Chapitre 23 - partie 2

Je remonte ma chaussette sur ma cheville pour cacher la contention et attrape mon sac de cours avant de sortir de l'amphithéâtre. Avec le match remporté haut la main d'hier soir, j'ai enfin réussi à dormir. Pourtant, ce matin, à l'entrainement, j'ai dû voir Selena qui a convenu avec Memphis que je pouvais jouer, à condition de ne pas forcer les premiers temps. Je ne sais pas si Kim et Ness ont réellement réussi à me faire revenir sur le terrain mais le coach a banni le banc de mon vocabulaire.

J'attrape mon téléphone en remontant le hall du bâtiment pour sortir et je m'arrête à l'entrée. Il ne me faut pas longtemps pour repérer Jonas et son bomber vert menthe avec son numéro inscrit au dos, sous son nom. Il remonte son sac sur son épaule et m'emboîte le pas lorsque je lui fais signe vers l'arrêt de bus.

— J'ai ma voiture, il sourit en nous dirigeant vers le parking. Tu les as prévenu qu'on venait ?

— J'ai envoyé un message à Margareth : Mike et Pedro vont arriver en même temps que nous quasiment.

— Parfait. Merci de m'avoir proposé de venir au fait.

— Les gars t'ont vraiment apprécié, je lance en croisant son regard. Et ça me fait plaisir.

Il acquiesce, conscient que je ne suis pas à l'aise. Demander à Jonas s'il voulait m'accompagner au centre une nouvelle fois a été facile. J'ai confiance en lui, en son silence, et les jeunes m'harcèlent pour savoir quand il reviendrait. Je sais que je ne crains rien, qu'il est de mon côté. Il l'a prouvé à chaque fois que les tensions avec Daren se faisaient sentir, il m'a montré que je pouvais compter sur lui, qu'il me laissait gérer les choses.

Je passe une main sur ma mâchoire et plisse le nez à cause de la légère douleur qui persiste. L'hématome tourne au vert jaune et c'est franchement moche. Ceux sur mon corps sont encore foncés, bien violet voire noir encore pour certains. Encore heureux que l'équipe ne les voit pas, je serai peut-être encore sur le banc si c'était le cas.

En arrivant au parking, je reprends mon téléphone et préviens Margareth qu'on arrive d'ici une quinzaine de minutes finalement. Dans la jeep de Jonas, je pose mon sac entre mes pieds et ouvre la fenêtre quand il se met en route. Je n'ai même pas besoin de lui donner l'adresse, il connait le chemin.

— Il faut qu'on parle Max.

— Je sais que je n'aurai pas dû forcer mais je suis opérationnel, je marmonne en posant le coude sur la portière. Et Selena m'a donné son feu vert.

— Effectivement, ça aussi je voulais t'en parler, ricane-t-il. Mais ce n'est pas ma priorité.

— C'est quoi alors ?

Je fronce les sourcils en regardant son profil. Son sourire en coin m'inquiète lorsqu'il devient plus sombre, plus menaçant. La sensation que la suite de la conversation ne va pas me plaire me tord l'estomac et je m'enfonce dans le siège sans le lâcher des yeux.

— Je n'ai pas eu le temps de t'en parler avant parce qu'on a été pris de court avec les événements qui se sont enchaînés. Mais dis-moi, ton histoire de baston parce que tu défendais l'équipe, c'était bien des conneries ?

Je serre les dents alors qu'il tourne dans une avenue. Je savais qu'il reviendrait dessus, surtout vu la façon dont je lui ai parlé. Sauf qu'à force de voir les jours passés et d'éviter la conversation, l'espoir qu'il ait oublié a commencé à s'installer. Jusqu'à maintenant.

— C'était la vérité.

— Mais bien sûr. Vu la façon que Daren avait de sautiller partout en constatant que tu n'étais pas là mercredi, j'ai fait le lien Max. Ne me prends pas pour un imbécile.

