendre, de faire taire cette petite voix dans mon crâne qui hurle que je suis foutu.

— Je suis obligé de vous garder deux jours, finit par murmure le docteur.

— Mais vous ne comprenez rien, vous êtes vraiment trop con ! Je dois sortir ! Je dois sortir !

— Max, arrête ça, s'énerve Memphis en attrapant mon menton. Tu reprends tes esprits, immédiatement.

— Allez vous faire foutre ! Je ne peux pas rester ici !

Et je le fais savoir : mes mains repoussent le coach alors que je descends du lit. Le doc tend le bras vers moi, je lui balance mon coussin et je tente de courir vers la porte. Forcément, tout foire à cause de mon vertige et Memphis me rassoit rapidement sur le lit alors que j'éclate. Mes poings cognent le matelas, je répète que je vais devenir dingue s'il me force à rester à l'hôpital, je le menace de bousiller son équipe, sa vie. Je deviens mauvais, j'attaque tout ce qui peut le blesser mais il reste de marbre, ses mains qui tiennent mes bras et ses jambes contre les miennes immobiles, pendues dans le vide. Puis je réalise que ça ne marche pas, qu'il ne flanchera pas. Alors je m'écroule contre lui, mes larmes qui dévalent mes joues, mes doigts qui cherchent à se raccrocher à lui, mon front sur son épaule alors qu'il passe sa main contre mes cheveux.

Je suis en train de détruite son équipe avec mon silence. Je fous en l'air son rêve de gagner la LO, de construire un club qui va exploser les autres. Je recommence à tout bousiller autour de moi. Je me déteste. Pourtant, pendant un instant, je me dis que j'en ai le droit, parce que ça me protège. Ça me sauve la vie, si je balance tout, si je dis la vérité. Ça évincera Daren, ça me rapprochera de Kim et... Kim. C'est exactement pour lui que je dois me taire. On a besoin de l'autre enfoiré en défense pour aller jusqu'en finale, et la gagner. Je peux rien dire à Memphis.

— Il faut que je sorte.

Le soupir du coach me crispe alors qu'il s'écarte de moi. Je fuis ses yeux, je recule pour échapper à ses mains quand il me relâche et je tire la couverture sur mes jambes avant d'écarquiller les yeux. Les plaies sont à l'air libre et elles sont surtout dans un sale état.

— Mon dieu...

— C'est exactement pour ça que vous ne pouvez pas sortir. Vous comprenez ?

Je suis prêt à envoyer chier le docteur parce que mes nerfs ont lâché, je suis épuisé et mon corps est un calvaire. Sauf que Memphis réagit le premier et il pointe son index sur lui en se plantant entre nous.

— Vous allez chercher votre supérieur et on va parler dans le couloir, c'est clair ? J'en ai rien à foutre de vos obligations : si mon joueur veut sortir, il va sortir.

— Ça ne marche pas comme ça !

— C'est bien pour ça que je veux voir votre supérieur, tonne Memphis en ouvrant la porte. Max, tu ne bouges pas d'ici ou je te botte le cul.

— Oui coach.

Il passe une main sur son visage, complètement lessivé alors que le docteur passe devant lui en tapant les pieds. Mais je me concentre sur le coach, qui soupire en plantant son regard dans le mien.

— Tu veux que ton dossier reste confidentiel ?

Je m'enfonce dans le lit, le cœur qui se serre dans ma poitrine. Memphis me laisse le choix et je ne comprends pas pourquoi. Il devrait vouloir savoir ce qu'il se passe, pourquoi on me force à passer du temps entre ces murs. C'est son droit, même si j'ai envie de vomir à la simple idée qu'on lui balance tout.

— Je te l'ai déjà dit Max, je ne suis pas là pour te coller au cul et t'espionner, lance Memphis en commençant à refermer la porte sur lui. Donc, confidentiel ou non ?

— Confidentiel, je murmure en détournant les yeux. Je veux juste sortir.

— Je sais. Je vais voir ce que je peux faire.

J'acquiesce mais il a déjà fermé la porte. Lentement, je m'allonge dans le lit, incapable de fermer les yeux. La douleur n'est pas encore revenue mais les tiraillements sont toujours là, gênant. J'évite de regarder les coupures quand je tire le drap sur mon torse et la réalité me rattrape violemment, une fois seul dans le silence.

Je me trouve au dernier endroit où je souhaitais aller. Memphis sait que quelqu'un chose a vraiment foiré, ces derniers jours, et que j'ai un vrai putain de problème. Omare va demander des explications à Charleston et je doute qu'il crache le morceau, mais peut-être qu'il en parlera à Ness. Jonas va littéralement devenir fou et je n'imagine pas la réaction de Romeo. Puis il y a Kim.

— Merci beaucoup, je me charge de ça. Et notre infirmière viendra demain pour les soins.

Je plisse les yeux en regardant la porte s'ouvrir. Sur le côté, je baille avant de remettre la couverture sur mon épaule. Je n'ai pas dormi mais je me suis complètement perdu dans mes pensées. Memphis rentre dans la pièce avec une couverture et son sourire disparait dès que la porte se ferme. Son regard glisse sur moi alors qu'il pose la couverture à mes pieds. L'instant d'après, il la déroule sur moi et j'enfonce mon visage contre le tissu.

— Tu sors demain matin, vers onze heures.

