☕Ace et le Chapelier Fou☕
☕Chapitre deux☕ :
Le temps d'un thé avec Marco le Chapelier Fou.
•☕•
Le Chapelier quitta la table à son tour et s'approcha d'Ace.
"Viens avec moi, nous allons fêter quelque chose !
_Quoi donc ?
_Je ne sais pas, ton anniversaire ?
_Mais, il est passé depuis plusieurs mois, déjà.
_Et bien, fêtons encore un non-anniversaire, alors !"
Aussitôt, Marco déposa une nappe un peu plus loin sur l'herbe, tira étrangement des banderoles colorées de ses poches et les accrocha aux arbres.
"Un... Non-anniversaire ?
_Oui ! Joyeux non-anniversaire, Ace !"
Il s'installa dans l'herbe, invitant Ace à le rejoindre.
"Ou, comme on le dit si bien ici, «I wish you a very merry unbirthday», récita-t-il en roulant les «R».
_Euh... Merci, je suppose. Joyeux non-anniversaire à toi aussi.
_Merci bien, c'est trop gentil d'y avoir pensé !"
Marco déposa son chapeau sur le côté et se coucha sur le ventre, et ce n'est que lorsqu'il attrapa une théière avec ses pieds qu'Ace remarqua qu'il n'était pas chaussé.
"Voudrais-tu un peu de thé, my darling ?"
"Euh... Oui... Évidemment... Volontier..."
Habilement, il lui en servit une tasse en passant sa jambe par dessus sa tête.
"Alors, tu es plutôt pique, toi, non ? Tu as une tête à être pique. Es-tu piqué ? Oh ! Mon Dieu ! Tu ne t'es pas fait piquer ? Les bestioles traînent par ici. À moins que tu ne te sois fait piquer quelque chose. Les voleur se font plus rares que les bestioles, mais il y en a ! Ça, oui !
_Euh... Quoi ?
_Pique. As de pique. Moi je dis que tu es un as de pique.
_Oh... Tu crois ?
_Oui ! Je trouve que ça te va à ravir, «Ace of Spade».
_Pourquoi le pique ?
_Le pique, c'est ta couleur, pour sûr. D'ailleurs... Je t'en ferais un beau chapeau. Un chapeau de pique. D'as de pique.
_Oh, vraiment ? C'est très gentil à toi, chapelier.
_Tout le plaisir est pour moi."
Ace but une gorgée de son thé, et fut ravi de constater qu'il était excellent.
Marco se redressa et dit d'un ton bien plus sérieux :
"Tu n'es pas d'ici, n'est-ce pas ?"
Ses yeux s'assombrirent et Ace eut presque peur, pendant un instant. Il répondit quelques secondes plus tard :
"Non.
_Je m'en doutais..."
Le chapelier soupira.
"Attention, Ace. Cet endroit rend fou."
Il retrouva immédiatement son sourire, ce qui fit frissonner le jeune homme.
"On est tous un peu fou, après tout !"
Il sortit un paquet de cartes de sa poche.
"Alors ! On joue ?
_À quoi veux-tu jouer ?
_Poker, bataille, pouilleux... Il y a le solitaire, mais nous sommes deux. C'est bien mieux d'être à deux, non ? Le solitaire est un jeu bien triste, parce qu'il est bien triste d'être solitaire. Mieux vaut être solidaire, et mieux vaut être mal accompagné que seul.
_Je crois que l'expression c'est... Le contraire.
_Mmh ?
_L'expression. Je crois que c'est "mieux vaut être seul que mal accompagné".
_Je ne suis pas d'accord. Regarde ce que la solitude m'a fait !
_Comment ça ?
_La solitude, ça rend fou, pour sûr.
_Tu n'as pas toujours été fou ?
_Non, ou en tout cas, pas autant, je le crains.
_C'est le fait d'être seul qui t'as rendu comme ça ?
_Evidemment ! Quoi d'autre ? Oh, il y a bien cette chute, j'ai du me cogner la tête bien trop fort.
_Une chute ?
_Je tombe et retombe et un jour je finirai dans la tombe ! Enfin je l'espère.
_Tu l'espères ? Comment ça ?
_Vois-tu, le temps c'est précieux, n'est-ce pas ? Sauf que quand on a plus le temps, le temps s'allonge et la tombe s'éloigne.
_J'ai peur de ne pas saisir.
_Je connais le temps personnellement. Mais malheureusement, je n'en ai plus.
_Tu... Quoi ?"
Marco sortit une montre de sa poche.
"Quel jour du mois sommes-nous ?, demanda-t-il en se roulant dans l'herbe pour finalement se tourner vers Ace."
Il la regardait d'un air inquiet, en la secouant et en la portant à son oreille de temps à autre.
Ace réfléchit un moment avant de répondre :
"Le quatre.
_Elle retarde de deux jours ! murmura le Chapelier en soupirant. J'avais bien dit au Lièvre que le beurre ne conviendrait pas pour graisser les rouages !
_Quelle drôle de montre ! Elle indique le jour du mois et elle n'indique pas l'heure !
