12.2 - France 2022 - Milo
Je n'en peux plus, j'ai l'impression de ne plus servir à rien ici...
J'aimerais dire que je tourne en rond toute la journée, mais je ne bouge même pas, c'est horrible.
Je suis une larve qui ne deviendra jamais un papillon... mauvaise métaphore puisque j'étais un beau papillon qui a fini sur un pare-brise.
Disons que je suis une escargot qui a perdu sa coquille.
— Monsieur Richard.
— Quelle bonne nouvelle venez-vous m'annoncer aujourd'hui ?
— Avez-vous essayé de bouger vos jambes ?
Quel incompétent... j'essaye en continue.
J'essaie de faire le moindre mouvement, de voir le moindre poil bouger, mais rien, rien du tout, le néant.
— Comme d'habitude et rien ne change.
— Soyez patient...
— Ça commence à faire deux semaines et ma patience à des limites.
— Je peux vous aider à le mettre dans un fauteuil pour que je l'emmène faire un tour ?
Je regarde la porte et vois ma sœur, sourire aux lèvres, s'avancer vers moi.
— Ça te dirait, Milo ? Tu prendras l'air, la chaleur et on pourra discuter comme au bon vieux temps !
Je ne peux rien refuser à ma sœur. D'autant plus qu'elle est ici un week-end de course, ce qui veut dire qu'elle a refusé d'accompagner son mec pour moi.
— D'accord, mais refusez tout autres visites, aujourd'hui, je passe la journée avec ma sœur.
Le médecin me porte et m'installe correctement avant de nous laisser, ma sœur et moi, descendre jusqu'au parc de l'hôpital.
— Tu n'es pas en France ?
— Si, si, c'est juste un hologramme, les technologies sont vachement perfectionnées de nos jours.
Je rigole naturellement face à sa simple blague.
— J'ai réussi à te faire rire, c'est un bon début.
Elle s'assoit sur un banc après avoir installé mon fauteuil à ses côtés.
Elle fouille dans son sac avant d'en sortir une petite boîte avec un nœud dessus.
— Tu m'as fait un cadeau ? demandé-je étonné.
— Appelle ça comme tu veux, mais ouvre !
Je prends la boite, défait lentement le nœud de peur de le déchirer et l'ouvre.
Je ne comprend pas bien au début, mais quand je prends la peine de regarder les écritures sur le morceau de tissus, tout s'éclaire.
"Je ne te connais pas encore, tonton, mais je sais que tu es fort."
Sous l'émotion, je prends le temps de sortir le tissu qui se trouve être un body de bébé.
— Tu vas être maman ?
— Oui et tu vas être tonton.
Sous le choc, je ne dis rien.
— Tu n'es pas emballé par l'idée, je me trompe ?
— Oui, tu te trompes, je suis juste trop touché par ce qui arrive pour donner une réponse cohérente mais, je suis content pour Juan et toi, si c'est votre décision.
— On s'aime énormément, je te mentirais si je te disais que c'était dans nos plans... mais, quand on a su, on a été incapable de dire autre chose que : "On le garde". On est prêt à accueillir cet enfant et on compte aussi sur vous pour nous épauler s'il y a besoin. Et on compte sur toi pour être un oncle et un parrain formidable pour cet enfant.
Je ne cesse de regarder ce body dans lequel se trouvera, dans quelques mois, un enfant... mon neveu ou ma nièce...
— Les parents sont au courant ? je ne peux m'empêcher de demander.
— Non. Ils ne font plus partie de notre vie Milo et il faut l'accepter, ils ne veulent plus de nous, ils ont pris la décision de voyager aux quatre coins du monde et ne prennent jamais de nos nouvelles. Si un jour j'ai l'envie de leur dire, je leur dirais, autrement, je ne m'y obligerrais pas.
**
Milo - 13h30
Alors, prêt pour ce départ dans trente minutes ?
Même si j'ai arrêté de regarder les grands prix parce que ça me faisait bien trop mal au cœur, je n'ai pas arrêté de soutenir mon meilleur ami dans ce championnat.
Et aujourd'hui, dimanche vingt-quatre juillet, jour de mon grand prix national, ne déroge pas à la règle.
Maxou - 13h31
La voiture n'a pas très bien roulé Vendredi et ça a été une catastrophe hier en qualification...
Ils ont fait quelques modifications réglementaires dessus entre temps, il ne devrait y avoir aucun problème pour que je décroche la première place !
Cet esprit positif m'étonnera toujours autant.
Il a beau avoir les pires emmerdes, il dira que tout va bien et qu'il va s'en sortir.
Comme il m'a souvent dit : "Chaque problème a une solution."
Milo - 13h33
Je te le souhaite Max, tu mérites de soulever cette coupe.
Tu as tellement progressé depuis l'année dernière !
Maxou - 13h34
Tu méritais de la soulever Milo...
Aucun pilote n'est aussi talentueux que toi sur la grille cette année.
Tu as fait preuve d'une régularité incroyable jusqu'à ton accident.
Alors dans mon cœur et celui des gens, tu resteras le grand gagnant, peu importe ce qu'il se passe par la suite.
Je te laisse, je vais jouer avec mon coach ;)
Ces quelques mots me touchent profondément.
Depuis que je suis ici, j'ai énormément perdu confiance en moi et c'est vrai que de lire ça, ça réchauffe le cœur et ça me laisse un infime espoir de pouvoir retrouver une place une fois guéris de tout ça.
Milo - 13h36
Merci pour ces mots.
Je t'aime Max, tu es le meilleur ami que tout le monde souhaite avoir !
J'attends ton message de fin de course !
Il like mon message et je pars dans la lecture de mon roman actuel.
Une histoire d'amour que m'a recommandé Noa la dernière fois que je l'ai eu au téléphone.
Ça parle de deux jeunes qui ne s'aiment pas vraiment, se détestent même, mais qui doivent vivre ensemble pour leurs études avec leurs amis dans une grande maison. Ils sont dans un cursus spécialisé dans le sport automobile et pour l'instant, j'accroche bien à l'histoire. Ce n'est pas prise de tête et c'est ça qu'il me faut.
En parlant de Noa, je devrais la rappeler, mais ça me fait tellement de peine de lui parler tout en sachant qu'elle est loin de moi et que je ne peux rien y faire. Et je sais que je lui brise le cœur en agissant comme un connard... Il faudra que je lui parle la semaine prochaine, on ne peut pas continuer comme ça, j'ai tout tenté, mais je ne peux pas la faire souffrir comme ça. Ça ne me ressemblerait pas.
**
Un peu plus tard dans l'après-midi, je reçois un appel et décroche en refermant mon livre.
— Allô ?
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