Zak

Je déverrouille la voiture et prends place dans celle-ci. Les sièges sont roses et une odeur de bonbons envahit mes narines. Toutes sortes d'accessoires féminins traînent de partout : rouges à lèvres, parfum, élastiques... Une vraie voiture de nana.

J'insère les clés dans le contact, les tournes pour la démarrer et le moteur gronde. Un rire de satisfaction m'échappe et je m'attache pour me mettre en place sur la ligne de départ. Cette bagnol est un putain de bijou. Je n'aurais peut-être plus jamais la chance de la conduire, je compte bien en profiter un maximum.

Passant la première vitesse, je roule en direction de la ligne de départ. Tous les regards se retournent sur mon chemin et certains se demandent sûrement pourquoi c'est la R34 qui rejoint les autres, et non la MK4 qu'ils ont l'habitude de voir.

J'aperçois Marcus s'approcher et je baisse la vitre pour croiser son regard surpris.

— Zak ? Qu'est-ce que tu fous ? s'enquiert-il.

— Je me mets en place pour la course, dis-je innocemment.

— Quoi ? Mais où est ta voiture ?

— Ne t'en fais pas, je vais gagner cette course que ce soit avec ma voiture où avec celle-ci.

Il me regarde, ne comprenant pas ce que je raconte mais renonce et me laisse passer.

— Très bien, vas-y.

Un sourire malicieux étire mes lèvres et je me place en parallèle des autres voitures, entre la Honda NSX noire de Julius et la Silvia S15 du Drift Dragon. Carter prend place quelques secondes après moi.

Mes concurrents font gronder leurs moteurs et je fais de même. Marcus récupère les dernières liasses de billets des coureurs puis se décale, nous laissant avancer pour tous nous mettre en place là où il se doit.

La foule se décale pour nous laisser de l'espace,se plaçant de part et d'autre des voitures. Les exclamations résonnent dans mes oreilles, du coin de l'œil je peux voir Levi et Amaya aux premières lignes. Mon meilleur ami sautille et m'encourage pendant qu'elle m'observe d'un regard perçant. Je déglutis et me reconcentre sur la route devant moi.

Lorsque nous sommes tous prêts au départ, une grid girl se place devant nous, le drapeau à damier en main.

L'adrénaline s'empare de moi. L'excitation et le stresse sont à leur comble mais je reste concentré. Mes yeux fixent un point invisible en face de moi et je continue à faire gronder le moteur, près à accélérer quand le drapeau sera baissé.

Mon pied gauche est enfoncé dans l'embrayage tandis que mon pied droit est au-dessus du frein. Mes mains resserrent le volant et ma langue passe sur ma lèvre inférieure.

Les secondes paraissent comme des heures et je peux sentir une goutte de sueur froide couler le long de ma colonne vertébrale.

Respires, Zak. N'oublies pas ton objectif.

Je suis concentré. Mon seul objectif : remporter cette course.

Sans que je m'y attende, la grid girl baisse le drapeau et mon pied lâche l'embrayage tandis que j'accélère dans un réflexe. Rapidement, je passe une deuxième vitesse puis une troisième, jusqu'à passer la sixième.

La ligne droite qui se dresse devant moi me permet de prendre quelques mètres d'avance sur mes concurrents. Les premiers virages arrivent vite mais je ne dois pas ralentir. Le parcours de The Loop, comme il est indiqué dans son nom, est une sorte carré avec des virages sur chacun des coins.

Mon pied droit ne quitte pas l'accélérateur tandis que je jette un coup d'œil vif à dans mon rétroviseur intérieur. Julius me colle au cul et Carter est au même niveau que moi, à ma gauche. Le Dragon est juste derrière Julius, en dernière place.

Je vois le premier virage arriver et j'accélère un bon coup pour passer juste devant Carter. Je lui bloque le passage en me décalant sur la droite ou sur la gauche quand il tente de me dépasser. Un sourire narquois prend place sur mes lèvres quand je le vois s'énerver derrière son volant.