_Pourquoi indiquerait-elle l'heure ?, murmura le Chapelier. Est-ce que ta montre à toi t'indique l'année où l'on est ?
_Bien sûr que non, répondit Ace sans hésiter ; mais c'est parce qu'elle reste dans la même année pendant très longtemps.
_Ce qui est exactement le cas de ma montre à moi, affirma le Chapelier."
Ace se sentit terriblement déconcerté. La remarque du Chapelier semblait n'avoir aucun sens, et pourtant elle était grammaticalement correcte.
"Je ne comprends pas très bien, dit-il aussi poliment qu'il le put."
Marco s'appuya sur ses coudes et demanda :
"As-tu trouvé la réponse à la devinette ?
_Non, j'y renonce. Quelle est la réponse ? Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?
_Je n'en ai pas la moindre idée, dit le Chapelier."
Ace poussa un soupir de lassitude.
"Je crois que tu pourrais mieux employer ton temps, déclara-t-il, que de le perdre à poser des devinettes dont tu ignores la réponse.
_Si tu connaissais le Temps aussi bien que moi, dit le Chapelier, tu ne parlerais pas de le perdre, comme une chose. Le Temps est un être vivant.
_Je ne comprends pas ce que tu veux dire, répondit Ace.
_Naturellement ! s'exclama-t-il en rejetant la tête en arrière d'un air de mépris. Je suppose bien que tu n'as jamais parlé au Temps !
_Peut-être que non, répondit-il prudemment. Tout ce que je sais, c'est qu'il fallait que je batte les temps quand je prenais ma leçon de musique, enfant.
_Ah ! Cela explique tout. Le Temps ne supporte pas d'être battu. Si tu étais en bons termes avec lui, il ferait presque tout ce que tu voudrais de la pendule. Par exemple, suppose qu'il soit sept heures du matin, l'heure de te lever : tu n'as qu'à dire un mot au Temps, et les aiguilles tournent en un clin d'œil ! Voilà qu'il est cinq heures ! Et tu dors encore un moment !
_Si seulement cela pouvait être vrai ! Mais je ne saurais pas m'y prendre.
_Au début, peut-être pas, déclara le Chapelier, mais tu pourrais faire rester la pendule sur six heures cinquante neuf aussi longtemps que tu voudrais.
_Est-ce ainsi que tu fais, toi ?"
Le Chapelier secoua négativement la tête d'un air lugubre.
"Hélas, non ! répondit-il. Nous nous sommes disputés en mars de l'année passée, juste avant que lui ne devienne fou."
Il pointa la maison du lièvre avec sa cuillère à thé et continua :
"C'était au grand concert donné par la Reine de Cœur, où je devais chanter. Connais-tu la comptine qui fait "doucement, doucement, doucement s'en va le jour..."?
_Oui, ça me dit quelque chose. Je crois bien que je la chante à mon petit frère, quelques fois. Hélas, je ne m'en souviens plus bien. Les paroles m'échappent, pourtant, j'étais sûr de la connaître par cœur encore hier.
_Oh... Quel dommage. Tu commences déjà à devenir fou.
_Vraiment...?"
Marco secoua la tête, chantonna un petit moment la comptine et repris immédiatement son histoire :
"Eh bien, j'avais à peine fini le premier couplet, reprit-il, que la Reine se leva d'un bond en hurlant : "Il est en train de tuer le temps ! Qu'on lui coupe la tête !"
- Quelle horrible cruauté ! s'exclama Ace.
_Et depuis ce jour-là, continua le Chapelier d'un ton lugubre, le Temps refuse de faire ce que je lui demande ! Il est toujours six heures à présent. L'heure du thé ! Vois-tu toutes ces tasses ? Nous n'avons pas le temps de faire la vaisselle, alors nous changeons à chaque fois.
_Et donc... Tu es bloqué à six heures.
_Exact ! Donc je ne vieillit pas, donc le temps me manque, et comme le temps me manque, il s'arrête et là... Plus de temps !
_Je... Je vois...
_Sauf que si je n'ai plus de temps, moi, à quoi suis-je voué, hein ? Je veux pouvoir me rapprocher de la tombe.
_Tu veux mourir ?
_Oh, oui... Plus que tout... Je veux mourir."
Ace eut un hoquet de surprise.
"Mais enfin ! Ne dis pas cela ! Si tu meurs, ce sera fini !
_Qui me pleurera ? L'autre lièvre fou allié, là bas ? Non, il n'en a rien à faire de moi."
Marco soupira.
"Si au moins je pouvais me rapprocher de la mort, je serais peut-être un peu moins fou, non ?
_Je ne pense pas que mourir t'aidera à ne plus être fou.
_Cela m'aidera au moins à sortir de cet enfer.
_Moi... Moi, je te pleurerais, si tu mourrais."
Marco se redressa vivement. À présent à genoux, il se pencha vers Ace.
"Vraiment ? Toi ?
_Oui.
_Tu ne me connais même pas.
