10 L'evasion
D'abord, une odeur nauséabonde, mélange d'urine, de moisissure. Puis une sensation d'humidité, de froid, ensuite, mordant, vif, et une impression de désespoir, qui le tenaille.
Il sent la pierre, glacée sous ses doigts.
Il ouvre les yeux.
Il est allongé par terre, à même le sol.
Il se redresse lentement.
Les idées embrouillées, les pensées confuses, une douleur vive qui lui vrille les tempes. Ou est il ?
Il jette un regard et comprend. Il est à Azkaban. Il regarde les autres cellules. Mais n'aperçoit ni son frère, ni Bellatrix.
Les jours passent, sinistres, tristes et vides de sens. Il n'y a rien à faire, dans cette minuscule cellule, à part penser.
Les détraqueurs rôdent, répendant le désespoir sur les prisonniers. La nourriture est immonde et les heures s'égrennent, interminables.
Les jours passent, les cellules se remplissent.
Ils sont dans le quartier de haute sécurité.
Bellatrix et Rodolphus, remis de leurs blessures, lui tiennent compagnie dans les cellules voisines, mais ils ne cessent de ressasser leur rancoeur, leur haine.
Rabastan se contente de rêver, il imagine de nouvelles victimes, il rêve tout éveillé de liberté.
Les procès, la condamnation à perpétuité, et les années, qui passent, immuables.
Et puis, l'espoir, pour Rodolphus et Bellatrix, des rumeurs, qui parlent d'une étrange affaire, à Poudlard, et le nom de Voldemort, plane.
Et si...Si il n'était pas mort ? Si...Il cherchait à revenir ? Les hypothèses les plus folles couraient à présent. L'espoir, fou, qu'il parvienne à les libérer à recouvrer sa puissance, les envahit.
Cela fait dix ans, qu'ils sont derrière ces grilles.
Dix longues et interminables années, à lutter contre la folie.
Garder la tête froide, ne pas sombrer. Et à présent, un faible espoir.
Rabastan ne souhaite pas repartir en guerre. Même s'il espère, contre toute attente, que le retour du maître leur permettra d'échapper à cette prison, il ne rêve que de paix. Il est apaisé, à présent, il ne ressens même plus l'envie de tuer. Il rêve de paix.
Certains sont devenus fous, mais pas lui, pas Bellatrix ni Rodolphus.
Ils se soutiennent, s'encouragent.
Une autre année passe sans autre signe de vie de la part de Voldemort.
Et si tout ça était une erreur ? S'il était bel et bien mort ? L'espoir s'amenuise.
Une autre année, sans que rien ne vienne étayer les rumeurs puis, tout à coup, une attaque.
La coupe du monde de Quidditch qui a eu lieu en Angleterre et s'est soldée par une attaque de mangemorts.
Enfin, le signe qu'ils attendaient est là. L'espoir flambe de nouveau.
Les marques presque effacées, sur leurs poignets brûlent, et réapparaissent plus nettement. Ils ressentent l'appel de leur maître. Ils savent alors qu'il est revenu. Qu'il est vivant.
La plupart ont perdu la notion du temps. Mais d'autres, barrent les jours, en alignant des traits.
Cela fait maintenant quinze ans, qu'ils sont enfermés.
Rabastan a fermé les yeux. Il est difficile de dormir, ici, au milieu des pleurs et des cris.
Mais il sait se fermer au monde extérieur.
Pourtant, ce jour là, quelque chose le dérange, il sent comme une urgence, un changement, dans l'air.
Une goulée d'air glacée survient. Il sait ce que cela signifie. Un détraqueur circule, dans le couloir.
Des cris de terreur, et de désespoir résonnent sur son passage.
Les barreaux se couvrent de givre.
Rabastan se redresse, surpris.
Que vient il faire ici ? Ils viennent rarement dans les quartiers de haute sécurité. Ici il n'y a plus d'espoir à absorber.
Mais les grilles s'ouvrent sur son passage. Étrange. Qu'est ce que cela signifie ?
Il jette un coup d'oeil aux autres cellules.
Celle de Bellatrix, et de Rodolphus sont ouvertes, ainsi que sept autres, dont celle de Rosier, Rockwood, Macnair, Dolohov, Mulciber, Crabbe et Goyle.
Ils se retrouvent dans le couloir, hébétés surpris.
Bellatrix est là première à reprendre ses esprits.
Elle se saisit de sa baguette, déposée devant sa cellule par le détraqueur, et se rue dehors. aussitôt suivis par les autres.
Ils transplanent aussitôt.
