XXIX- Close to you?
Zak
Parler avec Amaya le weekend dernier m'a fait beaucoup de bien. J'ai réussi à me confier à quelqu'un d'autre que Levi. Amaya a mon entière confiance à présent. Elle m'a conseillé d'avoir une discussion avec Ivy pour remettre tout à plat, histoire de repartir sur de bonnes bases. Peut-être qu'elle a des choses à me dire et peut-être qu'elle souhaite se confier à moi. Il m'est impossible de le savoir sans avoir eu une vraie discussion avec ma grande sœur. J'ai promis à Amaya que je le ferais, juste pour elle. Elle est dans ma vie depuis trois mois et elle me mène déjà à la baguette. Mais ça ne me dérange pas. Je l'apprécie énormément. Et puis, je pense que l'on peut dire que nous sommes en couple maintenant ? Je ne suis pas vraiment sûr, il faudrait que je mette ça au clair avec elle plus tard. Pour le moment, je dois rejoindre Levi pour récupérer ma nouvelle voiture ; une Nissan GTR-R35 noire. Amaya ne le sait pas encore, je compte lui faire la surprise. J'ai choisi une Skyline, comme elle. C'était la voiture de mes rêves et ça fait des années que j'économise pour cette petite pépite. Le temps est enfin venu de changer de voiture — je n'ai pas vraiment le choix à vrai dire.
Lorsque j'arrive sur les lieux de rendez-vous accompagné de Levi pour récupérer ma voiture, je n'arrive pas à cacher mon excitation. Mon meilleur ami me dit de me calmer en rigolant, mais ça m'est impossible.
Après avoir rempli les derniers papiers, testé la voiture et réglé, j'ai enfin les clés entre mes mains. J'y accroche sans plus attendre mes porte-clés, mais aussi la clé de ma MK4. Certes, je ne l'ai plus, mais j'ai décidé de garder la clé en souvenir. C'était ma toute première voiture après tout. J'ai fait ma première course avec ma Suzie, je suis trop attaché à elle.
Je monte au volant de la voiture, et fais gronder le moteur. Un rire m'échappe tandis que Levi s'appuie à ma fenêtre, le sourire aux lèvres.
— Tu l'as enfin eu la voiture de tes rêves, mon pote.
— C'est la meilleure sensation du monde, m'exclamé-je en caressant le volant.
Il rit et me demande comment je compte appeler celle-ci. Je prends le temps de réfléchir et souris.
— Comment on dit « cerise » en russe ?
— вишня. (vishnya)
— Dans ce cas, elle s'appellera Vish.
Levi vient ébouriffer mes cheveux en souriant de toutes ses dents. Il ne me le dit pas, mais je sais que ça lui fait extrêmement plaisir. C'est la moindre des choses que je puisse faire. Il a toujours été là pour moi.
— Tu comptes l'annoncer quand à Maya ?
— Je vais aller la récupérer, là. Donc maintenant.
Il hoche la tête et me sourit une fois de plus. Il me salue rapidement et retourne à sa voiture, me laissant dans la mienne. Ma voiture. Je n'arrive toujours pas à y croire.
Je m'empare de mon téléphone et appelle Amaya. Elle répond après trois sonneries. Sa voix me fait automatiquement sourire et je lui dis de se préparer pour que je vienne la récupérer d'ici une vingtaine de minutes. Elle râle, se plaignant du fait que vingt minutes ne sont pas assez pour se préparer. Je lève les yeux au ciel et lui dit que j'attendrai devant chez elle jusqu'à ce qu'elle soit prête.
Je prends la route de chez elle et arrive au bout de vingt minutes, comme prévu, mais j'attends dix minutes avant de lui envoyer un message pour la signaler de ma présence. Elle me répond presque à la seconde, me disant qu'elle arrivait d'ici quelques minutes. J'attends et garde les yeux fixés sur sa porte d'entrée. Lorsque la porte s'ouvre, j'en ai le souffle coupé. Elle est tellement belle. Amaya porte une jupe lui arrivant mi cuisse ainsi qu'un pull rouge bordeaux et des chaussures de la même couleur. Ses cheveux sont détachés et retombent sur sa poitrine. Amaya porte un petit sac noir à son épaule et marche d'un pas rapide dans ma direction. Un énorme sourire étire ses lèvres alors qu'elle admire ma nouvelle voiture. Elle entre et se met à observer autour d'elle, toujours en souriant. Un petit rire me prend alors qu'elle pose enfin les yeux sur moi.