— Et l'entrainement ? je marmonne en écarquillant les yeux et il se laisse tomber dans la chaise face à moi, avec une deuxième couverture. Il sera fini !

— Je vais t'expliquer clairement ce qu'il va se passer maintenant, Max. Et si tu oses ne serait-ce qu'essayer de me contredire, je te garantis que la LO, c'est fini pour toi. Est-ce que c'est bien compris ?

Bouche-bée, je le regarde en espérant qu'il s'apprête à éclater de rire. Mais le sérieux sur son visage est bien figé et la rage dans son regard me promet qu'il tiendra parole. Il me fera sauter sans hésiter si j'ouvre la bouche, ce qui signifie que la suite ne va pas me plaire. Je grince des dents mais acquiesce simplement, la tête enfoncée dans mon coussin de fortune.

— J'ai réussi à te faire sortir grâce à deux conditions : tu vis chez moi les deux prochains jours, et c'est Selena qui te soignera. Ok ?

— Ok.

— Bien, il souffle en hochant la tête. Ensuite, tu peux oublier le foot pour la semaine qui arrive. Les doc ont peur que ça se réinfecte alors tu es arrêté pendant une semaine et demi.

— Quoi ? je m'écris avant de m'écraser dans le lit sous son regard menaçant. D'accord...

— Charleston m'a supplié de ne pas dire aux autres pourquoi on est dans un hôpital, à trois heures du matin. Donc pour le reste de l'équipe, tu es ici parce que tu as fait une crise d'appendicite et qu'ils t'ont opéré, d'où l'arrêt. Tu pourras remercier Charleston parce que bordel, il est sacrément fidèle à tes conneries.

Je baisse les yeux sur mes doigts qui frottent le matelas. Il n'a rien dit, il n'a pas avoué pourquoi j'étais dans cet état. Il continue de garder ça pour lui.

— Mais que les choses soient bien claires, Max, grogne Memphis en accrochant mon regard. Ce que j'ai vu, ça n'a rien à voir avec une crise d'appendicite. Je commence à me poser des questions, avec tout ce qu'il t'arrive. Je ne t'obligerai pas à m'en parler, Omare s'en chargera très bien.

— C'est une erreur de parcours, coach.

— Une erreur mon cul, siffle-t-il en croisant ses pieds sur le matelas. Garde tes secrets si tu le souhaites Max, mais ne me prends pas pour un con. C'est la dernière fois que je sauve ta place dans l'équipe.

— Sauver ma place ? je répète dans un ricanement. Ça n'a rien à voir.

— Un mec qui débarque chez les Racoons plus d'une fois couvert de coups n'a pas sa place dans mon équipe. Je ne veux pas d'une bande de vauriens qui se battent dans les rues pour des conneries. Si je m'écoutais, tu aurais dégagé depuis quelques temps, cingle Memphis et je blêmis. Mais tu sais pourquoi t'es encore là ? Parce que tu n'es pas un vaurien. Tu te défonces sur le terrain, au même titre que mes autres gars. Tu veux jouer, même quand tu es dans un état pitoyable. Tu es prêt à tout, pour les Racoons.

— Coach...

— Alors je m'en fous si ça t'amuse de te bastonner avec des inconnus, parce que l'équipe a besoin de toi. Je m'en balance, jusqu'à un certain point. Je devrais te dégager de l'équipe, car si les choses continuent de déraper comme ça, tu vas finir par nous handicaper. Sauf que si je le fais, les gars n'auront plus aucunes chances de gagner la LO et c'est inenvisageable.

Je ne sais même pas quoi répondre. Je le fixe simplement, en espérant qu'il s'arrête là. Ses mots explosent mon cœur, retournent sauvagement mes pensées et je me sens coincé dans une boîte, avec pour seule sortie le vide. Je devrais lui avouer ce qu'il se trame dans son équipe, ce que je subis en silence depuis quatre mois. Mais je n'ai pas le temps de parler, il lève une main pour intimer le silence.

— Ils ont tous intégré les Racoons pour une raison. Et c'est ton rôle, comme c'est le mien et le leur, de donner notre maximum pour parvenir au bout de nos objectifs. Si tu ne t'en sens pas capable, ne leur donne pas espoir.

— Je ne suis pas là pour faire de la charité, je siffle soudainement en me redressant. Vous me prenez pour quoi au juste ?

— Pour un gamin à la ramasse, qui ne sait plus à quoi se raccrocher. Maintenant, repose-toi, grogne Memphis en s'installant plus confortablement. Cette discussion est terminée, je ne veux plus entendre ta voix pour les vingt-quatre prochaines heures. Profites-en pour réfléchir et te trouver une raison de te battre. Une raison valable.

Je secoue la tête, enragé, et lui tourne le dos en me rallongeant dans le lit. J'ai des dizaines de raisons valables, déjà préétablies depuis des années. Ma vie est un champs de batailles où j'ai dû traverser plusieurs terrains minés pour survivre. J'y ai perdu pas mal de choses, j'en ai gagné d'autres mais je suis constamment parvenu au bout du chemin. Brisé, cassé, mais entier. Aujourd'hui, c'est pareil. Mon corps meurtri ne m'arrêtera pas, je compte bien continuer d'épauler Kim vers la victoire.

Pourtant, une part de moi réalise que ça ne suffira pas. Parce qu'une fois la LO gagnée, je m'accrocherai à quoi ?

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