_Oui... Je ne te connais pas... C'est vrai, je viens de te rencontrer, cependant, je t'aime bien. Je te trouve vraiment très gentil et je serais triste si tu devais mourir.
_Tu... Tu le penses vraiment...?
_Oui, bien-sûr."
Marco laissa quelques larmes glisser jusque dans sa tasse de thé.
"C'est bien la première fois que quelqu'un me dit ça."
Il renifla.
"Et c'est bien la première fois qu'on me demande mon prénom depuis longtemps."
Marco sanglota.
"Tu ne mérites pas de devenir fou, toi. Tu es bien trop gentil et bien trop pur pour devenir fou, toi. C'est injuste."
Il laissa tomber sa tasse de thé sur le côté.
"Merci beaucoup, Ace. Je suis tellement content que tu me dises ça."
Ne sachant trop comment réagir, Ace ouvrit ses bras par instinct, comme il le faisait quand Luffy pleurait.
Marco répondit timidement à l'invitation. Il posa sa tête contre l'épaule du garçon et sanglota encore plus fort quand Ace rabattit ses bras autour de son corps pour le serrer contre lui.
Il s'exclama :
"C'est bien la première fois qu'on me fait un câlin, pour sûr ! Pour sûr !"
Bientôt, Marco laissa exploser sa tristesse avec une voix brisée, en un cri peu bruyant.
"C'est bien la première fois depuis longtemps que je pleure ! Ça oui !"
Ace ne sut que dire. Alors, pour faire comprendre à Marco qu'il l'écoutait attentivement, il passa simplement sa main dans ses cheveux blonds tous décoiffés. Après une minute passée ainsi, voyant que les sanglots de Marco n'allaient pas en diminuant, Ace murmura :
"Doucement, doucement
Doucement s'en va le jour.
Doucement, doucement
À pas de velours.
La rainette dit
Sa chanson de pluie
Et le lièvre fuit
Sans un bruit.
Doucement, doucement
Doucement s'en va le jour.
Doucement, doucement
À pas de velours.
Dans le creux des nids
Les oiseaux blottis
Se sont endormis
Bonne nuit..."
Marco renifla. Et un long silence s'installa entre eux. La voix cassée, le Chapelier le brisa le premier :
"Finalement, tu n'as pas oublié.
_On dirait que ça m'est revenu...
_Il faut que tu t'y accroche, Ace. Sinon tu finiras fou. Fou, fou, fou... Fou allié."
Le garçon souffla du nez alors que ses doigts passaient toujours entre les mèches blondes du Chapelier. Il murmura :
"Tu ne me parais pas si fou, Chapelier Fou."
Marco releva la tête doucement vers le jeune homme pour planter ses yeux turquoise dans ceux gris d'Ace. Le garçon termina en un chuchotement :
"Seulement triste."
Le Chapelier baissa le regard et murmura :
"Tu as démêlés mes cheveux ?"
Ace hocha simplement la tête.
Marco ricana doucement en passant ses doigts dans ses mèches blondes, l'air tristounet.
"Oh... Oui... Il n'y a plus de nœud..."
Le Chapelier renifla encore une fois.
"Hier, je m'intéressait aux mots qui commençait par la lettre B, tels que bilboquet, bergamote, berlue, ou bonnet - tu sais qu'il y a des expressions telles que "blanc bonnet et bonnet blanc"- as-tu jamais vu un dessin représentant un "blanc bonnet" ?"
Le garçon secoua la tête de gauche à droite. Le chapelier continua :
"Mais, maintenant, je crois que je vais m'intéresser à ce qui commence par la lettre A. Comme Abeille, Aluminium, Aristocrate, Allumette, Alouette... Et Ace."
Cette remarque fit sourire sincèrement Ace qui posa la main sur l'épaule du Chapelier.
"Tu me rappelles mon petit frère.
_C'est vrai ? Pourtant je suis sûrement plus vieux que toi.
_Oh, tu es bien plus vieux que mon petit frère, en tous cas. Il n'a que six ans.
_Ah, il est jeune !"
Ace acquiesça.
"Quel âge as-tu, Chapelier ?
_Moi ? Mon âge...? Je ne sais plus. Peut-être... Euh... Non, je ne me souviens pas. Il faudrait que je demande au Temps.
_Mais tu es en froid avec lui, non ?
_Oui, mais je crois que mon temps a cessé de s'arrêter."
Le garçon pencha la tête alors que Marco sortit une deuxième montre de sa poche.
"Ah, oui ! Regarde !"
Celle-ci, contrairement à la première, indiquait l'heure.
"Six heures de l'après-midi et seize minutes. C'est débloqué !
_C'est super ! Comment ça se fait ?
_Le Temps a du me pardonner. Ou alors, c'est que je suis un peu moins fou qu'avant, et donc mon temps a repris son temps. M'aurais-tu rendu moins fou ?
_Je ne sais pas vraiment. Qu'est-ce que tu en dis, toi ?
