Chapitre 17 - partie 1
Je sors de la douche et enroule ma serviette autour de mes hanches en détaillant mon reflet dans le miroir. Dans le salon, Lael ne s'arrête plus de rire depuis que Romeo s'est ouvert une fausse capsule de sang dans la bouche et gémit que ça ne partira jamais. Je passe une main dans mes cheveux et tente de discipliner les mèches sur mon crâne en remerciant mentalement Ishan de m'avoir coupé les cheveux et rasé les côtés.
— Ness ? Qu'est-ce que fais là ?
— Il est où ?
Je fronce les sourcils et enfile mon caleçon puis la chemise du déguisement. Elle est ample et je grimace en regardant le veston marron en faux cuir posé sur le rebord du lavabo. Ignoble.
— Dans la salle de bain, j'entends Romeo répondre à Ness. Hé, attends ! Pareil, il est à poil !
— J'ai l'air d'en avoir quelque chose à faire ?
— Tu attends, je réplique en repoussant la porte quand elle s'ouvre. Merde, l'intimité, tu connais ?
— Dépêche-toi ou je repars.
Je roule des yeux et enfile le pantalon dans lequel je glisse la chemise avant de mettre le veston. Puis j'ouvre la porte sur Ness qui me pousse à l'intérieur et nous enferme ensuite à clef. De l'autre côté, Omare me rappelle qu'il doit encore me maquiller mais Ness roule des yeux et pose un sac sur le lavabo.
— Je ne te fais pas confiance, je déteste les soirées étudiantes mais je peux faire l'effort de venir à une condition.
Bouche-bée, je le regarde ouvrir son sac et en sortir un déguisement qui n'a rien à voir avec celui qu'on lui a pris. J'esquisse un sourire et acquiesce. S'il ne veut pas ressembler à un cowboy mais qu'il est prêt à venir, je ne vais pas lui refuser de se déguiser en une espèce de spectre noir.
— Ce n'est pas ça la condition, il ricane en le rangeant de nouveau. Je pars maintenant avec la voiture d'Anton et je me changerai là-bas.
— Pourquoi ?
— Pour trouver ma condition et que tu puisses la remplir ensuite.
— C'est quoi ta condition ? je marmonne.
— Quand je te le demanderai, tu devras accepter sans poser de question. Si tu as voulu me faire confiance, c'est que tu sais que tu le peux. Alors prouve-le-moi.
— Qu'est-ce que tu comptes me demander ?
— Tu as peur ? susurre-t-il en tirant sur mon veston. Ne t'en fais pas, ce n'est rien qui te mettra en danger.
— D'accord. Mais pourquoi je devrais t'accorder ma confiance alors que tu ne le fais pas toi-même ?
— Je viens à ta soirée.
Et je réalise qu'en effet, il a vraiment décidé de venir. Il accepte de me suivre, de nous accompagner et de repousser ce qui le terrifie pour s'inclure dans l'équipe. Je ne suis pas certain de voir ça comme un élan de confiance mais d'une façon ou d'une autre, ça s'en rapproche.
— Tu accepteras ?
— Tant que tu m'assures que je ne risque rien, oui.
— Parfait. Je te retrouverai dans la foule !
Puis aussi vite qu'il est arrivé, il ressort de la pièce en laissant la porte grande ouverte sur Omare qui écarquille les yeux en suivant sa silhouette jusqu'à ce qu'il sorte.
— Tu ressembles à une poubelle.
— Va te faire voir Tonnel, grogne Romeo quand je lui souris. Et viens ici, Omare doit te peindre la tronche.
Docile, je me laisse faire pendant une trentaine de minutes. Le reste de l'équipe passe dans notre appart pour passer entre les mains des perruches pour la session maquillage, Lael nous déchire quelques parties de déguisement et ajoute du faux sang. Brett prend des photos, Jonas n'arrête pas d'emmerder Lael et Kim se fout ouvertement d'Anton et Ishan quand Omare les maquille. Un véritable bordel. Et malgré qu'on soit les uns sur les autres, je me sens serein.
C'est quand Omare se gare à Fallago, deux heures plus tard, que mon estomac se contracte. Il y a un monde de dingue devant l'immense double-porte ouverte et la musique résonne de partout. Le fait que l'immeuble soit immense ne détend pas la pression dans mon ventre. Mes yeux glissent sur les déguisements, ne retiennent aucun visage, se contentent d'analyser les mouvements. Ness avait raison : je ne vais pas réussir à gérer. Alors comment j'ai pu croire que je pourrais m'occuper de nous deux ?
