13.3 - Adieux et nouveaux départs - Milo

Vivre sans Max, c'est une chose que je ne pouvais pas prévoir.

Quand j'ai appris son décès, c'était comme si toute ma vie venait de s'arrêter.

Comme si je n'étais plus moi-même.

Je me suis sentie vide, je n'ai plus parlé à personne jusqu'à aujourd'hui que je dise bonjour et souhaite mes condoléances à sa famille et à Eliott.

J'ai complètement ignoré Noa, incapable de porter ma douleur et la sienne et ne voulant pas lui infliger ça en retour.

Chacun fait son deuil à sa manière paraît-il. Ma manière à moi, c'est le mutisme. Je ne veux pas m'effondrer, mais si je parle, ça risque d'arriver.

Alors, quand je monte sur cette estrade, une énorme boule se forme dans mon ventre et je réfléchis longuement à ce que je vais dire avant de me lâcher.

— Mesdames, Messieurs, chers amis et proches. Aujourd'hui, nous sommes rassemblés pour rendre hommage à un homme exceptionnel, un compétiteur passionné, et surtout, un ami cher. Max Hunter, dont la vie a été interrompue de manière tragique, était bien plus qu'un pilote de Formule 1 émérite. Il était une force de la nature, un véritable phénomène qui a laissé une empreinte indélébile sur nos cœurs. Max et moi avons partagé une amitié qui a transcendé les pistes de course. Depuis nos débuts dans le monde exigeant de la Formule 1, nous sommes devenus bien plus que des coéquipiers, nous sommes devenus des frères de vitesse. Max était mon rival sur la piste, mais en dehors, il était mon confident, mon complice, mon meilleur ami. Nos duels sur le bitume étaient légendaires, mais ils étaient toujours teintés de respect et d'admiration mutuels. Max représentait pour moi le défi constant, la motivation qui poussait chacun de nous à atteindre de nouveaux sommets. Sa passion pour la course, sa détermination inébranlable étaient des sources d'inspiration pour nous tous.

Je lève les yeux au ciel pour ravaler mes larmes.

J'espère encore que l'on m'annonce que c'est une énorme blague, qu'il va bien et qu'il arrive.

— La nouvelle de sa disparition a laissé un vide douloureux dans nos vies. Au lendemain de l'accident, quand j'ai appris la nouvelle déchirante de ma paralysie temporaire, j'ai ressenti le besoin instinctif de m'isoler, de me retirer du monde. La douleur physique n'était rien comparée à l'abîme émotionnel dans lequel je me débattais. C'était comme si une partie de moi avait été arrachée, et je me sentais perdu dans un labyrinthe d'incertitudes. Les jours semblaient s'étirer à l'infini, et je me suis retrouvé dans une bataille intérieure, me demandant comment je pouvais continuer lorsque chaque mouvement était devenu un défi. C'est à ce moment-là que Max est apparu, un pilier de force dans la tempête de ma détresse. Il n'a pas fui, il n'a pas hésité à rester à mes côtés, même lorsque je tentais de le repousser. Max a été le roc sur lequel je pouvais m'appuyer quand tout semblait s'effondrer. Il m'a montré que l'amitié véritable transcende les obstacles physiques, que notre lien ne dépendait pas de ma capacité à marcher, mais de notre connexion en tant qu'êtres humains. Sa présence constante, ses encouragements sans relâche, ont été comme une bouée de sauvetage dans les eaux tumultueuses de ma douleur. Max ne s'est pas contenté d'être mon ami, il est devenu mon allié dans cette bataille pour la guérison, un compagnon de route inébranlable.

Ça y est je pleure, je ne peux m'en empêcher. C'est la première fois depuis l'annonce de cette terrible nouvelle que je me permets de paraître faible aux yeux des autres.

— Aujourd'hui, je suis ici en fauteuil roulant, mais je ne suis pas seul. Max, même dans sa disparition, continue d'inspirer ma résilience. Son esprit survit dans chaque tour de roue, dans chaque virage de ma vie qui s'est redéfinie. Merci, Max, pour m'avoir montré que l'amitié authentique ne craint pas les défis, elle les surmonte. Sa gentillesse, son esprit compétitif et sa loyauté envers ses proches resteront gravés dans nos mémoires. Aujourd'hui, nous ne disons pas adieu à Max, mais plutôt au champion qu'il a été, au compagnon de route qui a marqué nos vies de manière indélébile. Puissions-nous nous souvenir de lui avec la même énergie positive qu'il apportait à chaque course.