— Peut-être que ça l'arrangeait mais ça n'a rien à voir avec lui, je grince. C'est si dur que ça de croire que je me suis juste battu ?

— Oui.

Ni plus, ni moins. J'attends la suite mais elle ne vient pas et les secondes s'égrènent lentement dans un silence qui devient tendu. Mon poing cogne alors le tableau de bord tandis que je me penche en avant pour mieux voir son visage.

— C'est tout ? Tu te fous de moi ?

— Fais attention Max, siffle Jonas en croisant mon regard. Je veux bien être patient mais ne dépasse pas les bornes. Tu n'as jamais été violent alors que tu aurais eu plus d'une occasion de l'être depuis que t'es dans l'équipe. Alors oui, c'est dur à croire que tu t'es juste battu.

— Je sais faire la différence entre quand je peux et quand je ne peux pas cogner quelqu'un.

— Moi aussi. Mais parfois, même quand on ne peut pas, on le fait.

— Ça s'appelle le self-control et ce n'est pas mon problème si tu n'en as pas, je crache en me renfonçant dans mon siège. Ne nous compare pas.

— Je ne te parle pas de moi.

— De qui alors ? Kim ? Il en a aucun lui : il se battrait pour un rien si tu n'étais pas là.

— Pas faux, sourit mon capitaine avec narquois. Mais ce n'est pas lui non plus. Tout le monde a des limites mais les tiennes sont difficilement franchissables.

— Tu n'en sais rien.

— Avec Ness qui te pousse à bout constamment, si. Et si on combine ça à tout ce temps que tu as passé sur le banc, je peux te confirmer que tu as une patience de fer, et qu'avant de franchir tes limites, il faut vraiment y aller.

— Tu mélanges tout, je réplique.

Jonas soupire et laisse tomber en roulant des yeux. Je me contente de regarder la route à mon tour jusqu'à ce que j'en ai marre de l'entendre soupirer.

— Tu as raison : je ne me suis pas battu, je me suis simplement fait dérouiller. Mais ça n'a rien à voir avec Daren, j'enchaine lorsqu'il ouvre la bouche. J'ai fait de la merde et je l'ai payé, c'est tout. Ça ne se reproduira pas.

Jonas pince les lèvres et réfléchit, cherche à savoir s'il peut me croire. Je déteste mentir, je m'en veux de ne pas faire honneur à sa confiance cette fois. Sauf que si je dis absolument toute la vérité, on ne s'en sortira pas. Daren ne sera pas viré de l'équipe en un claquement de doigts, surtout qu'il a sympathisé avec les trois quarts d'entre eux et que je n'ai aucune preuve. Juste ma parole contre la sienne, et des bleus qui peuvent avoir été fait par n'importe qui, surtout de nuit.

J'ai eu beau me retourner le cerveau tout le week-end, il n'y a aucune solution pour le moment. Je vais devoir l'affronter à chaque fois qu'il voudra passer ses nerfs sur moi parce qu'il est évident que je ne peux plus lui laisser ma place. L'équipe est meilleure quand je suis sur le terrain. Alors même si je dois me prendre des coups, tant pis. On ira en finale.

— Tu sais que tu peux compter sur nous si tu as des soucis j'espère.

— Je n'en ai pas.

— Tu me garantis que Daren n'a rien à voir avec ça ?

J'attends qu'il se gare sur le parking du centre et qu'il se tourne vers moi pour faire face à son regard. Mon cœur loupe un battement devant son inquiétude qu'il tente de cacher derrière sa colère.

— Je te le garantis.

— Il vaut mieux pour nous.

Je hoche la tête et sors le premier en attrapant mon sac. Quelques minutes plus tard, on est dans le bâtiment et je laisse Jonas rejoindre le terrain de foot avec les jeunes tandis que je rejoins Margareth dans son bureau pour discuter. De tout, de rien, jamais de mon passé. Mais ça me fait du bien et quand je rejoins les autres sur le terrain, j'arrive à esquisser un sourire en entrant dans l'équipe de Pedro.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top