Puis, ses cheveux pastels s'extirpent de l'intérieur et se dirigent vers nous. Je referme la portière en regardant Ness nous rejoindre alors que la jeep de Jonas se gare. Ce n'était pas un déguisement de spectre, juste un ensemble noir qui lui donne l'allure de la Mort. Il ne manque plus que la faux. J'entends le hoquet de surprise de Romeo quand il le voit et Omare marmonne un truc que je ne comprends pas. Il n'y a que Ness, son sourire mesquin, et ses yeux qui virevoltent sur nous.
— Une vraie bande de clowns, lance-t-il quand il s'arrête devant nous.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demande Anton. Attends, Max a réussi à te faire changer d'avis ?
Tous les regards se posent sur moi et je déglutis. Je n'ose pas les affronter alors je me concentre sur Ness qui penche la tête, de plus en plus amusé.
— Pas vraiment. Vous venez ? Je nous ai réservé une table à l'étage. Brett et Lael, passez au bar récupérer notre commande au nom des Racoons.
J'emboîte immédiatement le pas à Ness quand il se détourne et il me lance un regard en biais. Brett n'a aucune hésitation et il pose son bras sur les épaules de Lael tandis qu'ils se détournent vers le bar lorsque Ness me guide vers les escaliers. La piste de danse est une sorte de crevasse, une estrade est dans le fond avec un DJ et de chaque côté, il y a un rehaussement avec un bar et des tables, chaises, bancs. Les escaliers en métal qu'on emprunte nous amènent au balcon intérieur qui fait le tour du bâtiment. Des canapés sont posés contre le mur avec des tables basses. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi spacieux et surtout, aussi grand. Même ici, il y a un monde de fou et on est obligé d'aller contre le mur du fond pour trouver la table que Ness nous a gardé. Il remercie un type à l'apparence de vigile puis l'équipe s'affale dans les canapés en critiquant déjà les autres déguisés.
Ness m'attrape soudain le poignet et il se colle à moi, ses lèvres contre mon oreille. Assis en face de moi, Kim fronce les sourcils en nous regardant et je détourne les yeux sur la piste de danse, toujours debout près de la barrière de sécurité.
— Toujours d'accord ? me chuchote Ness en resserrant sa prise.
— Les gars ne savaient pas que tu venais, je réponds en m'écartant et son sourire s'étire. Pourquoi ?
— Effet de surprise. Alors ?
— Toujours d'accord.
Il acquiesce et je me crispe quand on me frôle avant de me détendre lorsque Brett éclate de rire et pose un plateau à côté de celui de Lael. J'attrape un verre avec le reste de l'équipe et le descends en quelques secondes tandis qu'ils trinquent. Ness agrippe alors mon coude et me force à baisser le bras. Je grimace et plonge mon regard dans le sien.
— Boire ne t'aidera pas à refouler tes problèmes, me glisse-t-il en penchant la tête. Voilà pourquoi j'ai donné une condition. Accompagne les garçons quand ils iront danser. Je te retrouve en bas.
Je suis incapable de répondre : il y a de plus en plus de monde autour de nous et mon cerveau absorbe tout ce qu'il voit. Ness le sait et il ricane avant de faire un signe de tête à Charleston et de quitter le balcon. Brett le suit des yeux puis revient à moi mais il n'a pas le temps de dire un mot que Daren l'oblige à se tourner vers lui. J'expire et repousse tout ce qui me traverse au fond de moi pour m'asseoir sur le canapé, entre les perruches qui m'ont fait une place. C'est à peine si je parle mais le sourire en coin qui orne mon visage semble leur satisfaire.
Une nouvelle chanson électro démarre et Romeo se lève immédiatement. La discussion s'arrête et tout le monde lève la tête vers lui, étonné.
— Je vous aime bien mais la piste de danse nous appelle quand elle passe Avicii !
Omare se marre à côté de moi et il attrape mon épaule pour se lever. Ça donne la motivation au reste du groupe parce qu'en trois minutes, on est dans les escaliers et je resserre mes doigts autour de mon verre quand un groupe de filles nous guette à l'entrée du bâtiment. J'aperçois Romeo leur faire un clin d'œil, Lael leur envoyer un baiser et je roule des yeux quand Omare leur hurle qu'il les aime.
