3.3 - Australie 2022 - Noa

"Noa Deflandre, journaliste dont on entend souvent le nom à cause de relation ambigüe avec deux pilotes de formule 1 (Max Hunter et Milo Richard) et Ana Richard, avocate française et soeur du pilote Milo Richard ont été aperçue bien éméchée à la sortie d'un bar de Melbourne hier soir. La relation entre les deux filles n'influencerait-t-elle pas le travail, déjà non-neutre de Noa ?"

L'espèce d'article écrit par ces journalistes à la recherche du drame ne cesse de tourner en rond dans ma tête.

M'être accordé une soirée de répit n'aurait jamais dû nuire à mon image de cette manière...

Je ne prends même plus la peine de compter le nombre de messages désobligeant que j'ai reçu depuis ce matin... À croire que les gens n'ont jamais fait de soirées avec leurs amis. Après, il est vrai que ma seule amie qui se déplace souvent aux quatre coins du monde avec moi, c'est la sœur d'un pilote très connu avec qui on me prête une relation passionnelle. Eurk.


Valérie Schwartzman - 10h00

Tu es fière de toi j'espère.


Noa - 10h01

Oui. Je suis fière d'avoir une vie sociale correcte pour une fille de mon âge.


Valérie Schwartzman - 10h02

Je ne rigole pas avec toi Noa, ne t'approche plus de mes pilotes et de mon écurie, tu es en train de détruire tout le travail que j'ai fait.


Noa - 10h04

Le travail que tu as volé Valérie.

Ne commence pas à t'attribuer le mérite, tu ne le mérites pas.

Tu es une voleuse, c'est comme ça.


Valérie Schwartzman - 10h05

Ne me parle pas sur ce ton Noa !

Ou tu peux dire adieu à tes financements !


Noa - 10h06

Je ne veux pas de ton argent. Laisse-moi vivre ma vie comme je l'entends et occupes-toi de Milo. C'est bien pour lui que tu nous as quittés, non ?


Valérie Schwartzman - 10h07

Ne t'approches pas de lui Noa.


Noa - 10h08

C'est ce qu'on verra Valérie.


Si je veux continuer à parler à Milo, je continue de lui parler.

Ce n'est certainement pas elle qui va dicter ma vie.

Je relève subitement la tête lorsque la porte de ma chambre d'hôtel s'ouvre furieusement.

— Noa, il faut qu'on parle.

— Eliott ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il me jette son téléphone que j'attrape au vol et je regarde son écran.


"Les sponsors de la journaliste Noa Deflandre se désolidarisent face à l'article publié sur Instagram ce matin. Ils disent vouloir arrêter les financements de sa chaîne YouTube et de tout son contenu suite aux frasques de la nuit dernière."


Merde.

Merde.

Je regarde Eliott, une larme roule le long de sa joue et il s'assied sur le bord du lit.

— Je suis désolé Eliott.

— Je ne te blâme pas, je suis également sorti hier soir, mais les journalistes me connaissent moins. Je suis souvent caché par la caméra.

— Comment est-ce qu'on va faire Eliott ? On ne peut pas se payer les déplacements sans ses financements et on ne compte plus sur Schwartzman, elle retire sa proposition.

Il s'allonge et regarde le plafond en prononçant froidement :

— Je suis heureux d'avoir passé ces quelques temps en formule 1 avec toi Noa, mais il faut qu'on se rende à l'évidence, on n'a plus notre place ici. Ce grand-prix est certainement le dernier que l'on va faire alors, profitons-en au maximum et ouvrons un nouveau chapitre.

La tête me tourne et je me lève subitement pour aller dans la salle de bain en claquant la porte derrière moi.

Je relève la cuvette des toilettes et vide mon estomac en pleurant. Je parviens à me relever quelques minutes plus tard. Je me rince la bouche et prend appuie sur la vasque en me regardant dans le miroir. Je serre les poings et continue de pleurer.

J'ai ruiné tous mes efforts et la carrière d'Eliott. Je nous ai mis dans la merde et je n'arriverais pas à nous en sortir. C'était déjà compliqué de trouver des sponsors mais avec tous ces torchons, c'est mission impossible.

Je décide donc d'appeler la seule personne en mesure de me réconforter aujourd'hui.

— Noa, ma chérie, ça va ?

— J'ai tout ruiné papa... c'est fini pour moi.

— Oh Noa, je suis sûr que ce n'est pas si grave que ça, tu trouves toujours des solutions.

