New York, New York
Excité comme une puce Jake sautait dans tous les sens. Pendant que William chargeait nos bagages dans la Jaguar, il courait dans tous les sens en faisant l'avion. Pourtant il était habitué à ce genre de trajet mais là, il partait avec son papa et forcément ça changeait tout.
Voyager en classe affaire... ça aussi ça changeait tout. Des sièges, que dis-je, des fauteuils confortables, de l'espace pour circuler, pour étendre ses jambes, du champagne à volonté, une télévision pour chaque personne, un repas digne d'un grand restaurant. Un autre monde !! Il était tard, Jake ne tarda pas à s'endormir. L'hôtesse vint lui donner un oreiller et une couverture dans laquelle il s'emmitoufla.
Durant le trajet, certains passagers nous regardaient, faisaient des messes basses, d'autres venaient timidement demander un autographe à Alexander qui se prêtait au jeu avec grand plaisir.
Puis, lorsque l'avion se fit plus calme, nous en profitions pour nous glisser dans nos fauteuils et nous embrasser tendrement, à la dérobée comme deux adolescents. Nous demandâmes, nous aussi des couvertures pour nous y engouffrer, nous y cacher et nous y endormir ensemble quelques heures.
Je fus réveiller par le bruit du chariot poussée par les hôtesses servant le petit déjeuner. J'ouvris les yeux. Jake me dévisageait. Je lui souris.
- Hey ! chuchotai-je, tu n'arrives plus à dormir ?
- Non, me répondit-il à voix basse.
- Qu'est-ce qui se passe ? T'es pas bien ? lui demandais-je.
Il hésita un peu avant de me répondre.
- Tu sais ça fait quelques fois que je te regarde, commença-t-il.
- Ah bon ? lui dis-je étonnée.
- Oui, et je regarde mon papa aussi.
Je jetai un œil à Alexander. Il dormait toujours.
- Tu sais je crois que mon papa t'aime beaucoup, ajouta-t-il.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Je le vois dans ses yeux quand il te regarde et puis il sourit tout le temps et puis aussi il rejoue du piano. Il a changé, c'est comme quand je vais à Disneyworld.
Cette métaphore enfantine me fit sourire et elle me rappela la comparaison que j'avais pu faire à propos de la maison.
- Et bien... Tu sais moi aussi j'aime beaucoup ton papa, lui dis-je tout doucement.
- Je le sais, toi aussi tu as les yeux qui brillent quand tu le regardes et puis tu es très gentille aussi. Je crois que je t'aime bien moi aussi.
- J'apprécie que tu me dises tout ça. C'est très important pour moi et je pense que pour ton papa aussi.
- Est-ce que tu vas rester tout le temps ? murmura-t-il.
- Et bien disons que je n'ai pas l'intention de partir.
Ma réponse n'eut pas l'air de le convaincre mais il n'insista pas, il se contenta de faire la moue.
- Moi j'aimerais bien que tu restes tout le temps, finit-il par ajouter.
Je ne répondis pas à cette dernière phrase, je me refusai de promettre quoi que ce soit surtout à un enfant qui n'a surement pas conscience que rien n'est éternel. Je le pris dans mes bras et le serra très fort. Il resta blotti contre moi. Il finit par se rendormir jusqu'à l'arrivée.
23h30 heure locale. Il nous sera difficile de finir notre nuit normalement avec les cinq heures de décalage horaire. Alexander porta Jake dans ses bras pour descendre de l'avion. Une voiture nous attendait sur la piste et nous n'eûmes qu'à y monter.
https://youtu.be/L7RRLC5slLo
Les yeux grands ouverts, j'observai tout ce que je pouvais voir de cette ville qui portait bien son nom. En effet elle ne dormait jamais. Que d'animation ! Que de lumières ! Je restai silencieuse pour ne pas réveiller Jake et Alexander me regardait faire, amusé par ma curiosité. Il me prit la main, la serra contre lui. Je me rapprochai et posai ma tête sur son épaule et alors qu'on s'engouffrait dans un tunnel qui passait sous le détroit de l'East River pour rejoindre Manhattan, il me glissa au creux de l'oreille :
« Il me tarde d'arriver, grâce au décalage horaire nous avons plus de temps pour nous cette nuit »
Je me sentis rougir et lui souris en me mordant les lèvres, il avait raison.