Des doigts se glissent au milieu de mon dos et je me tends avant de tourner la tête vers Charleston. Lentement, il les descend et d'une pression, il me fait avancer vers le bar en souriant en coin. Je le laisse faire, rassuré que ce soit lui et non un autre qui me touche. Kim nous suit, Jonas, les perruches et les milieux offensifs sur les talons. Un serveur prend notre commande et pendant que les garçons s'accoudent au bar en attendant, mes yeux survolent la foule en contre-bas qui dansent. Des vampires, fantômes, daltons, zombies, infirmiers et d'autres trucs collés-serrés. Je finis mon verre en quelques gorgées et je fronce les sourcils quand Kim me l'arrache et le repose sur le bar.
— On a muscu demain, grogne-t-il.
— Laisse-le, râle Omare en se mettant entre nous. C'est sa première soirée d'Halloween et je compte bien m'assurer qu'il en profite.
— Sa première ? répète Kim.
Il accroche mon regard, perdu. Je sais à quoi il pense : nos soirées devant la télé à mater les Saw en boucle à Halloween. Mais il ne peut pas les comparer à cet entrepôt, à la foule qui y grouille et aux verres d'alcool entre nos doigts. Il doit le réaliser parce qu'il secoue la tête et nous tourne le dos.
— Quelle humeur de chien, ricane Romeo en attrapant mon épaule. Allez, en scène ! On va danser.
J'écarquille les yeux alors qu'il me tire déjà vers les quelques marches qui descendent sur la piste. Les corps me frôlent, les visages nous sourient, des doigts passent sur ma chemise et je serre les dents. Lael passe son bras sur mes épaules et explose de rire quand les perruches me donnent un cours de danse. Charleston est resté au bar avec Jonas, Kim a disparu et je repère difficilement les autres au milieu de la foule.
C'est long mais je réussis à me détendre assez pour avoir un sourire en coin et imiter Romeo et ses mouvements de hip-hop. Les sensations ne sont qu'une gêne que j'ignore, l'alcool fait son taf et inhibe les fourmillements. Les chansons défilent, Charleston nous rejoint à deux reprises avec des verres pleins et je repousse gentiment Lael quand sa main trouve ma hanche. Il ricane et enlace vivement Omare à la place.
Je me retrouve alors à l'écart de leur trio. Les gens se rapprochent de moi, les garçons n'y font pas attention et mon cœur s'emballe. Je ne peux pas craquer maintenant.
— Je suis là.
Je fais volte-face et je me retrouve plaqué contre Ness. Ses cheveux pastels brillent sous la lumière des projecteurs, son sourire malicieux est toujours là et il agrippe ma nuque d'une main. Je suis tétanisé : il est trop proche et ses doigts me brûlent.
— Tu dois accepter, tu t'en souviens ?
— Lâche-moi Ness, je grogne. Je peux pas.
— C'est pour ça que je suis là, ricane-t-il en assurant un peu plus sa prise sur ma peau. J'attendais que les trois gigolos te laissent respirer pour venir. Alors, maintenant que c'est fait, est-ce que tu es prêt à remplir la condition ?
Mes doigts s'enroulent autour de son vêtement violemment. Les gens nous passent à côté, n'arrêtent pas de me toucher et ça devient insupportable. Ness remonte alors son autre main au niveau de son visage et je repère la pilule bleue entre son pouce et son index.
— C'est ça : ma solution pour tenir, murmure-t-il à mon oreille. Je veux que ce soit aussi la tienne cette nuit. Rien qui te met en danger, qui te rend accro, juste ce qu'il faut pour te détendre.
— Non.
— On est deux à veiller sur toi. Peut-être même trois, s'amuse-t-il en levant les yeux sur le balcon rapidement. Mets ton cerveau sur pause et profite de ta soirée.
— J'ai besoin d'avoir le contrôle, je grince en essayant de m'écarter. Ness, bordel !
— Je te surveille.
Il n'a besoin que d'une main pour me ramener contre lui. Il est déterminé et je me crispe alors qu'il approche la pilule de nos visages. Le sien est trop proche, ses yeux pétillent trop et son sourire me retourne l'estomac.
— N'oublie pas que tu as accepté.
— T'as intérêt de tenir ta parole, je crache froidement.
— Je l'ai bien fait la dernière fois, non ?