Je pleure et sa voix se brise sur la phrase qu'il prononce après :

— Je suis désolé ma chérie, je peux t'aider à quelque-chose ?

— Je vais rentrer à la maison dès demain, le temps de dire au revoir à Max et de trouver un avion... et je prendrai une pause en réfléchissant à ce que je peux faire maintenant.

— Pâtes carbonara demain soir, ça te dit ?

Je ne peux m'empêcher de sourire légèrement. C'est le plat que cuisine mon père chaque fois que je vais mal depuis que nous sommes à Londres.

— Oui, c'est parfait, merci.

— Je t'embrasse, j'ai hâte de te voir, n'oublie pas que je t'aime.

Il raccroche et je m'effondre en pleur sur le sol de la salle de bain.


Maximax - 11h00

Noa, tu es où ? Tu vas bien ? La conférence commence bientôt.


Je ne réponds pas, incapable de le faire et j'entends toquer à ma porte.

Je ne bouge pas.


Maximax - 11h03

Noa, je n'aime pas ne pas avoir de tes nouvelles.

Je viens de croiser Eliott et il avait pleuré. Qu'est-ce qu'il se passe ?


Ça toque à nouveau, mais ma respiration s'accélère et je ne bouge toujours pas.


Milo - 11h05

La conférence commence dans vingt-cinq minutes et aucun de vous n'est là, vous êtes où ?


Ma poitrine se serre et j'en lâche mon téléphone à cause de la douleur, il glisse sous l'évier et il est trop loin pour que je le récupère sans bouger.

Il sonne signalant un appel et j'essaie au mieux de dire :

— Dis siri, décroche.

Ça fonctionne et j'entends la voix à l'autre bout du fil.

— Noa, pourquoi tu ne nous réponds pas, on s'inquiète avec Max.

J'essaie au mieux de donner une réponse mais la douleur dans ma cage thoracique s'accentue.

— Noa, tout va bien ?

— Je... j'ai... besoin d'aide, soufflé-je à bout de souffle, pliant en deux par la douleur. Je... fais... une crise... d'angoisse...

— Où es-tu ? questionne-t-il inquiet.

— Dans ma chambre... à l'hôtel...

— Ne bouge pas, j'arrive !

Il raccroche et j'essaie de me déplacer, sans succès. Je panique, je n'arrive pas à respirer.

Tout tourne en boucle dans ma tête et c'est insupportable.


**


— Noa ! entends-je à travers mes sanglots.

Il se précipite et ouvre la porte avant de s'agenouiller, inquiet, devant moi.

Il attrape mes mains tremblantes et les serre contre lui sans me lâcher des yeux.

— Respire Noa, ça aggrave les choses.

— Je... je n'y arrive... pas.

— Noa, je vois que quelque chose te tracasse et je veux t'aider. Mais si tu n'arrives pas à te calmer, on n'y arrivera pas. On a tous nos moments de doute et de stress. Si tu veux en parler, je suis là. Si tu veux juste de la compagnie, je peux rester avec toi. Si tu as besoin de te défouler, je suis toujours là. Tu n'es pas seule, Noa.

Mes larmes s'estompent le long de mes joues et j'essaie de caler ma respiration sur la sienne, ce qui prend bien cinq à dix minutes.

— Tu devrais partir Milo, tu as une conférence de presse et je ne veux pas te créer des problèmes.

— Je partirais quand tu iras bien.

Mon téléphone sonne et il l'attrape plus vite que moi. Il lit le message et le met sous mes yeux en détournant la tête.


Valérie Schwartzman - 11h25

J'espère que ce n'est pas à cause de toi que Milo est en retard, Noa.

Tu as bien fait de ne pas venir, tu n'as plus ta place ici.


— Milo, ce n'est rien.

— Elle n'a pas le droit de te parler sur ce ton, tu n'es pas sa fille.

Je le regarde et il se lève.

— Tu ne comptes pas abandonner ?

Je m'avance vers lui après m'être relevée et il ne bouge pas.

— Je n'abandonne pas, je me plie aux résultats de mes actes.

— Tu arrêtes quand ?

— Après ce week-end, je serai là pour le grand-prix, mens-je.

Il me serre contre lui et je me laisse faire, parce que j'en ai besoin.

— Tu ferais mieux d'y aller.

Il me relâche et part sans un mot.

Je compte bien disparaître de sa vie et le laisser devenir ce qu'il mérite d'être : champion du monde.

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