13 ~ Aleksi ★ - pt. 2

« Tu es un être à part entière, un individu doté d'une identité propre. Tu es libre de te faire tes propres choix. Le regard des autres importe peu. » Je répète ces mots à Astéria aussi souvent que je peux. Il ne s'agit pas uniquement de les lui rentrer dans le crâne. Non. Elle doit les comprendre, les assimiler, et je m'en rendrai compte quand elle l'appliquera à elle-même. À quoi servent les connaissances si on ne s'en pare pas au-dedans ? Je me frotte les yeux. La leçon de philosophie que je suis en train d'apprendre me monte à la tête au point que je l'applique dans des situations de la vie courante. Ou alors justement je fais ce qu'il faut. Je ne sais plus.

   En tout cas, c'est l'esprit embrumé par les mots que je m'allonge sur mon lit. Je jette un coup d'oeil à ma fidèle guitare qui repose fièrement contre le mur, aux côtés d'une basse. Ce n'est pas ce soir que je vais pouvoir jouer... Si je ne touche ne serait-ce qu'une seule corde, Flora débarquera. Il faut aussi dire que l'heure tardive et les picotements qui gagnent mes paupières sont contre moi... Satané emploi du temps ! Je suis dans une de ces périodes où l'on a juste envie de tout laisser tomber, de dire « F*ck ! » et de partir loin. Mais, en réalité, on ne bouge pas, et on continue de mener notre paisible morceau d'existence. « Tu as ton permis, tu pourrais partir. » me chuchote un serpent au coin de la pièce. Non, j'ai encore beaucoup à faire avant de partir à l'autre bout du monde.

~

  Assis contre le mur du couloir, écouteurs dans les oreilles, je termine ma nuit. Ou plutôt, je la commence. Je pourrais dormir contre le mur froid. La journée a été longue, très longue.

« Encore endormi ? claironne une voix moqueuse

— Tu peux parler, je grogne, en voyant ses cernes presque violacées.

Elle souffle avant de se laisser glisser à côté de moi. Enfin, s'asseoir sur le muret serait plus juste.

— J'ai envie d'aller en Californie. Au moins, il fait chaud, là-bas. Et il n'y a pas de neige.

— Très bien, et tu y vas comment, en Californie, Sherlock ? dit-elle, une pointe de sarcasme dans la voix

— En voiture. J'ai le permis, moi.

Volontairement, j'insiste sur le « moi » et observe sa réaction. Elle lève les yeux au ciel et se détourne. Pourtant, le sourire qui étire ses lèvres atteste de tout sauf de l'énervement.

— D'où le fait que tu ne viennes jamais en voiture au lycée. Je suis sûre que tu es un danger public ! affirme-t-elle, en croisant ses bras sur sa silhouette menue.

— Je n'ai pas trop le droit, ma tante refuse...

Ce qui est vrai, elle a toujours affirmé que rien ne valait la marche, surtout pour aller au lycée. Ou le vélo, à la rigueur.

— Parce que tu conduis mal, me taquine-t-elle

— Venant de toi, je trouve ça mal-placé... Je parie que tu n'as jamais touché à un volant de ta vie !

— Évidemment ! Je ne tiens pas à être une meurtrière...

Elle dit ça en fixant les paillettes blanches sur le sol, sur ses chaussures, peut-être aussi sur son âme.

— Ou une tueuse d'arbres, j'ajoute, en repoussant une mèche trop longue.

— Plus sérieusement, je pense m'occuper de ça cet été, déclare-t-elle en jouant avec ses pieds. Elle s'amusait avec la semelle de ses chaussures, à les faire se chevaucher.

— Parfait, j'espère que tes parents commencent déjà à économiser pour un budget « réparations », je lance, rien que pour le plaisir de la taquiner un peu.

— Hé ! elle proteste en levant la tête.

Elle me met un coup de coude avant de rire. Je souris puis descends du muret peu élevé. Je la surplombe largement. La neige jure avec ses cheveux couleur flamme. Malgré la pénombre, ses cheveux sont tout ce que je distingue. C'est alors que, sans réfléchir, je m'avance vers elle. Je me penche doucement au-dessus d'elle. Les pointes de ses cheveux m'effleurent doucement. Je m'approche encore. Une odeur fleurie et sucrée émane d'elle. Mon souffle est sur son visage, et je m'avance encore plus, pour récupérer mon sac à dos posé à côté d'elle. Je me redresse.

— Bonne soirée, je lui glisse, avant de m'en aller tout doucement.

— A demain ! me crie-t-elle, un léger sourire aux lèvres.

   Je me retourne une dernière fois pour lui sourire avant de partir. Le trajet jusqu'à la maison n'est pas trop long. Ayant un paquet de devoirs à faire et ne m'étant pas avancé les jours précédents par pure fainéantise, je commence tout de suite à travailler. Les notes correctes, malheureusement, ne viennent pas toutes seules... Après m'être énervé pendant près de deux heures sur un devoir de sciences, ma tante toque à ma porte, me prévenant que le dîner est servi, me sortant de l'Enfer par la même occasion. C'est une petite demi-heure plus tard que je m'y remets, revoyant, cette fois, une leçon de français.

Je m'étire dès que j'ai fini, constatant avec bonheur que personne n'est encore couché. Traduction : je vais pouvoir jouer un peu de guitare ce soir.

  Je ne réfléchis pas et gratte les cordes de manière aléatoire. Je vole ? Je plane ? J'ai la tête dans les nuages ? Non, je flotte sur l'eau comme un grand lys. Est-ce que c'est ça qu'éprouve Astéria lorsqu'elle dessine ? Elle doit avoir la tête pleine de pensées étranges au milieu de la nuit, elle devrait les écrire, je devrais lui dire. Je joue une vieille ballade que tante Sofia jouait au piano quand j'étais petit, elle disait que maman l'aimait bien, alors je l'imaginais danser avec papa dessus, en plein milieu d'un parc, d'un salon, la nuit, à cette heure où les fleurs dorment. Ma tant passe sa tête dans l'embrasure de la porte, elle dit qu'il est tard, que je dois me coucher, qu'elle va aussi se coucher, mais je ne suis pas fatigué.  J'arrête de jouer. Je pose ma guitare sur mon lit.

— Sof' ? Tu ne m'as jamais dit si j'avais un oncle. »

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Bon, je demeure assez insatisfaite face à cette partie. Ne me tuez pas, je sais que c'est court ! x) promis le prochain sera plus long...

Désolée de ne pas avoir posté plus tôt !

À très vite !

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