Voleur
Perché sur son piquet, perché sur son coin de poutre
Il planque son sourire narquois, observe et écoute
Le détrousseur dilettante prend sa pause bien en vue
La pupille, d'avidité éclatante, sous le chapeau cornu.
Sous lui, dans la rue, défilent riches en habits de fête
Lui, doux rêveur, s'imagine déjà soulageant leurs vestes
De leur précieux chargement, de leurs encombrantes possessions
Le spectacle aiguise son appétit, déclare ses intentions.
Il trône, surplombant l'artère, les doigts agités
Les gardes balayant la misère, continuent de l'ignorer.
Le corbeau croasse sous l'aile, se pourléchant de son affaire
Aucun homme ne se dresse le menaçant d'une rapière.
Le fripon volatile sur les colombages de l'auberge,
Se décide du moment, son esprit gamberge,
Contemple son royaume ; puis cesse enfin d'hésiter.
L'envie torturant ses phalanges, il s'élance sur le pavé.
Bousculant ceux de la Haute, membres de la première caste,
Il se faufile sournois, et les déleste de leur faste
Son sourire innocent ainsi que sa belle mise abusent
Il profite, contourne, salue, déploie sa ruse
Ses doigts experts décrochent, coupent, jettent, passent
Son humeur s'allège, son âme s'encrasse
Il traverse la place, insouciant, captivé par ces bruits :
Le métal ricochant, sous sa cape enfoui.
Il n'entend pas les cordes grincer, au dessus de lui à la potence
Il ne se tourne pas vers leurs yeux vides, gagnés par la putrescence.
Danse donc jeune miroiteur,
Fais valser les bourses!
Autorise toi ce petit bonheur,
Continue ta course !
Ris des nobles et de leur suffisance,
Moque-toi des bourgeois, de leur ego immense.
Fais des clins d'œil aux enfants crasseux,
En échappant un sou dans leur écuelle
Glisse en d'autres, jeune audacieux,
Dans le décolleté d'une jouvencelle
Sois fier de tes tours, toi le dissident,
Exercé et trompeur,
Doué, beau parleur,
Ton jour viendra, petit voleur...
...si tu es trop confiant.
Ne les vois-tu pas?
Ils ont commencé de la même contre-façon,
Ont terminé, comme tu termineras mon garçon :
Offerts au gibet, leur corps pendus par les larcins
se balancent dans le vent, lentement, sans fin...
(Source d'inspiration : 'Les Salauds gentilshommes' Scott LYNCH)
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