1.

Ce fut une brise, un souffle, amenant une senteur boisée, apportant la fine bruine du matin, dévoilant le léger éclat du soleil contre les vitres en verre brut, fissurés sur les côtés, qui réveillèrent un jeune homme dans son grand lit à baldaquin, à l'aube d'une nouvelle journée. Le jeune homme, grand, musclé, le corps parcouru de cicatrices de ci et là du à des combats sanglants, aux cheveux noirs coupés court sur la nuque, au visage d'ange, ange ayant vu peut-être un peu trop d'atrocités que l'être humain ne puisse voir, ange qui ferait chavirer le cœur de plus d'un, se tourna parmi ses longs draps rouges et soyeux, venus de loin.

Le soleil, cet astre céleste, venait à peine de se lever et pointait déjà quelques de ses rayons matinaux sur l'immense et magnifique château des Lightwood, souverains d'Idris, le pays des hommes aux sang d'ange. Il n'en fut pas plus pour le beau brun pour se réveiller, encore confus, après un rêve tourmenté. Il se redressa, la vue brouillée par le sommeil, et s'enveloppa dans un draps, roulé à côté de lui, prévu pour ça. Il s'assit en tailleur dans son lit confortable, et se demandais s'il ne devait pas parler de son rêve aux Soeurs de fer, un ordre composé exclusivement de femmes guerrières, étant aussi excellentes pour fabriquer toutes sortes d'armes. Sa sœur avait toujours voulu les rejoindre, tant leur sagesse l'impressionnait. Mais c'étaient ses obligations envers la cour et le maintien du royaume qui l'en avait empêché.

En y repensant, les sacrifices qu'elle et lui même avaient fait pour le bien de leur si précieux royaume, le jeune homme soupira, se sentant nostalgique. Combien de rêves avaient-ils laissez tomber, combien de personnes avaient-ils du oublier ? Tout cela dans le but de répondre aux ordres de leur parents, le Roi et la Reine du dit royaume, Sir Robert et Dame Maryse, eux mêmes écoutant les conseils de l'Enclave, cet ordre vicieux se proclamant agir pour le bien, la justice et l'honneur.

Il se releva, essayant vainement de ne plus penser à quel point le monde dans lequel il vivait était sombre, sournois, et malsain. Après tout, il ne se sentait seulement que comme un pion de plus, un pion comme des centaines, déjà présents au milieu du grand échiquier de l'Enclave. Il se sentit impuissant face à sa destinée toute tracée. Il tituba, les jambes encore engourdies. Le contact du sol de pierre de sa chambre le paralysait sur place. Il s'enveloppa un peu plus dans le drap, respirant de plus en plus profondément.

Le brun au visage angélique se dirigea, machinalement, comme il le faisait tout les matins depuis qu'il avait atteint l'âge de sa majorité, soi 16 ans, vers une desserte, devant son lit. Il se pencha vers le meuble en bois dur et pur, regardant d'un air las le bol d'eau en porcelaine, le peigne en fer couvert d'argent, et sur un coussin rouge vermillon, sa couronne. Sa couronne, en or blanc, parsemée de quelques pierres précieuses, toutes bleus, rappelant la couleur unique de ses yeux.

Il détourna vite le regard vis à vis de l'objet précieux. Cette couronne était portée de générations en générations. Elle était magnifique, certes, mais le jeune homme n'avait jamais réussis à s'en sentir digne. Digne de la porter, digne d'en être fier, digne d'être un Lightwood.

Il se tourna alors, et marcha doucement vers la fenêtre au verre grossier et épais, pour pouvoir observer la clairière, puis la forêt et le lac de la capitale d'Idris. Le château, à l'instar d'être en plein centre de la citadelle, se trouvait à l'orée d'une forêt majestueuse. Le brun aux yeux d'un bleu pur la regarda avec envie. Il projeta son regard vers l'horizon, et la vue du soleil lui redonna chaud au cœur. Il était très tôt dans la journée, et le jeune homme se sentait d'attaque pour en profiter.

Il fit demi tour et osa tremper sa main dans le bol d'eau, tiède depuis la veille, et se la passa sur le visage. Il attrapa un bout de tissu dense et s'essuya le visage, se sentant plus frais. Il abandonna le drap sur la desserte, regardant au même moment son reflet nu, dans le grand miroir accroché au mur, en face du meuble. Il arpenta son reflet de la tête aux pieds, observant  son corps. Il passa sa mains sur les quelques cicatrices qui le parcourait, repensant à leurs histoires. Il détourna le regard, se jugeant en pleine forme, et se tourna vers son lit, enfin plus précisément un coffre face à son lit. Il en ressortit un bas noir et rêche, une paire de collants, une tunique bleue foncée, et son ceinturon en cuir noir, auquel se trouvait accroché un poignard à la lame très aiguisée. Ce n'était pas son arme favorite, mais il savait très bien s'en servir.