Je ne réponds pas et il décide de ne pas attendre plus longtemps. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il dépose la pilule sur sa langue et qu'il me tire à lui pour m'embrasser. Mes doigts s'enfoncent dans son ventre et il sourit contre mes lèvres alors que sa langue trouve la mienne. Ça ne dure que quelques secondes. Pourtant, ça me parait être une éternité lorsque j'avale son cachet.
Ness s'écarte à peine de mes lèvres et je garde les yeux fermés, à bout de souffle et l'affreuse envie de lui broyer le visage. Ses doigts, sur ma hanche, remontent à mon menton et il m'oblige à relever la tête vers lui. J'ouvre les yeux et un rire narquois lui échappe devant la fureur de mon regard.
— Passe une bonne soirée, le troisième.
Il n'a aucune limite : il dépose furtivement ses lèvres contre les miennes puis il se volatilise dans la foule. Seul, je regarde autour de moi à la recherche de quelque chose à quoi me raccrocher. Je perds pied. Littéralement.
— T'as déjà trop bu, se marre Brett. Faut bouger pour évacuer tout ça !
Je cligne des yeux et il me traîne jusqu'au reste de l'équipe, à quelques mètres. Je comprends qu'il revient du bar quand il tend une bouteille à Romeo qui boit avant de la faire passer aux autres. Quand elle arrive entre mes mains, je décide de faire confiance à Ness, une deuxième fois. Il garde un œil sur moi et je sais que Charleston aussi, même s'il est au bar. Les garçons hurlent quand je bascule la tête en arrière et enchaine quelques gorgées.
La soirée devient un véritable bordel. Mon sourire mange mon visage, les perruches ne m'ont pas lâché et je ne ressens plus rien, à part l'euphorie d'être avec eux, à hurler et sauter au rythme des chansons qui passent. Ness réapparait et se joint à nous avant de repartir. Kim est pas loin, à parier avec Anton sur le nombre de numéros qu'ils peuvent récupérer.
Je finis pourtant par m'échapper, la bouche sèche. Traverser la masse humaine est tellement facile que je fronce les sourcils : je ne ressens rien, que des poids là où les gens me touchent. Mon cerveau ne réfléchit pas, n'analyse pas, ne retient pas. Il me guide simplement jusqu'au bar où je lève la main et demande un verre d'eau.
Je le vide d'une traite et m'adosse au bar pour regarder la piste de danse. Je repère aisément l'équipe des Racoons, en cercle, qui chahute et saute. Je suis surpris de voir que Jonas y est mais je ne vois pas Charleston. Alors je tourne la tête vers le bar et je souris en coin en le voyant s'approcher de moi.
— Tu ne danses pas ?
— Je préfère éviter, répond-il en s'accoudant au bar. Tu te sens comment ?
— Bien. Epuisé mais vraiment bien.
Mes yeux se posent alors que ses doigts qui tapotent le bois au rythme de la musique. Avec sa gélule, Ness a vraiment mis mon cerveau sur pause mais il a aussi réussi l'exploit d'anéantir la moindre sensation. Et malgré que ça me convienne, une part de moi enrage à l'idée d'être incapable de ressentir quoi que ce soit.
— Viens.
Charleston me passe à côté en m'indiquant de le suivre et je n'hésite pas à l'accompagner. Les immenses poteaux en béton qui soutiennent les balcons réduisent l'espace par endroit entre le bar et la barrière de la piste de danse mais Charleston se glisse aisément entre les gens et continue son chemin jusqu'au mur de son, au fond de l'entrepôt. Je remarque alors le renfoncement tout le long du mur et les quelques personnes qui y sont, à discuter dans un endroit un peu plus calme. La musique résonne toujours mais c'est moins oppressant.
Charleston s'adosse à un poteau, dans le coin et je m'appuie contre le mur en face de lui. Mes yeux suivent les nombreuses barres en métal qui vont du plafond au sol à plusieurs endroits et je fronce les sourcils.
— Ce sont des barres de pole dance.
— Pourquoi il y en a ? je marmonne sans le regarder.
— C'est une boîte de nuit normalement. Le Fallago organise des fêtes étudiantes seulement pour des gros événements comme Halloween ou le nouvel an.
J'acquiesce alors qu'une femme en sous-vêtement scintillant s'agrippe à un barreau un peu plus loin et se met à tourner. Je n'avais encore jamais vu quelqu'un en faire et je suis captivé. C'est tellement beau.