Ils se rendent dans un vieux manoir abandonné, appartenant aux Crabbe. L'intérieur y est luxueux, bien que l'extérieur semble en ruine.
Il est là, aussi puissant et charismatique qu'autrefois, comme si ces quinze années n'avaient jamais éxisté.
Pourtant, Rabastan les sent lui. Bienqu'il n'est que quarante deux ans, il a l'impression d'en avoir dix de plus.
Émacié, maigre, il a perdu sa masse musculaire. Et bien que grisé par la liberté retrouvé, il ne se sent pas de reprendre un combat auquel il n'a jamais vraiment cru.
La marque de son poignet, lui fait penser à une chaîne d'esclave.
Mais on ne quitte pas le seigneur des Ténèbres impunément, il le sait.
Bellatrix s'est jetée à ses genoux, et le remercie. Elle lui rappelle qu'elle lui a toujours été fidèle.
Il lui tapote la tête, comme on le ferait à un chien. N'a t'elle donc aucune dignité ?
Il les salue, et Rabastan s'efforce de contenir la colère, qui gronde au fond de lui. Tout va recommencer, mes meurtres, les enlèvements, les tortures, pour sa seule gloire.
Mais lui n'aspire qu'à la paix, à présent. Il rêve de poursuivre ses recherches. Et peut être reprendre ses anciennes habitudes, quoiqu'il n'en ressente pas le besoin, pour l'instant.
Il voudrait pouvoir sentir l'air frais de la nuit de ce début de janvier, errer sans but, dans Londres.
Ses pensées s'envolent loin du manoir.
Il écoute à demi Voldemort qui leur expose ses plans. Il parle de la prophétie, qu'il veut à tout prix. Il explique que seul le garçon peut la prendre sur son socle, dans la salle du département des mystères, laquelle est gardée nuit et jour par des membres de l'Ordre.
Ah, ils sont encore là, ceux là, constate t'il.
Et Voldemort parle de son nouvel allié, Darken Rhal, et son armée de femmes soldats.
Des femmes ? Voilà qui est étrange. Certes certaines d'entre elles sont redoutables, il pense à celles qu'il a affronté au cours de la guerre.
Sa soeur, la sang de bourbe de Potter. Meadowes, Vance, toutes des femmes courageuses et puissantes
Ils se rendent au Manoir Malefoy.
Rabastan ne peut s'empêcher de mépriser Lucius. Il le considère comme un lâche, et le lui fait bien sentir.
- C'est commode, hein, l'imperium, pour échapper à Azkaban. Dit il.
- Il fallait que quelques uns d'entre nous, restent pour préparer le retour du maître.
Rabastan part d'un grand rire.
- C'est ce que tu lui as dit ? Et il t'a cru ? Alors il est plus bête qu'on le pensait. Tu le croyais mort. Tu as juste voulu sauver ta peau. Tu n'es qu'un lâche !
- Répéte moi ça !
- Un lâche. Un immonde lâche.
Lucius sort sa baguette, Rabastan en fait autant.
Narcissa se jette entre eux.
- Ça suffit ! Vous devriez être reconnaissant. C'est parce que Lucius n'est pas allé à Azkaban qu'il peut vous fournir un foyer décent !
- Elle a raison, Rab. Intervint Bellatrix. Range ta baguette. Nous sommes chez eux.
- La prison t'a ramolli Bella. Gronde Rabastan. Il range sa baguette et sort dans le parc, fumer une cigarette.
Il est furieux. Il a besoin de se calmer. Alors il jette son mégot l'écrase et rentre. Il prend une douche, emprunte des vêtement à Lucius. Autrefois il n'aurait pu rentrer dedans, mais aujourd'hui, il est si maigre, qu'il sont même trop grand pour lui.
Il sort.
Rodolphus le retient.
- Fais pas de connerie, c'est pas le moment de se faire remarquer.
- T'inquiète, j'ai juste besoin de prendre l'air.
Il sort, respire une grande bouffée d'air, et transplane. Il erre dans les rues de Londres, conscient que des le lendemain, Sa photo s'étalera sur tous les murs.
Mais pour le moment, il n'est qu'un inconnu qui passe, que personne ne remarque.
Il re-découvre ces quartiers de Londres, qu'il a jadis écumé.
Il fait froid, mais qu'importe. Il est heureux d'être libre.
Il rentre à l'aube, sans vraiment en avoir envie.
Il va s'allonger sur le lit que Narcissa lui a préparé.
Un vrai lit, avec des draps propres et frais, pas une paillasse dégoutante, et malodorante.
D'ailleurs tout sent bon dans cette chambre.
Il n'a pas fermé les volets, il a besoin de voir la lumière du jour.
