Un jour de Juin.
Juin.
Marianne revient du comptoir avec nos deux boissons à la main, elle s'assoit à mes côtés et glisse mon gobelet devant moi sur la table. Je la remercie d'un baiser furtif sur les lèvres, elle me sourit puis regarde autour d'elle. Ses yeux, marqués d'un fin trait de liner, s'écarquillent et elle se redresse légèrement dans son siège.
– Oh, les voilà !
Je détache mes yeux de son visage et lève la tête à mon tour. Ma paille toujours entre les lèvres, je tourne mon attention vers l'entrée du café. Je souris et fais un signe de la main, même s'ils nous ont déjà vu. Louis me salue et, près de lui, Harry sourit timidement dans notre direction. Je le reconnais uniquement par les photos de lui que Louis a accepté de me montrer.
Ils font la queue afin de passer au comptoir pour commander eux aussi. Et déjà, leur langage corporel parle à leur place. C'est presque flagrant. La main de Louis vient se poser dans le creux du dos d'Harry et Harry, lui, ne le lâche pas du regard.
Marianne se penche vers moi, son parfum à la vanille me monte aux narines. Elle joue avec un bout de sa serviette tout en me murmurant presque à l'oreille :
– Il est beau garçon Harry, non ?
– Oui c'est vrai, je réponds tout bas en le regardant puis tourne mon attention sur elle, mais je te défends de tomber amoureuse de lui.
Son rire me fait instantanément sourire, malgré l'air sérieux que je tente garder. Ses yeux noisettes se plongent dans les miens, elle lâche la serviettes pour venir passer ses doigts contre ma joue et remettre une mèche en place derrière mon oreille. Il y a deux mois seulement, je me suis décoloré les cheveux, teint en blanc et les pointes, qui m'arrivent aux épaules, sont d'un bleu océan. Marianne ne cesse de jouer davantage avec depuis ce changement, elle me dit que c'est comme si elle passait ses doigts entre les vagues.
Je trouve ça joli, niais aussi mais ce n'est pas important. On finit toujours par s'embrasser en riant, parce qu'on est comme ça je suppose. En réalité, à part les baisers et les nouvelles caresses, notre relation n'a pas réellement changé. Elle reste toujours ma meilleure amie, mais maintenant je n'ai aucune honte à l'embrasser, lui dire que je l'aime, lui tenir la main dans la rue ou l'appeler ma petite amie devant le monde entier.
– Impossible.
Elle secoue la tête, pose ses lèvres sur le coin de ma bouche qui se tord ensuite dans un sourire heureux. Je ferme les yeux quelques secondes et quand je les ouvre à nouveau, Louis et Harry avancent vers notre table. Ils s'installent, en face de nous. Louis pose son plateau devant lui, je regarde son muffin à la noisette et ne me gêne pas pour lui voler un petit bout. Il râle un peu, même si je le vois sourire, et me tape gentiment la main alors que je porte le morceau à ma bouche.
– Bon alors, il commence en me faisant les gros yeux et se tourne vers son copain, Harry je te présente l'affreuse Norah, surtout n'écoutes rien de ce qu'elle te dit sur moi c'est totalement faux.
Je lui tire la langue en souriant, Louis me fait un clin d'oeil derrière son air qu'il veut très sérieux. Harry sourit, lui aussi, son regard voyageant entre nous trois autour de la table. Il a un air juvénile et est en même temps très charismatique. Je ne saurais pas l'expliquer. Mais je comprends tout à fait pourquoi Louis est tombé sous son charme. Je n'ai pas besoin de les voir plus longtemps côte à côté pour savoir qu'ils vont parfaitement ensemble. C'est naturel.
– Et voici Marianne, sa petit amie.
– Je suis heureux de vous rencontrer.
– Nous aussi.
Marianne répond pour nous deux et me donne un léger coup de coude. Mon sourire s'agrandit davantage et j'acquiesce sans hésiter. J'ajoute que j'adore son vernis à ongles, une couleur bleu pastel. Ses joues rougissent, il regarde ses doigts, joue avec et me remercie. Le sourire gigantesque qui se dessine sur les lèvres de Louis ne passe pas inaperçu.
Harry prend une gorgée de son thé en souriant, encore un peu intimidé, certainement, de rencontrer de nouvelles personnes. Louis coupe son muffin en deux et partage la moitié avec lui. Ils sont vraiment encore plus niais que je ne le croyais, mais je n'ai jamais vu et connu Louis aussi heureux.
Je lance le premier sujet de conversation. Ils me parlent plus en détails de leurs rencontres. Au fil des minutes, la timidité d'Harry s'efface et il ajoute son point de vue à l'histoire. Parfois leurs regards se croient et ils rayonnent vraiment tous les deux d'amour. Il y a quelques mois, j'aurais été jalouse, méprisante, triste et envieuse.
