Raison XI | 01

Raison XI - Aimer, c'est apaiser. #01

Nathan – Et maintenant ?

— Elise, je... Je suis amoureux de toi.

Les mots résonnèrent à mes oreilles et au vu de la non-réaction de la jeune femme, j'en vins même à me questionner si j'avais prononcé cette phrase à voix haute. Puis, enfin, Elise ouvrit la bouche, pour la refermer immédiatement. Ses joues virèrent au rouge et ses yeux lancèrent des éclairs de panique.

— Je.... Nat', tu sais bien que...

Je ne la laissai même pas finir, sachant évidemment ce qu'elle allait dire.

— Je sais, Elise. Je sais. Mais je ne suis pas sûr de vouloir...

Je me tus, tandis que les yeux d'Elise s'emplissent de larmes. Elle voyait où je voulais en venir et cela me faisait mal d'avoir à le prononcer à voix haute. Mais je le devais. Je ne pouvais pas continuer comme ça.

— Je ne suis pas sûr de pouvoir continuer.

Elise croisa ses bras autour d'elle, comme à chaque fois qu'elle était triste. Je m'en voulus aussitôt d'avoir remarqué ce comportement. Elise ne m'appartenait pas. Et elle ne m'appartiendrait jamais.

— Je suis désolé, balançai-je.

Puis, ne pouvant plus supporter de me tenir impuissant face à elle, je déguerpis le cœur tambourinant de frustration contre ma poitrine.

.•.•.

Je me rappelai encore la première fois que j'avais vu Elise. D'ailleurs, elle se tenait exactement où j'étais maintenant, dans l'exacte position dans laquelle je me tenais. Recroquevillée, les bras autour d'elle, le regard perdu, cherchant une possibilité de se relever, une possibilité d'avancer. Et maintenant, j'étais à sa place, perdu et dépassé par mes sentiments. Je n'étais jamais tombé amoureux. J'avais bien déjà ressenti quelques trucs pour certaines filles, mais jamais quelque chose de bien concret et durable. Et quand je l'avais vue là, assise seule, je n'aurais jamais pensé tomber amoureux d'elle.

Elise était une fille quelque peu atypique. Un peu marginale, pas très bavarde et détestant se faire remarquer, alors que moi, j'étais plutôt celui qui parlait fort, lançait des blagues à tour de bras et que les profs fusillaient du regard lorsque j'entrai au milieu d'un cours magistral. A nous deux, on remplissait parfaitement la chartre des parfaits clichés d'une romance pour adolescents. Mais le cliché s'arrêtait là.

— Et Nat', je t'ai cherché partout !

La voix de mon meilleur ami Valentin ne réussit pas à me sortir de ma transe. Me connaissant comme sa poche, Val' prit place à mes côtés, sans rien dire.

Valentin était le genre de meilleur ami que tout le monde rêverait d'avoir. Drôle, sympathique, compréhensif, il savait toujours trouver les mots pour faire rire ou pour réconforter. Parfois, je me demandai si je le méritais vraiment.

— J'ai parlé à Elise, dit-il simplement.

La simple mention de son prénom me fit frissonner.

— Je pense sincèrement qu'il était tant que ça s'arrête.

Une des nombreuses qualités de Valentin était sa franchise et son honnêteté. Jamais il ne m'avait menti et il savait voir la vérité en face, contrairement à moi. D'ailleurs, il avait prédit ce moment depuis le début.

— Ce n'est pas contre toi, Nat', mais je savais que tu allais finir par te faire du mal.

— Alors, j'aurais dû refuser dès le début ? rétorquai-je d'une voix rauque. Tu sais bien que je ne pouvais pas refuser. Elle avait l'air si mal et je pensais... je pensais sincèrement que je faisais quelque chose de bien.

Ma phrase finit dans les aigües, et je me mordis la lèvre pour retenir ma frustration et ma tristesse.

— Tu faisais quelque chose de bien, me confirma mon meilleur ami. Pour elle. Pas pour toi.

Je haussai les épaules, quelque peu abattu.

Un ange passa puis je repris :

— Et maintenant ? Qu'est-ce qu'il va se passer ?

Valentin soupira :

— La vérité va éclater.

Je frémis face à la phrase sombre de mon ami.

— Elle ne le supporteras pas, soufflai-je malgré moi, m'inquiétant d'ores et déjà du sort d'Elise. Tu connais ses parents...

Valentin hocha la tête puis me fit face :

— Nat', tu savais que ça allait finir comme ça, n'est-ce pas ? Tu le savais que ça n'allait pas durer indéfiniment ? Même si ses parents sont les pires ordures qu'il soit, Elise ne peut pas se cacher toute la vie ! Tu crois quoi, qu'elle va se marier avec toi juste pour faire plaisir à ses parents ?

Les mots de Valentin, bien que durs, faisaient sens. Il avait, encore une fois, entièrement raison.

— Tu sais où est Elise ? demandai-je d'une petite voix.

— Avec Romane j'imagine.

Mon cœur se serra et je ne pus m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie m'envahir.

— Qu'est-ce que tu me conseilles ? demandai-je alors franchement.

Alors que Val' ouvrait la bouche pour me répondre, je me frappai le front avec ma main, me rappelant soudainement de quelque chose.

