— Qu'est-ce que ça veut dire exactement Noa ? demandé-je méfiant.

Elle soupire et s'avance vers moi.

— Tu fais vraiment comme si tu n'avais pas compris ?

— J'ai vraiment un doute Noa, je veux qu'on soit sur la même longueur d'onde.

— Milo Richard, je ne te déteste pas vraiment, c'est plus compliqué que ça.

Elle me ressort la phrase qu'elle m'avait sortie par messages au début de la saison.

— Qu'est-ce qui est compliqué ? demandé-je en m'approchant d'elle.

— Tellement de choses, si tu savais...

Elle fait un pas de plus vers moi et l'on se retrouve pratiquement l'un collé à l'autre.

— Tant que tu ne me parles pas Noa, ça n'avancera pas.

Elle se recule pour se réinstaller à son rocher et commence son récit, tranquillement.

— N'hésite pas à m'interrompre si tu as besoin que j'explique des choses. Je suis né en France, dans le Languedoc-Roussillon, au bord de la mer et avec les cigales. Je suis la fille de deux parents qui s'aimaient énormément. J'ai eu, jusqu'à mes six ans, une enfance parfaite. Mais, à mes six ans, ma mère est partie de la maison, me laissant seule, mon père et moi.

— Pourquoi est-ce qu'elle est partie ? questionné-je doucement.

— Il se trouve que depuis le karting, l'écurie dans laquelle elle travaillait, avait des vues sur un enfant français, un petit prodige comme elle aimait le dire. Alors, quand elle a su qu'il pourrait signer avec eux, ma mère est partie avec quelques-uns de ses collègues de travail et à fonder TJ Motors, pour que Milo Richard puisse la rejoindre.

J'ouvre grand la bouche en entendant ça.

Attendez... Ça veut dire que...

— Valérie Schwartzman est ta mère ?

— Elle-même et je m'appelle en réalité Noa Deflandre-Schwartzman, mais je n'utilise plus le nom de ma mère. Quand elle nous a quittés, mon père et moi, pour toi, nous avons déménagé à Londres. Il avait trouvé une très bonne opportunité de travail et c'est là-bas que j'ai rencontré Max. Elle est venue implanter TJ Motors quelques années plus tard pour essayer de renouer les liens qu'elle avait brisé.

— Mais, je me permets, c'est pour ça que tu me détestes ?

— Oui, comprends-moi. Ma mère m'abandonne pour un petit garçon qui fait tout mieux que moi. Tu sais, j'ai essayé de faire comme toi, je suis allée jusqu'au début de la F4, mais quand j'ai vu que ça ne l'intéressait pas, j'ai arrêté. De toute façon, ma mère ne fait pas les choses par passion, mais par obsession et depuis toujours, tu es l'obsession de ma mère.

Je n'arrive pas à y croire. C'était vraiment impensable...

Je n'aurais pas pu prédire à un seul instant que les deux soient de la même famille et encore moins que l'une soit la mère de l'autre.

— C'est à cause d'elle que tu es partie ces derniers mois ?

— Oui, on a pas eu des discussions très agréables et en plus du reste, il y a eu les photos qui n'ont aidé en rien. Alors, je me suis éloignée de tout ça et je suis rentrée chez mon père pour essayer de penser à autre chose. Mais, sache qu'elle veillait à ce que tu ne reprennes pas contact avec moi en m'envoyant des messages régulièrement.

Toute son histoire est tellement plus claire maintenant...

Je comprends pourquoi est-ce qu'elle a toujours voulu me détester à ce point, si j'avais été dans sa position, j'aurais certainement fait la même chose.

— Tu comprends donc que tout ça constitue une situation assez complexe.

Je m'avance vers elle.

— Il n'y a plus rien de complexe maintenant que je le sais Noa. Tu as désormais vingt-sept ans, cette année, je les aurais aussi alors, je pense que nous sommes des adultes. D'ailleurs...

Je sors de ma poche, un petit écrin : son cadeau d'anniversaire.

Je connaissais la date de son anniversaire, mais, nous ne nous parlions plus trop à ce moment-là alors, vaut mieux tard que jamais.

Je lui tend la boite et sa bouche s'entrouvre quand elle soulève le dessus de l'écrin.

— C'est... C'est magnifique Milo.

Elle prend dans sa main, le collier avec un pendentif en améthyste à la forme d'un croissant de lune et un arbre de vie en or qui semble grandir le long du croissant.

Elle se jette dans mes bras et je la serre contre moi.

— C'est le plus beau cadeau que l'on m'ait fait depuis longtemps, merci.

Je pose mes lèvres sur son front et elle relève la tête.

— Je sais que j'ai souvent mal agi avec toi, Milo. Mais tu comptes vraiment beaucoup pour moi et je n'aurais pas pu le prévoir.

— Tu comptes aussi beaucoup pour moi Noa et, bien que Max m'ait mis en garde en début de saison avec sa fameuse phrase : "Tu as beau être un très bon ami Richard, si tu oses lui faire du mal, je te défonce la gueule sur le bitume. Clair ?", j'ai quand même follement envie de t'embrasser en ce moment-même.

Elle me regarde droit dans les yeux et mon cœur s'emballe.

— Qu'est-ce que tu attends alors ?

Le monde extérieur disparaît lorsque nos lèvres se rencontrent dans un doux ballet. C'est comme si le temps s'arrêtait, laissant place à la passion contenue et à la douceur de ce moment. Un frisson électrique parcourt mon corps, chaque sensation amplifiée par le contact de nos lèvres.

Le baiser est un mélange de surprise et de tendresse, un échange qui transcende le simple contact physique. Le goût de l'inattendu emplit mes sens, créant un souvenir qui restera gravé dans ma mémoire. L'instant est fugace mais puissant, un avant-goût de quelque chose de nouveau.

Au moment où nous nous séparons, une euphorie m'envahit. Mon regard croise celui de Noa, révélant un éclat partagé. Ce n'est pas seulement un baiser, c'est le début d'une aventure où le tracé imprévisible du cœur prend le relais, prêt à explorer des territoires inconnus.

— Ça va faire du bruit sur le paddock, dis-je.

— Et alors, je suis plus à une polémique près, me répond-elle. Et puis celle-là, elle vaut le coup.

On s'embrasse encore une fois nos mains trouvent naturellement leur place, s'entrelaçant dans une étreinte tendre. Mes doigts glissent dans ses cheveux, explorant chaque mèche avec une curiosité délicate. La proximité physique éveille tous mes sens, chaque détail de ce moment gravé dans ma mémoire.

Le temps semble se dilater, étirant chaque seconde pour prolonger ce partage intime. Les souffles entremêlés créent un rythme unique, une mélodie qui accompagne notre danse passionnée. L'énergie autour de nous devient une symphonie, notre baiser en harmonie avec l'univers qui nous entoure.