— Wow... C'est ta nouvelle voiture ?
— Oui.
— Elle est incroyable, m'annonce-t-elle en attachant sa ceinture.
— Comme toi, réponds-je pour la draguer.
Elle rit tandis que je rapproche son visage du mien pour déposer mes lèvres contre les siennes. Amaya sourit contre mes lèvres tandis que je me sépare d'elle à contrecœur. Elle garde son visage près du mien et me regarde droit dans les yeux.
— Salut, murmuré-je.
— Salut.
— On va faire un tour, puis manger un bout ?
— Je sais pas trop..., me taquine-t-elle.
— C'était pas vraiment une question. Laisse-moi reformuler. On va aller faire un tour et ensuite manger un bout.
Amaya rit et hoche la tête tandis que j'attrape sa main pour entrelacer nos doigts. J'attrape le volant de ma deuxième main et démarre, passant une première à l'aide de ma main libre.
Amaya connecte son téléphone à la voiture tandis que je prends la route pour la voie rapide. J'accélère alors qu'elle lance Close to You de Gracie Abrams. Je ne connais pas vraiment les paroles, mais elle se déchaîne et monte le son me faisant exploser de rire. En enfonçant la pédale, je prends de la vitesse et baisse les vitres, laissant le froid de décembre entré dans la voiture. Les cheveux de ma brune volent dans tous les sens et elle éclate de rire tandis que je prends une sortie pour aller rouler dans les endroits un peu plus calmes et reculés de Chicago. Ma main ne lâche pas la sienne alors qu'un sourire étire mes lèvres en m'en donner des crampes aux joues. Mais je ne changerais ça pour rien au monde. Je me sens apaisée avec Amaya. Elle fait taire toutes mes pensées négatives, elle rayonne mes journées, fait gonfler mon cœur et me rend heureux.
Nous continuons de rouler jusqu'à ce que je fasse demi-tour et retourne en ville pour trouver un endroit où manger. J'ai pensé à retourner au Greener's, mais nous y sommes déjà allés la dernière fois. J'aimerais changer, aller dans un endroit où nous n'avons jamais mangé. Il y a un restaurant italien qui est, d'après Levi et Haze, très bon. Je décide de m'y rendre avec Amaya. J'espère qu'elle n'y est jamais allée non plus, comme ça, on pourra découvrir un nouvel endroit ensemble.
Je me gare sur le parking du restaurant et sors de la voiture avant de m'empresser de faire le tour pour ouvrir la porte à Amaya. Elle rit et me remercie. Je passe le bras autour de ses hanches et la rapproche un peu plus de moi.
— T'es vraiment jolie aujourd'hui.
Elle hausse les sourcils et passe un bras autour de moi.
— Seulement aujourd'hui ?
Mon réflexe est de lever les yeux au ciel tandis qu'elle rit.
— Non, tu étais belle hier, et avant-hier, le jour d'avant et tous les jours depuis que l'on se connaît.
— Je plaisantais ! Mais merci, même si je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer..., avoue-t-elle d'un ton accusateur.
Je la rapproche un peu plus de moi, un sourire railleur en coin.
— C'est vrai excuse moi. La prochaine fois, je te préviendrai dix jours en avance.
— Je préfère ! Au moins j'ai le temps de choisir ma tenue, ma coiffure, mes chaussures, tout !
— Ok, ok. Promis, la prochaine fois, je te préviendrais en avance, dis-je en riant.
Elle me sourit et nous entrons dans le restaurant. Heureusement pour nous, il n'y avait pas besoin de réserver, alors le serveur nous installe au fond, dans un coin tranquille.
Le dîner se passe très bien et Amaya me demande si j'ai eu des nouvelles de ma sœur ou encore de ma mère et Sarah.
— Je vais parler à Ivy. Très bientôt. Mais, concernant ma mère et ma petite sœur, je t'avoue que je ne me sens pas prêt à les confronter. Pas encore.
— Tu veux que moi ou Levi soyons présent ?
— Honnêtement, je préfère faire ça seul.
Elle hoche la tête et s'empare de son verre d'eau avant de le porter à ses lèvres. J'observe tous ses faits et gestes. Je n'arrive pas à détacher mon regard. Amaya plante son regard dans le mien lorsqu'elle boit et je tombe presque de ma chaise.
