H7: Le noir n'est jamais noir.
-Avez-vous déjà eu ce sentiment que vous ne servez à rien ? Que peu importe vos actes, il est inutile de faire quoi que ce soit et que les choses sont immuables. Moi ce sentiment me colle à la peau, je ne parviens pas à m'en débarrasser. Et là dans l'immédiat je veux juste me confier, pour la première fois de toute ma vie... exprimer tout ce que je ressens. Alors je vais parler seul à qui voudra bien l'entendre.
Je regarde mes jambes se balancer au dessus du vide, je dirais... une vingtaine de mètres de chute libre. Le vent frai caresse mes cheveux et je me sens apaisé. Je vais enfin être tranquille. Et j'écris ma lettre de suicide dans le vent avec l'encre de ma voix. Le vent gardera à jamais une trace de mon existence. Et je commence à me confier à ce vent glacial qui me souffle dans le visage.
-Ma maman était une prostitué. Mon papa, un client. Et ma naissance une tentative de chantage d'une femme désespéré et prête à tout. Même à faire un enfant sans avenir. Je me racle la gorge.
- Et finalement la tentative de chantage fut inutile, mon papa s'en foutait, il l'a bien fait savoir. Et ma maman s'est retrouvé avec un enfant sur les bras, sans avoir de quoi l'élever, sans avoir d'amour à lui porter et sans y être préparé.
Elle me détestait. Bébé, elle me négligeait, plus tard, elle m'enfermait pour me faire taire et quand elle partait travailler -des fois pendant plusieurs jours- et quand elle revenait et que ça sentait l'urine elle se plaignait. Elle me collait une ou deux claques et retournait faire sa vie après m'avoir donné quelques restes de ses repas, sur les quels je me jetais, affamé. J'ai commencé à aller à l'école quand les services sociaux sont venus toquer à notre porte. Ne voulant pas que les voisins aient une mauvaise opinion d'elle, quelques jours plus tard elle me faisait rentrer en école primaire. Mes vêtements étaient limé jusqu'à la corde, mes chaussettes trouées et mes chaussures défoncées. Les autres enfants refusaient de s'approcher de moi. Je ne savais presque pas parler à l'époque, la maitresse s'en était indigné. Elle avait prit rendez vous avec ma maman. Et elle n'était jamais venu.
C'est quand j'ai eu treize ans que maman a commencer à me taper dessus. Enfin je veux dire, frapper fort, avant, une claque ou deux, un coup de pied suffisaient. Mais à partir de cet âge là, elle commençait à devenir trop âgée pour vendre son corps, et la pénurie de client se faisait sentir par la désertion du moindre aliment dans nos placards. Et elle a commencé à passer sa rage sur moi. Mon corps était un hématome géant, mon esprit un vide intersidéral.
Et mon papa a prit contact avec moi. Il avait l'air gentil, j'avais quatorze ans et je comprenais seulement que toutes les personnes autour de moi n'avaient pas la même vie que moi. Qu'eux mangeaient à leur faim pour la plus part, que le fait que les maman frappe ne soit pas normal. Alors quand mon papa est apparu, j'ai vu là le moyen d'avoir un semblant de vie correcte.
C'est ce qu'il se passa, j'allais chez lui de temps en temps et ma maman enrageait. Elle ne voulait pas, mais je voulais un papa. Et je l'avais, je découvrais le simple fait de sourir et rigoler, la vie prenait des couleurs. Mais mon corps grandissait, et mon esprit se retrouvait obligé de s'adapter. J'entendais les garçons de mon âge parler des filles, alors je me suis mis à regarder les filles, mais je ne ressentais rien. En revanche le corps des garçons faisaient naître en moi des sentiments nouveaux, des pensés érotiques douces, des histoires romantiques. Et ma plus grosse erreur fut d'en parler à mon papa. Sa réaction fut sans appel. Il me renia, parce que je cite : « il ne voulait pas d'un fils PD » et je pus mettre un nom sur ce que je ressentais, j'étais gay, tout simplement.