Il enfila sa tenue, choisis par ses soins, au lieu des serviteurs chargés pour cette tâche, et entreprit d'aller à sa porte. À cette heure-ci, le château et la majeur partie de ses habitants dormaient à point fermés. Le jeune brun ouvrit lentement la porte en sapin noire, lourde et épaisse, et se dirigea vers la droite, pour rejoindre l'aile gauche de la forteresse, ce qui lui permettrait de partir discrètement, en passant par les écuries et salle d'arme. Il marqua une pause, arrivé à la chambre voisine. Du à l'épaisseur de la pierre dont était fait le château, il fallait faire beaucoup de bruit pour pouvoir se faire entendre par-delà les murs. Hésitant à frapper, jeune homme ouvrit alors la porte, porte de la chambre de son frère d'arme.

Jace Herondale, un magnifique blond aux yeux vairons, l'un d'un bleu clair grisé, l'autre d'un brun intense, dormait d'un sommeil profond. Lebrun aux yeux bleus se laissa esquisser un sourire, en apercevant la carrure stoïque de l'homme, allongé et endormi dans des draps bleus, homme qui l'avait toujours qualifié comme un frère. En y pensant, le jeune homme eu un goût amer dans la bouche.


«Toujours qualifié comme un frère ..»


Il sentit son cœur se serrer. Il n'avait jamais considéré Jace seulement comme un frère. Le brun en eut la nausée, et décida à revenir sur ses pas, car inconsciemment il s'était déplacé jusqu'au pied du lit du blond, et il était à présent agenouillé près de lui, s'appretant à effleurer le bras ballant or du lit, du futur chevalier. Mais il avait réussis à s'arrêter juste à temps. Il s'était toujours.. senti attiré par lui. Ce qui, dit comme ça, dans ces conditions, à cette époque et sous la direction de l'Enclave, était plus que tout prohibé. Puis surtout.. il y avait tellement peu de chances pour que cela soit réciproque, que le beau brun laissait tomber l'affaire, encore et encore. Le brun connaissait déjà qui était l'heureuse élue du cœur de Jace. Une rousse, très mignonne, aux yeux verts pétillants,dame de compagnie d'Isabelle. Clary Fairchild.

Le brun soupira, et sorti, comme à contre cœur, de la chambre, dans laquelle le soleil commençait peu à peu à illuminer, les respirations de Jace devenant plus irrégulières, montrant qu'il sortait peu à peu de son rêve. Le jeune homme mis une main sur la pochette en cuir sombre qui tenait son poignard, et s'empressa de partir d'ici le plus vite possible. Il voulait galoper dehors, hors de tout ses soucis, chasser un peu, sentir le vent frais sur son visage, passer du temps dans les bois, loin de tout le monde, se sentir libre.

Il sinuait dans les couloirs sans fins, et une voix, féminine,l'interpella. Le brun se raidit, puis la reconnu. La personne chuchotait, sachant d'elle même qu'il voulait être discret. Il se retourna alors vers une splendide jeune femme, ses cheveux bruns en cascade sur ses épaules, ses yeux noisettes le regardant d'un air de fierté, et elle s'inclina en signe de respect face à son frère,plissant légèrement la robe fine, blanche et transparente dont elle était vêtue. Elle sortait à peine de son lit. Il lui sourit chaleureusement, et au lieu de s'incliner un peu comme elle l'avait fait, il s'empressa de la serrer dans ses bras, toujours aussi heureux de la voir.


_ Alec ! L'appela-t-elle, essayant de parler bas, serrant son frère, une tête plus grand qu'elle, contre elle.

_ Izzy ! Répondit-il en passant une main dans ses cheveux soyeux, se décalant d'elle en mettant ses mains sur les fines épaules de sa cadette. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu serais mieux en train de dormir, conseilla-t-il en la considérant de la tête au pied, de son ton protecteur.

_ Et toi alors ? Je pourrais te demander la même question, dit-elle avec une pointe de défi, esquissant un sourire en coin.

_ Je.. je voulais sortir un peu avant de rejoindre Père et Mère pour nos activités du matin. Enfin, tu vois quoi, m'échapper un peu..


Il baissa les yeux au sol, se décalant de sa cadette, et passa une main dans son cou, gêné. Il n'aimait pas vraiment s'occuper de tout ça. Disons que ça l'ennuyait même. S'il pouvait, au moins une fois ou deux, dans la journée, s'évader de toutes ses responsabilités, il n'hésitait pas. Et Isabelle le comprenait très bien. Elle lui fit un sourire, l'un des plus sincère, et posa sa main droite sur la joue de son frère, dont le nom était Alec. Alec étant un diminutif pour Alexander, soit, mais depuis bien longtemps plus personne en l'appelait plus comme ça.