Ma petite brune rit tandis que je souris d'un air béat et, une fois que nous avons fini de manger, je lui propose d'aller se promener en centre-ville. Elle accepte et nous retournons à la voiture avant de prendre la route. Je me gare sur un parking et nous marchons jusqu'à Downtown Chicago, près de The Loop.
Elle passe son bras autour du mien et se rapproche, sûrement à la recherche de chaleur corporelle. Amaya n'a pas pris de manteau. Selon elle, le style avant le froid. Je la tiens proche de moi avant de m'arrêter et de retirer ma veste.
— Tiens, prends-la.
— Mais, et toi ?
— T'en fais pas pour moi.
Elle hésite quelques secondes avant de passer ses fins bras dans les manches. Je l'aide à l'enfiler et lui remonte la fermeture jusqu'en haut.
— Mieux ?
Elle hoche la tête et fourre ses mains dans mes poches tandis que je passe un bras autour de ses hanches. Amaya joue avec le contenu de mes poches et sort le paquet de cigarettes, me demandant de le mettre dans la poche de mon sweat-shirt parce qu'il prend trop de place dans la poche. Je retiens un rire et prends le paquet avant de le ranger dans la poche arrière de mon jean.
Nous continuons de nous balader pendant une petite heure avant qu'il ne commence à faire vraiment froid. Je propose à Amaya de la raccompagner, ce qu'elle accepte volontiers. Lorsque nous arrivons enfin à la voiture, elle se frotte les mains pour se réchauffer tandis que j'allume le chauffage au maximum. Je prends sa main dans la mienne et entrelace nos doigts avant de prendre la route en direction de chez elle.
***
Une fois chez moi, je décide d'appeler Ivy pour lui proposer de se voir. Il est tard, mais je n'ai rien à perdre. J'hésite une seconde une fois que son contact est affiché sur mon téléphone.
Est-ce que je devrais vraiment le faire ?
Est-ce que c'est une bonne idée ?
Est-ce que j'en ai vraiment envie ?
Je secoue ces pensées hors de ma tête et appuie sur la petite icône pour l'appeler.
Les sonneries semblent interminables. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois, et enfin, une voix.
— Allô ?
La voix de ma sœur résonne et je reste figé. Je raccroche presque, mais je me reprends. Il faut bien que j'aie cette discussion avec elle un jour ou l'autre.
— Zak, tout va bien ?
Son intervention m'arrache de mes pensées et je prends une bonne inspiration.
— Oui, excuse-moi. Ça va ?
— Oui et toi ?
Je ne réponds pas à sa question et entre directement dans le vif du sujet.
— Je sais qu'il est tard, mais est-ce que tu penses que tu peux venir à la maison ? Je crois que je suis prêt à avoir une vraie conversation avec toi.
Le silence pèse sur la ligne.
— Tu veux que je vienne maintenant ? demande-t-elle après quelques secondes.
Le timbre de sa voix trahit sa nervosité. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je lui demande ça si soudainement. Surtout après la conversation que l'on a eue il y a quelques jours. Je lui avais dit de me laisser tranquille, de me laisser du temps et elle avait décidé d'enfin respecter ça. Je n'avais plus eu de nouvelles de sa part depuis ce jour-là. Je pense que, justement, cette pause m'a fait du bien et j'ai pu réfléchir à tête reposée, sans avoir de pression de sa part.
— Oui, si c'est possible.
— J'arrive d'ici trente minutes.
Elle raccroche et j'en profite pour aller me doucher. Mon cœur bat à la chamade. Je ne sais pas vraiment ce que je vais lui dire, mais j'ai surtout besoin d'entendre sa version de l'histoire. J'ai besoin de savoir pourquoi elle est partie sans me prévenir, mais surtout pourquoi elle ne nous a pas contactés pendant sept ans. Il doit bien y avoir une bonne raison. Une raison qui me fera la détester un peu moins...
J'ai peur d'apprendre des choses, j'ai peur d'avoir été en tort. J'aurais peut-être dû l'écouter depuis le départ et ne pas la repousser. Mais j'avais peur et surtout j'étais très énervé qu'elle revienne dans ma vie comme si de rien n'était. Pourtant, aujourd'hui, je me sens prêt. Partiellement grâce à Amaya, mais surtout Levi. Il a été là du début à la fin pour moi. Amaya, quant à elle, m'a écouté et énormément conseillé.
