XXXI - Drunk In Love.

Zak

Dix jours. Ça fait dix jours que j'ai entendu la conversation entre Julius et Amaya. J'ai ignoré la petite brune durant tout ce temps. Je ne l'ai pas croisée à l'université et elle n'est pas venue en travaux d'intérêt général. Pourtant, je l'ai couverte auprès du doyen. Levi m'a juste demandé des détails sur ce que j'ai entendu exactement, mais je lui ai dit que je n'avais pas envie d'en parler. Le blond a vu que je ne me sentais pas vraiment bien et m'a donc proposé d'aller au Cherry'Pop ce soir avec Haze et Ivy. Je ne suis pas allé au club depuis des semaines. Mais je pense que sortir et me changer les idées me fera du bien. J'ai donc accepté la proposition de mon meilleur ami.

Le soir arrivé, j'enfile un jean noir ainsi qu'un polo de la même couleur. Je prends ma veste et dévale les escaliers. Ma cheville est complètement rétablie et je n'ai plus aucune trace de l'accident sur mon corps. C'était il y a déjà un mois. Le temps passe tellement vite.

Lorsque je passe la porte de mon immeuble, le froid vient caresser mon visage et un sourire étire mes lèvres. Je prends une grande inspiration et, lorsque j'expire, un nuage blanc et un amas de gouttelettes se forment. J'enfonce mes mains dans les poches de ma veste et marche en direction de ma voiture. Je m'installe du côté conducteur et allume le moteur, laissant le temps à mon véhicule de se réchauffer. J'en profite pour sortir mon paquet de cigarettes et en placer une entre mes lèvres, je ne l'allume pas pour autant. Elle reste simplement placée entre mes lèvres. J'enclenche la première vitesse et sors du parking, retrouvant les routes de Chicago.

Mes pensées divaguent sur tous types de sujet, mais finissent par — bien évidemment — revenir à Amaya. Je ne comprends pas pourquoi est-ce qu'elle m'a fait ça... Même après avoir appris à me connaître, elle à continuer dans son jeu. Je n'arrive pas à y croire. Une partie de moi me dit que tout ce que l'on a vécu était faux, mais au fond de moi, j'espère que c'est vrai. Comment peut-on faire semblant à ce point ? Ce lien que nous avions, il avait l'air tellement réel.

Peut-être qu'il l'était?

Non. S'il l'avait été, elle aurait été sincère avec moi quand elle a appris à me connaître. Encore plus après que je me sois confiée à elle sur mon passé.

J'essaye de taire mes pensées, de ne plus me remémorer tous nos moments. Mais vouloir oublier, c'est y penser constamment...

Un long soupir m'échappe et, lorsque j'arrive au club, le parking est bondé. Sans gêne, je me gare sur une place réservée au personnel. J'envoie un message à Levi et Haze qui me disent qu'ils sont déjà à l'intérieur. Il est presque une heure du matin et je traîne des pieds en sortant de ma voiture. Je n'ai qu'une seule envie c'est dormir. Mais je sais que la socialisation va me faire du bien, alors que je prends sur moi et passe les portes du Cherry'Pop.

Je me dépêche de retrouver mes amis et les repères à une table avec Ivy. Je prends ma sœur dans une accolade tandis que je tape dans la main des garçons avant de prendre place à côté de Haze. Ce dernier me sourit et passe un bras autour de mes épaules.

— Comment tu vas ? Ça fait un bail qu'on ne s'est pas vu !

Je souris et hoche la tête. C'est vrai que ça fait un moment. Je lui dis que tout va bien et il me propose un verre. Je m'en empare sans même demander ce qu'il contient et le bois d'une traite. Le liquide me brûle la gorge et une grimace me prend, faisant rire ma sœur et mon meilleur ami.