L'hôtel se situait en plein cœur de Manhattan. Nous fûmes accueillis comme des princes enfin, disons que pour moi ce fut l'impression que ça m'a donné. Alexander lui, avait l'air de trouver ça normal. Il porta Jake profondément endormi jusqu'à la suite qui nous avait été réservée .
Immense. Jake avait sa propre chambre. Son père le coucha dans le lit bien trop grand pour lui et tira la porte. Le bagagiste monta nos valises, récupéra le pourboire qu'Alexander lui donna avec discrétion et sortit nous laissant enfin seul.
Alexander eut tout juste le temps de se retourner que je me jetai sur lui pour l'embrasser fiévreusement comme si nous avions été séparés pendant des mois. Mon élan le fit reculer de quelques pas, il se prit la poignée de la porte dans le dos ce qui le fit gémir un peu mais la douleur infligée ne le fit pas me repousser bien au contraire, il répondit avec autant de ferveur à mon assaut. Agrippée à ses cheveux, je me collai à lui sans retenue. Ses mains prirent mon visage.
« Allons dans la chambre, me murmura-t-il entre deux baisers .
J'acquiesçai, le tirant par sa chemise faisant sauter au passage tous les boutons de celle-ci. Je me mis à rire, il m'en empêcha de sa bouche. Je le sentais avide, assoiffé et je m'en délectai. Je m'accrochai à sa nuque ne me détachant pas de ses lèvres, j'enroulai mes jambes autour de sa taille. Il me porta jusqu'à la chambre ses mains pressées sur mes fesses, me posa sur la commode et enleva mon tee shirt faisant tomber un vase dont la chute fut amortie par la moquette. Nos regards se figèrent. Pas de bruit de casse. Ouf !
Nos baisers de plus en plus intenses me firent perdre pied, je ne maitrisai plus rien ni mon corps ni mon esprit. Une espèce de frénésie s'était emparée de nous, comme si le désir que nous avions eu l'un pour l'autre avait été réfréné jusqu'alors et que ce soir là nous le laissions éclater.
Nos chaussures traversèrent la pièce. Toujours collés l'un à l'autre par nos baisers, je sentais ses mains sur ma peau qui se consumait à leur contact. Je ne voyais plus ce qui m'entourait, saoule de ses caresses et de son odeur. Nous tournoyons autour de la chambre jusqu'à nous écrouler sur le lit après avoir enlevé le peu de vêtements qu'il nous restait.
Les heures qui suivirent furent fusionnelles, un mélange de passion incandescente et de folie passagère. Nous finîmes par nous endormir au petit matin espérant pouvoir récupérer un peu.
Lorsque je m'éveillai, j'étendis mon bras à la recherche d'Alexander. Ma main sentit une masse qui ne semblait pas avoir la forme du corps de l'homme avec qui j'avais passé la nuit. Mes doigts fouillèrent encore un peu et tombèrent sur des cheveux fins et soyeux sous lesquels se cachait un petit nez. Je tournai la tête. Jake était là. Endormi entre nous.
Nous qui voulions être discret et ménager sa susceptibilité, ce petit bonhomme était beaucoup plus malin que ce que nous pouvions penser.
Je réveillai Alexander qui se mit à rire doucement lorsqu'il vit son fils.
« Je crois qu'il nous envoie un message, non ?me dit-il.
- Ben...Euh... Je sais pas, murmurai-je. Tu crois qu'il a vu que j'étais là ?
Jake se mit à bouger.
- Bien sur que je t'ai vu Lizzie, souffla-t-il à moitié endormi, comme ça vous n'aurez plus à vous cacher avec papa. J'ai faim.
Nous nous regardions Alexander et moi complètement abasourdis par ce que nous venions d'entendre. Nous sortîmes du lit pour appeler le service d'étage. Alexander se pencha vers moi.
- Je rêve ou il vient de nous donner sa bénédiction ? se hasarda-t-il à me dire tout bas.
- Ça y ressemblait en tout cas, adhérai-je sans le regarder.
- Je suppose alors que ça n'a plus d'importance si je fais ça, me dit-il en me prenant dans ses bras pour m'embrasser ce à quoi je répondis sans hésiter.