Je m'habille rapidement et sèche mes cheveux avant de retourner dans mon salon. Ivy n'est plus censée tarder. Ma jambe bouge frénétiquement tandis que j'attends. Mon cœur bat très fort et mes mains deviennent moites tandis que je les frotte sur mon short. L'attente est horrible. J'ai l'impression d'attendre l'inévitable. C'est un sentiment difficile à décrire.
De la peur, du stress, du suspens.
Mon cœur rate un battement lorsque trois coups retentissent. Je prends une bonne inspiration avant de me lever et d'aller ouvrir la porte. Ma sœur se tient droite comme un piquet, sûrement tout autant stressée que moi. Je l'invite à entrer et elle retire ses chaussures avant de s'installer dans mon salon. Je prends place sur mon canapé, en diagonale à elle. Aucun de nous n'ose parler. Il y a un silence pesant, gênant qui s'installe. Je passe mes mains dans les poches de mon pull tandis que je fixe ma sœur en mordillant nerveusement ma lèvre inférieure. Je décide de briser ce silence et d'arrêter de la fixer dans le blanc des yeux sans parler.
— Hum... Je crois que tu as des choses à me dire...
Un rire nerveux résonne dans la pièce tandis que ma sœur se met un peu plus à l'aise sur mon canapé.
— Oui et je crois que toi aussi.
Je hoche la tête. En effet, j'ai beaucoup de choses à lui dire, mais je veux entendre ce qu'elle a à me dire avant.
Elle joue avec ses doigts, sûrement due au stress avant de reprendre :
— Bon, je vais tout te raconter, c'est le bon moment... Mais j'aimerais que tu m'écoutes, que tu ne me coupes pas dans mon récit. Je sais qu'on à vécu beaucoup de choses similaires, mais ça ne veut pas dire qu'on les à ressentir de la même manière.
Elle à raison. Nos sentiments et interprétations sont différents. Je lui fais comprendre qu'elle dit vrai et elle continue.
— Durant toute notre enfance, ton père nous a fait vivre un enfer... Il s'est mis avec maman lorsque j'avais presque deux ans. Tu es né quelques années après. Au début, tout était beau et rose, mais, lorsque Sarah est née, ça a vite tourné au cauchemar. Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé dans le crâne de ton père, mais c'est comme si c'était la goutte de trop. Il a commencé à être très violent. Surtout envers moi. Sûrement parce que je n'étais pas sa fille. Puis, quand tu as grandi et que tu as commencé à prendre ma défense, ça s'est retourné contre toi. Je pense qu'il n'a pas aimé que son seul fils lui tourne le dos pour sa demi-sœur.
Je porte mon pouce sur mes lèvres et ronge mes ongles dans un état de stress. Me remémorer tout ça me retourne le ventre. C'était il y a des années, mais c'est toujours aussi frais dans mon cœur.
— Il ne s'en est jamais vraiment pris physiquement à Sarah. Je ne sais pas trop pourquoi. C'était sûrement sa préférée... Je me souviens de la première fois qu'il s'en est pris physiquement à moi. J'avais onze ans et j'avais trainé pour rentrer pour rentrer du collège. Avec des amis, nous sommes allés faire un tour au parc pas loin d'où nous habitions.
Je hoche la tête, je sais exactement de quel parc elle parle. J'y suis allé des milliers de fois avec Levi.
— J'avais passé un bon moment et à peine le pas de la porte franchis qu'il m'avait attrapé par le bras avec force. Il était complètement bourré, à dix-sept heures. Maman ne disait rien, elle était en pleurs. J'imagine qu'elle venait de passer un sale moment. Il m'a pris par le bras et a commencé à me secouer, me criant que je n'étais qu'une sale petite ingrate et me demandant où est-ce que j'étais. J'ai été très surprise. Puis il a continué à me gueuler dessus pendant au moins dix minutes. Après ça, je suis monté dans ma chambre en pleurs et ne suis pas descendu jusqu'au lendemain pour retourner en cours.
Elle prend une pause et souffle un coup avant de continuer :
— Au début, c'était juste des petits bleus par-ci par-là. Il ne m'avait jamais encore frappé à proprement parler. Mais à la fin du collège, c'est là que ça a vraiment pris un autre tournant. Il m'a frappé pour la première fois. Des coups à ne plus en finir. Toi, tu as essayé du mieux que tu pouvais de me défendre. Je me souviens que tu te mettais entre nous, le repoussait. Jusqu'au jour où il a commencé à s'en prendre à toi. Je me sentais tellement coupable. Tu vas me dire que ce n'est pas ma faute, mais si j'avais su me défendre... Si j'avais su l'affronter, tu n'aurais pas été mêlé à ça.
