XXVI- Cherry Guy.

Amaya

Zak a l'air contrarié. Je l'ai vu essuyer discrètement ses larmes du revers de la main. Je ne sais pas ce qui le contrarie, mais je n'aime pas le voir dans cet état-là. Je me tourne vers Levi pour soutirer des informations, mais les voitures démarrent à toute vitesse. J'en ai presque raté le départ. Zak prend de l'avance, mais il se fait vite rattraper par une voiture rouge. Mes yeux restent fixés sur la MK4 qui prend de plus en plus de vitesse. Bien trop de vitesse.

J'entends Levi chuchoter quelque chose. Je n'arrive pas à quitter sa voiture des yeux. Il va beaucoup trop vite, le virage approche. S'il ne ralentit pas...Je retiens ma respiration et enfonce mes ongles dans la paume de mes mains.

Ralentis Zak, merde!

La musique résonne dans ma tête tandis que mon cœur tambourine dans ma cage thoracique. À quoi il joue ?

Le virage n'est plus qu'à une dizaine de mètres et il se met enfin à ralentir, mais c'est trop tard. Il s'accroche à une voiture et braque violemment son volant. Toutes les voitures derrière lui s'arrêtent avec urgence, tandis que lui et la Silvia S15 essaie de reprendre le contrôle. L'adversaire de Zak arrive tant bien que mal à s'arrêter, tandis que Zak donne un coup de volant qui fait décoller les roues du sol avant de s'écraser sur le sol dans un fracas énorme. Le public tressaille tandis que Levi n'attend pas une seconde de plus avant de courir dans la direction de Zak. Sans hésitation, je le suis et cours derrière lui.

J'ai du mal à respirer et ma vision se brouille, mais j'essaie de me concentrer sur Zak. Les autres coureurs sont tous sortis de leurs véhicules pour aller porter de l'aide à Zak. Je cours le plus vite possible et arrive enfin sur le lieu de l'accident. J'essaie de m'atteindre la voiture pour le sortir d'ici, mais une main me retient. Je me retourne, prête à en découdre et vois Levi qui secoue la tête. Mes sourcils se froncent d'incompréhensions et il me tire vers lui, loin de Zak.

— À quoi tu joues ! m'exclamé-je en essayant de me défaire de sa prise.

— Les secours arrivent sur le lieu d'accident, il faut que tu t'éloignes si tu ne veux pas avoir de souci avec les forces de l'ordre. Je te rappelle que c'est une course illégale, me rappelle-t-il dans un chuchotement.

J'hésite quelques secondes, mais je ne peux pas laisser Zak tout seul.

— Amaya, pars. Je reste avec lui, déclare Levi. Je t'appellerais quand on arrive à l'hôpital.

Je me mords la lèvre nerveusement et hoche la tête. Je suis la foule et je retourne sur le parking pour récupérer ma voiture et aller attendre dans un endroit sûr.

***

Ça fait deux jours. Deux jours qu'à eu lieu l'accident et deux jours que Zak est à l'hôpital. Les médecins nous ont certifié que sa vie n'était plus en jeu et qu'il était dans un état stable. Pourtant, il n'a toujours pas ouvert les yeux.

Ça fait deux jours que je ne suis pas rentré. Deux jours que je passe mes nuits à ses côtés, à lui tenir la main. Levi m'a forcé à rentrer pour me reposer et me laver, mais je ne suis rentré que pour me doucher et me changer avant de revenir à toute vitesse. Je ne veux pas l'abandonner.

Le bruit incessant du moniteur cardiaque résonne dans la salle et le blond entre, deux cafés en main. Il me tend le mien que je récupère en le remerciant. La chaleur du liquide me fait un bien fou, le froid de mi-novembre commence à vraiment se faire ressentir. Levi s'assoit sur le fauteuil à côté du mieux et soupire.

— Je déteste le voir comme ça..., déclare-t-il.

— Moi aussi, je t'assure.

Ce dernier plante son regard dans le mien et porte le verre à ses lèvres.

— Du coup, tu comptes lui dire ce que tu ressens quand ?

Gênée, je baisse le regard et me mordille la lèvre inférieure.