Puis un mec passe à côté de moi et me cogne l'épaule sans faire exprès. Je détourne les yeux et Charleston fait un pas vers moi en levant sa main. Il s'arrête à hauteur de mon cou et ne bouge plus, son regard plongeant dans le mien.
— Tu supportes le contact.
— Je ne ressens rien.
— Plus rien ? il répète en inclinant la tête.
— Rien du tout.
— Et ça te va ?
Je ne le quitte pas des yeux alors que le bout de ses doigts frôle à peine ma peau. J'écarquille les yeux quand un frisson glisse le long de mon dos. Electrisant, chaud, terrifiant. Charleston ne fait plus un mouvement, les épaules tendues.
— Je n'ai rien ressenti avec eux, je souffle. Et ça m'allait.
— Je ne...
— Mais c'est différent avec toi.
Je rattrape son poignet avant qu'il ne s'écarte. Je ne ressens plus la pression de ses doigts sur mon cou et je n'ose pas les reposer sur ma peau. Je ne devrais pas faire ça, je devrais simplement me contenter d'avoir enfin la paix, de ne plus avoir envie de vomir au milieu d'une foule que je ne peux pas épier constamment.
A la place, je relâche doucement le bras de Charleston et sa main revient caresser mon cou avant de passer sur ma nuque. Un frôlement, juste un glissement de sa peau sur la mienne. Et il y laisse une traînée de chaleur qui comprime mon cœur violemment. Je suis incapable de bouger, de parler, de quitter son regard. Tout mon corps vibre à cause des sensations qui le traverse et je ne sais pas comment gérer ça. Je ne sais plus, mon cerveau ne comprend pas ce qu'il se passe. Et moi, encore moins.
Puis Charleston ferme les yeux et recule d'un pas, arrachant la chaleur de ses doigts à ma peau. Son dos rencontre un poteau et il passe ses mains dans ses cheveux en plantant son regard dans le mien.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu n'es pas sobre.
Il sourit en coin, désolé, sans que je ne comprenne pourquoi. Il enfonce une main dans sa poche et de l'autre, il m'attrape doucement le poignet pour m'attirer à lui.
— Tu ressens seulement des choses à cause de ce que tu as pris.
— Tu ne peux pas le savoir, je contre en regardant ses doigts. Réessaye.
— Quand tu seras clean.
— Et si je ne le supporte pas ?
— Alors j'aurai eu raison.
Je ferme les yeux, retenant un haut-le-cœur. Je suis complètement perdu entre ce que mon corps ressent, exprime et comprend. La main de Charleston autour de mon poignet n'a rien d'un poids et je me demande s'il n'a pas déjà raison : si la pilule de Ness ne fait juste plus effet.
— Je crois que Lael te cherche.
Je soupire et tourne la tête vers le bar en ouvrant les yeux. Le blond y est et il se tourne dans tous les sens à la recherche de quelqu'un. La main de Charleston glisse alors jusqu'à mon coude puis passe dans mon dos tandis qu'il s'écarte du poteau. Doucement, il m'oblige à avancer et Lael finit par nous reconnaitre quand on arrive à quelques pas de lui.
— Max ! Omare te cherche depuis dix minutes, s'emporte-t-il en me secouant par les épaules. Romeo offre sa tournée de shooters et il vaut mieux qu'on y aille avant que Brett ne les enchaine tous sans nous ! Charleston, tu viens ?
— Je vous suis.
L'instant d'après, la main de Lael est agrippée à la mienne alors qu'il nous fait faire le tour du bâtiment pour rejoindre le bar de l'autre côté de la piste de danse où l'équipe est alignée devant des petits verres. Les voir ainsi m'arrache un sourire puis Lael nous place entre Omare et Brett qui répartissent la trentaine de verres.
— Tu t'es lâché ! se marre le blond vers Romeo. Ça en fait combien chacun ?
— Trois ! Bonne dégustation !
Omare en place trois face à moi et attrape le premier des siens en me faisant un clin d'œil. C'est à ce moment-là que Lael lâche ma main pour prendre son shooter. Je bloque une courte seconde avant de l'imiter et je cogne le cul de mon verre sur le bar en même temps qu'eux puis je les bois d'une traite, tout en priant que ça me fasse oublier que je n'ai rien ressenti. Absolument rien, alors que la sensation des doigts de Charleston sur ma peau ne veut pas s'effacer.
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