Ma mère était une prostituée, mon père venait de m'abandonner une fois de plus à elle. Et j'étais gay. Dire que je me sentais bien et que je ne versais pas une larme était faux. Je pleurais tous les soirs. Et ma mère était bien heureuse que mon père ai mystérieusement disparu de ma vie, même si elle ne savait absolument pas pourquoi il avait changé d'avis, elle était juste contente. Heureuse de mon malheur. Ça a duré deux semaines, deux semaines sans coups, puis elle s'est mise à boire, nos placards toujours vides, et quand elle rentrait des bars, elle ne marchait plus droit, et elle avait le coup facile.
Je marque un temps d'arrêt. J'ai la gorge nouée. Je déglutis et soupire un grand coup.
-Un jour elle est revenue dans une rage folle, et bourrée pour changer.
Elle a commencé à frapper et je souffrais en silence. Elle me jetais tous les objets qui se trouvaient à porté de ses mains. Et je ne sais pas ce qui a bien pu le passer par la tête, je me suis dis que toutes manières ça ne pouvait pas être pire. Je lui ai dis, ce qui me pesait déjà sur le cœur depuis quelques temps déjà. Et ce que c'est morts m'ont prit, je ne le retrouverait jamais. Je lui ai annoncé mon homosexualité. Et contrairement à ce que je pensais, c'est devenu pire. Elle s'est acharné sans vraiment regardé où elle frappait et tout ces coups sont tombés sur le même endroit. Mon bras droit. J'ai...
Ma voix déraille et je ravale mes larmes.
- J'ai finis par tomber inconscient. Je ne sais pas qui a appelé les secours, ma mère ou les voisins ? Mais quand je me suis réveillé je ne m'étais jamais sentis si vide. Et pourtant en vide intérieur je m'y connais. Le médecin est arrivé dans la pièce avec un air désolé. Et il m'a rapidement expliqué ce qu'il m'arrivait. Sa dernière phrase contenait un mot... celui qui me fit le plus d'effet : « amputation ». Je pourrais dire que ça avait fait basculer mon monde. Mais non. Je n'avais rien, je ne valais rien, je ne servais à rien et à personne. Maman le disait tout le temps. Je n'avais même pas la force de la détester. Même pas quand elle joua tout un cinéma devant les médecins en leur faisant croire qu'elle tenait à moi. Tout le monde conclut donc que je m'étais fait tabassé par un groupe de jeune dans un parc, sans mêle m'avoir posé de question. J'ai été hospitalisé plusieurs mois jusqu'à ce que tout guérisse. Et je n'avais plus de bras droit. Je l'avais perdu à 16 ans.
Je marque une pause pour réussir à reprendre mes moyens.
- C'est dans cet hôpital que je l'ai rencontré. Lui. Notre histoire a commencé douce. Parfaite. Il m'aidait sans même connaitre ma situation, je le maintenait dans un monde serein, doux ou la prostitution et la violence étaient des Mythes. Ma mère continuait à faire virer mon corps aux différentes nuance possible entre violet et bleu.
Et j'ai eu dix-huit ans. Le jour même, ma maman m'a viré de son domicile, se privant de toute responsabilité envers moi. Mais je m'en fichais, je l'avais lui, il m'a accueilli dans son appartement, et c'est devenu le notre.
Je pince mes lèvres, ne cherchant même plus à sécher mes larmes, reniflant simplement.
-Et ce soir... ma voix dérailla. Tout ca c'est fini. Je lui faisais une surprise en rentrant plus tôt à l'appart pour fêter mon anniversaire avec lui en amoureux. La suite semble évidente bien sûr. Elle saute aux yeux.
Il était dans notre lit avec cette fille rousse trop maquillé. Il m'a vu et il a continué ce qu'il fesait. Elle criait sous ses soins. « ah ! T'es rentré ? D'ailleurs tu voudrais pas dégager de l'appart ? Genre... définitivement ? J'ai besoin de plus de place ? Tant que t'y es, dégage de ma vie. Je veux pas d'un mec chiant qu'a qu'un seul bras. Non... je veux pas de toi tout court. »
Et il l'a fait jouir, alors qu'avec loi il se contentait de tirer son coup avant d'aller se doucher. « Oh ouais, jouis pour moi ma belle ». J'ai envie de vomir. Après deux ans et trois moi de relation. Je me suis contenté de me barré, la réflexion a été vite faite. Je suis sorti de l'appart et je suis venu jusqu'ici.