— Bordel, soufflai-je. Il y a un repas de famille demain soir. J'avais totalement oublié avec toute cette histoire.

Alors que je me levai précipitamment, Valentin me réprimanda d'un regard lourd et mes épaules s'affaissèrent.

— Je ne peux pas la laisser tomber, soufflai-je.

Valentin haussa les épaules, compréhensif.

— Alors aide-la. Aide-la devant ses parents. Si elle n'est pas capable de leur dire, fais-le.

Et ses mots s'ancrèrent en moi et je sus que je ne serais pas tranquille tant que je ne l'aurais pas fait.

.•.•.

Sans surprise, je trouvai Elise et Romane dans mon petit studio en rentrant des cours ce jour-là. Elles étaient allongées sur le canapé, leurs mains entrelacées, les yeux fermés. Je les observai un petit moment, avant de me détourner, un peu gêné. Même si cela me faisait mal de me l'avouer, les deux filles allaient bien ensemble.

Comme le studio n'était composé que d'une seule pièce sans compter la salle de bain et les WC, mon arrivée ne tarda pas à réveiller les deux filles. Aussitôt qu'elle me vit, Elise se mit debout et s'empressa de s'excuser :

— Je suis désolée, je... on ne savait pas où aller et...

Je secouai la tête, sans avoir le cran de la regarder dans les yeux.

— Pas de soucis. J'ai l'habitude.

De la rancœur se lisait dans ma voix et je vis nettement les épaules d'Elise s'affaisser. Romane la rejoignit et posa une main sur l'épaule de sa petite-amie. Elle me regarda et me dit :

— Nathan, on peut parler ?

Un peu surpris par l'initiative de Romane je lui affirmai que oui et quelques instants plus tard, nous étions dans le parc à côté de mon studio, marchant côte à côte. Romane fut la première à prendre la parole :

— Je voulais te remercier pour... pour ce que tu as fait pour nous, dit-elle, un peu hésitante.

Je fronçai les sourcils, et me terrai dans le silence.

— Tu es vraiment génial et...

— Tu vas me demander de ne plus jamais revoir Elise, c'est ça ? la coupai-je aussitôt.

Et Romane éclata de rire.

— Pourquoi je ferais ça ?

Je haussai les épaules, me sentant un peu ridicule d'avoir cru que Romane était là pour me menacer.

— Elise t'aime, reprit-elle. Peut-être pas comme tu aurais envie qu'elle t'aime, mais c'est le cas. Et... je comprendrai que tu me détestes, donc je voulais juste te dire merci. Merci pour tout ce que tu as fait.

Je demeurai un petit instant silencieux, puis me lançai :

— Je ne te déteste pas. Enfin je ne crois pas. Je me dis juste que... enfin tu as de la chance de l'avoir.

Romane sourit et acquiesça.

— Mais Elise ne m'appartient pas, dit-elle. Et elle fait partie de ta vie aussi.

Je réalisai alors que Romane était vraiment différente que ce que je m'étais imaginé. Décidément, les deux filles formaient vraiment un couple parfait.

— Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? demandai-je en répétant mot pour mot la question que j'avais posée à Valentin il y avait quelques instants de ça.

— Elise va devoir sortir du placard, dit Romane en regardant droit devant elle.

J'hochai la tête et nous rentrâmes chacun terrés dans le silence, l'inquiétude planant dans l'air.

...

— Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, plaida Elise, la voix emplie de culpabilité.

— Je sais, la rassurai-je. Crois-moi, moi non plus, mais bon. Apparemment, c'est compliqué de résister à ton charme.

Elise eut un petit sourire, mais je voyais bien qu'elle se sentait coupable de tout ce qu'il se passait.

Il fallait dire que lorsque j'avais fait sa connaissance, on avait passé un pacte auquel ni elle, ni moi avions réfléchi aux conséquences. Comment aurais-je pu imaginer que je tomberai amoureux d'elle ? Surtout qu'elle m'avait clairement expliqué ce qu'elle voulait. Au début, tout s'était passé comme prévu. Elle m'avait présenté à ses parents comme son petit-ami, ses derniers avaient été enchantés de voir que leur fille rentrait enfin dans la vie d'adulte. Et pendant que devant eux, je jouais au petit-ami aimant, Elise profitait de celle qu'elle aimait vraiment dans l'ombre. Tout se passait à merveille jusqu'à ce que je sente mon cœur battre beaucoup plus vite que la normale quand Elise se tenait près de moi, que je sente des papillons voler dans mon ventre quand on s'embrassait pour faire plaisir à ses parents, qui s'extasiaient de voir leur fille avec un garçon. Rappelez-moi dans quel siècle on vit ?

— Qu'est-ce qu'on fait demain ? demandai-je en faisant référence au repas de famille prévu.

La panique gagna le visage d'Elise, mais elle prit son courage à demain et planta ses yeux dans les miens :

— Je vais leur dire la vérité.

Et, même je ne pouvais pas contrôler une petite partie de moi d'être déçu que tout ça soit fini, je me sentis fier de la décision de la jeune femme.

***

Hellooo ! Excusez moi pour cette absence ! Je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire en ce moment. J'essaye quand même de vous sortir la suite pour la semaine prochaine !

J'espère en tout cas que cette première partie vous a plu. Qu'est ce que vous imaginez pour la suite ?

Merci pour votre lecture !

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