Je regarde le cercueil, puis ses parents, puis Eliott et finit par Noa avant de conclure mon discours...

— Max, que tes moteurs continuent à vrombir dans l'éternité. Repose en paix, mon frère de vitesse. Merci à tous pour votre présence et pour honorer la mémoire de Max Hunter.


**


Je jette ma fleur dans le trou où se trouve sa tombe en murmurant :

— Je ne t'oublierais jamais, Max. Je te le promets. Et je me fais une promesse, je veillerais du mieux que je peux sur Eliott, je veillerais à ce qu'il aille bien. Et je vais laisser Noa se construire une vie beaucoup plus stable que ce que je peux lui offrir, pour qu'elle aille bien et que tu ne te fasses pas de soucis pour elle.

Je me recule et m'en vais vers mes amis, ma sœur et la seule famille qui reste à mes yeux.

— Noa, on peut parler ? questionné-je discrètement en arrivant à ses côtés.

Ses yeux sont rouges et bouffis comme ceux de la plupart des personnes présentes aujourd'hui.

Elle se met derrière moi et pousse mon fauteuil vers un arbre avec un banc.

— Ton discours était magnifique, déclare-t-elle après un long silence.

— Merci beaucoup, le tien était très bien aussi.

On ne dit rien, on regarde face à nous, comme deux inconnus.

— Alors, commence-t-elle, tu...

— Je... je pense que c'est mieux pour nous deux si... Nos chemins se séparent.

Elle étouffe un sanglot.

— Je suis d'accord. Tu me manquais beaucoup Milo, mais la manière dont tu m'as repoussé à chaque fois que je revenais vers toi, ça me détruisait... Tu as besoin de te reconstruire surtout après tous les récents évènements et il en est de même pour moi. Si besoin, tu pourras toujours compter sur moi.

— Tu as eu les mots que je n'ai pas eu, lui dis-je. Tu pourras aussi compter sur moi, Noa.

Elle se tourne vers moi et j'ouvre mes bras pour qu'elle s'y réfugie une dernière fois.

Eliott s'approche de nous alors que Noa se réinstalle sur le banc et il s'assied dans l'herbe face à nous deux.

— Alors, vous deux ? demande-t-il timidement.

— On est séparés, me devance Noa. Ça devenait compliqué pour nous et il vaut mieux se quitter maintenant que se détruire mutuellement. Et toi, ça va comment ?

— C'est horrible... Heureusement que Mandy et Thimothé sont là pour moi et que je les aide du mieux que je peux, mais c'est vraiment compliqué pour tout le monde. On n'était pas préparé à un tel évènement.

Il marque une pause en nous regardant tous les deux.

— C'est pour ça que nous quittons Londres, reprend-il, nous nous installons dans le sud de la France, dans une petite maison de campagne vers Salon de Provence. Au calme et loin de cette vie-là. On a besoin de changement.

— Tu as raison, en plus, c'est un joli coin, lui explique Noa. Vous serez vraiment bien pour vous remettre de tout ça et commencer une "nouvelle vie" en créant des nouvelles marques et en vous habituant à son absence. Pour ma part, je vais très vite rentrer à Boston et me remettre au travail. Je reviendrai voir mes parents à Londres à chaque fois que l'occasion se présentera et je descendrai vous voir aussi.

— Tes parents sont à nouveau ensemble ? je prends le risque de demander.

— Non, mais ça ne devrait tarder. Elle a fait des erreurs qu'elle regrette chaque jour et ils sont fous amoureux l'un de l'autre. Comme on dit : "Qui doit se retrouver, se retrouvera." Et toi, Milo, tu vas rester à Londres ou te faire transférer ?

— Je reste à Londres. Ana et Juan habitent là-bas et comme ils attendent un heureux évènement, je ne me vois pas partir et faire des trajets pour les voir. Quand je sortirais de tout ça, je prendrais un appartement là-bas et je serais proche de ma famille et de mon travail, je l'espère.

On parle encore quelques minutes pour essayer de ce sortir de la tête qu'on vient d'enterrer la personne la plus importante pour nous il y a moins d'une heure.

Puis, on se sépare en se souhaitant le meilleur, pour Noa et moi et à bientôt, pour Eliott et moi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top