Si tu crois que je vais te laisser passer...

Au niveau du premier virage, je ralentis à peine et tourne mon volant. Les roues crissent et de la fumée s'en propage tandis que je derrape. Je garde le contrôle de ma voiture pendant la manœuvre et remet mes roues droites pour continuer vers la ligne qui se dresse face à moi.

Tu gères, continues mais ne perds pas de vue ton objectif !

Sans attendre une seconde de plus, je prends de la vitesse et remarque que la Honda noire est proche derrière moi. Je ne me dérobe pas et me reconcentre sur la route. Mais il prend de l'avance et vient se mettre en parallèle à moi.

Merde !

Je me tourne en sa direction tout en essayant de ne pas dériver de ma trajectoire et je le vois me fixer d'un sourire narquois, moqueur. Je lui rend son sourire tandis que je ralenti un peu pour prendre le prochain virage sans mettre en danger mes concurrents ou moi-même.

Mais pendant que je ralentit, il en profite pour accélérer. S'il continue comme ça, il ne va pas réussir à prendre son virage et finir dans le décor. Et comme prévu, il prend le virage beaucoup trop large et à du mal à garder le contrôle tandis que Carter, Julius et moi prenons le deuxième virage à la perfection.

Dragon à la con.

Je rattrape mon retard et devance les trois coureurs. J'accélère et atteint vite les deux cent cinquante kilomètres à l'heure. Les paysages autour de moi ne sont que couleurs et mon regard reste ancré sur mon pare-brise, tandis que ma prise se resserre autour de mon volant.

Je ne perds toujours pas de vue mon objectif lorsque j'aperçois le troisième virage. Celui-ci est plus large que les autres, je peux donc prendre plus de vitesse que pour les précédents. Mon pied appuie plus fort sur l'accélérateur, je tourne mon volant et derrape encore une fois avant de sentir mes roues du cotés gauche se décoller du sol. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine avant de donner un dernier coup de volant dans l'autre sens pour la remettre sur pied. Lorsque les deux roues retouchent le sol, je perds le contrôle de ma voiture pendant quelques secondes avant de le regagner.

Putain !

J'ai bien cru que la voiture allait se retourner. Sa propriétaire m'aurait très sûrement trucidé. Ma respiration est irrégulière mais je fais tout pour rester concentré sur la route en face de moi.

Le dernier virage se dresse devant moi et je jette un coup d'œil furtif dans mon rétroviseur intérieur. Ils sont proches. Julius et Carter sont presque au même niveau tandis que le Drift Dragon est un peu plus loin. Il a perdu son avance au deuxième virage.

Ça lui apprendra à être imprudent.

Je prends le dernier virage avec aisance et accélère sur la ligne droite. Je perçois la ligne d'arrivée au bout et je relâche ma respiration que je retenais sans même le savoir. Mais je n'ai pas encore gagné. Je dois rester concentré jusqu'au bout.

La foule ainsi que la ligne se font de plus en plus proche et mon pied ne quitte pas l'accélérateur une seule seconde. Julius arrive sur ma droite ce qui me pousse à prendre plus de vitesse. Ça va être serré, très serré. 

Aller, Zak. Perd pas tes couilles et appuie sur ce putain d'accelerateur !

De toutes mes forces, j'appuie et passe la ligne d'arrivée. Julius est à côté de moi. Merde. Est-ce que j'ai gagné ? Qui à passer la ligne en premier ?

Je finis par ralentir et arrêter la voiture au bout d'une centaine de mètres. Dans mon rétroviseur je peux voir Carter arriver, suivi du Dragon. 

Regardez qui est arrivé dernier.

Je sors de la voiture et Julius vient vers moi et me félicite. Je crois que je l'ai devancé de quelques secondes seulement.

