Chapitre 13 - partie 1

Comme prévu, c'est une catastrophe. Les Flickers mènent 4-2 et les seuls points qu'on a, c'est grâce à un penalty de Jonas et un point qu'ils se sont mis contre eux-mêmes. Rien de glorieux pour nous. Mon talon tape le sol alors que Memphis se ronge les ongles devant nous. Il ne reste plus qu'un vingtaine de minutes de jeu, avec un peu de chance il y en aura cinq de prolongation. Mais ça ne fera aucune différence : Kim et Daren ne sont pas du tout complémentaire. Et Jonas joue seul. La défense adverse est carrément au top grâce à un changement de joueurs et nos milieux offensifs sont beaucoup plus tendus. Le jeu va finir par devenir agressif.

— Bordel mais c'était quoi ça ? hurle le coach quand le sifflet retentit. Oh, vous vous bougez maintenant ! Brett, là-bas !

Je serre les dents quand Anton se relève, une main plaquée sur le genou. Il grimace avant de repartir à la suite de notre équipe, qui se font trainer jusqu'à nos cages. Ness se met en position, l'air affamé et je croise les doigts pour qu'il arrête le tir ennemi. Mais il n'a même pas le temps d'y penser : Daren fait un putain de placage au buteur adverse.

— Mais je vais le défoncer !

Memphis s'égosille alors que le coup de sifflet retentit pour la énième fois. J'aurai pu être soulagé que la balle sorte mais ça donne un penalty aux Flickers. Et ça, c'est mauvais.

— Ness doit l'arrêter, je marmonne.

— Il va le faire, me répond Charleston à voix basse. C'est Daren, le problème.

Je me crispe avant de bouger sans réfléchir. L'arbitre sur le terrain place le ballon sur le point de penalty et j'attrape le bras du coach qui fait les cent pas en grognant les menaces les plus acerbes qu'il connait.

— Si t'es là pour me dire que ça va bien se passer, je te conseille de...

— Faites-moi entrer.

Il écarquille les yeux quand ma voix le coupe. Je n'attends pas que ses neurones percutent pour enchainer.

— Sortez Daren et faites-moi entrer sur le terrain : c'est notre seule chance de rattraper le retard. Je peux jouer vingt minutes. Faites un changement après le penalty. Je vous promets d'égaliser le score.

— Non mais tu...

Le penalty est sifflé et on se tourne d'un même mouvement vers les cages. Le tireur adverse s'étire et fait plusieurs petits pas avant de taper dans le ballon. Je m'arrête de respirer quand Ness se jette sur le côté. Ses doigts frôlent le ballon et le dévie de quelques centimètres. Juste ce qu'il faut pour qu'il tape le poteau et sorte du terrain sans point.

Les Racoons se ressaisissent immédiatement alors que le ballon est remis en jeu quelques secondes plus tard. On est passé à deux doigts du drame, de la défaite. Et Memphis le sait. Son visage est tiré par la frustration, il se mord le bout du pouce en réfléchissant puis Daren fait une faute. Il tacle un joueur sans le blesser et l'arbitre le prévient que c'est un second carton jaune au prochain accrochage.

— Va te changer, mets ta bande et prépare-toi à entrer sur le terrain.

J'acquiesce alors qu'il s'éloigne vers les arbitres assistants pour demander le changement. Près de nos bancs, je retire mon pull sous le regard de Charleston. Je tire sur les manches de mon sous-pull en lycra avant de mettre mon t-shirt vert pâle par-dessus.

— Tu rentres sur le terrain ? s'écrie Georges quand je retire ma chaussure. C'est de la folie Max, ça fait qu'une semaine !

— Pas le choix.

Il secoue la tête, choqué, pendant que je bande ma cheville. Charleston me frappe alors les mains et s'accroupie devant moi pour le faire. Je ne dis rien parce qu'il la serre comme il faut, il la place comme il faut et je réalise qu'il a de la pratique. Ses doigts ne touchent pas une fois ma peau, même lorsqu'il remonte ma chaussette et m'aide à enfiler ma pompe pour faire les lacets.

— Merci.

— C'est pas ce que j'entendais quand j'ai dit que Daren était le problème, réplique-t-il. Tu vas le regretter.