Ne plus avoir à se cacher aux yeux de Jake. Ne plus avoir à se quitter au milieu de la nuit pour éviter qu'il nous voit dans la même chambre comme nous l'avions fait pendant la semaine passée à la maison. Pouvoir enfin se prendre par la main comme bon nous semble. Pouvoir me blottir dans ses bras sans vérifier que nous étions seuls. Vivre enfin.
Dans la matinée, le concierge en chef de l'hôtel vint frapper à notre porte. Il avait l'air de bien connaître Alexander. Ils se serrèrent la main comme de vieux amis.
« Comment vas-tu Domenic ? demanda Alexander.
- Bien ! bien mon ami. Je suis content de te revoir. Ca faisait longtemps dis moi, enchaîna le concierge. Mais je retrouve aussi Mr Jake !! Comment vas-tu ?
- Je vais bien Mr Domenic, répondit Jake en lui serrant la main comme son père.
- Viens, je voudrais te présenter quelqu'un, lança Alexander en se dirigeant vers moi. Domenic, je te présente Elizabeth.
Il avait mis un ton dans sa voix qui ne laissait aucune ambigüité quant à la place que j'occupais dans sa vie.
Le concierge changea alors d'expression comme s'il s'agissait d'un honneur de faire ma connaissance. Il s'approcha souriant, prit ma main délicatement et l'embrassa de la même manière. Tant d'égards à mon sujet ne me semblaient pas justifiés et j'en rougis de gêne.
- Je suis tellement heureux de vous rencontrer enfin. Alexander m'avait beaucoup parlé de vous, me dit-il.
- Ah... Et bien je suis ravie de vous rencontrer moi aussi, répondis-je même si je ne pouvais lui en dire autant.
Alexander vint me prendre par la taille et déposa un baiser dans mon cou, tout fier de ces présentations.
- Papa ? Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? cria Jake de l'autre côté de la pièce.
- On va faire découvrir la ville à Lizzie, lui répondit son père.
Jake poussa un cri de joie comme s'il savait à l'avance ce que nous allions faire.
- Tout est prêt. Je me suis occupé de tout, assura Domenic d'un clin d'œil.
- Parfait, répliqua Alexander en me serrant fort contre lui.
Toute cette mise en scène m'intriguait au plus haut point et une certaine excitation commençait à m'envahir.
- Combien de temps avons-nous ? demanda Alexander.
- C'est quand vous voulez, déclara le concierge en regardant sa montre.
- Alors on y va, c'est parti, décréta Alexander en claquant des mains. Jake ! Allez ! On y va !
Jake arriva en courant et en criant de joie. Le sourire aux lèvres le concierge me présenta son bras pour m'accompagner hors de la chambre. Je me laissai faire, tout en surveillant du coin de l'œil qu'Alexander nous suivait de prés.
- Vous savez, vous devez être vraiment importante dans sa vie pour qu'il vous mène ici et qu'il vous présente, me dit-il discrètement.
J'acquiesçai d'un sourire.
A l'extérieur de l'hôtel, une immense limousine nous attendait. Un regard pour vérifier que le champ était libre et nous sortîmes pour y monter. Domenic se mit à la fenêtre.
- Profitez bien de votre journée, dit-il en étant sur que ce serait le cas.
https://youtu.be/_6kx85c_MDs
La voiture démarra et commença son trajet à travers la ville, nous arrivions vite sur Lexington Avenue sur laquelle s'enchainaient des boutiques à perte de vue mais aucune comparaison avec la 34th rue. Peu de soleil à cause des grattes ciel qui la cernaient dont l'Empire State Building mais une activité de fourmilière. Une dense circulation dans laquelle les nombreux taxis jaunes étaient les maitres.
Le grand magasin Macy's sur notre droite. Je préférai la devanture prestigieuse d'Harrods ! Encore et toujours des boutiques. Ce qui m'étonna par-dessus tout c'est l'étroitesse des ces dernières. Les magasins paraissaient minuscules. Au bout de la rue quelques théâtres, cinémas et restaurants. Nous passions sous le tunnel Lincoln qui relie Manhattan au New Jersey pour arriver enfin aux abords du port sur la 12th avenue. Je me demandai vraiment ce que ces deux garçons me réservaient, je voyais les regards complices qu'ils échangeaient mais faisait mine de ne rien voir.
La circulation était toujours aussi dense. Des vitres teintées, je voyais le visage des passagers des autres voitures stationnées à côté de nous et qui tentaient de percevoir qui pouvait se cacher dans cette limousine.