_J'en dis que les fous s'entendent bien avec les fous. Alors peut-être que tu es devenu fou et que moi je suis encore plus fou. Ou alors, je suis moins fou et toi tu n'es pas fou, dans ce cas, cela voudrait dire que les moins fous s'entendent avec les pas fous. Sauf si tu deviens fou allié, alors là, ce serait un problème. Tu ne mérites pas d'être fou, toi. Alors n'oublie pas la comptine, surtout.
_C'est possible... Euh... Je tâcherai de me souvenir de la chanson.
_En tous cas, mon temps est reparti !
_C'est une bonne chose, ça veut dire que tu n'es plus bloqué à l'heure du thé !
_C'est vrai, c'est vrai. Je vais pouvoir faire la vaisselle !"
Marco soupira.
"Ah, mais je n'ai pas envie de faire la vaisselle.
_Dans ce cas, ne la fais pas.
_Oui ! Je laisse ça à plus tard ! Le Temps m'accordera bien le temps de la faire tout à l'heure !"
Le Chapelier se racla la gorge et demanda :
"Voudrais-tu aller faire une promenade avec moi, maintenant que ce n'est plus l'heure du thé ?
_Bien-sûr ! J'ai vu un charmant petit jardin tout à l'heure, et je le cherche.
_Un jardin ?
_Oh, oui ! Il y avait des roses et de jolies fontaines. J'aimerais y aller.
_Mmh... Mieux vaut trouver un autre endroit où se promener. Ce jardin appartient à une personne méchante.
_Ah, bon ? Qui ?
_La Reine de Cœur, bien-sûr. Et ici, on aime pas vraiment la Reine de Cœur."
Par automatisme, sûrement, le Chapelier cracha par terre et cria :
"À bas la maudite grosse tête !"
Ace rit doucement. Marco lui proposa l'idée suivante :
"Et si on allait demander au Temps ?
_Quoi ?
_Mon âge ! Je veux savoir quel âge j'ai ! Je ne me souviens plus du tout. Le Temps le sait. Il sait tout en tout temps. Il est incommensurable ! Euh... À moins d'avoir une montre...
_Si tu veux ! Je serais ravi de t'accompagner voir le Temps et lui demander ton âge.
_Super ! Allons voir le Temps !"
Les deux jeunes hommes se levèrent et partirent en se tenant par le bras. Ils s'arrêtèrent quand Ace demanda :
"Mais, où se trouve le temps ?
_Dans sa maison, évidemment.
_Mais, où est sa maison ?
_Dans la grande horloge. Comment pourrait-il se trouver ailleurs ?
_La grande horloge ?"
Marco hocha la tête et pointa son doigt à gauche.
"C'est par ici.
_Pourquoi allons-nous tout droit, alors ?
_Parce que j'aimerais d'abord te montrer ma maison !
_D'accord. Comme tu veux.
_Bien, alors allons-y."
Ils repartirent immédiatement. Les deux compères traversèrent la forêt, toujours bras dessus-bras dessous. Le chat apparût soudainement devant eux, flottant nonchalamment dans les airs. Il ricana :
"Alors comme ça tu as trouvé les fous !
_Oh, le joli minou !, s'exclama Marco. Ah, c'est toi ! Comment vas-tu, Cheshire ?
_Aussi bien que l'on puisse aller. Où vas-tu comme ça, Chapelier ?
_Chez moi !
_Mais... N'est-ce pas l'heure du thé ?
_Plus maintenant, grâce à Ace !
_Oh... Je vois, acquiesça le chat en faisant une roulade dans les airs.
_Veux-tu nous accompagner, Cheshire ? Nous allons chez moi."
Le minet fit mine de réfléchir.
"Mmh... Non, merci. J'ai d'autres chats à fouetter. Oh ! Mais est-ce que ça veut dire qu'il faudrait que je me fouette moi-même, Chapelier ?
_Tu devrais plutôt dire : «j'ai des préoccupations plus importantes», cela t'évitera d'avoir mal.
_Oui, mais mes préoccupations ne sont pas plus importantes. En réalité, je n'ai rien à faire.
_Alors pourquoi ne viens-tu pas avec nous ?
_Parce que je préfère me reposer sur mes lauriers. Aurais-tu vu du laurier, Chapelier ?
_Il y en a un peu plus bas.
_Super ! Je vais donc m'y reposer."
Ace suivait la conversation assez difficilement. Le chat s'adressa à lui :
"Alors comme ça, tu as rendu le Chapelier Fou un peu moins fou ?
_Apparemment, c'est ce qu'il m'a dit, acquiesça Ace.
_Bien. Espérons que tu le rendes encore un peu moins fou. La folie est amusante quand elle n'est pas trop grande.
_J'essayerais.
_Et ne deviens pas trop fou, toi non plus !"
Après ces mots, le Chat disparut. Marco se tourna vers Ace.
"Bon, nous sommes presque arrivés. Encore quelques mètres et on arrivera chez moi.
_Très bien."
Alors, ils marchèrent encore quelques mètres, et ils tombèrent effectivement sur une maison. Le Chapelier remarqua :
"Ah ! Elle n'a pas bougé.
_Pourquoi bougerait-elle ? C'est une maison.