Aujourd'hui, Marianne a un bras autour de mes épaules, posé sur le rebord de ma chaise, ses doigts dansent au-dessus de ma peau dénudée, sous la table son genou touche le mien. C'est évident, je n'ai plus aucune raison de ressentir autre chose que du bonheur.
– Et vous alors, demande Harry en nous désignant tandis qu'il porte un bout de muffin à sa bouche, comment vous vous êtes rencontrées ?
Marianne tourne la tête vers moi, un fin sourire amusé dessiné sur ses lèvres. Je pousse ma jambe contre la sienne afin de la taquiner et repose les yeux sur nos deux amis. Je joue avec ma paille et commence à raconter :
– Ça s'est passé environ à la même époque que vous, l'été dernier. On était toutes les deux chez moi, on regardait un film et vraiment il n'y avait rien de spécial ou d'anormal. On se connaît depuis des années, et je n'ai jamais pensé à... je souris en coin, à embrasser Marianne, ou aucune autre une fille d'ailleurs. Dans ma tête, j'ai toujours cru que j'allais trouver mon prince charmant et tout ça...
Louis se met à rire, je lui donne un léger coup de pied sous la table et il vient me prendre la main pour la serrer dans la sienne, me faisant un clin d'oeil. Je lui souris.
– On riait beaucoup ce soir là, Marianne était contre moi dans mon lit. J'avais allumé une guirlande de lumières pour que la pièce soit plongée un maximum dans le noir. Elle m'a regardé et...
Je pose les yeux sur Marianne, elle me sourit et c'est comme si toutes les taches de rousseur sur son nez et ses joues se mettent à briller. Le petit anneau à son nez se met à briller sous la lumière du soleil. Je sais que, humainement, ce n'est pas possible, mais j'ai tendance à tout trouver plus beau et magique chez elle.
– J'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai demandé si je pouvais l'embrasser, continue Marianne en tournant la tête vers eux. Elle m'a fixé au moins dix secondes sans rien dire, et j'ai eu tellement peur d'avoir fait une erreur, d'avoir tout gâché entre nous. Ça faisait plusieurs mois que je la voyais comme plus que ma meilleure amie. Mais, elle a hoché la tête et on a eu notre premier baiser.
Elle hausse les épaules, je souris et rapproche ma tête de ses cheveux pour embrasser délicatement sa tempe. Les garçons nous sourient, Louis libère mes doigts et je reprends une gorgée de ma boisson.
– Après ça, le lendemain, on a eu une longue conversation. Norah était un peu perdue, elle m'a demandé si on pouvait prendre notre temps, si ça ne changerait rien entre nous de se lancer dans une relation, elle me sourit. Et je suppose que ça a fonctionné, vu que nous sommes encore ensemble un an plus tard.
– Comme nous, répond Louis en regardant Harry avec un air amoureux, d'ailleurs on voulait vous annoncer une bonne nouvelle aussi.
Leurs doigts se lient au-dessus de la table, Harry mange toujours des bouts de son muffin de sa main libre et nous regarde finalement avec le même sourire que son petit ami. Je suppose que ça doit être contagieux, car nous ne cessons de sourire tous les quatre depuis que nous sommes réuni.e.s.
– Harry est venu passer quelques jours ici parce qu'on cherchait un appartement depuis plusieurs mois déjà, ça a été assez compliqué, il soupire en levant les yeux au ciel. Mais on en a visité un hier et si tout va bien, il devrait être à nous pour Septembre.
– Sérieusement ? Je demande, surprise, en me redressant dans ma chaise. Vous allez emménager ensemble ?
– Oui, répond Harry, c'est fort possible. On l'espère du moins.
– Mais c'est génial !
Marianne n'aurait pas pu le dire mieux que moi, ils sourient tous les deux comme des idiots et je ne peux pas être plus heureuse pour eux. Euphorique, Louis nous montre sur son portable les photos de l'appartement et nous informe qu'il est situé à environ une heure en voiture d'ici. Ils souhaitaient trouver l'endroit idéal.
Harry nous avoue qu'il ne voulait plus habiter près de ses parents et qu'ils se porterait mieux loin d'eux. Sans non plus rentrer dans les détails, Louis m'avait expliqué, il y a quelques mois de cela, la relation compliquée entre Harry et ses parents. Mais je suis persuadée qu'il a trouvé, maintenant, son bonheur auprès de Louis.
