En boule sur mon lit, occupée à regarder ma série, je pleure.

Mon père passe la tête par la porte pour la deuxième fois depuis le début de la matinée et il s'assied sur le bord de mon lit.

— Tu es sûre que tu ne veux rien manger ?

Je ne réponds pas et étouffe mes sanglots.

— Noa, tu devrais lui expliquer...

— Je ne peux pas, il ne veut plus me voir...

Mon cœur se brise sur cette phrase et je me tourne vers mon père qui essuie mes larmes.

— Qu'est-ce qu'il y a exactement entre vous, Noa ?

— Je ne sais pas... Je le détestais parce que tu sais ce qu'il représente, mais, c'est très compliqué de détester Milo Richard à vie. Il incarne la bonne humeur et je lui ai fait du mal, à cause d'elle.

Il attrape mon téléphone sur ma table de nuit et me le tend.

— D'ici qu'il revienne en Angleterre, tu en as au moins pour un mois et demi, tu ne penses pas que ça vaudrait le coup d'essayer de reprendre contact avec lui ?

Je prends le téléphone qu'il me tend et il sort de ma chambre en fermant la porte derrière lui.

Je ne réfléchis pas et essaie d'appeler Milo avec mon numéro, avec un peu de chance, il ne m'a pas bloqué.

J'entends une sonnerie, puis deux, puis trois et une voix.

— Allô.

— Milo ? C'est No..

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il raccroche et je le rappelle directement, bien décidée à lui parler.

— Noa, laisse-moi.

— J'ai besoin de te parler d'adulte à adulte.

Il rigole à l'autre bout du fil et semble s'éloigner de la foule pour aller dans un endroit plus calme.

— D'adulte à adulte alors que tu m'as embrassé seulement pour faire chier ma patronne ? Tu me prends pour un con ?

— Au contraire, je te dois des explications pour avoir été aussi conne. Je sais que tu ne veux plus me parler, mais comme nous nous appelons en ce moment même, je me dis que je peux avoir ma chance.

— Alors, je suppose qu'on se voit à Monaco ?

Sur ce, il ne me laisse pas le temps de répondre à sa question et il raccroche.

La semaine prochaine, je pars à Monaco !

Je me lève du lit et traverse la maison pour rejoindre mon père.

— Tu penses que tu aurais le numéro de téléphone de ton ami ?

Il me sourit et me le donne. Je récupère mes clés, ma veste et prends le bus jusqu'au complexe de TJ Motors, j'ai plusieurs choses à régler.

**

Devant le complexe, je stresse un peu, aller voir ma mère n'est jamais une part de plaisir, mais c'est nécessaire et je sais qu'elle n'est pas sur le circuit grâce aux stories Instagram de l'écurie. Et quand elle n'est pas sur le circuit, elle est à Londres.

Je pousse la porte et la secrétaire semble me reconnaître alors que nous nous sommes jamais vues.

— Madame Deflandre, me sourit-elle.

— Deflandre-Schwartzman, corrigé-je alors que les mots me brûlent la gorge.

Elle semble intriguée puis, décroche son téléphone et déclare :

— Madame Schwartzman,... Noa Deflandre-Schwartzman est ici.

Elle raccroche dans les secondes qui suivent et m'indique les fauteuils à ma gauche.

— Elle arrive dans quelques minutes.

Mais, à peine sa phrase finie, ma mère, élégante comme à son habitude, débarque dans les escaliers.

— Ma fille, je ne pensais pas te voir ici.

— On doit discuter.

Elle me fait signe de la suivre et monte les escaliers. Plus je la détaille, plus je me rends compte que je lui ressemble bien plus que je le pense et je n'aime pas cette idée-là.

Une fois dans son bureau, elle ferme la porte.

— Que veux-tu ?

— Si je retrouve un poste en formule 1, mais que ce n'est pas dans ton écurie, ni en indépendant et que je bosse pour les réseaux d'une autre écurie, me laisseras-tu tranquille ?

— Est-ce que tu laisserais Milo et Juan en paix ?

— Je ne parle jamais à Juan, mais Milo, je ne peux pas te le promettre. Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas que je lui parle, je ne veux pas qu'il se rate, au contraire, je serais fière qu'il réussisse, même s'il travaille pour toi.

Elle me regarde quelques secondes avant de reporter son attention sur son ordinateur.

— C'est d'accord Noa. Mais, tu me dois un repas par mois entre mère et fille pour renouer les liens. Je n'ai jamais voulu qu'une telle chose arrive entre nous et je regrette ces dizaines de choses qui nous ont conduites ici.

Son air triste et sa façon de penser laisse croire qu'elle est sincère et en réalité, je pense qu'elle l'est. Mais pour moi, lui offrir des moments comme ça, ça me prend du temps et surtout, je ne sais pas si ça me fait plaisir ou peur. Elle sait qu'elle a le contrôle sur la négociation et je n'aime pas ça, parce que, quand elle a toutes les cartes dans ses mains, elle est dangereuse.

Pourtant...

— C'est d'accord, mais pas plus d'un repas par moi et je n'ai pas l'interdiction de fréquenter tes pilotes que ce soit professionnellement ou autre.

Je lui tends ma main qu'elle serre pour finaliser notre contrat.

— C'est d'accord. Premier repas samedi midi prochain à Monaco.

Je me lève et sors de son bureau en prenant soin de fermer la porte derrière moi.

Je redescends et je vois des téléphones qui me prennent en photo, dites-moi que je rêve !

— Je peux savoir ce que vous faites ? m'emporté-je.

— C'est vrai que vous êtes la fille de Valérie ? me demande un homme.

— C'est confidentiel et ça ne doit pas être su, déclare ma mère derrière moi. Je tiens à séparer nos deux images alors, si l'info se retrouve dans la presse, toutes les personnes présente ici en ce moment même seront virées. Sommes-nous clairs ?

Tout le monde hoche la tête, je la regarde et on se sourit.

Bien sûr que nous n'avons pas fait la paix, mais d'une certaine manière, on doit admettre que je lui ressemble comme deux gouttes d'eau sur certains traits de caractère.

**

Patrice Alpha Racing - 17h00

Salut Noa, pas de soucis, rencontrons-nous à Monaco !

Je t'envoie des pass pour les paddocks et à la semaine prochaine ! ;).