Chapitre 18 - partie 2

— Max.

— Ouais ?

— Max.

— Quoi ?

— Max !

Je relève les yeux de mon sac, posé sur le banc, et me tourne vers Lael dont les yeux sont exorbités. Toute l'équipe est dans les vestiaires, Memphis nous attend sur le terrain pour l'entrainement. Les perruches m'ont à peine adressé un mot quand on s'est retrouvé ce matin, tout comme Charleston qui m'a juste tendu un gobelet de caféine avant de me dire qu'on devait y aller. J'ai esquivé Ness et son sourire narquois qui a fait son grand retour.

Je me redresse en regardant autour de moi parce qu'il est évident que Lael ne dira plus rien vu la tête qu'il tire. Je croise alors les yeux d'Omare et je me tends quand je constate qu'il blanchit.

Deux doigts agrippent violemment mon menton et m'obligent à tourner la tête sur le côté avant que je percute ce qu'ils viennent de voir. Je m'arrache de la poigne de Romeo et plante mon regard dans le sien, bouillant de colère.

— Putain, c'est quoi ça ? crache-t-il. Et si tu me dis rien, je t'écrase la tête dans le casier.

— Je me suis cogné, je tente en reculant d'un pas. Pas besoin d'en...

— C'est la trace de doigts ! s'écrie Lael en balançant son haut sur le banc. Ne nous prend pas pour des cons !

J'aperçois les cheveux pastels de Ness qui se glisse à côté de Charleston, à quelques pas de nous. Il penche la tête et son sourire devient mauvais. Je détourne les yeux sur Jonas qui nous rejoint, étonné d'entendre Lael élever la voix. C'est quand je vois Kim que l'excuse parfaite me tombe dessus. Je soupire et enfile mon sweat par-dessus le sous-pull aux couleurs de l'équipe.

— Je me suis battu à Halloween, quand j'ai soi-disant disparu, je lance aux perruches avant de regarder Ness. C'est pas vrai ? Le gars m'a choppé par le cou.

— Oh si, totalement vrai.

J'espère être le seul à entendre et, surtout, comprendre l'ironie dans sa réponse. Mais il marche dans la combine sans poser de questions et je sais que ça me coûtera quelque chose. Pour l'instant, je m'en fous, j'ai besoin qu'il soutienne l'histoire pour éviter des problèmes en plus.

— On l'aurait vu avant, contre Lael. Tu...

— Je l'ai caché avec du maquillage, ok ? Ce matin, j'étais trop claqué pour y penser. On peut passer à autre chose ?

— Bien sur, grince Romeo. Un gars t'a étranglé et on oublie ça en un claquement de doigts.

— Je m'en suis occupé.

J'avais espéré que Kim reste en retrait mais c'est foutu. Il n'a pas vu toute la scène, pourtant il sait que je ne me suis pas battu et il a bien vu que l'autre ne m'avait pas touché vu qu'il l'en a empêché. Omare fronce les sourcils en le regardant et Ness ricane en me balançant un de ses gants violemment que je rattrape.

— Tout à fait : Kim a joué le beau chevalier servant et il a défendu la petite princesse Max de son bourreau. J'ai assisté à cette magnifique scène d'amour.

Ness insiste bien sur le dernier mot, son regard planté dans le mien, et je serre les poings, dans la poche de mon sweat. Puis il se détourne vers Brett qui nous dévisage tous tour à tour.

— Si c'est réglé, on devrait peut-être rejoindre Memphis. N'est-ce-pas, co-cap ?

— Max, tu es sûr de toi ? lance simplement Brett.

J'acquiesce et il échange un regard avec Jonas avant de taper dans ses mains puis de nous ordonner de rejoindre le terrain. Les vestiaires se vident mais Ness se plante devant moi et il attend qu'on ne soit plus que tous les deux avant de prendre la parole.

— Je veux la vérité, maintenant.

— Ness, plus tard.

Je me penche légèrement pour voir Charleston, à l'entrée des vestiaires avant que Ness claque ses doigts devant mon visage. Je roule des yeux en soupirant, le cerveau qui fuse à la recherche d'une explication rapide et qui évite les questions. Je lance alors la première chose qui me passe par la tête.

— Mauvaise rencontre.

C'est lorsque Ness ricane, plein de sarcasme, que je réalise lui avoir déjà répondu ça. Et dans les mêmes circonstances, à cause de la même personne.

— Une mauvaise rencontre, il répète avec ironie. Ça devient intriguant. Ça ne t'intéresse pas, Charleston ?

— Si ça l'intéressait, il me parlerait.

Ness pose une main sur sa bouche pour retenir un rire et je me décale pour affronter Charleston. Mais il a simplement haussé un sourcil, adossé contre le chambranle de la porte. Je réfrène mon envie de lui arracher les yeux et capitule. Je passe à côté de Ness puis de mon coloc et on rejoint le terrain. Je fais alors comme si tout allait bien.

Je m'oblige à supporter le côté tactique de Lael, les mains des perruches, l'index de Brett sur mon torse à chaque erreur, les doigts d'Anton quand il m'aide à me relever. Chaque contact est un supplice qui me tétanise chaque fois un peu plus. Je ne lance pas un regard à Daren, trop conscient de ses yeux qui me suivent avec une haine bien dissimulée. Je feins des sourires, je me force à répondre, je garde les yeux grands ouverts sur mes coéquipiers. Les trois heures d'entrainement sont un calvaire duquel je ne peux pas m'échapper.

Le reste de la journée est encore plus épuisant : devoir éviter les étudiants, écouter et noter les cours, répondre aux messages des perruches qui s'assurent que tout va bien, retourner au stade à dix-huit pour travailler mon endurance, revenir au dortoir et manger avec les gars. Puis finalement, me coucher pour me réveiller en pleine nuit à cause d'un cauchemar. Sauf que cette fois, quand Charleston pose un pied à l'intérieur de ma chambre, je le fais sortir. Je ne peux pas, je n'y arrive pas.

Je divague complètement, penché par la fenêtre, les yeux fermés. Et je ne retourne pas me coucher, bouffé par les souvenirs et les sensations qui me rongent.

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