Je connais Louis depuis quelques années et je ne l'ai jamais vu se comporter ainsi avec qui que ce soit. Je n'ai jamais vu ce Louis doux et attentionné. Je l'ai connu distant, fêtard, la tête dans les nuages, solitaire, distrait, renfermé. Suite à sa rencontre avec Harry, il est devenu différent. Ou peut-être simplement plus lui-même. Le Louis qui ne demandait qu'à sortir du creux de sa poitrine depuis trop longtemps déjà.
C'est une évidence, Harry est celui qu'il lui faut. Calme, réfléchit et discret. Mais il n'en est pas moins attentionné. Tous ces petits gestes qui peuvent paraître anodins mais qui servent à nourrir et renforcer leur relation, ces sourires et ces regards volés.
– Ça vous dit d'aller au lac tous ensemble ?
Louis n'a pas besoin de répéter deux fois sa proposition, nous venons tout juste de sortir du café et le soleil brille et réchauffe ma peau, une baignade dans le lac nous ferait à tous le plus grand bien. Je tiens la main de Marianne et Louis son vélo, Harry marche à nos côtés, ses lunettes de soleil sur ses yeux.
Une fois devant le lac, c'est à celui qui se mettra le plus vite en maillot de bains pour se jeter à l'eau. Marianne est la dernière, elle retrousse ses lèvres dans une mine boudeuse, les garçons et moi rigolons mais je viens l'entourer de mes bras et l'embrasser tendrement. Elle appuie sur ma tête et essaie de me faire couler. S'engage alors une bataille acharnée et bruyante au milieu de l'eau, jadis, calme du lac.
On pourrait facilement nous prendre pour des enfants, à rire, crier et se chamailler ainsi. Louis est assit sur les épaules d'Harry, dont l'eau lui arrive un peu au-dessus du ventre. Marianne est allongé sur le dos et agite activement les pieds pour arroser tout le monde autour d'elle et j'essaie de faire tomber les garçons en chatouillant les côtes d'Harry. Malheureusement pour moi, il n'a pas l'air d'être le moins du monde perturbé par mes gestes. Mais il rit, un rire qui sort du cœur et Louis le regarde, la tête baissé vers lui, comme s'il était la plus belle étoile dans le ciel.
Après cette baignade mouvementée, on remonte dans l'herbe. J'aurais dû penser à prendre une serviette. Louis sort la sienne et ils la partagent avec Harry, tous les deux assit dessus, encore dégoulinants d'eau. Marianne retire les brins d'herbe de ses jambes et m'en lance un sur l'épaule, je râle, elle rit et me pose un baiser bruyant sur la joue.
Les rayons du soleil ne tardent pas à nous réchauffer et nous sécher. Harry s'installe sur le dos, la tête contre le ventre de Louis. J'entends Louis rire, lui dire que ses cheveux sont encore mouillés et le chatouillent, puis il se met à toucher et jouer avec le pendentif autour du cou d'Harry. Ils se regardent, Louis se penche et embrasse son front. Je souris, Marianne prend une photo du lac sur son téléphone et la met sur les réseaux sociaux, je pose ma tête contre son épaule. Elle sent l'été et les fleurs. Mes odeurs préférées.
– Vous reviendrez parfois ici quand même ?
Je pose ma question et tourne légèrement la tête pour regarder les garçons. Ils me sourient tous les deux. Louis passe le bout de ses doigts contre les tatouages d'Harry dont la peau frissonne. Marianne redresse la tête et me donne un petit coup d'épaule en riant.
– C'est pas comme si ses parents habitaient dans le coin aussi.
Sa remarque nous fait rire tous les quatre, je lève les yeux au ciel. Louis, la mine amusée, m'assure qu'ils reviendront régulièrement au village.
Une fois séchés, nous remettons nos vêtements et Louis nous invite à venir un peu chez lui. Ses parents sont à la maison, ils nous accueillent comme si nous faisions déjà partis de la famille. Ils nous proposent du thé glacé, du jus fraîchement pressé, des fruits bio.
Je partage une grappe de raisin avec Marianne, Louis est installé avec nous dans le canapé et on regarde Harry jouer un morceau au piano. Il est vraiment doué. C'est fluide et entraînant. Le genre de musique qui donne envie de tout réussir.
Et quand je nous vois tous les quatre, je ne peux pas m'empêcher de sourire. De croire en nous. Notre jeunesse. Notre amour. Notre vie.
Je les regarde tour à tour, tout d'un coup figé.e.s dans le temps. Un tableau. Celui de nos existences qui se croisent et se rejoignent.
Marianne, sa main posée sur ma cuisse et son sourire lumineux.
Harry, son rire timide d'amoureux et son air libéré.
Louis, ses yeux débordants d'étoiles et le bonheur sur son visage.
Je les regarde tour à tour et je sais que je vis les plus belles années de ma vie à leurs côtés. Je sais aussi que ce n'est que le début.
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