Il est fatigué, mais le sommeil le fuit.
Il n'a plus l'habitude de ce silence, de ce confort, il tourne et retourne les événements de cette soirée. Tout est allé si vite.
Les temps ont changé. Il n'est plus question de semer la terreur, en attaquant des moldus.
Ils doivent attendre les ordres du maître. Rester discret.
Mais Rabastan n'a aucune envie de rester chez Narcissa.
Il ne supporte pas les grands airs de Lucius, cette façon qu'il a de les prendre de haut.
Quand à Narcissa, elle leur fait bien sentir qu'ils ne sont que tolérés.
Le manoir lui manque. qu'un vague souvenir de ses anciennes recherches sur la magie noire.
L'inaction lui pèse.
Il sent ressurgir en lui, ses anciens démons.
Profondément enfouit au fond de lui, le désir de tuer, refait peu à peu surface.
La journée, il travaille à la création de potions, et de sortilèges, dans les sous sols du manoir Malefoy.
Le soir, il erre dans les rues de Londres, sans but. Parfois il croise une moldue, et il sent le monstre gronder, en lui. Il la suit du regard, c'est tentant. La suivre et puis...
Mais il se reprend toujours. Pas maintenant, Il doit rester discret.
Il reprend ses errances.
C'est au cours de l'une de ces promenades nocturnes qu'il l'aperçoit.
Elle sort d'une librairie, dont la devanture attire le regard par son originalité. les livres qui sont exposés sont présentés de façon créatives, sur de superbes fresques illustrant le résumé de l'ouvrage.
Une bise glaciale souffle sur Londres, tandis que la neige fondue, se transforme en flaque de boue.
Quelques flocons voletent mais fond aussitôt.
Elle remonte le col de son manteau. Et se dirige d'un bon pas vers une ruelle sombre.
Le quartier n'est pas le pire de la capitale, mais ce n'est pas le mieux fréquenté non plus.
Pourtant elle marche d'une démarche assurée.
Il l'aurait reconnu entre mille. Peu importe que quatorze ans soient passés.
Elle se tient droite, le regard fièr, le port de tête altier. Elle n'a pas changé. Sa haute silhouette se détache nettement sous la clarté pâle de la lune.
Ses traits fins et délicats, sont crispés par le froid.
Ses cheveux noirs lui tombent sur les épaules.
Il est stupéfait, de la trouver là. Il la suit.
Il pense l'avoir perdu dans la ruelle, mais alors qu'il s'aprète à faire demi tour, déçu, elle surgit derrière lui, sa baguette à la main.
- Qui êtes vous et pourquoi me suivez vous ?
- Mia !
- Rabastan ? Mais...Je te croyais...
- À Azkaban ? Oui, j'y étais.
- Tu as été libéré ? Demande t'elle d'un ton soupçonneux.
- Pas exactement.
- Tu t'es évadé !
- Tu ne lis pas les journaux ?
- Non, ils n'annoncent que de mauvaises nouvelles en ce moment.
- Il nous a libéré.
- Qui ?
Mais elle connaît déjà la réponse.
- Tu ne t'en doutes pas un peu ?
- Si. Hélas.
- Qu'est ce que tu faisais dans cette boutique ?
- Tu m'espionnes ?
- Non, je suis tombée sur toi par hasard.
- Et je suppose que je dois te croire ?
Il hausse les épaules.
Elle est presque aussi grande que lui, et ses yeux bruns, le toisent, hautains et méprisant
- C'est la vérité.
- Peu importe. Je ne veux rien à voir à faire avec toi.
Il soupire.
- On peut peut être discuter.
- Je n'ai rien à te dire.
- Bein peut être que moi j'ai des choses à te dire.
- Ça m'est égal.
- Donne moi une chance de m'expliquer.
- De m'expliquer quoi Rab ? Que tu es un mangemort à la solde de Voldemort ? Un tueur ?
- Oui, mais...C'est fini tout ça !
- Fini ? Non. Je crois pas. Il t'a libèré, tu as une dette envers lui...
- Je m'en fou.
- Pas moi. Tu restes son serviteur, son esclave.
- Tu te trompes.
- Vraiment ? A la seconde ou il te demandera de tuer une famille, des enfants innocents tu le feras.
- Non !
- Peu importe. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi.
Elle transplane
Il fixe longtemps l'endroit où elle a disparu.
Ça lui a fait un choc de la revoir. Elle est encore plus belle que dans ses souvenirs.
Il ne réalise que bien plus tard qu'il pense chaque mot qu'il lui a dit.
- Je ne suis plus le même Mia, et je te le prouverais.
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