On enchaîne les verres sans même nous arrêter. Je ne sais même plus quelle heure il est ou bien comment je m'appelle. La musique résonne dans tout le club et tambourine dans ma tête. Je ne pourrais même pas dire de laquelle il s'agit. La seule chose que je sais, c'est que j'ai besoin de me défouler. Je prends Haze par le bras et l'entraîne sur la piste de danse. Les gens autour de nous dansent dans tous les sens, le jeu de lumière me donne le tournis, pourtant je ne retourne pas à la table. Je tourne sur moi-même, admirant les mouvements, les lumières, la musique. Tout paraît tellement plus grand, tellement plus bruyant. Les cris des gens autour de moi ne font aucun effet. Ils me bousculent, chantent et dansent tout en me collant à moi, mais je ne bouge pas. Haze me crie quelque chose, mais je ne comprends rien. La seule chose que je fais c'est rire et hocher la tête. Qu'est-ce qu'il se passe, merde ? J'en ai aucune idée, mais, pour le moment j'en ai absolument rien à foutre. Le brun se met à sauter dans tous les sens et je ne fais rien à part l'admirer en riant. Il me fixe et se met à rire aussi à gorge déployée.

Ma bouche est pâteuse et ma gorge est sèche, il faut que je boive quelque chose. Je signale rapidement à mon ami que je vais au bar pour me prendre à boire et il me montre son pouce, me signalant qu'il avait bien compris.

J'essaie de me faufiler du mieux que je peux entre les corps des gens. Ils ont tous transpirant, tout autant que moi. Mon polo est collé à mon torse et de grosses gouttes de transpiration perlent mon visage.

Putain, il fait vachement chaud pour un mois de décembre. Putain de réchauffement climatique!

Quand je trouve enfin le bar, je m'assois sur un des tabourets en cuir noir. Mes bras viennent se croiser sur le bar en vieux bois et je pose ma tête dessus. Je ferme les yeux, juste quelques instants, mais on vient vite me déranger dans mon moment calme. Je relève la tête et fait face à Margot. J'affiche instantanément un sourire béat et me redresse.

— Margot ! Ma blonde préférée.

Elle croise les bras et me regarde d'un air accusateur.

— T'es complètement bourré ! Combien de verres est-ce que t'as bus ?

Je hausse les épaules et rits. J'en ai aucune putain d'idée.

— Tu peux me servir un truc bien fort ? demandé-je en fermant les yeux et en pointant du doigt une bouteille.

— T'es au bord du coma éthylique. Je ne vais rien te servir à part de l'eau.

Je grogne de mécontentement et fronce les sourcils.

— T'es trop nulle comme barmaid ! C'est ton travail de servir à boire aux gens.

Elle m'ignore et s'en va, me faisant grogner encore une fois.

— Foutu blondasse, marmonné-je dans un soupir.

Je me retourne et observe la piste de danse. J'ai l'impression de voir Amaya partout. Chaque brune, chaque fille avec son style vestimentaire me rappelle ma petite brune.

Ne dis pas «ma». Elle n'a jamais été tienne et ne le sera jamais.

Cette pensée me fait monter les larmes aux yeux et mon état ne m'aide pas du tout...

Il faut que je sorte d'ici.

Je repère au loin la sortie et m'empresse de la rejoindre. Sans m'en rendre compte, les larmes dévalent sur mes joues. Lorsque je pousse la porte de sortie, l'air glacial vient me fouetter le visage, me mettant comme une claque. La musique semble à ce moment lointaine. Mes cheveux se lèvent au gré du vent et je marche en m'appuyant au mur, m'éloignant des gens qui fument à côté de la porte.

Une fois assez loin et assez seul, je me laisse tomber au pied du mur. Je remonte mes genoux au niveau de mon torse et mes mains viennent agripper mes cheveux tandis que les larmes coulent à flots sur mes joues. J'essaie du mieux que je peux de me contenir, mais un sanglot m'échappe. Tout va mal, tout s'accumule, c'en est trop.

La situation avec Sarah et ma mère, mon père, Amaya... C'était la goutte de trop. Mon cœur se compresse et je n'ai qu'une seule envie, c'est de fermer les yeux pour ne jamais les rouvrir. Je suis tellement fatigué. Je veux juste me reposer, oublier tous mes problèmes et toutes mes douleurs le temps d'un instant. Je veux juste avoir le cœur léger. La seule chose que je veux c'est oublier toutes mes peines, ne plus rien ressentir.

Je savais que je n'aurais pas dû ouvrir mon cœur à qui que ce soit. On finit toujours par être déçu... Mais cette fois, j'y ai vraiment cru. Je pensais vraiment qu'Amaya était différente. Je lui ai fait confiance. Je l'ai laissé voir toutes mes cicatrices intérieures, les plus profondes. Tout ça pour qu'elle en crée une bien plus profonde.

Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer et respirer devient tellement compliqué. Ma main droite vient agripper mon t-shirt, essayant d'apaiser la peine que je ressens au fond de mon cœur. Cette douleur qui devient physique...

Je suis tellement enfermé dans ma bulle que je ne remarque même pas la personne à côté de moi jusqu'à ce qu'elle pose une main sur mon épaule. Lorsque je tourne la tête, je croise le regard de Haze. Ma vision est légèrement brouillée à cause des larmes, mais je remarque son regard très inquiet. Il me parle, mais mes oreilles bourdonnent. Aucun son ne monte à mon cerveau, c'est comme si j'avais la tête enfoncée dans une ruche.

Quand il comprend enfin que je suis en train d'avoir une crise de panique, il prend mon visage entre ses mains et me secoue légèrement, essayant de me faire revenir à moi-même. Je le vois chercher quelque chose du regard et s'emparer d'une bouteille d'eau. Avant même que je ne puisse réagir, il l'ouvre et me déverse son contenu au visage.

Je prends une grande inspiration et reviens enfin à moi.

— Désolé, j'ai paniqué, avoue-t-il.

D'une main tremblante, je m'essuie le visage avant de reprendre ma respiration.

— Merci...

Il hoche la tête et s'adosse à mes côtés.

— Tu veux en parler ? tente-t-il.

Je tourne la tête et plante mes yeux bleus dans son regard noisette.

— J'ai appris qu'Amaya se foutait de ma gueule depuis le début.

Haze fronce les sourcils et me demande de développer. Dans un long soupir, je viens lui expliquer en détail.

— Il y a une dizaine de jours, je l'ai surprise en train de parler avec Julius à l'université. Je n'ai pas pu m'empêcher de les écouter. Ça me paraissait tellement bizarre de les voir discuter ensemble...

Le brun me fait signe de continuer alors je m'exécute.

— Bref, j'ai appris par le biais de cette conversation que c'était elle derrière le blog et que Josh était en fait son frère... Elle était venue à Chicago dans l'espoir de venger son grand frère.

Je lance un regard à mon ami avant de secouer la tête, dépité.

— Tu te rends compte ? Elle pensait que j'étais derrière la mort de Josh...

Haze passe un bras autour de mes épaules et me réconforte du mieux qu'il le peut.

— De toute façon je savais que c'était une connasse, ajoute-t-il.

Dans un rire, je viens lui frapper le torse.

— Trop tôt ?

— Trop tôt, confirmé-je.

***

Quand j'ouvre les yeux, un mal de tête horrible me prend. Pourquoi est-ce que j'ai autant bu hier soir... Je tends le bras et m'empare de mon téléphone. Il est treize heures trente-cinq. Dans un grognement, je sors de mon lit. Je suis seulement vêtu de mon caleçon, j'enfile donc un short avant d'aller dans le salon. À ma surprise, Ivy et Levi dorment dans les bras l'un de l'autre dans mon canapé. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé hier ? Pourquoi est-ce qu'ils dorment ensemble ? Pourquoi est-ce qu'ils sont chez moi ?

Je soupire et les ignore avant de me diriger dans la cuisine. Je mange un bout afin de pouvoir prendre des médicaments pour apaiser la migraine que j'ai. Après ça, je file me doucher et sortir prendre l'air.

Lorsque j'arrive en bas de chez moi, je me mets à marcher sans but précis. J'ai juste envie de me changer les idées. La soirée d'hier était censée me les changer, mais c'est tout le contraire, je n'ai pensé qu'à ça... Pourquoi est-ce l'on pense constamment aux personnes qui nous ont le plus blessés ? Pourquoi est-ce que malgré ce que j'ai appris, je n'arrive pas à la détester ? Mon cœur crie son nom, il me supplie de retourner la voir. Mais en même temps, il me supplie de ne plus jamais lui adresser la parole. Je ne sais plus quoi faire, quoi dire, quoi penser. Ces dix derniers jours ont été les pires. Je me suis senti tellement seul. Pourtant, j'avais Levi et Ivy à mes côtés.

C'est parce que tu veux qu'Amaya soit là...