Je suis le fils d'une prostitué abandonné par son papa à cause de son homosexualité, ma maman m'a prit mon bras pour la même raison et a finit par m'abandonner à mes dix-huit ans. Mon copain vient de me larguer. De façon.... Dégueulasse.
Je pousse un soupir las.
-À quoi toute cette blague qu'est mon existence aura servie ? À rien, à absolument rien.
Je regarde le vide. Je fais un petit sourire.
-Adieu maman... merci pour rien.
Je commence à me laisser basculer pour tomber. Mais je suis tiré en arrière. Et je me retrouve plaqué au sol. Un petit blond aux yeux bleus devant moi.
-Ne saute pas.
-Laisse moi faire, tu ne sais rien de moi.
- J'étais là depuis le début. Je t'ai entendu du début à la fin de ton récit.
Je fronce les sourcils.
- Tu es resté ici jusqu'au bout ?
- Oui.
- Mais qu'est ce que tu fous là à trois heures du matin ?
Il détourne le regard, mal à l'aise.
-J'étais venu sauter.
-C'est une blague c'est ça ? Un mec qui était venu mettre fin à ses jours de la même façon que moi me demande de pas le faire ? T'es sûr que ca va dans ta tête ?
-Oui... Je crois....
-Pourquoi ?
Il fronce les sourcils.
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi t'étais venu sauter de ce pont ?
-ça ne te regarde pas.
-Tu te fons de ma gueule ? Tu viens d'entendre ma vie de A à Z et tu veux pas me dire ce que tu fous là ?
- Bon... ok...
Il se redresse en position assise, toujours installé sur mes hanches. Je remonte mes genoux qui finissent par lui faire un appui. Et il se laisse reposer dessus. Puis il replonge ses magnifiques yeux dans les miens.
- Je suis un prostitué.
Oh... quelle coïncidence...
- Développe.
- Je nais pas spécialement eu d'enfance triste, désastreuse ou ....
Il fixe mon bras... ou plutôt l'emplacement où il aurait dû se trouver. Puis il se reprend.
-Mais ma famille n'est pas spécialement riche... et je me suis lancé dans des études. Je suis vite arrivé au bout de mes économies. Il a fallu trouver de quoi vivre, j'ai essayé des tonne d'offres d'emploies, mis personne n'a voulu de moi... et j'ai vu ces garçons qui faisaient les trottoirs. Et je m'y suis mis aussi... mais je n'en peux plus. Je suis à bout.
-Tu fais des études de quoi ?
- Droit.
-Tu veux devenir juge ?
-Non Avocat.
Je lui fais un petit sourire.
-Tu as de l'avenir, ne baisse pas les bras.
-On va faire un pacte.
Je hausse un sourcil.
-Que propose tu ?
-Si tu ne saute pas je ne saute pas. Si tu saute je saute.
-À une seule condition.
-La quelle ?
-Ca fonctionne dans les deux sens. Si tu ne saute pas je ne saute pas. Si tu saute je saute.
-D'accord... J'ai un appart, je vais continuer à bosser et on s'y installera tous les deux dès ce soir.
-Non.
Il a l'air vexé.
-On est partis pour faire un bout de route ensemble. Et je refuse que tu continus à te prostituer. J'ai un Job, on vivra sur mes revenus. Tu finiras tes études, tu te construira un avenir et tu pourras me virer de ta vie quand ta situation sera stable ou quand tu ne me supportera plus.
-Et t'abandonner ? Comme toutes les personnes qui t'on entouré dans ta vie ? Non. Je m'assurerais que toute idée noir ai disparu de ton esprit avant.
-Si tu veux...
-Et... tu as eu ton bac ?
-Oui...
-Alors tu feras des études toi aussi. Et tu auras un avenir au même titre que moi.
Mon cœur se secoue, c'est la première fois que quelqu'un se soucie autant de moi.
Il me tendit son petit doigt gauche et l'entre lassa avec le mien.
- Croix de bras croix de fer. Celui qui lent ira en enfer.