— J'ai pas le choix.

— Tu l'as et tu prends le mauvais, encore une fois.

Je laisse tomber et me lève pour rejoindre l'arbitre qui m'attend sur la ligne blanche, son panneau qui annonce un changement à bout de bras. Mais Charleston me retient d'une main et je plonge mon regard dans le sien, commençant à m'énerver. Sauf qu'il ne dit rien, il remonte simplement ses doigts jusqu'à mon cou et je me fige. Sa peau est à peine un effleurement contre la mienne mais ça réveille des sensations. La chaleur, le frisson.

— Fais attention.

Je hoche la tête, attrapant son poignet pour éloigner sa main. Il se laisse faire, son regard qui m'étudie, et l'arbitre finit par m'appeler. Je le rejoins après un regard pour Memphis qui ordonne à Daren de le rejoindre. Dès qu'il pose un pied sur la ligne blanche, je fonce sur le terrain. Il ne me faut pas plus de cinq pas pour comprendre que je vais avoir mal les vingt prochaines minutes. Mais je serre les dents et rejoins Lael et Anton qui me dévisagent.

— Tu fous quoi ici ?

— Je viens vous sauver, je réponds en tapant dans leur main.

— Brett n'a pas l'air content, souligne Lael et je tourne la tête vers le co-cap. Tu vas tenir ?

— Oui.

L'arbitre ne nous laisse pas plus de temps pour discuter, le ballon est remis en jeu par les Flickers. Lael repart et je suis Anton. Omare et Thimeo, l'autre remplaçant défensif avec Georges, nous suivent et je souris à mon coloc quand il lève son pouce dans ma direction. Je repère Romeo et Ishan un peu plus loin, sur leurs gardes. Dans les cages, Ness ne lâche plus le ballon des yeux.

Je prends une inspiration et me plonge dans le jeu. Mon cerveau devient alors une éponge et chaque mouvement s'encre dans ma tête. Je n'ai aucun mal à suivre l'attaquant adverse et avec un grognement jouissif, je lui vole le ballon. J'esquive sa main quand il tente de m'attraper et je hurle à Anton de courir. Je fais la passe à Lael et il irradie de bonheur en constatant qu'il a la voie de libre pour rejoindre l'autre côté du terrain.

Comme prévu, Kim et Jonas se précipitent à leur tour. Je me mets en mouvement, continuant d'étudier le positionnement de nos adversaires. L'un d'eux est agressif dans ses mouvements et il se place devant Lael. Sauf que le ballon est déjà au pied d'Omare, qui me l'envoie et que je repasse à Thimeo. Depuis le début du match, leur visage sont fermés, découragés après les trois premiers buts des Flickers pendant la première période. Maintenant, ils ont tous ce sourire de charognard pour cette seconde période que je termine à leur côté.

L'adrénaline vient s'insinuer dans mes veines, sous ma peau, et j'en oublie la douleur alors que j'accélère pour me placer derrière Kim. Là où il veut me trouver, là où je dois être. De l'autre côté, Jonas fronce les sourcils et se détourne pour empêcher un défenseur de reprendre le ballon. Enfin, une ouverture se crée grâce à ce mouvement. Je me glisse entre Omare et un défenseur adversaire, tout en lui volant le ballon. J'entends le rire de mon coloc tout en continuant ma route. Je feinte un autre joueur et le dépasse. Puis je m'apprête à tirer pour offrir son premier but à Kim.

Sauf que les mauvaises habitudes se retiennent bien plus vite que les bonnes. Et Kim fait l'erreur de se tourner pour me chercher du regard. Je vois ses yeux s'écarquiller et il réagit une seconde trop tard. Son pied récupère le ballon et il tire mais ça passe au-dessus de la lucarne.

— Fais chier ! s'écrie un des gars. Kim, réveille-toi !

Pour simple réponse, il le fusille du regard avant de me dévisager. Ses yeux descendent sur ma cheville et je ne prends pas le temps de lui expliquer. Le ballon est remis en jeu et on doit se bouger si on veut égaliser. Je l'ai promis au coach.