Je porte une cigarette à mes lèvres et l'allume, laissant la fumée consumer mon corps. J'ai beau me demander encore et encore comment est-ce qu'elle a pu me faire ça, mais j'en ai aucune idée... Ne s'est-elle pas renseignée avant de venir me parler ? Avant de venir à Chicago ?

Tu te fais mal à la tête, arrêtes de penser à elle.

C'est vrai. Il faut que je pense à moi et moi seulement. J'ai enfin Ivy à mes côtés, Levi me soutient plus que quiconque et Haze est toujours là pour me remonter le moral. Il faut que je me concentre sur les choses plus importantes.

Comme Sarah et maman?

Je rejette cette pensée. Je ne veux pas y penser. Non, comme les examens qui approchent. Mon premier partiel est dans moins de deux semaines et j'ai à peine commencé à réviser... Pourquoi est-ce que ce genre de choses arrive toujours aux pires moments ?

Sur cette pensée, je décide de rebrousser chemin et de rentrer à l'appartement. Je presse le pas, il fait tellement froid et je ne me suis pas bien couvert. J'espère que ma sœur et mon meilleur ami ont eu le temps de se réveiller.

En effet, quand je pousse la porte de chez moi, je les trouve en train de s'embrasser dans la cuisine. Je crois que je vais vomir.

— Ew ! Pas chez moi, s'il vous plaît...

Les deux se séparent à une vitesse incroyable, faisant mine d'être occupée à faire autre chose.

— Je vous ai vu, c'est trop tard pour faire semblant.

Levi rit nerveusement et se gratte l'arrière de la tête tandis qu'Ivy me sourit d'un air gêné. Ils leur arrivent quoi? Ils ne pensaient quand même pas que ça allait me poser problème, si?

— Les gars, je m'en fous complètement que vous soyez en couple ou bien que vous baisiez ensemble. Juste, ne me mettez pas dans vos problèmes.

Je prononce ces mots en ouvrant le frigo et me servant à boire.

Les deux ont l'air surpris. Je hausse les épaules en portant la bouteille d'eau à mes lèvres.

— Ça ne te dérange pas ? demande Levi, incrédule.

— Bah non. Vous êtes grands, démerdez-vous.

Ivy lance un regard confus au blond.

— Tu t'en fiches que je ne te l'ai pas dit avant ?

— Non, vous appreniez à vous connaître, j'imagine. Mais bon, c'est vrai que tu aurais pu au moins m'en parler, Levi...

Je lance un regard accusateur à mon ami qui se mord la lèvre nerveusement.

— Je vous demande qu'une seule chose. Ne me demandez jamais de choisir entre l'un de vous.

Ils hochent tous les deux la tête et je leur souris.

— Bon, et du coup ça fait combien de temps que ça dure ?

— Mhm, quelques semaines je dirais...

— Et vous vous entendez bien ?

— Très.

Je ris et secoue la tête.

— Ok, je veux pas les détails. Merci.

Ma sœur rit et je m'assois sur mon canapé et les deux font de même.

— Sinon, repris-je, tu fais quoi pour Noël, Ivy ?

Elle hausse les épaules et me dit qu'elle n'a rien de prévu.

— Pourquoi est-ce que tu ne reviendrais pas à Columbus avec nous ? proposé-je

Je la vois hésiter. Je comprends, elle n'a pas remis les pieds dans cette ville depuis des années. Levi lui prend la main d'une manière rassurante.

— On sera là, okay ? Tu ne te seras jamais seule.

Voir mon meilleur ami rassurer ma grande sœur me donne du baume au cœur. Je n'aurais jamais cru les voir ensemble un jour, mais je sais qu'aucun d'eux n'est mauvais. Ils vont bien ensemble. J'espère que ça va durer.

Ivy finit par accepter. Je suis tellement heureux. Nous allons enfin pouvoir tous nous retrouver et avoir une vraie discussion. Au fond de moi, j'espère du plus profond de mon cœur que nous allons régler tous nos différends et enfin vivre heureux, sans mon père. Juste ma mère, mes sœurs et moi.

Et Levi.

Je souris à cette pensée parce que oui, Levi fait partie de la famille. J'aurais aimé qu'une autre personne en fasse aussi partie, mais elle en a décidé autrement.

___

On approche de la fin... 💔

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