1.2 - Bahreïn 2022 - Milo
Ses paroles nonchalantes m'avaient manqué.
Noa Deflandre est certainement une des meilleures journalistes de sa génération, elle est investie dans son sujet et ne se laisse pas démonter face à nous, peu importe nos caractères.
Depuis deux ans qu'elle est ici sur les paddocks avec nous, je ne l'ai pas vue une seule fois me sourire franchement et j'ignore pourquoi. On s'est déjà croisé à plusieurs occasions, mais il n'y a jamais rien eu qui expliquerait cette attitude enfin, du moins, depuis la Formule 1.
— On se reverra bien plus vite que tu ne le penses Noa ! lancé-je en me dirigeant vers d'autres journalistes pour accomplir mon devoir.
Il est vrai que nous nous reverrons bien vite et pour cause, il y a une soirée ce soir et je sais qu'elle y sera, elle y est chaque année. Cette soirée marque le début de la saison, il n'y a pas de caméras, les journalistes présents profitent de la soirée entre eux ou avec nous pour parler de bien d'autres sujets, il y a aussi nos sponsors et les dirigeants de la FIA.
Elle est plutôt proche de Max Hunter, mon meilleur ami. Je le sais, parce qu'il me l'a dit. Ils s'envoient régulièrement de leurs nouvelles et ça se voit qu'il tient à elle. De ce que je sais, ils se connaissent depuis que sa famille et elle ont déménagé à Londres et leur deux père se seraient rencontrés au travail puis devenu amis, ce qui a conduit les deux à se rencontrer.
Il refuse de m'en dire plus pour des raisons que j'ignore, mais je pense qu'il sait quelque-chose que l'on ne doit pas savoir parce qu'habituellement ce mec est une véritable pipelette.
En parlant de lui, le voilà qui rapplique dans mon dos pour couper ma dernière interview.
— Alors, comment ça va en cette belle journée, déclare-t-il en passant son bras autour de mes épaules.
On part donc vers les box de nos écuries sous le soleil de Bahreïn après avoir remercié le dernier journaliste.
— Deflandre était de très bonne humeur ce matin, c'était génial de lui parler.
— Laisse Noa tranquille, ça commence à faire un moment, tu devrais comprendre qu'elle ne t'aime pas.
— Ouais... mais, je ne peux m'empêcher de demander des piques de sa part et sa nonchalance envers moi.
Il entre dans son box et se tourne vers moi pour me dire :
— Tu as beau être un très bon ami Richard, si tu oses lui faire du mal, je te défonce la gueule sur le bitume. Clair ?
— Je ne mettrais pas une main sur ta protégée, promis... à moins qu'elle me le demande.
Il me montre son majeur et je rigole en rejoignant madame Schwartzman, elle se déplace souvent sur la première course pour surveiller que tout se passe bien et que le team principal n'ait pas besoin d'aide.
— Comment se sont passées les interviews Milo ?
— Très bien, vous savez si Juan est dans le coin ? questionné-je en regardant autour de moi à la recherche de mon coéquipier.
Elle désigne la cabine où se réunissent les journalistes, après la séance, à l'étage.
— Avec sa petite-amie certainement, il avait l'air plutôt pressé de monter.
Sa petite amie... il n'en a pas. Mais j'acquiesce et me change avant de le rejoindre.
Quand j'arrive à l'étage, je le repère immédiatement près de la fenêtre avec Ana.
Ana, ma soeur, sa petite-amie, le monde irait mal. Il n'y a pas plus différent que les deux en matière d'amour et de vie en général.
Ana est une avocate en or et lui un pilote exceptionnel. Elle vit toute l'année sur Angers et il voyage aux quatre coins du monde. Elle aime la stabilité et sa petite routine, il a horreur de tout ça.
Quand elle me voit au loin, elle me fait de grands signes en souriant.
— Mais regardez qui voilà ? Mon grand-frère, cet imbécile qui ne me donne presque pas de ses nouvelles en ce moment !
Je rigole et la prends dans mes bras.
— On s'est vu au nouvel an, c'était il n'y a pas si longtemps.
Elle fronce les sourcils et se tourne vers Juan.
— Tu pourrais dire à ton pote qu'entre le mois de Janvier et de Mars, il y a deux mois ?
Juan, ce traître, rigole aux paroles de ma sœur.
On parle tous anglais ici, rare sont les fois où j'utilise ma langue natale. Avec Noa, parce qu'au moins, nous ne sommes que deux à savoir ce que l'on se dit et avec ma sœur quand nous sommes que tous les deux, sinon, l'anglais prime sur le français.
— Qu'est-ce qui t'emmène ici ? Je ne savais pas que tu venais ce week-end.
— Le tribunal a repoussé l'audience d'une semaine donc, ta chère madame Schwartzman m'a invité pour te faire plaisir.
Je parle encore plusieurs minutes avec ma sœur et mon coéquipier puis m'éclipse pour retourner à mes affaires personnelles.
Je sors de la salle, le nez sur mon téléphone et quelqu'un entre dans mon torse.
— Je savais que l'on se reverrait plus tôt que prévu Deflandre, lâché-je alors qu'elle s'éloigne de moi.
— Tu veux pas aller faire mumuse ailleurs ?
Je m'approche d'un pas en souriant.
— Alors comme ça, on ne se vouvoie plus ?
— Je sais faire entre le professionnel et le personnel. Pour mon métier je te vouvoie, pour te maudir, je te tutoie.
— Quelle charmante attention de ta part !
Elle essaie de passer, mais je l'en empêche en mettant mon bras entre elle et le mur.
— On s'est assez vu pour aujourd'hui je crois Richard.
— J'espère vraiment qu'un jour Noa, tu t'apercevras que je ne suis pas la personne que tu penses que je suis.
Elle me regarde droit dans les yeux et rigole.
— Alors tu n'es pas un connard égocentrique pété de thunes ? Ravie de l'apprendre.
Je recule d'un pas.
— C'est vraiment ce que tu penses de moi ?
Un sourire narquois apparaît sur son visage.
— Non, mais au moins, je peux passer maintenant.
Elle pose sa main sur mon épaule et entre dans la salle dont je viens de sortir.
Cette fille aura ma peau.
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