— Je vois pas de quoi tu parles.

— Arrête de faire l'idiote. Quand est-ce que vous allez porter vos couilles et officialiser votre relation ?

— J'attends qu'il me demande clairement de sortir avec moi, avoué-je, le rouge aux joues.

Le silence règne avant que son rire résonne dans la chambre. Je le regarde, confuse. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle...

— On est au collège ou quoi ? Il attend seulement ton feu vert pour te déclarer comme sienne, Maya.

Je reste silencieuse et serre la main de Zak un peu plus fort dans la mienne. C'est décidé, lorsqu'il se réveille, je lui dis ce que je ressens.

Alors que Levi n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, la porte s'ouvre à la volée. Nous tournons nos têtes dans un mouvement rapide et je vois une fille, brune, grande de taille nous fixer. Je jette un coup d'œil à Levi qui se lève instinctivement. Il fait de grands pas et s'approche d'elle. Ils sont en train de chuchoter, je n'entends donc pas ce qu'ils disent, mais je sais que ce n'est rien de bon.

Je me lève à mon tour, pour savoir ce que cette femme fait là. Ils ont l'air de se connaître. J'ai à peine le temps d'arriver à leur hauteur qu'elle nous tourne le dos et sort de la chambre en claquant la porte. Elle devrait y aller encore plus fort, tiens.

Je la fusille du regard malgré qu'elle soit déjà partie. Levi me fait face et je croise les bras, demandant des réponses.

— Quoi ?

— Ne joue pas les innocents. C'était qui ?

Je le vois hésiter. Il passe une main sur son visage avant de lâcher un long soupir. Soupire qui veut dire beaucoup.

— C'est Ivy. La grande sœur de Zak.

La quoi? J'ai cru mal comprendre.

— Qu'est-ce que tu racontes ? demandé-je, plus que confuse.

— Ivy est la grande sœur de Zak. Demi-sœur, techniquement.

Cela explique pourquoi il n'y a aucune ressemblance entre eux.

— Pourquoi est-ce qu'elle part ? Son frère est dans le coma et elle se barre ? m'exclamé-je énervée.

— C'est compliqué, Amaya. Je ne peux pas tout te raconter. J'en ai déjà trop dit. C'est à Zak de le faire, pas à moi. Tu comprends ?

J'hoche la tête. Il a raison. Si je dois apprendre des choses sur la vie de Zak, ça doit venir de lui et non des autres.

Le reste de la journée est passé assez vite. Nous avons discuté un peu de tout avec Levi, mais surtout de la voiture de Zak. Sa Suzie, comme il aime tant l'appeler. J'ai pris la décision de m'en occuper. Le blond m'a dit qu'elle était déjà chez le garagiste, mais il m'a donné l'adresse pour que je puisse aller voir où en sont les réparations et surtout si elle est réparable... Je n'imagine même pas la réaction de Zak si on lui annonce que sa fidèle MK4 est bonne pour la casse.

Au volant de ma voiture, je me dirige donc vers ce fameux garage. Il est assez tard et il fait déjà nuit, mais, apparemment Amad, le propriétaire, m'attend. J'arrive au bout d'une vingtaine de minutes et me gare rapidement avant de vite sortir et d'entrer à l'intérieur. À la vue de l'état de Suz, j'ai presque envie de pleurer. Je sais déjà que Zak ne pourra pas récupérer sa voiture...

D'un pas hésitant, je m'en approche et pose la main sur la carrosserie bien plus qu'endommagé. Les larmes me montent aux yeux aux souvenirs que me procure l'état de la voiture. J'ai l'impression de retourner quelques jours en arrière. De revoir la voiture complètement retournée. Ce sentiment d'impuissance m'envahit. Le stress à l'attente de l'appel de Levi tandis que je patientais sur le parking d'un supermarché vide.

Ma poitrine se serre et je sèche du revers de la main les quelques larmes qui se sont échappées. Zak va bien. Pas besoin de pleurer.