_Je ne sais pas. Tu as déjà vu des maisons bouger ?
_Euh... Non.
_Ah ! Tant mieux ! J'ai eu peur pendant un instant que ma maison puisse s'en aller. Je t'en prie, entre."
Ace ne releva pas l'étrange remarque de Marco. Le Chapelier déverrouilla la porte et tendit un bras vers l'intérieur, alors, le garçon entra.
"Bienvenue chez moi. C'est un peu poussiéreux parce que cela fait un moment que je n'ai pas eu le temps d'y venir. Tu sais, j'étais occupé à boire du thé, alors...
_Ce n'est pas grave, ne t'inquiètes pas.
_Mets toi à l'aise, assieds-toi ! Tu veux du thé ?
_Et bien... On en a bu tout à l'heure, mais... Si tu m'en proposes, j'en veux bien, oui.
_Très bien. Attends juste une minute que je dépoussière ma bouilloire."
Lorsqu'Ace se laissa tomber dans un fauteuil, un nuage de poussière s'envola et le jeune homme toussota.
"Toutes mes excuses, Ace. Je n'avais pas pensé à ce détail. Sinon je ne t'aurais pas invité à entrer avant d'avoir rangé et nettoyé. Pardonne-moi d'être si impoli.
_Ce n'est pas grave, Marco. Ça ne me dérange pas. Je trouve ta maison très jolie, même avec toute cette poussière.
_Vraiment ? C'est vraiment gentil de ta part ! J'ai fait la décoration moi-même, tu sais ?"
Ace rit doucement à l'air flatté du Chapelier.
"C'est très beau. J'aime beaucoup les couleurs. Et j'aime beaucoup tous ces chapeaux, sur le mur. C'est toi qui les à faits ?
_Oui ! Moi-même !
_Tu es très doué, Chapelier."
Marco rougit légèrement, extrêmement flatté.
"Ah, ça y est ! C'est chaud !"
Le Chapelier servit deux tasses, en donna une à Ace et s'installa dans le fauteuil d'en face après avoir posé un plateau de biscuits sur la table basse, faisant s'envoler un autre nuage de poussière. Après avoir pris une gorgée, il dit :
"Il faudrait que je prenne tes mesures.
_Pourquoi ?
_Je t'ai promis un chapeau, il me semble.
_C'est vrai ! Je serais vraiment ravi d'avoir un chapeau de ta création."
Le regard d'Ace se posa sur un cadre photo posé sur une commode.
Sur la photo, on voyait qu'il y avait deux personnes, mais elle était déchiré, et il manquait le visage de celle qui se tenait avec Marco.
Voyant que Ace s'attardait sur la photo, Marco remarqua :
"Elle est bien, cette photo, hein ? Mais je n'ai pas du tout le même style. Regarde, je suis habillé tout en noir.
_Oui... Mais tu es très beau."
Le Chapelier souffla du nez, encore très flatté, et soupira avant d'expliquer :
"Je ne me souviens pas de qui était avec moi, sur la photo. Je me rappelle l'avoir trouvé dans ma poche déjà comme ça...
_Ah...
_On oublie beaucoup de choses quand on devient fou."
Ace prit une gorgée de thé et une bouchée de biscuit et pensa que Marco était décidément très doué pour le préparer. Le Chapelier continua :
"Je l'ai mise dans ce cadre parce que je me suis dit qu'en la voyant, un de ces jours, ça me reviendrait peut-être. Mais il n'y a rien à faire, je ne me rappelle pas.
_Tu ne sembles pas être beaucoup plus jeune qu'aujourd'hui. On dirait qu'elle a été prise récemment.
_C'est vrai. Mais je ne me souviens de rien. Rien du tout. En tous cas, ce costume et cette cravate font beaucoup trop solennel. Tu ne me trouves pas mieux en couleur ?
_Si, tu es bien mieux en couleur. Mais le costume a un certain charme.
_Tu trouves ?"
Ace hocha la tête. Le Chapelier, flatté, ignora ses rougeurs, posa sa tasse et se leva pour fouiller dans ses tiroirs. Il en sortit un mètre ruban.
"Bon ! Voyons si tu as la grosse tête !"
Ace ricana et laissa Marco prendre ses mesures.
"Et bien non ! Tu as une petite tête !"
Le Chapelier se pencha au dessus de son épaule pour remarquer :
"Toute petite tête, mais pourtant, tu sembles intelligent.
_Je ne sais pas comment je dois le prendre.
_Bien ! La reine de cœur a une tête énorme, et pourtant, elle est tout le contraire de l'intelligence.
_C'est pour ça que vous l'appelez la "maudite grosse tête" ?
_Oui, c'est pour ça. Elle est... Énorme ! Tu n'as jamais vu ça !
_Bon, et bien, merci, alors.
_Je t'en prie."
Marco sifflota en écrivant les mesures d'Ace sur un morceau de papier.