Mon cœur se compresse et j'attrape sa main pour lui montrer que je suis de son côté malgré tout ce qui a pu se passer entre nous. Elle me sourit timidement et reprend son monologue.
— Puis, pendant des années ça a été la même chose. Il s'en prenait à moi, puis à toi jusqu'à ce qu'il ne décide de se concentrer sur toi. C'était peut-être le fait que tu étais de mon côté ? Je ne sais pas, mais il a commencé à me laisser tranquille. Il avait peut-être peur que j'en parle au lycée et que mes amis me poussent à le dénoncer... Mais j'ai pu enfin souffler, mais je me sentais vraiment coupable, pare que c'était toi le mouton noir du coup. C'était toi qui étais devenu son punching-ball. Crois-moi, j'ai essayé d'en parler à maman, de lui dire de partir loin avec nous. Mais tu sais comment elle est. Elle était sous emprise psychologique, pour elle tout était normal. Je pensais que je pouvais survivre, mais tout a rapidement pris une nouvelle tournure.
Ivy prend une bonne inspiration avant de me lancer un petit regard et de se fixer le mur face à elle.
— J'étais au lycée, en dernière année. C'était la seule chose qui me motivait à continuer. Plus que quelques mois et je pourrais partir étudier loin de la maison. J'avais tellement hâte. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Un soir...
Sa voix se met à trembler et elle déglutit pour s'empêcher de pleurer. Je ne dis rien, je tiens juste sa main avec un peu plus de force pour lui montrer que je suis là pour elle.
— Un soir, pendant que je dormais, j'ai senti des mains sur mon corps. Au début je pensais que c'était seulement toi ou Sarah qui m'aviez rejoint dans la nuit pour dormir avec moi, mais c'était différent. Ces mains...elles étaient baladeuses. Elles me touchaient à des endroits qu'elles ne devraient pas toucher.
Mon souffle se coupe alors que je comprends où elle veut en venir. Ce n'est pas possible... non.
— Tu n'es pas obligé d'en parler, la rassuré-je.
Elle secoue la tête et insiste.
— Non, j'ai besoin de t'en parler. De te raconter en détail ce qui s'est passé pour que tu comprennes. Pour que tu me détestes un peu moins.
Son regard se plante dans le mien et elle continue.
— Lorsque j'ai croisé le regard de ton père, j'ai tout de suite essayé de le repousser. Il puait l'alcool à des milliers de kilomètres. Je t'avoue que je ne sais pas comment je l'ai repoussé, sûrement l'adrénaline et son état à dû joué en ma faveur. Il est tombé violemment contre le sol et s'est relevé avant de quitter ma chambre en silence. J'ai passé le reste de la nuit recroquevillé sur moi-même à pleurer. Par moment je sens encore ses mains me toucher... Après ça, je ne sortais plus de ma chambre à part pour aller en cours ou me doucher. Je ne voulais pas le croiser. Puis, quelques jours après, j'ai décidé de partir. C'était la goutte de trop.
Je m'apprêtais à lui demander pourquoi est-ce qu'elle ne m'en avait pas parlé, mais elle se remet à parler.
— Je sais que tu te demandes pourquoi je ne t'en ai pas parlé ou quoi. Mais il faut que tu me comprennes...
Son regard se plante dans le mien, les larmes dévalent sur ses joues alors que je viens les essuyer d'un geste qui se veut réconfortant.
— Je savais que, si tu m'avais demandé de rester, je l'aurais fait... C'est pour ça que je suis parti sans rien te dire. Parce que je savais que tu avais le pouvoir de me faire rester. Sache qu'il n'y a pas un jour où je n'ai pas pensé à toi ou à maman. Plusieurs fois, j'ai voulu revenir, mais la peur prenait le dessus... Et j'étais enfin heureuse et épanouie loin de Columbus.
Après toutes ces révélations, je me sens bête. Tellement bête... J'aurais dû savoir qu'il y avait eu plus que ce que je ne pensais pour qu'Ivy s'en aille sans nous prévenir. J'ai été égoïste...
Je passe un bras autour de ses épaules et la rapproche un peu plus de moi pour la prendre dans mes bras.
— Je suis tellement désolé, susurré-je.