Lorsque j'entends des bruits de pas derrière moi, je me retourne et fais face à qui je présume être Amad. Il est habillé d'un jean bleu plein de taches noires ainsi qu'un débardeur blanc, qui n'est d'ailleurs plus très blanc. Il s'essuie les mains à l'aide d'une serviette qu'il vient ensuite balancer sur son épaule avant de me sourire.

— Tu dois être Amaya, c'est ça ?

J'hoche la tête et lui offre un petit sourire.

— Je suis venu voir l'état se la voiture, mais bon...

— En effet, c'est impossible de la réparer.

Je passe une main dans mes cheveux, ne sachant pas quoi dire de plus. Amad se retourne avant de récupérer un carton avec inscrit "Zakary" au marqueur. Il me le tend et je le prends sans vraiment comprendre.

— C'est les affaires que j'ai pu récupérer dans la voiture, m'annonce-t-il avec une voix qui se veut triste.

Je le remercie et le salue avant de retourner dans ma voiture et d'en regarder le contenu. Il y a quelques CD, des accessoires de voitures tels que son pendentif cerise. J'y retrouve des chiffons, des produits pour nettoyer la voiture, mais, surtout, son trousseau de clés. Je ne prête pas plus attention au reste du contenu de la boite et me concentre sur ses clés. Cet homme à une obsession malsaine pour ce fruit. Il a au moins trois porte-clés différents à motifs de cerises. Je ricane à cette pensée et les range dans mon sac. Je lui rendrais tout ça très prochainement.

Le lendemain, je suis de retour à l'hôpital pour tenir compagnie à Zak. Il est neuf heures du matin alors que je sors de l'ascenseur pour me diriger vers sa chambre. Lorsque je pousse la porte, je vois Zak éveiller. Ma respiration se coupe presque alors qu'il se tourne et me sourit. Je me précipite vers lui et lui saute presque dans les bras.

Un grognement lui échappe suivi d'un rire tandis qu'il me serre dans ses bras.

— Je crois que je t'ai manqué.

Un pleur m'échappe tandis que je le serre plus fort dans mes bras. Je n'ai aucune envie de le lâcher, mais je sais que je lui fais probablement mal. Lorsque je me détache, il dégage mon visage de mes cheveux en venant les ranger derrière mon oreille d'un geste doux. Un petit sourire étire ses lèvres tandis qu'il essuie mes larmes du bout des doigts.

— Comment tu vas ?

Un rire m'échappe tandis que je baisse le regard.

— C'est plutôt à moi de te poser la question. Est-ce que tu as mal quelque part ?

Il secou la tête et me rapproche, me collant à lui.

— Non, je vais bien ne t'en fais pas.

Ma main passe sur sa joue égratignée et il grimace. Je retire immédiatement ma main, mais il la retient en venant poser la sienne sur la mienne. Un sourire étire mes lèvres tandis qu'il plante ses yeux dans les miens.

— J'ai eu tellement peur... avoué-je dans un chuchotement.

— Tout va bien maintenant.

— Comment va ta jambe ?

— Ma cheville est maintenue d'une attelle et ma cuisse me brûle encore un peu, mais ça va vite passer.

Je mordille nerveusement la lèvre et hoche la tête avant de descendre de son lit et de m'asseoir sur le fauteuil à côté de lui.

— Si tu savais à quel point j'ai eu peur, insisté-je. J'ai cru mourir quand j'ai vu ta voiture se retourner.

Il prend ma main et entrelace nos doigts avant de me fixer intensément.

— Arrête d'y penser, veux-tu ? plaide-t-il.

— Impossible.

Il décide de changer de sujet et commence à me parler de comment s'est passée son réveil.

— Les infirmières m'ont dit qu'il fallait que je reste encore une semaine à l'hôpital et que je devais garder mon attelle au pied encore deux. Je t'avoue que je n'ai qu'une seule envie : conduire.

— Tu as envie de conduire après ce qu'il s'est passé la dernière fois ? demandé-je incrédule alors qu'il hoche la tête.

Cet homme est clairement fou.

