Sarah
Le jour que j'attendai depuis mon installation arrivait enfin. Sarah serait là demain matin. Son avion atterrissait à 09h30 à Heathrow et je me faisais une joie d'aller la chercher. La veille au soir nous avions établi les derniers préparatifs et recommandations.
Moi : J'ai trop hâte d'être à demain 🥳
Sarah : et moi donc !! Je ne sais pas si je vais réussir à dormir🤔
Moi : tu dois être en forme demain je te préviens.
Sarah : Ne t'inquiètes pas !!!!!
Moi : Tu as pensé à prendre ton maillot j'espère.
Sarah : Oui c'est bon
Moi : J'arrive pas à croire que nous allons être ensemble pendant trois jours et à Londres honey bunch 🤪
Sarah : Oui !!! 👏👏👏
Moi : tu as prévu une tenue pour sortir aussi ?
Sarah : Oui mais j'espère que ça ira 😏Tu ne sais toujours pas on va aller ?
Moi : Non😕 Alexander n'a rien voulu dire. Tout ce que je sais c'est que c'est un club assez select dans Londres.
Sarah : Bon, on verra bien Il me tarde tellement !! Bon je vais me coucher, tu vois je tente d'être raisonnable 😝
Moi : D'accord. A demain alors 💖
Sarah : Oui a demain😍
Moi : Bxbxbxbbxbbxbxbxbxbxbxbxbxbx
Sarah : XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
Le lendemain, avant de partir, je m'assurai que la chambre de Sarah était fin prête.
Sur le trajet qui me menait à l'aéroport, les souvenirs affluèrent. Nous avions tout vécu ensemble : Les jeux d'enfance chez elle, chez moi, les disputes ridicules d'adolescentes, les illusions, les désillusions, les sorties, les rencontres, les belles histoires d'amour, les ruptures.
Nous avions chacune été l'épaule de l'autre dans chaque circonstance. Une oreille attentive toujours présente. Des fous rires et des chagrins partagés. Les mêmes études et un amour pour Londres inconditionnel. Je n'avais pas de sœurs, j'avais Sarah. Je me souvins lui avoir donné mon ourson préféré lorsque j'avais appris qu'elle devait partir aux Etats-Unis pour une année. Cela avait été ma façon à moi de partir et d'être avec elle là bas.
Toutes les deux pleines de joie de vivre, d'envie de profiter de l'une et de l'autre, de profiter de la vie qui avait été généreuse pour toutes les deux.
Sarah, toujours là, surtout après. Quand je crus que moi aussi on allait m'enfermer, elle était là tous les jours, me forçait à sortir de chez mes parents, à manger, à me bouger, à continuer à vivre. Je l'entendais encore me dire :
- Mais enfin, tu ne peux pas te laisser aller comme ça. Ta vie ne s'arrête pas à ce type. Tu vaux mieux que ça.
Quelle patience elle avait eu ! Ce fut elle aussi qui m'avait encouragée à partir.
- Tu verras ça va te faire du bien de voir et de penser à autre chose. Et puis c'est pas comme si tu partais en Sibérie tu ne crois pas ?
Je l'avais écouté et ne le regrettais pas. Il me tardait maintenant de lui montrer ce qui me redonnait goût en la vie. Je voulais lui faire rencontrer Alexander et connaître son avis à son sujet. Peut être serait-elle plus objective que moi.
La Jaguar se gara devant l'entrée principale de l'aéroport. Stewart se fit connaître, le gardien lui accorda une demi-heure de stationnement. Ça avait du bon d'avoir des relations finalement.
Je me dirigeai vers le hall des arrivées, des papillons dans le ventre . J'étais pile à l'heure. Je ne tenais plus en place, trépignant. Les gens autour de moi me regardaient stoïques. Ah ! Le flegme britannique !
Les passagers commençaient à sortir un à un. Pas de Sarah. Encore un groupe. Toujours pas de Sarah.
Je commençai à m'angoisser, à me dire qu'elle avait peut être manqué son avion. Mon estomac se tordit à cette idée.
https://youtu.be/ZRJNe6utczA
Et puis je la vis poussant son chariot. Un sourire s'installa sur mon visage, j'eus envie de l'appeler, de lui faire de grands signes mais elle me précéda.
- Ouh ! Ouh ! Lizzie !! Lizzie !! , cria-t-elle en secouant son bras pour le cas où je ne l'aurais pas vu ni entendu.
Je m'approchai bousculant deux personnes qui m'incendièrent au passage. Mais qu'importe.
Elle lâcha son chariot et se mit à courir vers moi. Je me jetai dans ses bras. On se serra fort.
- Enfin ! Tu es là je commençai sérieusement à m'inquiéter, lui dis-je toute excitée.
- Ben évidemment la dernière valise à sortir ce fut pour moi, me répondit elle avec autant d'enthousiasme que moi.
- C'est bon que tu sois là, lui avouai-je plus calmement.
- Je suis si heureuse d'être là avec toi, ici, à Londres !! ajouta-t-elle toujours aussi survoltée.
- Allez... récupère ton chariot, Stewart nous attends dehors, lui ordonnai-je en lui souriant.