Carter suivie de près par la foule se dirige vers moi pour me prendre dans une furtive accolade. Le Dragon s'approche et je garde la tête haute. À ma grande surprise, il me tend sa main et je la lui serre.

— Bien joué, articule-t-il.

Je n'arrive pas à savoir si il est sincère ou pas. J'hoche la tête pour le remercier tandis que la foule arrive en courant pour tous nous féliciter.

Levi arrive en premier et me prend dans ses bras alors que Amaya nous regarde de loin, un sourire aux lèvres.

— Mec ! T'as été incroyable, c'était tellement serré, j'ai cru que Julius allait passer la ligne avant toi, s'exclame mon meilleur ami.

J'esquisse un rire tandis que je m'approche d'Amaya pour lui rendre ses clés.

— Merci beaucoup. Je te dois une fière chandelle, déclaré-je.

— Non, tu me dois seulement deux-mille dollars, répond-t-elle avec un sourire narquois.

Je lève les yeux au ciel avant de me diriger vers Marcus qui me félicite à son tour. Il me tend une liasse de billets que je range dans la poche de mon sweat-shirt. La musique se lance et les gens commencent à se disperser un peu. Des bouteilles tournent et Levi me tend un verre que je bois d'une traite, sous les exclamations des autres.

Lorsque je me mets à chercher Amaya du regard, je ne la trouve pas. Je dois lui donner l'argent que je lui dois. Sa voiture est pourtant là où je l'ai laissée.

Je m'excuse auprès de Levi et Marcus puis m'aventure à sa rechercher.

Je marche sans vraiment savoir où je vais mais par chance, je vois une figure frêle, assise sur une des barrières un peu plus loin. Ça ne peut-être qu'elle. Je m'approche et la vois fixer le sol.

— Tout va bien ? dis-je.

Elle sursaute et lève le regard, croisant le miens. Son souffle se relâche, comme rassurée que ce ne soit que moi.

— Tu m'as fait peur. Ne refais plus jamais ça, fini-t-elle par dire en me lançant un regard noir.

Je pince des lèvres en hochant la tête avant de m'asseoir à ses côtés sur la barrière.

Le vent se fait frais, on ressent la température d'automne. On est mis-octobre et le temps défile à une vitesse folle. Tellement de choses se passent dans ma vie en ce moment que je n'ai presque plus de temps pour moi pour souffler. Il faut encore que je règle cette histoire avec Xavier... Il me reste une semaine pour le retrouver. Ça va être compliqué, très compliqué. Mais je n'ai pas le choix. J'appellerais Elijah ce soir pour avoir plus d'informations. J'espère de tout mon cœur qu'il sera en mesure de m'aider. 

Le vent fouette mes joues et je rabat ma capuche, à la recherche de chaleur. Amaya à les cheveux au vent et les yeux légèrement plissés. Je me tourne juste assez pour lui faire face tandis qu'elle lève la tête pour regarder le ciel. Je passe la main sans ma poche et sort ma liasse avant de compter deux-mille cinq cent dollars et de lui tendre. Elle baisse le regard sur les billets et fronce les sourcils.

— On n'avait pas dit autant, chuchote-elle confuse.

— Je sais. C'est moi qui veut te donner cet argent en plus, déclaré-je.

— Pourquoi ?

Son expression me perturbe. Elle a l'air perdue, comme si elle cherchait une réponse dans mes yeux.

Je hausse les épaules et prends sa main pour y déposer l'argent.

— Pour m'avoir fait confiance avec ta voiture malgré le fait que tu me détestes ? tenté-je.

Elle rit et son corps tremble tandis que je lui souris.

— C'est vrai. Je te déteste, Zak La Menace.

Je lève les yeux au ciel et elle range les billets dans la poche de sa veste en cuire. Un silence agréable s'installe entre nous et j'en profite pour regarder au loin les gens qui font la fête. Je devrais être là-bas moi aussi mais je préfère être ici, loin de la foule, loin du bruit, loin de tout.