Tout le reste de la semaine, Levi et moi nous sommes occupés de Zak. Margot est passée lui rendre visite avec Luke, s'en est suivi une longue discussion. Apparemment, le corps de Xavier a été retrouvé près de la forêt il y a quelques jours. Au fond, nous le savions tous. Mais voir la confirmation nous met une claque. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais espoir qu'il serait toujours en vie. Il ne le mérite clairement pas, mais le fait que nous sommes directement liés avec cette histoire me faisait espérer qu'il aille bien.

Margot n'est pas restée longtemps, mais le fait qu'elle soit venue rendre visite à Zak lui a fait extrêmement plaisir. Malgré tout ce qui s'est passé, elle tient quand même à lui.

Haze aussi est venu le voir. Ils sont restés des heures à discuter avant qu'il ne doive rentrer. Il lui a promis qu'il passerait le voir lorsqu'il sera rentré et bien rétabli.

Aujourd'hui, Zak est enfin censé sortir de l'hôpital. Levi et moi l'aidons à ranger toutes ses affaires tandis que nous discutons des cours. Nous n'avons pas pointé le bout de notre nez à l'université depuis une bonne semaine... Le retour sera compliqué. Surtout avec les travaux d'intérêt général. Avec un peu de chance, Monsieur Arves va comprendre et ne pas allonger notre punition. J'avoue avoir peu d'espoir, vu le caractère de merde qu'il a, mais l'espoir fait vivre comme on dit si bien.

Levi nous parle de sa moto lorsque quelqu'un frappe à la porte. Nous nous attendions à voir une infirmière ou un médecin entrer, mais pas Ivy.

Je jette un coup d'œil à Zak qui à l'air comme paralysé. Elle ferme la porte derrière elle et un silence de plomb règne sur la chambre.

— Salut, dit-elle.

Ni le blond ni moi ne répondons. Comme si nous attendions la réaction de Zak. Ce dernier s'approche de quelques pas à l'aide de ses béquilles et regarde sa sœur droit dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai appris pour ton accident, je voulais te rendre visite, avoue-t-elle.

Je continue de ranger les affaires de Zak tout en tendant l'oreille pour écouter ce qu'ils se disent.

— Tu peux partir. Tu n'es pas la bienvenue. Ni ici, ni chez moi, ni nulle part où je suis.

— Zak, tente-t-elle en s'approchant.

Il la stoppe d'un signe de main et secoue la tête.

— Arrête. Tu n'as pas le droit de t'inquiéter pour moi. Pas après sept ans.

— Tu ne sais même pas ce qu'il s'est passé ! s'écrit-elle.

Le ton monte et je décide d'intervenir pour que ça ne dégénère pas.

— Écoute, dis-je à l'attention de Ivy, tu devrais peut-être y aller. Ce n'est pas le bon moment.

Elle me lance un regard noir et me pointe du doigt.

— Mêle-toi de tes affaires, me dit-elle d'un ton menaçant. C'est entre moi et mon petit frère.

Zak se place devant moi, comme un mur protecteur.

— Parle-lui autrement. La brune lève les sourcils, comme surprise qu'il prenne ma défense et pas la sienne.

— Vraiment, Zak ?

Ce dernier ne bronche pas et je prends une grande inspiration avant de m'exprimer une dernière fois :

— Écoute, je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre toi et ton frère, mais c'est clair qu'il ne veut pas te parler. Alors, pars et ne reviens plus jusqu'à ce que ce soit lui qui te contacte.

Son regard se remplit de haine, mais elle sait que j'ai raison. Elle lance un dernier regard à Zak avant de se retourner et de quitter la chambre, en prenant soin de claquer la porte derrière elle.

— Elle a un problème contre les portes ou quoi ? dis-je dans une grimace.

Levi éclate de rire et Zak affiche un sourire en nous demandant de quoi je parle.

— Elle est venue te voir quand tu étais encore endormie. Et elle a claqué la porte d'une telle force. Je me demande comment tu ne t'es pas réveillé à ce moment-là.

Il esquisse un rire s'assoit sur le fauteuil tandis que nous finissons de ranger les dernières affaires restantes.

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Hello hello !
Un chapitre un peut court aujourd'hui !
J'espère qu'il vous a plu !

Me taper pas sur les doigts 🏃🏻‍♀️🏃🏻‍♀️

xx- Lhiyn

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