"Et voilà ! Une fois que je me serais mis au travail, ton chapeau sera prêt en un rien de temps. Je travaille rapidement. Et j'ai élaboré une technique pour que le processus avec produits chimiques, le mercure, qui est normalement bien long, ne dure à peine qu'une quinzaine de minutes !
_J'ai hâte !"
Le Chapelier fredonna gaiement. Alors qu'il partait se rasseoir dans son fauteuil, il se ravisa en levant les yeux vers son invité et s'approcha de lui en disant :
"Oh, tu as une miette de biscuit, là."
Alors que le Chapelier allait retirer la miette de la joue d'Ace avec son pouce, ses yeux azur croisèrent ceux du garçon. Ils restèrent ainsi à se regarder sans dire un mot pendant au moins une minute avant que Marco ne reprenne ses esprits et ne lui enlève.
"Pardon..."
Ace fronça les sourcils et demanda :
"Pourquoi tu t'excuses ?
_Je ne sais pas..."
Et voilà que le jeune homme planta son regard encore une fois dans celui de Marco et, qu'encore une fois, ils s'observèrent sans un mot un moment. Au bout de deux minutes, ce fut le Chapelier qui brisa le silence :
"Euh... Je vais refaire du thé, murmura-t-il."
Ace hocha la tête doucement, perdu. Marco se redressa et partit lentement vers la bouilloire. Il resta là, le regard dans le vide, si longtemps qu'il fallut que ce soit Ace qui dise :
"L'eau est bouillante, Marco. La bouilloire siffle depuis tout à l'heure."
Le Chapelier reprit ses esprits et servit deux tasses de thé à nouveau.
"Désolé, je ne sais pas ce que j'ai..., chuchota-t-il en tendant une tasse à son invité.
_Ce... Ce n'est rien. Je me sens bizarre, moi aussi."
Quand Ace saisit la tasse, et que sa main frôla celle de Marco, il y eût encore un contact visuel, et c'était reparti. Sans briser leur échange de regards, le garçon murmura :
"Marco...?
_Mmh...?
_Qu'est-ce qu'il se passe ?
_J'en sais rien..."
Ils n'arrivaient décidément pas à regarder ailleurs.
"Marco...?
_Mmh...?
_Tu as remis la bouilloire sur le feu... Elle siffle encore...
_Mmh."
Pourtant, le Chapelier ne bougea pas, et Ace non plus.
La bouilloire ne cessait pas de siffler. Marco se pencha et Ace releva le menton. Leur souffle se mélangèrent.
Marco murmura :
"Ace...?
_Mmh...?
_Pourquoi... Euh... Pourquoi...
_Quoi ?
_Pourquoi... Pourquoi sommes nous fous ?
_Je ne sais pas...
_Es-tu fou...?
_Sûrement moins que toi...
_Je ne veux plus être fou...
_Les meilleures personnes le sont...
_Alors tu es fou...
_Toi aussi."
Marco sentit son cœur tambouriner si fort dans sa poitrine que ça lui fit peur. Il chuchota, son regard toujours planté dans celui d'Ace :
"Je vais mourir ?
_Quoi...?
_Ace... Je vais mourir ?
_Non...
_Je ne vais pas mourir ?
_Non... Tu ne vas pas mourir...
_Tu es sûr ?
_Oui...
_Je crois que je meurs...
_Quoi ?"
Ace remarqua que le Chapelier respirait rapidement. Le garçon demanda, sans quitter ses yeux :
"Tu te sens malade ?
_Je me sens bizarre, Ace.
_Moi aussi.
_Le thé était mauvais ?
_Le thé était très bon.
_Je sens mon cœur.
_Il bat très fort ?
_Oui, acquiesça le Chapelier.
_Le mien aussi.
_Et si on mourrais tous les deux ?
_Mais non, on ne meurt pas...
_Qu'est-ce qu'il se passe, Ace ?
_Je... Euh..."
La bouilloire sifflait toujours. Le Chapelier décida de fermer les yeux et de se reculer un peu.
"Ace.
_Oui ?
_Tu penses vraiment que je suis une bonne personne ?
_Oui, pourquoi ?
_Tu as dit que les meilleures personnes étaient folles...
_C'est vrai.
_Je veux vraiment ne plus être fou. Mais si je ne suis plus fou, je ne serais plus une bonne personne !
_Mais si, Marco. Tu resteras une bonne personne.
_Tu crois ?
_Oui."
Marco rouvrit les yeux, mais laissa son regard posé sur le plancher.
"J'ai peur, Ace.
_De quoi as-tu peur ?
_De ne pas aimer mon moi pas fou.
_Pourquoi est-ce que tu n'aimerais pas "ton toi pas fou" ?
_Parce que je ne me rappelle pas comment il était.
_Je suis sûr qu'il était aussi gentil et aussi bon que toi."
En disant cela, Ace posa sa main sur la joue du Chapelier, qui osa de nouveau croiser le regard du garçon.
"Ace...?
_Oui ?
_Pourquoi... Euh..."
Marco semblait ailleurs. Après un moment silencieux, il murmura, l'air perdu :
"Pourquoi... Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ?"
En disant cela, il se laissa tomber à genoux.