Voir sans être vus... Amusant et malsain à la fois. J'avouai cependant aspirer à plus de simplicité. Vivre caché, ce n'était pas forcément pour moi. Je l'avais trop vécu. Mais je le supportai forcément c'était le seul moyen pour demeurer à ses côtés. Mais cela semblait tellement plus simple avec lui. Etre le bienvenu partout. Toutes les portes lui étaient ouvertes et j'aimai le suivre dans ce monde là. Allais-je m'en lasser un jour ? Serais-je un jour blasée de tout ce confort ? Aurais-je un jour envie de retourner à la vraie vie ?
Je me perdis dans des pensées inutiles et superflues. Alexander me sortit de ma torpeur par un baiser.
- Sur quelle planète vis-tu ? me dit-il doucement.
- La tienne bien sur, lui répondis-je en me nichant dans son cou. Je fermai les yeux. Mon endroit préféré.
La limousine ralentit, prit à droite. Un héliport !
Jake me fixa avec un large sourire. Il attendait ma réaction. La voiture s'avança sur la piste et se gara à côté d'un hélicoptère blanc.
- Tu vas adorer, me lança Jake, tu n'as pas le vertige au moins ?
- Et bien je ne crois pas, rétorquai-je.
Alexander me serra fort la main pour m'indiquer qu'il était là et que je ne risquai rien.
Jake sortit comme un diable sortit d'une boite, courant vers l'engin pour saluer le pilote qu'il avait l'air de bien connaître. Ce dernier lui mit un casque sur la tête.
Je n'avais pas peur de l'avion, je m'y sentais en sécurité. Là, c'était différent tout était plus petit. Mais au fond de moi, je voulais le faire, ne pas décevoir leur surprise mais aussi parce que la poussée d'adrénaline que je ressentais me plaisait.
Je m'installai à l'arrière à côté d'Alexander qui m'expliquait comment nous allions pouvoir communiquer. Il m'aida à boucler ma ceinture et je sentis l'hélicoptère décoller dans un vacarme assourdissant. Je me crispai le temps de nous élever dans les airs.
La vue était extraordinaire et là je me dis que ce que nous avions vu avec Sarah grâce au London Eye n'avait vraiment rien à voir avec ce que nous avions là sous nos yeux. Nous survolions l'Hudson river en direction du quartier financier de Manhattan dans lequel nous pouvions apercevoir ce qui avait été renommé Ground Zero depuis les événements du 11 septembre. Tous ces immeubles les uns à côté des autres, l'un d'entre eux avait même le drapeau américain sur l'une de ses façades. Un peu plus en retrait le Woolworth Building qui était d'après Alexander le plus grand immeuble au monde inspiré du style gothique européen tranchant avec la nouvelle architecture, mélange de verre et d'acier.
Notre vol nous mena jusqu'à Staten Island et évidemment la statue de la Liberté. Nous tournoyons autour de celle-ci. J'en fus éblouie n'ayant jusqu'à présent peut être pas tout à fait réalisé où je me trouvai. Cette grande dame m'avait toujours fascinée . Je ne fus pas déçue. Alexander me montrait au loin le Verrazzano Bridge qui reliait Staten Island au quartier de Brooklyn. Il prenait son rôle de guide très au sérieux. Je le regardai, admirative, buvant chacune de ses paroles, n'observant quelquefois que sa bouche avec une envie folle de m'en accaparer, je vis alors son sourire en coin se dessiner me faisant comprendre qu'il avait saisi mon envie. Il posa son doigt sur ma bouche pour me rendre plus raisonnable. Je détournai les yeux de sa bouche pour me concentrer sur sa voix.
Sous nos yeux, l' Empire State Building, brillant de mille feux, Jake se redressa les yeux aussi brillants que cet immeuble. Il se mit à se prendre pour King Kong singeant l'animal en gesticulant des bras et des jambes. Alexander d'abord amusé, finit par lui demander de s'asseoir. Jake s'exécuta sans sourciller.
D'autres buildings apparurent au fur et à mesure de notre vol, pour enfin survoler Central park, petit coin de paradis vert en plein cœur de cette ville tellement agitée.
Sur le retour, Alexander me prit dans ses bras et me serra fort contre lui, heureux d'avoir partagé ce moment précieux avec moi.
Oui précieux c'était bien le mot.
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