Marylebone

Comme prévu, Stewart nous attendait sur Piccadilly.

En montant dans la voiture Sarah regarda longuement notre chauffeur qui gêné ajusta sa casquette avant de refermer la portière.

- tu exagères, lui dis-je en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

Sarah se contenta de rire dans sa main comme une enfant et soudain son visage s'illumina lorsque nous atteignîmes le fameux carrefour du même nom. Et alors que la voiture s'engagea sur Regent Street, j'attirai son attention sur l'endroit où je m'étais échappée. Elle comprit immédiatement le message et sans mot dire elle me lança un regard espiègle. En même temps, je m'aperçus que Stewart me fixait dans son rétroviseur, lui aussi se rappelait et le regard que lui me lança fut beaucoup moins sympathique. Méfiance. Peut être pensait-il que j'allais recommencer. J'esquissai un sourire rassurant. J'avais promis.

Je n'aurais pas trahi sa confiance une deuxième fois.

Dix minutes plus tard, nous arrivions à destination. La Jaguar se gara dans une rue annexe qui donnait sur la sortie du musée.

Des passants, intrigués par les vitres teintées s'arrêtèrent et attendirent que l'on sorte. Stewart nous demanda de patienter dans la voiture, il voulait s'occuper de prendre des billets puis il nous ouvrit la portière et nous aida à sortir. Les passants s'approchèrent plus prés éprit de curiosité. Sarah fut étonnée de ce manège.

Nous fîmes le tour du bâtiment pour entrer par un accès prioritaire nous évitant ainsi de faire la queue. Tout était exactement comme dans notre souvenir : les escaliers à l'entrée, le mur de pseudos paparazzis nous éclaboussant de flashs nous faisant passer pour des stars nous-mêmes et la grande salle dans laquelle se trouvaient une multitude de figures célèbres en cires certaines plus ressemblantes que d'autres.

Il se passa alors quelque chose d'étrange une fois que nous franchîmes le seuil de cette pièce, nous fûmes pris d'une sorte de frénésie qui nous poussa à aller d'un artiste à un autre pour faire le cliché le plus véridique possible comme si nous étions très liés.

Dans un recoin, celui qui avait fait paniquer Sarah : George Clooney attablé pour un repas romantique. Chacune notre tour, nous nous mîmes à son bras feignant de passer une bonne soirée romantique avec lui, le London Eye en fond. L'image idyllique.

Un peu plus loin le charismatique Johnny Depp dans un costume en velours, magnifique. Encore une fois nous posâmes avec lui, nos regards dans la même direction pour donner l'impression que nous regardions la même chose.

Tellement de personnages nous entouraient, du présentateur télé à notre cher styliste français Jean Paul Gaultier. Certains nous étaient complètement inconnus, probablement des célébrités britanniques.

Nous ne pûmes résister à poser avec John Travolta et Samuel.L Jackson refaisant la fameuse scène du restaurant de Pulp Fiction ainsi qu'avec le couple Pitt-Jolie essayant au mieux d'évincer la plantureuse Angelina.

Changement de salle, ambiance soirée de premières avec toutes les grandes stars du cinéma numéro un aux blockbusters. A moi Sylvester Stallone, à Sarah Steven Spielberg, à nous Jim Carrey. Des escaliers nous menèrent un peu plus bas, dans une pièce qui nous intéressait moins c'est-à-dire celle destinée aux stars du sport. Au passage, Alfred Hitchcock nous attendait, Sarah ne résista pas feignant une peur viscérale immortalisée par un énième cliché.

Nous continuions notre visite et cette fois ci nous atteignîmes le milieu plutôt intellectuel avec de grands noms dont Charles Dickens, Albert Einstein.

Enfin la famille royale apparut devant nous au grand complet. Un bémol néanmoins, Lady Diana ne faisait pas partie de ce groupe comme si elle n'avait existé.

Une cinquantaine de photos et de sourires plus tard pris avec les plus grands chanteurs, y compris les Beatles, et les plus grands hommes de le vie politique, des achats de fudges, notre visite nous amena vers une partie du musée que nous ne connaissions pas appelé « Spirit of London ». Installées dans un taxi nous fûmes conduites au cœur de l'historique et culturel de Londres, de l'époque des Tudors en passant par la peste et le terrible incendie qui ravagea une bonne partie de la ville. Toutes ces reconstitutions d'une précision extrême, les automates en cires d'un réalisme impressionnant firent que nous n'eûmes pas assez de nos deux yeux pour tout voir. Chacune essayant de deviner avant l'autre le personnage ou l'évènement décrit.

Mais le moment que nous avions préféré fut celui dépeignant les années soixante, ces années folles et tellement typiques avec ses couleurs et sa mode so British. La musique adaptée nous transportait si loin dans le temps que nous fûmes même tristes lorsque le tour s'arrêta. Avant de sortir nous fûmes prises en photos par un automate paparazzis et bien évidemment nous prîmes la pose.

De belles images et des souvenirs à rajouter à nos albums. La photo était réussie, l'effet que nous avions voulu faire passer aussi.

Avant de partir un dernier passage nous attendait : le monde d'Andy Warhol dans lequel nous nous laissions guider et encore une fois tirer le portrait façon Pop art.

Une petite faim nous amena à acheter une brochette de chamallows nappés de chocolat et notre visite se finît par la boutique cadeaux.

A notre sortie, le temps s'était couvert et on pouvait entendre au loin le tonnerre gronder.

La fatigue commençait à se faire sentir et nous fûmes heureuses de voir que la voiture nous attendait à l'extérieur. Le même manège des badeaux lorsque Stewart nous fit entrer dans la Jaguar. Et alors que la portière claqua, un flash traversa les vitres teintées.