_ Vas-y, Robin des bois. Va te défouler un peu.


Il lui sourit, et pencha la tête vers elle, l'intimant de pourvoir partir. La légende de Robin des bois, cet homme ayant tout abandonné pour faire le bien, lui envahit l'esprit pendant qu'il descendait un escalier en colimaçon. Enfin, même s'il savait pertinemment que sa sœur l'avait surnommé ainsi car son arme fétiche était l'arc. Alec avait toujours été doué avec cet objet dans les mains, l'arc étant son arme de prédilection. Il savait très bien manier l'épée, des poignards, arbalètes, et autres armes, l'arc restait son choix le plus courant.

Le jeune souverain arriva à la fin de l'escalier abrupt, s'ouvrant sur un grand hall. Ce hall, large et long, aux murs recouverts de torches, de marques, au sol couvert à certains endroits de tapis de pailles, servait comme salle d'entraînement aux jeunes chevaliers,guerriers, et chasseurs. C'est ici qu'il s'entraînait, qu'il s'était toujours entraîné, parfois sollicité par son père, mais le plus souvent par des guerriers très expérimentés, venus des quatre coins du monde. Isabelle y venait aussi parfois, mais en cachette. Alec lui avait appris plusieurs choses déjà, de sorte à ce qu'elle sache se défendre. Les femmes, et surtout pas de son rang, n'avaient pas le droit de se battre. Encore moins de pouvoir utiliser des armes, même s'il fallait avouer qu'Izzy se débrouillait vraiment bien avec un fouet entre les mains, plus qu'avec une cuillère pour cuisiner.

Il longea le mur de gauche, passant entre des colonnades en pierre blanche, avec des bas reliefs montrant des combats épiques, et rejoint une autre pièce, celle-ci rempli d'arme. La salle d'arme de l'aile gauche du château. Elle en était pleine à craquer. En bois, métal, or, tout y avait une place. Sur des tables, dans des meubles en bois,accrochés au mur, ou à même le sol, il y en avait partout, pour tout les goûts. Et comme il en avait l'habitude, le jeune homme se déplaça machinalement droit devant lui, vers une grande porte en bois renforcée de métal. Il s'arrêta juste devant, se tourna pourvoir si quelqu'un l'avait suivi ou si il y avait simplement quelqu'un, et l'ouvrit, juste assez pour qu'il puisse sortir.

Là, il débarquait dans une petite cour, au sol couvert de sable et de terre, avec des mottes de paille. Les écuries. Il se retourna vers la porte, et près de celle-ci, il tâta dans une pile de brin de paille, et en ressortit son arc. Il était plutôt grand, en bois dur mais souple, noir, avec une lanière de cuir large, brune, qui départageait l'arc en deux partie distincte de même taille. Il y glissa sa main dessus et empoigna fermement l'arme. Il le mit autour de son torse, la ficelle élastique contre son poitrail, le morceau en bois dans le dos. Il fouilla un peu plus le tas, et en ressortit son carquois, remplis de flèches. Il l'enfila, faisant attention à bien le mettre sous l'arc, et redonna un coup dans le tas. Il en avait un autre, beaucoup plus orné de toutes sortes de choses, mais celui là était son préférés. Sobre, et efficace. Il le cachait là pour pouvoir l'utiliser quand il le voulait, comme il le voulait, puis peu de personnes connaissaient son existence. 

Alec se dirigea vers les chevaux, tous dans des enclos, enclos étant imbriqués dans la forteresse elle même du château. Seul un portillon en bois séparait les bêtes de leur enclos à la petite cour intérieure. Le beau brun aux yeux bleus se dirigea vers l'enclos le plus proche d'un pont levis, l'enclos le plus proche de la sortie. Dedans s'y trouvait un magnifique étalon brun crème à la robe lustrée, constellée de tâches plus foncées. Alec y entra d'un pas calme et confiant, ramassant au passage une carotte dans un bac en bois, juste à côté de l'enclos voisin. L'étalon le salua en hénissant et tapant un sabot, et se rapprocha de son maître,acceptant la carotte qu'il lui tendait en l'attrapant puis la mangeant. Le jeune homme passa sa main dans la crinière fauve de la bête, et, s'y agrippant mais avec le plus grand soin possible, monta à cru sur le dos de son cheval, ne voulant pas utiliser de selle.


Il dirigea son cheval vers le pont levis, toujours ouvert, et, tapant sur la croupe de l'animal de sa main pour lui donner confiance, le fit avancer vers la sortie. Il donna un léger coup sous le flan du cheval avec sa botte, tout en le caressant de sa main libre, tandis que l'autre tenait fermement sa crinière. Le cheval se mit à galoper, droit vers la forêt,filant dans la clairière.




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