- Ouh !! Stewart !! le même Stewart que tu as semé...
- Oui mais s'il te plait n'en parle pas. S'il te plait Sarah promets le moi.
- Oui d'accord. Mais enfin pour qui me prends- tu ?, avait-elle dit malicieusement.
Sur ces entre faits Stewart vint à notre rencontre, prit le chariot de Sarah après l'avoir salué et mit ses bagages dans le coffre pendant que nous nous installions à l'arrière de la Jaguar.
- Dis donc il est pas mal du tout ton chauffeur, me murmura-t-elle au coin de l'oreille.
Je la regardai les yeux écarquillés, je me mis à glousser de rire.
- Tu es sérieuse ? lançai-je.
- Ben écoute franchement je lui demanderai bien une visite guidée perso si tu vois ce que je veux dire, me dit-elle le plus simplement du monde.
- Oui je vois très bien, répondis-je toujours en riant.
Je n'avais jamais envisagé Stewart de ce point de vue là. Ce n'était pas tellement mon style d'homme mais apparemment il faisait de l'effet à Sarah.
- Tu es une grande fille ma belle, tu sais ce que tu as à faire, lui dis-je complice.
- Tu as bien raison, répondit-elle toute émoustillée.
Encore une fois nous partîmes dans un fou rire total attirant sur nous l'attention de Stewart dont le regard noisette se reflétait dans le rétroviseur.
Nous reprîmes enfin nos esprits.
- Je nous ai préparé un bon petit programme. Une mise en bouche on va dire, lui annonçai-je fièrement. Sarah se frotta les mains.
Le trajet vers Londres nous sembla relativement court. Nous n'arrêtions pas de discuter. Sarah me racontait plus en détails les derniers potins, les copines et leurs déboires, mes parents, son travail et son patron pervers tout ce qu'elle avait vaguement abordé pendant nos conversations du soir.
C'était bon de l'avoir prés de moi. Ce fut comme si je retrouvai une partie de moi-même. Je la regardai rire, je la trouvai magnifique, ses cheveux noirs, ses yeux bleus rieurs.
A la hauteur de Waterloo, Big Ben. J'avais imaginé qu'à ce moment elle aurait crié de joie, au lieu de ça elle passa son bras autour du mien et me serra fort contre elle. Je la sentie si émue. Je me penchai vers elle.
- Je suis heureuse que tu sois là, lui dis-je doucement.
- Moi aussi tu sais.
Stewart se gara sur Belvedere road. Le London Eye se dressait devant nous. Rien de tel pour se remettre dans le bain que cette roue haute de 135 mètres dont la vue imprenable sur la ville était des plus exceptionnelles.
Trente minutes de vol au dessus de la capitale. Nous ne pouvions pas rêver mieux.
La capsule transparente s'éleva très lentement au dessus de la Tamise et une vue incroyable sur les maisons du parlement s'offrit à nos yeux ébahis et émerveillés. Nous restions là à l'avant de la cabine, mitraillant de nos appareils photos ce bâtiment et son si mythique clocher.
Plus nous montions, plus nous étions capables de distinguer de nouveaux horizons. Au fond surgissait Buckingham Palace ainsi que St James's park. Sur notre droite la cathédrale St Paul et le Millenium Bridge. Un panorama impressionnant et lorsque enfin nous arrivâmes au point culminant du tour, notre regard fut irrésistiblement attiré par le vide, les passants en bas semblaient aussi minuscules que des fourmis.
Nous rejoignîmes notre voiture qui nous attendait patiemment, des images pleins la tête et la tête dans les nuages.
Le deuxième objectif était Buckingham Palace. Nous espérions voir la relève de la garde. Je suggérai donc à Stewart de nous laisser aux abords de St James's Park, de ce fait nous pourrions traverser tranquillement et assister à ce cérémonial royal. Stewart hésita beaucoup. Il avait des consignes. Nous jouâmes alors notre carte séduction. Nous lui laçâmes un : « Pllllleeeeeeaaaaaaasseeeeee » les mains jointes, implorantes. Il ne résista pas longtemps nous donnant une marge de deux heures .
Nous traversâmes le parc en courant entendant au loin la fanfare qui avait déjà fait son entrée. A la sortie du parc, une foule groupée en masse autour des grilles et du mémorial de Victoria. Nous parvînmes difficilement à nous frayer un chemin. Les soldats en habits rouges et noirs défilaient, tous aussi sérieux les uns que les autres. Nous étions admiratives de voir à quel point tout était si bien orchestré.
Sarah voulu s'approcher du palais.
- Allez, Lizzie, viens on traverse !!, me dit-elle en me prenant par la main.
- Mais enfin, Sarah, on peut pas faire ça, lui répondis-je en haussant les épaules.
- Alleeeezzz, viens !!! insista-t-elle en passant la barrière.
Il ne me fallu qu'une minute pour la suivre. J'escaladai et attrapai sa main. Les derniers gardes passés, nous nous mîmes à courir. Sarah s'arrêta, je fis de même. Je la vis imiter les soldats, marcher comme eux. Immédiatement je la suivis dans sa petite folie.