- C'était quoi ça ? demandai-je à Stewart.

J'espérai qu'il me réponde que ce fut un éclair mais non.

- Les gens aiment prendre ce genre de clichés, ils espèrent avoir fait une photo de quelqu'un de très connu même à travers les vitres teintées .

Un autre éclair mais celui-ci zébra le ciel. Au fur et à mesure du trajet retour la pluie s'intensifia. Nous mîmes un peu plus de temps que d'habitude pour rentrer.

En arrivant, Sarah fut émerveillée par la maison. Harold l'accueillit comme il savait si bien le faire.

- Viens je te montre ta chambre, lui dis-je excitée comme une ado invitant sa meilleure amie à dormir pour la première fois.
     C'était le cas d'ailleurs. Sarah était bien ma meilleure amie et c'était bien la première fois qu'elle venait dormir. C'était amusant de la voir regarder le moindre détail de la maison. Je l'observai et me disais que j'avais du avoir le même regard à mon arrivée.

Sa chambre était située au même étage que la mienne, de l'autre côté. C'était sa sœur jumelle. La mâchoire de Sarah se décrocha lorsqu'elle pénétra dans la pièce.

- Je sais... A moi aussi ça m'a fait cet effet , lui dis-je en la prenant par les épaules.

- J'en reviens pas !! Tout est tellement beau, s'exclama-t-elle émerveillée.

- Va voir ta salle de bain.

Je la laissai découvrir cette pièce toute seule, j'entendis un mot bien de chez nous qui voulait dire à quel point elle était ébahie. Elle revint les yeux brillants.

- Mais c'est pas possible une maison pareille, me lança-t-elle.

- Allez viens je te fais visiter le reste.

Nous nous dirigeâmes vers toutes les pièces que je connaissais, chaque fois  Sarah lançait un soupir ou le même mot que j'avais entendu dans sa chambre. Harold vint à notre rencontre.

- Souhaitez-vous un thé ?, nous demanda-t-il.

Je me tournai vers Sarah, celle-ci acquiesça.

- Volontiers, merci Harold nous le prendrons dans la véranda, lui répondis-je.

- Bien Miss, ajouta-t-il en baissant la tête.

Sarah me regardait faire, un sourire en coin.

- Quoi ? lui demandai-je en fronçant les sourcils.

- Nous le prendrons dans la véranda, me singea-t-elle.

- Mais tu te moques de moi !! m'exclamai-je en riant.

Sarah se mit à rire elle aussi. Je la pris par le bras.

- Allez viens !! lui dis-je.

Notre thé nous attendait dans la véranda et environ une demi-heure plus tard, j'entendis la porte d'entrée. Je sursautai.

- C'est lui... Il vient d'arriver, annonçai-je à Sarah.

- Mince... Qu'est ce que je fais ? Je lui parle en français ? demanda-t-elle dans un vent de panique.

- Calme-toi, lui dis-je en riant, laisse le commencer. Tu verras bien.

J'entendis ses pas sur le carrelage, mon cœur faillit exploser. Il se rapprochait. J'étais nerveuse, Sarah le vit et me sourit. Il vint nous rejoindre, un sourire éclatant sur son visage, il s'approcha de Sarah pour la saluer.

- Bonjour Sarah, comment allez vous ? dit -il en français.

- Je vais bien merci .

- Vous avez fait bon vo...voyage ? hésita-t-il.

Le son OI était encore un peu dur, il s'était tourné vers moi, cherchant mon aide mais je l'avais laissé faire et il s'en été sorti tout seul. Je sentis mon cœur se gonfler de fierté. Je le regardai faire et parler. Extérieure à la conversation, je pouvais le dévisager à ma guise sans en être trop gênée. Je me sentis bercée par le son de sa voix. Elle était douce et posée, son accent anglais encore bien perceptible était délicieux. Il avait un charisme magnétique. Je ne voyais plus ce qui m'entourait, je ne voyais que lui. Mon cœur me fit mal de battre aussi fort, mon estomac se tordait d'une douleur à la fois douce et amère. Ma main se porta instinctivement à ma gorge qui se serrait et je commençai à suffoquer, mes lèvres étaient sèches, je les humidifiai du bout de ma langue me rappelant ses lèvres se posant sur mes joues. Il se tourna vers moi, il me fut quasiment impossible de bouger.

- Elisabeth... Il faudrait que je vous parle, me dit-il en se penchant vers moi comme pour me dire un secret. Excusez nous Sarah, ajouta-t-il.

Je sortis de la véranda avec lui et le suivis jusqu'à la Dining room.

Il semblait embarrassé, il se passait la main dans les cheveux. Qu'allait-il donc m'annoncer ?

- Bon, voilà, je voulais vous proposer de m'accompagner la semaine prochaine à la soirée de bienfaisance de la Tate Modern. Vous avez du le voir sur mon agenda, me dit-il sur de mon sérieux concernant son emploi du temps.

- Euh... Oui bien sur, lui mentis-je.

- Qu'en dites vous ? demanda-t-il impatient d'obtenir une réponse.

- Et bien ... Je ne sais trop quoi répondre... Pourquoi pas oui, acceptai-je doucement alors qu'au fond de moi j'avais une envie folle de hurler de joie.

- Parfait. J'en informe Joan et on en reparle dans la semaine pour mettre tout ça au point. Merci. On se voit tout à l'heure pour le dîner ?

- Euh... oui... Bien sur...

Il venait de m'inviter à une soirée, je ne rêvais pas.

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