9.2 - Azerbaïdjan 2022 - Noa

Je l'ai perdu. Sous mes yeux. Sans rien avoir pu faire.

Mais quelle conne !

Je jette mon téléphone sur le lit de l'hôtel et ne cesse de tourner notre discussion dans ma tête.

"Tous ses efforts pour rien."

"N'essaie pas de me convaincre de choses que tu es la seule à penser !"

Seule.

Seule.

Seule.

Je regarde mon billet d'avion posé sur ma valise.

Il est de toute façon trop tard pour revenir en arrière, mon choix est fait et s'il ne veut pas l'entendre, je ne peux rien faire pour lui.

Ça, c'est ce que j'essaie de me dire depuis que je l'ai vu.

"Si tu le voulais, ça aurait pu fonctionner."

J'essaie de chasser ces idées de ma tête, mais je n'y arrive pas. Alors, je m'assois par terre, au pied de mon lit et je regarde ce billet et ma valise.

— Qu'est-ce que tu fais Noa ? Est-ce que tu es sûre de ce que tu veux ?

Mon téléphone sonne et je décroche immédiatement en voyant le numéro qui s'affiche.

— Tu pars à quelle heure ?

— Bonjour à toi aussi, ce soir à vingt-heures et j'arrive à Boston demain à treize heures, heure de Baku donc quatre heures du matin chez vous.

— J'ai tellement hâte si tu savais ! Je t'ai un peu préparé la chambre d'amis et Achille meurt d'envie de te voir ! Il se plaint que tu ne lui envoie jamais de messages.

Je rigole légèrement en l'entendant râler à l'autre bout du fil.

— Neela ! On avait dit qu'on ne parlerait pas de ça !

— Chéri, lui répond-elle, je préviens simplement Noa que tu lui manques et que tu risques d'être détestable.

— Je passe pour un faible, continue-t-il, alors que tu sais très bien que je suis un mâle alpha.

— On en reparle ce soir quand il faudra cuisiner... Désolé Noa, monsieur à des poussées de testostérone, à croire que sa puberté n'est pas finie...

Je rigole tendrement et je suis forcée de constater qu'en ce moment, ce n'est pas la piste qui me rend heureuse, mais c'est bien le fait de m'en éloigner.

— Merci à vous de m'accueillir, dis-je sincèrement.

— Tu restes le temps qu'il faut pour que tu prennes tes marques au travail et que tu puisses trouver un logement qui te correspondra bien mieux. En plus, la saison est finie pour le Hockey et elle ne reprend qu'en Septembre. Achille quant à lui, termine sa saison lors du dernier match, le dix-sept Juin, donc après, on sera avec toi !

J'avais oublié que pour le hockey et le basket, il y avait de si longues pauses entre les saisons pendant l'été. En formule 1, la plus grande pause, c'est l'hiver, entre les deux saisons, de Décembre à fin Février voire début Mars.

— En plus, j'aurais besoin de ton aide pour les préparatifs du mariage !

Le mariage... J'avais presque oublié qu'il allait avoir lieu.

— Avec grand plaisir, Neela.

Je regarde l'heure sur mon téléphone : 15h30.

— Écoute, je te préviens quand je suis dans l'avion, mais je dois prendre un taxi maintenant !

— Pas de soucis ! Bon voyage Noa.

Je raccroche, range mon billet dans mon sac et ferme ma valise avant de regarder une dernière fois cette chambre d'hôtel.

Il est l'heure Noa, l'heure de tirer une croix sur ce monde que tu affectionnes tant et qui, pourtant, t'as fait tant de mal ces derniers mois.

Je tire ma valise et ouvre la porte de la chambre avant d'entendre une faible voix.

— Noa...

Je me tourne vers ma gauche. Milo... Il est là devant moi, les yeux remplis de larmes.

Je ne réfléchis pas un instant et cours me jeter dans ses bras. Il me laisse le serrer avant de refermer son étreinte et de déposer ses lèvres sur mon front.

— Je ne veux pas que tu partes, sanglote-t-il. Je suis tellement désolé d'avoir agi comme un con tout à l'heure.

— Je n'ai pas le choix Milo, je te promets que j'ai essayé, mais cette offre, c'est ce qui va me permettre de me remettre d'aplomb. Je ne peux plus supporter ces journalistes qui cherchent à te nuire, cette image sur les réseaux que tu dois entretenir. Ce n'est plus pour moi. Je veux me concentrer sur ma vie, j'ai vingt-sept ans et j'ai fait le tour du monde beaucoup trop souvent, depuis que je suis sortie de l'école, je n'ai pas eu de vie fixe et cette stabilité me manque.

Je remonte lentement mon visage vers le sien pour essayer de croiser son regard et je tombe sur un visage défait qui me brise le cœur.

— Laisse-moi rester avec toi jusqu'à ce que ton avion décolle, je t'en prie.

J'acquiesce, il attrape ma main d'une main et ma valise de l'autre avant que l'on quitte l'hôtel, le cœur lourd.


**


— Promets-moi une chose, lui dis-je alors que je vais devoir embarquer.

Cela fait maintenant presque cinq heures que nous sommes ensemble et nous ne nous sommes pas détachés l'un de l'autre, comme si nous étions des aimants.

Je sais que je dois partir, mais je n'arrive pas à le laisser ici. On a parcouru tellement de chemin depuis que l'on se connaît que j'ai l'impression que tous les efforts n'ont servi à rien.

"Tous ses efforts pour rien."

— Je t'écoute Deflandre.

— Promets-moi de remporter ce championnat comme le champion que tu es.

Il me regarde et un faible sourire se dessine sur son visage.

— Note quelque-chose d'important pour le 20 Novembre 2022, je vais te montrer que je suis le meilleur amant que tu n'aies jamais connu.

— Alors tu n'as pas oublié ?

Il me regarde droit dans les yeux, d'un regard qui vous transperce.

— Je n'oublierai jamais, tu me l'as promis.

— Si je me souviens bien, je t'ai dit que ça n'arriverait jamais.

— Ne jamais dire jamais, Deflandre.

Je me mets sur la pointe des pieds et scelle ses lèvres aux miennes alors qu'il attrape mes hanches en les pressant contre lui.

Je me détache et le regarde encore une fois alors qu'il souffle pendant que je rejoins la zone d'embarquement.

— Ne m'oublie pas Noa, parce que je serais incapable de le faire.


**


— Noa ! Noa !

Je croise le regard de Neela et son sourire contagieux m'envahit alors qu'elle me rejoint en courant.

— Enfin à Boston, Nono !

Elle me prend dans ses bras et je m'effondre légèrement. J'ai passé une partie de mon trajet à ruminer sur Milo et sa présence me manque déjà alors que ça fait dix-sept heures à peine que j'ai quitté Baku et qu'à l'heure qu'il est, il doit se préparer pour le départ du grand-prix.

— Allez, sourit Noa ! Ta nouvelle vie commence maintenant ! Tu les reverras pendant les grand-prix aux États-Unis ! En plus, on a pris des places pour le Canada avec Achille avant de savoir que tu débarquais. Tu peux essayer de venir avec nous ?

— C'est gentil, mais j'aurais très certainement du travail. Vous allez vous éclater, le circuit est vraiment sympa et la course risque d'être mouvementée.

Elle me sourit et me guide vers la voiture en me racontant les dernières nouvelles alors que mon esprit est ailleurs... à Baku.

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