Un, deux, trois, quatre on essayait de suivre le rythme encouragé par quelques spectateurs. Encore un pas puis deux la main à nos têtes pour saluer et nous reprîmes notre course pour passer de l'autre côté. Essoufflées, nous nous mîmes à rire aux éclats.
- J'avais toujours eu envie de faire ça, me dit-elle entre deux spasmes.
Je ne pus répondre tellement je riais.
Il y avait tellement de monde agglutiné devant les grilles du palais que nous dûmes nous contenter de regarder la cérémonie de loin. Encore et toujours des photos pour immortaliser cette journée. Sarah devant les grilles, Sarah faisant coucou à la Reine, Sarah devant le mémorial, Sarah et moi devant Buckingham. Merci au groupe de japonais qui passait par là.
La cérémonie terminée, nous retournions dans le parc pour se trouver un bon hot dog, un vrai avec des oignons, du ketchup et de la sauce Piccallily. Nous suivîmes l'odeur. Une baraque ambulante assaillie par une dizaine de gens affamés nous attira. Cette odeur d'oignons à la plancha nous poussa à attendre patiemment notre déjeuner.
Ce parc était décidément splendide avec ses parterres de fleurs multicolores et ses divers animaux. Une dizaine de pigeons attirés par le pain de nos hot dogs nous montèrent sur la tête et les épaules, un vrai film de ce cher Alfred. Nous fûmes tiraillés entre crier et rire. Ils finirent par partir enfin lorsque Sarah envoya un gros morceau de son sandwich et tous s'envolèrent pour attaquer le malheureux quignon.
Rassasiées, nous nous étendîmes sur l'herbe verte du parc profitant des rayons du soleil.
- On est bien là tu crois pas ?, me dit-elle en soupirant
- C'est vrai. Tu te souviens quand on roulait du haut de la colline ?, lui demandai-je.
- Oui, on avait mal partout après à cause des cailloux. Bien sur que je m'en souviens. Pourquoi ?
- Ben, je me dis qu'il y a une petite pente là, on pourrait peut être...
- Pas cap !!
Je ne la laissai pas me défier plus longtemps, je me mis en travers de la pente et me donnant une légère impulsion, je me laissai rouler jusqu'en bas. Sarah ne tarda pas à me rejoindre et me roula dessus. J'émis un petit gémissement et encore une fois nous nous mîmes à rire aux éclats. Je crois bien que cela faisait plus d'un an que je n'avais pas ri à ce point. Enfin heureuse, enfin moi. Je pense que Sarah le voyait elle aussi car elle m'adressait souvent de petits sourires qui voulait dire « Enfin je te retrouve ».
- C'est l'heure, Stewart doit nous attendre, lui dis-je en enlevant l'herbe de mon pantalon, mon tee-shirt et mes cheveux.
- Dis moi ... tu crois pas qu'on pourrait le semer encore une fois ton chauffeur, me lança Sarah.
Je la regardais les yeux grands ouverts.
- Non Sarah, je peux pas lui faire ça une deuxième fois. Je me suis faites vraiment pourrir par Alexander tu sais.
Je lui expliquai en détails le fameux soir où j'avais du rendre des comptes, la colère d'Alexander, ses explications, ses demandes, ma promesse.
- Hum... Ben dis donc tu peux faire n'importe quoi dis moi, constata-t-elle.
- Tu sais que j'ai même signé un contrat de confidentialité. Je ne suis pas censé te parler de quoi que ce soit, lui dis je d'un air enjôleur.
Elle se mit à éclater de rire.
- Attends, il doit bien se douter que tu me racontes tes journées et ... Tout ce que tu as dans la tête non ?
- Ben... Euh... si, répondis-je un peu gênée.
Sarah haussa les épaules.
- Alors elle est où la confidentialité ? me dit-elle. Je pourrais tout balancer moi. J'ai peut être été payé par le Daily Mirror ou pire le Sun pour t'espionner, ajouta-t-elle malicieusement.
- Ppff !! N'importe quoi... Tu ferais pas ça ma Sarah.
- Laisse-moi réfléchir un moment... Hum... Des vacances au soleil ou toi et ton amitié précieuse... Hum ... C'est dur quand même.
- Garce ! lui lançais-je avant de lui donner un coup d'épaule.
- Bon tu me mènes où maintenant ? me demanda-t-elle.
- Et que dirais-tu de rencontrer George Clooney ?
Je vis à son expression qu'elle pensait que j'étais sérieuse.
- Tu rigoles ? T'a vu comment je suis fagotée, tu aurais pu me le dire avant en plus je viens de voir que j'avais une tache de ketchup sur le bas de mon tee shirt.
Je l'observai se mettre dans tous ses états, amusée de la voir psychoté pour rien. Elle s'arrêta, remarqua mon expression.
- Je le crois pas mais quelle gourde je suis, dire que je t'ai cru.... me dit-elle en secouant la tête.
- Ça aurait pu après tout mais non. Bon on va juste chez Mme Tussaud, annonçai-je en la prenant par les épaules.
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