"Marco...?
_Pourquoi...?
_Marco, tu vas bien ?
_Un... Corbeau ?"
Le Chapelier posa sa tête sur les genoux d'Ace, l'air fatigué.
Le garçon chuchota :
"Marco... Je ne sais pas pourquoi un corbeau ressemble à un bureau."
Le jeune homme passa sa main dans les cheveux du Chapelier.
"Mais je sais plusieurs autres choses.
_Les... lesquelles ?
_Je sais que tu es quelqu'un de bien.
_Vraiment ?
_Je sais que tu es un peu fou.
_C'est vrai...
_Je sais que les chats ronronnent lorsqu'ils sont contents.
_Mmh.
_Je sais que la bouilloire siffle quand l'eau est bouillante.
_Oui. Elle siffle encore... C'est insupportable...
_Je sais que le cœur bat fort quand on aime beaucoup quelqu'un.
_Quand... on aime ?
_En conclusion de cela, je sais donc que je t'aime beaucoup."
Marco releva la tête.
"Quand on aime beaucoup quelqu'un ?"
Le Chapelier secoua la tête négativement.
"Mais, on vient de se rencontrer...
_Qu'importe. Je sais déjà que je t'aime beaucoup.
_Oui..."
Marco cligna des yeux plusieurs fois.
"Oui... Oui... Moi aussi, je t'aime beaucoup...
_Bien. Alors cela prouve que les fous vont bien ensemble, déclara Ace.
_Oui..."
Le Chapelier se redressa.
"Qu'est-ce qu'on fait, quand on aime beaucoup quelqu'un ?
_On peut..."
Ace réfléchit à comment répondre à la question de Marco. Il affirma :
"On peut faire plein de choses, en fait...
_Comme quoi ?
_Par exemple, on peut se faire un câlin.
_Fais moi un câlin."
Le jeune homme ricana et ouvrit ses bras pour que Marco le rejoigne, ce qu'il ne tarda pas à faire. Il posa sa tête sur son épaule, comme plus tôt. À califourchon sur Ace, les pieds qui tombaient sur les côtés du fauteuil, le Chapelier demanda :
"Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ?
_On peut le dire, simplement."
Marco hocha la tête.
"Je t'aime beaucoup, Ace.
_D'accord. Moi aussi, je t'aime beaucoup, Marco.
_Quoi d'autre ?
_On peut... Je ne sais pas... On peut faire plein de choses. On peut rendre service, on peut...
_Quel service voudrais-tu que je te rende ?, le coupa le Chapelier.
_Je n'ai besoin de rien. C'était un exemple.
_D'accord... Mais... Je... Je ne comprends pas bien...
_Tu m'as fait du thé, tout à l'heure. C'est un service.
_Oui...
_Merci, d'ailleurs. Il est très bon.
_C'est un plaisir... Je peux... Je peux faire autre chose, pour toi ?
_Non... Euh... Peut-être pourrais-tu enlever la bouilloire du feu, même s'il ne doit pas rester beaucoup d'eau, depuis le temps qu'elle siffle.
_Oui... J'y vais."
Cependant, le Chapelier ne voulait décidément pas quitter les genoux d'Ace. Le garçon s'en amusa.
"Laisse, dit-il. Bientôt, elle s'arrêtera. Il doit rester un petit fond d'eau qui va vite se transformer en vapeur.
_Oui... D'accord."
Et Ace avait raison ; en à peine quelques secondes, la bouilloire s'arrêta de siffler, soulageant les tympans des deux jeunes hommes.
"Ça fait du bien quand ça s'arrête, hein ?
_Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ?, demanda Marco sans relever la remarque d'Ace.
_On... On peut offrir des cadeaux, écrire des poèmes... Cela dépend de comment tu aimes l'autre.
_Il y a différentes façons d'aimer ?
_Oui. Tu peux aimer quelqu'un comme un ami aime son ami, comme un amoureux aime son amant, comme un grand frère aime son petit frère ou comme un père aime son fils, ou comme...
_Un... Un père...?"
Marco releva sa tête de l'épaule d'Ace et la tourna vers le cadre photo.
"Un... Un père... Oui...
_Marco ?
_Un père...
_C'est ton père, sur la photo ?"
Le Chapelier reposa son regard sur Ace.
"Je... Je ne sais pas... Je... Je crois bien que oui...
_C'est vrai ? C'est bien que tu-
_Mais je ne me rappelle pas du tout de sa tête. Et si c'était quelqu'un d'autre ? Et si c'était... Et... Euh...
_Marco..."
Le Chapelier quitta les genoux d'Ace lentement et s'approcha de la photographie.
"Mince... Je ne sais plus..."
Le garçon se leva à son tour, alla immédiatement éteindre le feu pour éviter un accident avant de rejoindre Marco.
"Ça reviendra, Marco. Ne t'en fais pas.
_J'ai peur de ne plus rien me rappeler...
_Ça ira. J'en suis sûr. Tu vas finir par t'en souvenir."