Il me fait rire avec sa bouille, il a quoi ? 17 ans ? Attendez... non... il fait des études... il a sauté une classe ? Deux ?
-Ah... au fait ? C'est quoi ton nom ?
Je le regarde avec des yeux ronds. C'est vrai on ne s'est même pas présenté. Je ricane. Puis finis par lâcher:
- Reise Bronceau, et toi ?
- Nell Robert.
- Oh... et tu as quel âge ?
- Toi d'abord.
- Ben.... Dix-neuf ans.
Il me regarde étonné et fini par retrouver la parole :
- Je m'attendais à ce que tu me sorte « vingt-quatre ans »
- Et donc...
- Ah... moi j'en ai vingt-deux.
C'est à mon tour d'afficher la surprise.
- Et bien, heureux de faire ta connaissance Nell.
Et c'est comme ça que on finit par se retrouver sous le même toit. Et comme dans toute romance à l'eau de rose, des sentiments s'en sont mêlé, je dois l'avouer ça a pas été simple tous les jours, tout n'est pas tout rose, les rechutes étaient éprouvante. Mais on s'est battu pour arriver où on en est.
Il est devenu avocat, et moi contre toute attente je suis devenu prof, de maths qui plus est. Et je suis attentif aux regards vides, je ne les connais que trop bien. Et si je peux puiser dans mon vécu pour sauver d'autres personnes. Alors je ferais tout mon possible.
Je caresse du bout des doigts mon alliance. Et je relève la tête vers le visage de mon blond. Et lui fais un grand sourire. Mon fils me grimpe sur les cuisse pour venir piquer une fritte dans mon assiette.
Je soupire et lui lance un regard désaprobateur.
-J'en connais un que je vais chatouiller en rentrant.
-Non ! Pas les Satouille !
-Cris pas dans le restaurant..
-Oui Papa...
Je souris en coin. C'est injuste il a trop une bouille d'ange ce gamin.... Impossible de résister.
Je recommence à manger quand une ombre s'arrête devant notre table. Je relève la tête vers ce que je pensais être le serveur qui nous apportait l'eau. Mais je tombe dans le regard d'une dame d'une soixantaine d'année. Elle me fixe étrangement. À côté d'elle se trouve un homme du même âge. Et derrière ces deux là, un jeune homme qui me ressemble comme deux goûte d'eau quand j'avais dix sept ans.
Oh mon dieu.... Ce ne serait pas... la vielle femme prend la parole :
-Reise ?
Nell qui ne semble pas comprendre la situation parle à son tour :
-Reise ? C'est qui ?
-Nell... je crois que c'est ma mère...
-Tu veux dire...
-Oui.
-Oh... je vois... euh... enchanté madame.
Je ricane car je vois que malgré tout, une certaine haine est transmise dans les paroles de Nell.
Je tourne le regard vers le jeune homme. L'expression de surprise peinte sur son visage ne se décolle pas.
- Uhm... tu es ? Mon petit frère je suppose ?
Il parait totalement déstabilisé. Le père de famille prend la parole.
-C'est donc toi Reise... il me fait un sourire triste... Rachelle et moi allons nous installer à une table... cela vous dérange si mon fils mange avec vous ? Il veut vous rencontré depuis un bout de temps.
Avant que je n'ai pu ouvrir la bouche, Nell avait accepté et l'ado était assis en face de moi. Ma bouche se retrouve d'un coup asséché.
-Uhm... alors...euh... du coup... c'est quoi ton nom ?
-J.. je...je... M'appelle Ren...
-Enchanté Ren... je... te présente, Kai, mon fils et Nell, mon mari
Ce dernier émis un bruit étrange suivit de la phrase suivante :
-Oh mon dieu... je kiff quand il m'appelle comme ça ! Enchanté Ren.
Il n'est pas question de relier les liens avec ma mère, par contre, ce jeune ne m'a rien fait et je l'apprécie déjà...
Je fais un sourire doux...
Tout ce que j'aurais pu regretter en me jetant de ce pont.
Qu'est ce que je ne regrette pas d'avoir cru en Nell.
Et Qu'est ce que je l'aime.
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