9.3 - Azerbaïdjan 2022 - Milo

Je suis un zombie, l'ombre de moi-même.

Quand mon ingénieur me parle, je n'écoute que d'une oreille, concentré à me repasser en boucle le dernier message que j'ai eu de Noa...


La p'tite - 19h55

On décolle dans cinq petites minutes. Merci d'être resté avec moi... je crois que j'en avais besoin.

Je ne t'oublierais pas Milo, je te le promets, pour la simple et bonne raison que je t'aime.


Depuis, plus rien, pas de son ni d'images, rien.

J'ai suivi son avion sur internet et je sais donc qu'elle est arrivée mais, je m'attendais à recevoir un message, ce qui n'est pas le cas.

Max s'avance vers moi et pose sa main sur mon épaule.

— Ça va ?

— T'as de ses nouvelles ?

Il secoue négativement la tête, un sourire triste accroché à ses lèvres.

Je ne dis rien de plus, mets mon casque sur la tête et ne pense plus qu'à une chose avant la course : "Promets-moi de remporter ce championnat comme le champion que tu es."


**


Le soleil ardent de Baku brille sur le circuit, réchauffant l'asphalte alors que je m'apprête à prendre le départ du Grand Prix. Les moteurs vrombissent en un chœur puissant, et l'air électrique annonce une course épique. Les regards rivés sur les feux rouges, je ressens cette impulsion familière, ce frisson avant le lancement.

Le départ est fulgurant, et ma monoplace s'engouffre dans le flot tumultueux des bolides. Les virages s'enchaînent, exigeant une concentration totale. Mes doigts dansent sur le volant, cherchant à dompter chaque courbe de ce circuit urbain complexe. Les adversaires sont féroces, chacun cherchant à gagner la moindre place, mais je suis déterminé à faire ma marque.


Les premiers tours sont une danse délicate entre vitesse et contrôle. Les murs menaçants de Baku rendent chaque décision cruciale. Je ressens la poussée dans chaque virage, la précision de chaque freinage, une symbiose parfaite entre la machine et le pilote. Les pneus crissent, la puissance brute de la monoplace rugit, et je suis immergé dans l'effervescence de la compétition.


À mi-course, le scénario change. Des dépassements audacieux, des stratégies calculées – chaque instant compte. Les lignes droites offrent des opportunités de dépassement, et je les exploite au maximum. La monoplace répond à chaque sollicitation, une extension de mes propres instincts.


Les derniers tours sont intenses. La fatigue se fait sentir, mais l'excitation l'emporte. La ligne d'arrivée approche, le drapeau à damier scintille comme un trophée convoité. Ma monoplace fend l'air, et un sentiment d'euphorie m'envahit. Une victoire arrachée au cœur de Baku, une récompense pour les efforts, une affirmation de la compétitivité de TJ Motors.


Je sors de la monoplace et rejoint Juan, mon coéquipier qui vient de finir à la deuxième position alors que Max finit troisième.

— Bravo Milo, commence Juan, ta course a été surprenante ! Tu as pris beaucoup de risques sur certains dépassements, mais au final tu les as très bien gérés.

Il boit dans sa gourde et je fais de même avant de lui répondre.

— Toi aussi tu as bien su gérer la pression et surtout les pneus, la dégradation était assez rapide et ça aurait pu me coûter mon podium si on avait pas réussi à se caler sur ta manière de conduire.

Max nous rejoint et on se sert la main en rigolant tous ensemble.


**


Dans ma chambre d'hôtel, je m'effondre sur le lit en regardant le plafond.

"Je ne t'oublierais pas Milo, je te le promets, pour la simple et bonne raison que je t'aime."

Je t'aime.

Je t'aime.

Alors pourquoi tu m'as laissé Noa ?

Alors que mes pensées divaguent et deviennent envahissantes, mon téléphone vibre à mes côtés, me ramenant à la réalité.


La p'tite - 19h00

Tu as pris beaucoup de risques...

Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder le grand prix alors que je venais d'arriver à Boston et j'ai vraiment eu peur à certains moments.

Mais bravo pour ta première place, elle est méritée. Je suis fière de toi.


Incapable de répondre, je fixe le message, les larmes aux coins de mes yeux.

Comment suis-je censé faire pour continuer à faire comme si tout était normal alors qu'elle n'est plus là ?

Elle m'avait déjà manquée quand elle a été forcée de partir pendant quelque temps, mais là, notre relation n'est plus la même et son départ est définitif, ça fait tellement mal.

Alors que je m'apprête à rédiger quelques mots pour elle, un autre message s'affiche.


Carla - 19h03

Salut Milo, ça fait longtemps...

Je suis de passage à Montréal la semaine prochaine, ça te dit qu'on se voit, comme au bon vieux temps ?


Carla...

Pourquoi est-ce que tu reviens comme une fleur ? Comme si rien de tout ce qui est arrivé n'existait...


Milo - 19h05

Salut, ouais, ça fait quand même deux ans.

Je ne pense pas que ce soit dans notre intérêt de nous voir, je n'ai plus rien à te dire.


Carla - 19h07

Cinq ans que je regrette de t'avoir laissé tomber alors que tu avais besoin de moi.

Laisse-moi une chance de te voir. À moins que tu aies peur à cause de ta nouvelle conquête : Noa Deflandre.


Milo - 19h09

Ne parle pas de Noa, tu ne la connais pas et tu ne sais rien de notre relation.


Carla - 19h10

Ancienne relation.

De ce que j'ai vu sur les réseaux sociaux, elle vient d'accepter de bosser pour un journal sportif américain.

Et vous vous êtes disputés dans les paddocks, tu mérites mieux.


Milo - 19h12

Ne parles pas de ce que tu ne sais pas.

Et tu ne mérites pas de deuxième chance Carla, tu es toujours la même.

Fourbe et sans cœur.


Carla - 19h13

Comme tu veux Milo.

Mais sache que j'ai une place VIP au grand-prix du Canada grâce à TJ Motors.

Alors, à Vendredi prochain Riri.

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