Il nous faut de nouveau plusieurs longues minutes avant de chopper une autre opportunité de marquer. Je crie contre un adversaire quand il fonce sur Omare et ce dernier fait la passe de justesse à Ishan qui me la renvoie. Je ne perds pas une seconde et m'appuie sur ma mauvaise cheville pour faire un demi-tour. La douleur me traverse sauf que je ne m'arrête pas. Je libère l'espace pour Jonas avec Omare et l'instant d'après, notre capitaine est placé là où il faut. Je lui envoie le ballon et il y met toute sa force pour le faire entrer dans les cages.

Le bras de Lael passe autour de mes épaules alors qu'il hurle de joie quand enfin, on marque un réel point. Jonas fonce vers nous et on se retrouve tous les uns contre les autres. Soulagé, je m'autorise à sourire et serre le bras de Romeo quand il nous félicite. L'arbitre siffle pour nous forcer à rejoindre notre côté et on s'écarte, le bras de Lael qui passe autour du cou de Jonas. J'en profite pour rejoindre Kim et il me dévisage de nouveau. Je boite légèrement, incapable de cacher ma blessure.

— Tu ne devrais pas être là, crache-t-il en attrapant mon coude pour me soutenir. C'était quoi ton idée ?

— Eviter qu'on perde. Et tu ne me facilites pas la tâche, je réplique en m'appuyant sur lui. Je ne suis pas Daren alors arrête de me chercher.

— Je ne peux pas m'adapter en deux secondes alors que je n'avais même pas réalisé que tu étais sur le terrain !

Je fronce les sourcils en me souvenant de la surprise sur son visage. Il n'a pas fait attention au changement, trop concentré à ruminer sa propre colère. Ses épaules sont tendues et il passe une main dans ses cheveux. Puis le sens de ses paroles me percute et je secoue la tête alors qu'on arrive presque au rond central.

— Tu n'as pas à t'adapter.

— T'es débile ?

— Tu ne l'as jamais fait avec moi, je m'explique alors qu'on s'arrête. Tu cours et tu ne te retournes pas, t'as que ça à faire.

— Comme si c'était aussi facile, grogne-t-il en me lâchant. Tu vas réussir à courir au moins ?

— Je le ferai si tu me fais confiance.

Rien ne passe dans son regard. Pas de surprise, pas de colère, pas de rancœur. Il me fixe comme s'il ne me voyait pas, comme si je n'étais rien. Pourtant, je vois les rouages de son cerveau tourner et je tente une dernière chose.

— Je serai derrière toi, comme à chaque fois.

Il cligne des yeux au moment où l'arbitre nous oblige à nous repositionner. Je rejoins Brett sans attendre et lève mon regard sur le panneau au-dessus du stade. Plus que sept minutes de jeu et un point pour égaliser les scores. Je sais qu'on ne gagnera pas : les miracles n'existent pas. Mais un match nul peut nous assurer de rester en tête.

Je fais rouler ma cheville alors que Brett medétaille. Il ne dit rien mais la désapprobation dans son regard suffit à mefaire passer le message. Je ne devrais pas être sur le terrain dans cet état. Jelui souris en coin et me concentre sur la reprise du match. Le ballon est entreles pieds de l'équipe adverse et nos milieux les tiennent en respect comme ilspeuvent. Je remarque leur mouvement plus lent, plus fatigué. Mon entrée les aremotivés et c'est tout : leur corps n'en peut plus.

Je cherche un échappatoire, mes yeux fouillent l'espace et je grimace en m'appuyant un peu trop sur ma cheville. Je sautille en regardant la balle passer d'un type à un autre. Anton et Omare sont côte à côte et ils essayent d'intervenir. Brett les repousse comme il peut en tapant le ballon à chaque fois qu'ils se rapprochent de Ness mais on ne va pas assez loin pour reprendre l'avantage.

Je n'ai pas le choix. Je me jette au milieu des gars et intercepte enfin l'attaquant adverse. Il fronce les sourcils quand il me voit et Anton s'écarte d'un pas pour me laisser de l'espace. Je m'apprête à lui dire de revenir mais me retiens de justesse quand l'abruti devant moi s'y place. Au lieu de me gêner, il m'offre la parfaite ouverture.