Ses bras viennent s'enrouler autour de moi, resserrant notre étreinte.
— J'aurais dû savoir qu'il s'était passé quelque chose de bien plus grave. Je m'en veux...
Ivy ne dit rien et pleure en silence dans mes bras. Il y a tellement de choses que j'aimerais lui dire, mais aucun mot ne sort. Ma sœur se sépare de moi et me sourit, me rassure. Ça devrait être moi qui devrais la rassurer... Pas l'inverse.
Elle me demande ensuite de lui raconter tout ce qu'elle a pu rater et je lui raconte tout ce qu'il s'est passé depuis qu'elle est partie. Mes dernières années de lycée, l'obtention de mon diplôme, ma venue à Chicago avec Levi, le divorce des parents, la raclée que j'ai mise à mon père. Je lui raconte tout en détail et nous passons le reste de la soirée à essayer de rattraper le temps perdu.
Elle m'avait manqué. Ma grande sœur m'avait manqué.
***
Lorsque j'arrive à l'université, un petit sourire étire mes lèvres. J'ai hâte de retrouver Amaya et de lui parler de la conversation que j'ai eue hier avec ma sœur. Levi est déjà au courant, je l'ai appelé pour tout lui raconter en détail. Il était très content pour moi. Il faut maintenant que j'ai une conversation avec Sarah et ma mère. Les fêtes de fin d'année approchent à grands pas, ça sera l'occasion pour leur parler. De plus, Levi rentre à Columbus lui aussi. Je ne serais donc pas seul si mon géniteur pointe le bout de son nez encore une fois.
Je monte le son de mes écouteurs et continue de marcher. Je regarde autour de moi, mais je suis surpris de voir Amaya discuter avec Julius. Qu'est-ce qu'il fait là ? Il n'est même pas à l'université. Cela confirme mes soupçons. Ils se connaissent.
Ma petite brune regarde autour d'elle, comme stressée. Leur conversation semble être mouvementée.
À pas de loup, je m'approche pour écouter ce qu'ils sont en train de se dire. Je sais que je ne devrais pas, mais c'est plus fort que moi. C'est difficile de comprendre de quoi ils parlent parce qu'ils chuchotent je m'avance encore un peu et me cache derrière un des murs les plus proches.
— Ça doit cesser. Je ne veux plus faire partie de ton plan de merde, s'exclame Amaya à voix basse.
Je fronce les sourcils, de quoi elle parle ?
Julius rit amèrement et se rapproche dangereusement d'elle.
— Tu crois que tu peux tout arrêter quand tu veux ? On avait un deal et tu dois l'honorer jusqu'au bout.
— Je ne veux plus l'honorer ! Zak n'est pas une mauvaise personne. J'ai appris à le connaître et j'ai compris mes erreurs.
— Alors quoi ? Il te baise et tu décides de tout niquer ? C'est pas comme ça que ça marche Amaya.
La brune ne dit rien alors que Julius se redresse un peu.
— Soit tu vas jusqu'au bout, soit je dis à Zak que c'est toi qui es derrière le blog et que Josh est ton frère. Que crois-tu qu'il pensera s'il apprend que tout ce que tu voulais c'était vengé la mort de ton frère, mhm ? Tu crois qu'il va te pardonner ? Tu crois qu'il va tout oublier et vivre une belle vie avec toi ? T'es vraiment qu'une pauvre conne.
Mes oreilles se mettent à siffler et je n'arrive pas à entendre la suite de la conversation. Mon regard se plante dans le vide alors que je fais demi-tour pour m'en aller.
C'est impossible. J'ai mal compris. Amaya ne ferait jamais ça, pas vrai ?
Ma respiration se fait lourde et ma vue s'embrume alors que j'essaye de sortir mon téléphone de la poche de ma veste du mieux que je peux malgré mes mains qui tremblent.
J'ai du mal à respirer, mes doigts défilent dans mes contacts alors que j'appelle Levi.
Il répond au bout d'une sonnerie, mais aucun mot ne sort. Seulement ma respiration saccadée se fait entendre. Je me dirige du mieux que je peux dans les toilettes et m'enferme.
— Zak ! T'es où ? me crie Levi à l'autre bout du fil.
— Toilettes à l'entrée.
— J'arrive.
___
Oops...?
En espérant que ça vous à quand même plu un minimum ^^.
Ps : je suis même pas un peu désolée.
xx, Lhîyn
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top