Le Chapelier enlaça Ace qui répondit aussitôt à son étreinte. Ce n'est qu'à ce moment-là que le garçon réalisa vraiment à quel point il était grand.
"Ace...?
_Oui ?
_Comment on sait la façon dont on aime quelqu'un ?
_Euh... Alors là... C'est assez compliqué.
_Comment je t'aime ?
_Et... Et bien... Je ne sais pas, c'est à toi de le savoir, ça.
_Comment tu m'aimes ?
_Comme... Euh... Je ne sais pas non plus. Comme un ami, je dirais... Mais..."
Ace s'éclaircit la gorge et continua :
"Mais... Mais, ça m'a l'air plus compliqué que ça, en fait.
_Ah, oui ?
_Oui, parce que... Je... C'est étrange... Je t'aime différemment de mes amis, mais... Mais comme on s'est rencontrés il y a peu... Je n'arrive pas vraiment à savoir..."
Marco réfléchit un instant.
"Moi, je crois que je t'aime comme un Ace."
Le jeune homme pouffa.
"D'accord, ça me paraît logique. Alors je t'aime comme un Marco."
Le Chapelier acquiesça, l'air fier d'avoir trouvé la réponse. Il se recula d'un pas.
"Mais... Qu'est-ce qu'on fait, quand on aime quelqu'un comme un Ace ?
_Euh... Alors là, je n'en ai aucune idée."
Marco se gratta le menton, pensif.
"Je tâcherai d'y réfléchir, déclara-t-il.
_Bien... Alors je ferai pareil.
_Bien. Allons voir le Temps, maintenant.
_Oh, j'avais presque oublié ça.
_Tu ne veux plus y aller ?
_Si !
_Très bien. Nous avons le temps de prendre notre temps. J'ai hâte de connaître mon âge !"
Alors, ils partirent en direction de la grande horloge. Tout en marchant, le bras accroché à celui de Marco, Ace demanda :
"Comment il est, le Temps ?
_Oh, il a un style intemporel.
_Oui... Mais... Il est sympa ?
_Autant que peut l'être le Temps.
_Et... Euh... À quoi il ressemble ?
_Au Temps. À qui d'autre pourrait-il ressembler ?"
Le jeune homme hocha la tête, même s'il n'était pas tellement satisfait de l'explication. Le Chapelier demanda, curieux :
"Et toi, Ace, que vas-tu demander au Temps ?
_Moi ? Je ne sais pas. Je n'ai pas de question pour lui.
_On a tous une question pour le Temps. Le Temps étant maître en tous les temps et en tout temps, c'est une occasion à ne pas laisser passer. Il sait tout, tout ce qui se passe dans le temps. C'est une question de temps avant que tu ne puisses plus demander quelque chose au Temps, car contrairement à lui, tu n'es pas intemporel, donc tu n'as pas tout ton temps pour lui poser des questions."
Ace réfléchit à une question qu'il pourrait poser au Temps.
"Tu crois que je peux lui demander comment va mon petit frère ?
_Bien-sûr, il sait tout.
_J'aimerais te le présenter.
_Oui, j'aimerais le rencontrer ! Nous irons après avoir rendu visite au Temps !
_Oui ! Tu vas l'adorer, il est vraiment incroyable, mon petit frère. C'est le meilleur que..."
Ace se coupa, s'arrêta de marcher et se tourna vers Marco, l'air pensif.
"Qu'est-ce qu'il y a ?, demanda le Chapelier.
_C'est que... Je ne me souviens plus du tout où il est...
_Comment ça ?
_Et bien... Je ne me rappelle plus où j'habite, maintenant que j'y pense."
Le jeune homme commença à paniquer.
"Oh non ! Est-ce que ça veut dire que je l'ai perdu pour toujours ?! Mais ! Il est très jeune ! S'il est tout seul, il peut lui arriver malheur ! Mon Dieu ! Où est-ce que j'habite ?!
_Ah ! C'est un gros problème, ça ! Essayes de te concentrer."
Ace se massa les tempes et chercha désespérément dans sa mémoire.
"Rien à faire ! Je ne me rappelle de rien !
_Alors tu as ta question ! Dépêchons-nous d'arriver à la grande horloge ! Tu demanderas au temps où est ta maison à cet instant !
_Oui ! Vite !"
Ils se remirent en route le pas pressé et en un rien de temps ils arrivèrent chez le Temps.
Ace observa la grande horloge alors que Marco frappait à la porte. Elle était si grande ! Elle lui rappelait quelque chose, une tour, peut-être, qu'il y avait près de là où il habitait, du peu qu'il se souvienne. Mais il ne pouvait pas du tout se souvenir de son nom.
Un engrenage vivant ouvrit la porte et demanda sèchement :
"C'est pour quoi ?
_Nous venons voir le Temps, affirma Marco, l'air pressé.
_Le Temps n'a pas le temps de perdre son temps ! Il est occupé à gérer son temps, expliqua l'engrenage.
_C'est urgent ! Nous n'avons pas le temps !"
Le petit être soupira longuement.
"Entrez, mais n'y passez pas trop de temps !"
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