6 ~ Aleksi ★

N'hésitez pas à commenter durant votre lecture :)
Ce chapitre est plus court que les précédents, malgré ça, bonne lecture ! <3

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« Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu. » — Victor Hugo

Astéria est repartie en début de soirée. Quelle ne fût pas la surprise de ma tante la trouver avec nous ! Elle ne pensait pas que nous mettrions autant de temps à terminer cette anthologie, aujourd'hui rendue depuis mardi. 

Le cours de musique est aujourd'hui ennuyant. Mais, c'est parce que j'ai terminé le contrôle depuis déjà un quart d'heure, et je n'ai rien d'autre à faire que de gribouiller sur ma feuille de brouillon. C'est vendredi soir, et j'ai hâte d'être chez moi, sans compter que je dois d'abord travailler.

   Je travaille au théâtre du coin. Mon travail se borne à faire payer aux gens leurs tickets. Si certains sont agréables, d'autres ne disent même pas bonjour, et c'est difficile de garder le sourire face à des gens se croyant supérieurs à vous. Heureusement que ce ne sont que des exceptions !

   Quand la sonnerie se fait entendre, je me lève tout de suite pour rendre ma copie. Je remballe mes affaires et suis dans la cours très rapidement. Je décide d'attendre ma soeur. Elle avait cours de biologie approfondie. Si certains comme moi avaient pris des options comme musique, ma soeur avait préféré prendre de l'approfondissement, ce qui, il fallait l'admettre ne la desservait pas.

— Salut !

   Je sursaute. Je n'ai pas vu Astéria arriver. Je lui souris et la salue. Elle a une grande pochette dans les mains. Piqué par la curiosité, je lui demande si je peux y jeter un oeil. Elle accepte et me la tend, me disant qu'il n'y a que ses travaux du lycée.

— Sauf celui-là, précise-t-elle, voyant que je m'arrête sur un portrait d'un acteur fait à sa manière.

— Ta peinture est très belle. Tu as du talent ! Et de très bonnes idées !

— « Je n'ai pas eu l'idée, je n'ai pensé qu'à une image. » cite-t-elle.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas sa référence.

— René Magritte répond-elle, en souriant légèrement

— Tu aimes bien cet artiste, non ?

Elle hoche la tête :

— Ses oeuvres sont magnifiques, tout comme celles de Van Gogh !

— Le fameux, je souris

— Pour moi, ils sont des modèles à suivre car leur art est-ce qu'il y a de mieux ! C'est la quintessence des arts !

— Wow, calme-toi ! je lui dis en riant.

Elle a l'air si passionnée.

— Ce qui est intriguant, c'est que tes dessins sont tristes, mais les couleurs sont joyeuses, je lui dis en observant chacun des dessins que contenait sa pochette.

Elle hausse les épaules.

— Je fais comme je sens.

— Eh bien, continue ! Mais, pourquoi le dessin ou la peinture plutôt qu'autre chose ?

— Avec l'art tu peux faire ce que tu veux. Tu peux tout réinventer, tu peux peindre le monde comme tu veux qu'il soit. Ça ne change pas ce qu'il est,  mais ça change ton monde à toi car tu as pu t'y croire pendant au moins quelques petites secondes.

— Je comprends, je lui réponds, c'est un peu la même chose pour la musique

— Evidemment, c'est un art au même titre que la littérature ou le théâtre ou la sculpture.

— Vous parlez d'arts ?

Flora vient de faire irruption. J'hoche la tête.

— Cool, fait-elle, au moins tu as trouvé quelqu'un d'autre que moi pour en parler...

— Pourquoi ? Tu n'aimes pas ? la questionne Astéria

— Si, mais je préfère regarder ou écouter, mais pas tout le temps, explique-t-elle en commençant à marcher vers la sortie.

   Je les rattrape et me rends compte qu'elles sont en train de parler. Je remarque que quelques personnes nous fixent et je décide de ne pas en tenir compte. Ignorer le regard des autres est très difficile, mais ça s'apprend. C'est un travail sur soi-même. Je me demande si Astéria y arrive.

— Eh, regardez, l'Alien s'est trouvé des amis ! s'exclame Alison. Eh, la moche ! Tu les as payés combien pour faire semblant ?

  Alison ne se rend pas compte qu'elle est stupide. Si, justement, un jour des aliens débarqueraient sur Terre, elle ferait partie des gens qu'on cacherait pour ne pas qu'ils fassent honte à l'humanité.

   Je me tourne vers Astéria et remarque qu'elle l'ignore et fixe ses pieds, sous les rires des autres. Chez eux non plus, ça n'a pas l'air de voler très haut...

— Ça t'arrive de parler ? Eh oh ! Regarde moi quand je te parle, sorcière !