***

La fête bat encore à plein fouet. Amaya s'en est allée et je me retrouve seul sur la barrière. Levi est mon seul moyen de locomotion pour le moment et il n'est pas près de rentrer, donc j'en profite pour passer un coup de fil à Elijah.

Mon coeur bat vite et fort. J'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine à tout moment.

Je déteste passer des appels téléphoniques, putain.

Je prends une bonne inspiration et cherche son numéro dans mon répertoire. Je n'ai pas eu contact avec lui depuis des années, il a peut-être même changé de numéro mais j'espère au fond de moi que ce n'est qu'une simple hypothèse.

Lorsque j'appuie sur son numéro, la sonnerie me donne la boule au ventre. De quoi est-ce que j'ai peur ? De l'appel téléphonique lui-même ou du résultat de celui-ci ?

Les deux.

Je m'apprêtais à raccrocher quand la voix rauque de Elijah répondit. Avec une voix très grave et un accent texan que je pourrais reconnaître à des kilomètres. Il a emménagé dans le nord des États-Unis à seulement quinze ou seize ans et ne s'est jamais débarrassé de son foutu accent.

— Salut, Elijah. Comment tu vas depuis le temps ? dis-je avec un sourire en coin.

— Qui est à l'appareil ? répond-t-il sans prêter attention à ma question.

Je retiens un rire et la boule au fond de mon ventre se dissipe un peu. Juste assez pour pouvoir parler sans réfléchir dix minutes à l'avance à mes mots.

— Je suis déçu que tu n'aies pas gardé mon numéro enregistré, Eli.

— Zak ? me questionne-t-il. Le ton de sa voix monte légèrement dans les aigus et je ne peux m'empêcher de rire cette fois-ci. Il ne s'attendait vraiment pas à ce que je le contacte on dirait.

— C'est moi, fini-je par dire. Comment tu vas mon pote ?

Il rit à son tour puis je l'entends bouger, comme s'il était couché et qu'il se relevait.

— J'y crois pas ! Ça va super et toi ? Toujours dans la course ?

— Toujours, articulé-je.

J'en profite pour prendre un peu de ses nouvelles et il parait qu'il est à New York en ce moment même pour le travail. Je lui raconte un peu ma vie mais vais vite au sujet important.

— J'avais quelque chose à te demander, Eli. Je sais ça peut-être délicat mais j'ai vraiment besoin de ton aide, je prends une grande inspiration et continue. Tu m'avais dit il y a quelques années que tu avais des contacts à la frontière américano-mexicaine. C'est toujours d'actualité ?

— Oui, j'ai mon frère qui travaille à la douane. Pourquoi ? T'as des soucis ? s'inquiète-t-il.

Je soupire et regarde autour de moi avant de me lever pour marcher un peu.

— Oui, j'ai besoin de savoir qui quelqu'un à essayer ou à passer la frontière. Tu crois que c'est possible de savoir ?

— C'est faisable. Tu as le nom et une photo de la personne ?

— Oui, j'ai toutes les infos dont tu pourrais avoir besoin, déclaré-je.

— Parfait, fais moi passer tout ça le plus rapidement possible pour que j'envoie tout ça à mon frère. Je te recontacterais au plus vite quand j'aurai des nouvelles.

Le soulagement m'envahit, j'aurais presque envie de crier pour évacuer tout mon stresse.

— Merci beaucoup mec. Tu sais pas à quel point tu me sauves la vie.

Il rit et me dit que je peux le contacter quand je veux. Je le remercie avant de raccrocher.

Maintenant, je dois en parler avec Levi mais le connaissant, il doit être bourrer.

Tant pis. Ça attendra demain. Là, je dois juste le retrouver afin de le ramener chez lui...

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Hello hello 👀

J'espère que ce chapitre vous à plu 🫶🏼

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Watch your back, Racers 👀