Je lui vole le ballon d'un mouvement et l'envoie à Lael qui s'écarte. Il le réceptionne et le laisse à Romeo qui l'envoie à Kim. Enfin, nos couloirs sont dégagés et Kim le remonte en courant. Sa vitesse me laisse loin derrière alors que l'équipe adverse le poursuit facilement. Il s'arrête sur le rond central et renvoie la balle à nos milieux. Je jette un œil au panneau et grogne en constatant qu'il nous reste trois minutes pour égaliser.

Je serre les dents en accélérant le mouvement. Cette fois, l'adrénaline n'atténue pas la douleur. Chacun de mes pas me fait un mal de chien mais je continue. On arrive près de la surface de réparation des Flickers et mon cerveau continue de tourner à toute allure. Il faut que je trouve une solution. J'ai promis au coach d'égaliser le score. Il m'a fait rentrer pour ça. Je n'ai pas le droit de foirer.

Alors je risque la faute. Je me glisse contre Lael et pose une main sur son épaule avant de lui arracher le ballon des pieds. Il crie sous la surprise mais je trace déjà vers le stoppeur adverse. Il me bloque le passage, ses doigts agrippent mon épaule et je renvoie le ballon à Anton qui s'est démarqué. Puis je cogne mon épaule contre celle de mon gêneur avant de faire signe à Kim. Il n'attend pas, il ne regarde plus derrière lui. Il se met en place et percute un défenseur adverse alors que je me place près d'Anton. La balle passe de lui, à Lael, à Omare puis elle arrive à mes pieds.

Je suis le plus petit. Le plus lent mais le plus petit. Alors je me baisse, je pousse la balle du pied et glisse sous le bras du stoppeur qui essaye de m'attraper. Il ne reste plus que trois mètres entre Kim et moi. Dans sa transversale, je sais où tirer pour qu'il mette la balle. Mais j'ai peur qu'il se tourne, qu'il me cherche et qu'il se loupe quand je vois ses épaules se redresser et son visage se tourner légèrement.

Je n'ai qu'une ouverture d'une seconde. Et je sais que si je lui demande de me faire confiance, je dois aussi lui donner la mienne. Comme avant. Alors je ne réfléchis pas et je m'appuie sur ma mauvaise cheville avant de taper dans la balle pour donner l'opportunité à Kim de marquer. Le stoppeur me rentre dedans au moment où Kim lève la jambe et frappe le ballon avec son tibia, l'envoyant au fond des cages.

Je roule au sol et finis au pied d'Omare qui s'accroupit déjà pour m'aider à me redresser. J'entends le coup de sifflet qui annonce la fin du match et je m'avachis de nouveau sur l'herbe, soulagé de ne pas avoir à courir pendant une prolongation. J'ai beaucoup trop mal.

— Il était en hors-jeu ! s'écrie un gars au milieu du brouhaha. On devrait avoir gagné !

L'arbitre lui assure que non mais la mauvaise foi n'entend jamais raison. Je souris en coin quand j'entends Lael hurler de joie d'avoir fait un match nul. Les autres le supplient de se calmer, il n'y a rien de glorieux. Mais je remarque le plaisir dans la voix de Brett de ne pas avoir simplement perdu.

— Lève-toi.

J'ouvre les yeux et remarque la main tendue de Kim. J'attrape son poignet et il m'aide à me redresser. Je n'essaye même pas de poser mon pied, je sais déjà que la douleur me fera tomber.

— Tu avais raison, me glisse soudain Kim en captant mon regard. Tu n'as rien à voir avec Daren.

— Encore heureux.

— Lui, il sait s'arrêter quand il se blesse pour pouvoir jouer les fois d'après.

— Je t'emmerde.

Il ricane alors que je m'appuie plus fortement sur son bras en posant mon pied. Mon équilibre est trop précaire. Le reste de l'équipe serre la main aux arbitres et aux autres joueurs tandis que Kim s'accroupie pour défaire mon lacet et desserrer ma chaussure. C'est déjà moins douloureux. J'aperçois les cheveux de Ness quand il se dirige vers nous, toujours avec son sourire. Puis Kim se redresse et je fronce les sourcils parce que lui ne sourit pas du tout. Les traits de son visage sont de nouveau durs, froids. La colère traverse son regard.