   Lana s'est approchée d'Astéria et semble à deux doigts de l'attraper par le col de sa veste, mais Astéria a l'air aussi petite et fragile  qu'une poupée de chiffon. Elle garde obstinément la tête baissée.

— En plus d'être laide et d'être une sale intello, tu es incapable de parler. Tu crains. Les gens comme toi ne devraient pas exister.

Alors que j'allais intervenir, Astéria relève la tête, une lueur de défi brillant dans ses yeux bruns.

— Qui es-tu pour juger qui a le droit d'exister ou non ? Tu ne vaux rien. Tu n'es qu'un grain de poussière dans l'univers, tu es insignifiante, déclare-t-elle, d'une traite, son regard planté dans celui de Lana. Elle ne cille pas. Elle a l'air si forte à ce moment-là, elle est comme un roc face à un océan déchaîné.

— Les émotions, tu connais ? intervient Alison en se rapprochant à son tour. Tu ressembles à un robot. Tu es une machine. Tu ne sais que travailler et dessiner.

— En quoi travailler et avoir de bons résultats est mal ? réplique Astéria, impassible malgré ses mains tremblantes

— Tu n'es pas humaine.

— Espèce de monstre ! ponctue Lana

— Tu n'es pas intéressante. Qui voudrait d'un monstre ? Tu dégoûtes. En te regardant, on a envie de vomir.

Astéria reste insensible. Elle ne montre aucune émotion. Rien. Elle doit être forte pour arriver à se contrôler comme ça.

— Tu dis que je ne vaux rien, poursuit Lana, mais regarde-toi, regarde-toi Astéria Redwood, tu n'es qu'un poison.

— Tu as dit que j'étais un monstre. Il faudrait savoir ! réplique-t-elle, sarcastiquement

  Avant que je ne puisse esquisser le moindre geste, la main de Lana claque sur la joue d'Astéria, produisant un bruit sourd. Je vois Astéria porter la main sur sa joue rougie, choquée avant de se reprendre et de tenter de rendre la monnaie de sa pièce à Lana. Sauf que celle-ci est bien trop grande et qu'elle n'a qu'à pencher la tête de côté pour esquiver. Les autres éclatent de rire et je commence à bouillir intérieurement.

— Tu es pitoyable, la naine ! s'écrie Alison avant d'éclater de rire. Elle est vite rejoindre par les autres lycéens.

— On dirait un chien qui saute pour avoir son sucre, ricane Lana

   Elle ne voit pas la gifle d'Astéria arriver mais parvient à moitié à l'éviter. Bien qu'Astéria ne l'ait qu'effleurée, elle attrape cette dernière par le col de sa veste et recule son poing serré, prête à frapper. Astéria gesticule dans tous les sens.

— Je vais t'humilier, grince-t-elle

— Pas question.

Je viens de poser mes mains sur les épaules d'Astéria. Je la tire vers moi et la poigne de Lana se défait aussi facilement qu'un noeud sans ficelle.

— Allez, Lana, retourne lécher les fesses de Daniel et Gary, c'est là où est ta place. Tu ne sais rien faire de mieux de toute façon.

Sur ce,  je prends Astéria par le bras et tourne les talons, m'éloignant de ce lycée de malheur. Astéria semble tout étourdie. Je vois que tout le monde nous regarde et je leur fais un doigt d'honneur. Je croise les yeux calculateurs des quatre abrutis et me détourne.

— Merci.

Astéria triture nerveusement le pan de sa veste et m'observe d'un air perdu.

— Ce n'est rien, je réponds, perplexe par son regard.

Elle balbutie qu'elle doit rentrer chez elle et me laisse planté en face du lycée, après m'avoir dit un « au revoir » du bout des lèvres que j'ai à peine entendu.

— T'es mignon quand tu défends Astéria, me chuchote Flora

Je ne l'avais pas vue.

— La ferme.

Je lui donne un coup de coude en soufflant bruyamment.

— C'est encore plus adorable !

— Flora !

— Tu n'es pas l'aise !

— N'importe quoi, je réponds

— Tu rougis !

— Non. Je vois très bien ce que tu insinues mais tu fais erreur.

— Bon, j'avoue que tu n'as pas les joues rouges mais je pense que...

— Stop, je la coupe, je fais ce que je veux, un point c'est tout. Et arrête de chercher des sous-entendus là où il n'y en a pas !

— Si tu le dis, finit-elle par acquiescer.

   Je lève les yeux au ciel. C'est vrai que je suis passé du garçon discret à celui qui défend la fille rejetée par les autres très rapidement. Pourquoi ? Je ne sais pas. Comment ? Je ne sais pas non plus. Tout ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas si dur de s'opposer, d'élever la voix. Et si tout le monde le faisait, il n'y aurait plus de problèmes.

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Merci d'avoir lu ! <3

À très vite !

Honey <3

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