— J'espère pour toi que d'avoir pris ce risque ne va pas repousser ta reprise.

— Moi aussi je suis content qu'on n'ait pas perdu, je siffle en repoussant sa main.

— Il n'est pas toi. Et c'est avec toi que je dois jouer. Alors arrête de faire des conneries à partir de maintenant.

Son doigt s'enfonce dans ma poitrine puis il s'écarte de moi pour retrouver Jonas et les arbitres. C'est donc Ness qui vient me servir de béquille. Ses yeux brillent d'amusement mais je préfère ne pas lui parler. Je sais qu'il attend la moindre occasion pour me reposer sa question, pour comprendre ce qu'il y a entre Kim et moi. Et je ne sais toujours pas quoi lui répondre. Je serre les mains des arbitres qui me demandent si ça va puis on retourne aux bancs. Pour ce match, on est resté à la maison et ça m'arrange : on n'a pas à se presser pour sortir. Selena m'oblige à m'asseoir et elle me déchausse l'instant d'après.

Tout en la regardant m'ausculter, j'écoute le coach nous féliciter pour ce match. Les doigts de Selena sont rêches et je suis de plus en plus crispé. Elle n'a aucun problème avec le fait de me toucher, de tâter ma cheville mais je commence à ne plus le supporter. Elle appuie son pouce sur mon mollet et j'ai un mouvement de recul qui lui fait lever les yeux. Memphis continue son discours que les autres écoutent tout en criant de joie à chaque félicitation. Je tente un sourire tout en essayant de m'arracher à ses doigts mais elle ne me lâche pas, ni des mains, ni du regard. Je déglutis quand mon estomac se contracte. Je vais vomir : les sensations reviennent. Partout. Les fourmillements là où sa main est posée me dégoûtent.

Je ne sais pas ce qu'elle voit dans mon regard mais son visage se fait plus doux alors qu'elle baisse les yeux sur ma cheville. Sauf que ça ne change rien. Je serre violemment mes doigts autour du banc pour m'empêcher de lui balancer mon pied au visage. Elle doit s'imaginer que j'ai mal. Mais je veux surtout qu'elle ne me touche plus.

— Hé.

Mes mâchoires se contractent quand la main de Charleston frôle mon dos et remonte sur ma nuque. Ce n'est qu'un effleurement, comme chaque fois. Juste le bout de ses doigts. Je m'oblige à tourner la tête vers lui, à me concentrer sur ses yeux clairs, sur ses cheveux en bordel, sur l'expression sereine qu'il a. Mais la peau rêche de Selena est encore là, elle continue de passer de la crème sur la mienne.

— Je peux pas, je lâche entre mes dents. Je supporte pas.

Charleston comprend immédiatement et se tourne déjà vers Selena pour lui dire de s'écarter. Pourtant, quelqu'un a déjà pris les devants. Je perds mon souffle quand les poignets de notre infirmière se retrouvent entre les doigts de Ness, loin de moi. Ses yeux sont tout aussi mesquin que son sourire mais il y a autre chose. Quelque chose de moins doux, de plus sombre.

— Laisse-le, murmure Ness en penchant la tête. On s'en occupera au dortoir.

— Il a besoin des premiers soins pour ne pas que ça empire Ness, sourit Selena sans aucune peur. C'est important.

— Je m'en contrefous. Laisse-le.

— On se charge de lui, rajoute Charleston quand elle fronce les sourcils.

Elle hoche la tête et Ness la relâche seulement lorsqu'elle s'écarte en se relevant. J'aperçois Memphis détourner le regard aumoment où mes yeux tombent sur lui, derrière Ness qui est à nouveau debout. Du bout des lèvres, je remercie les garçons en m'appuyant contre le béton des gradins. Ness s'éloigne déjà pour rejoindre Brett. Je réalise alors que la mainde Charleston frôle toujours ma nuque. Il doit s'en rendre compte aussi parce que son pouce vient tracer une ligne le long de ma peau avant de s'éloigner pour attraper une bouteille à nos pieds. Mais la brûlure de son contact dure quelques secondes de plus, sauf que ça n'a rien de comparable avec celle des doigts de Selena. Et je déteste ça encore plus.

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