Jour 13 (partie une).

Jeudi.

  L'orage gronde au loin, des nuages quasiment noirs arrivent au-dessus du village. Je pense que c'est un signe. J'ai presque envie de rire, c'est ironique parce que ça représente parfaitement bien mon état d'esprit. Cette nuit a été la plus horrible de mon existence. Je n'ai pas su m'endormir avant au moins cinq heures du matin, je n'ai fait que me tourner et retourner dans le lit, au plus grand malheur de mon meilleur ami. Quand je suis arrivé à m'endormir, j'ai été réveillé à onze heures trente par le retour de mes parents.

Zayn est rentré chez lui un peu après treize heures, il a déjeuné avec nous. Je n'ai presque rien avalé. Mon portable n'affiche toujours aucune nouvelle d'Harry, j'ai mon regard fixé sur l'écran verrouillé, j'attends un signe. Un signe qui ne vient pas. Je déteste cette situation. J'ai encore essayé de l'appeler, en vain. Je n'ai eu le droit qu'à tomber sur sa boite vocal. Au total, j'ai du lui envoyer une vingtaine de messages, il n'a pas pris la peine de répondre à un seul. Soit il m'en veut terriblement, soit il lui est arrivé quelque chose. Et ça m'angoisse.

Mon père me propose de venir à une exposition de l'un de ses amis avec lui, je secoue la tête et refuse sans même le regarder. Je sais qu'il dit ça pour mon bien, pour me changer les idées, parce que mon état ne passe inaperçu aux yeux de personne. Il vient doucement presser mon épaule. Je devine que c'est une façon pour lui de me dire que je peux lui parler. Mais je n'en ai pas envie ou alors je vais encore me mettre à fondre en larmes. Je serre simplement sa main puis lui adresse un sourire crispé.

Quand il est parti, ma mère vient embrasser mon front. Je suis allongé dans le canapé, mon portable sur mon torse et je fixe le plafond. Elle me dit qu'elle monte faire le ménage dans les chambres et salle de bains. Je lui propose mon aide, elle secoue la tête en souriant.

– Tu devrais aller faire un petit tour dehors mon cœur, ça te ferait du bien je pense. Même une heure, tu as besoin de te changer les idées. Ton père va ramener une tarte à la pomme quand il reviendra, on mangera ça tous ensemble.

Son sourire est contagieux. Je la regarde partir, souffle et décide de me lever. Elle a raison. Je ne peux pas rester là à attendre. Je ne tiens pas en place, je n'en peux plus d'espérer une réponse de sa part. Je prends mon vélo au jardin, grimpe dessus et me dirige vers le centre du village. Je pédale vite, j'ai chaud. Le temps est lourd à cause de l'orage. J'ai oublié de prendre de quoi me couvrir.

Lorsque je suis à la place, je regarde autour de moi dans l'espoir de voir Harry. Seul, avec sa famille, je ne sais pas. Simplement le voir. Savoir qu'il va bien, qu'il est simplement très en colère contre moi mais qu'il ne lui est rien arrivé sur la route hier soir. Mais, évidemment, il n'est pas là. Je passe devant les boutiques, regarde par les vitrines à l'intérieur, juste au cas où.

A la bouquinerie, Léo me voit arriver et me fait signe de la main avec un sourire. Je rentre, il me demande si ça va, parce que j'ai une mine étrange. Je hausse simplement les épaules. Des jours avec et des jours sans. Son sourire faiblit légèrement, il me dit qu'il comprend. Sa main se pose sur mon épaule puis je lui demande :

– Tu n'aurais pas vu Harry passer dans le coin aujourd'hui par hasard ?

Je tente toutes mes chances. Léo connaît tous les recoins du village et sa main ne se situe pas loin de la place, je pense qu'il a les yeux sur tout ce qu'il se passe.

– Si justement, il est rentré dans la gare ce matin. Il était très tôt je n'étais pas encore arrivé à la boutique, le jour venait à peine de se lever. Je prenais mon café au bord de ma fenêtre, je l'ai vu passer, il semblait un peu perdu et cherchait son chemin. Il avait un sac avec lui et il marchait vite. Je ne sais pas, il était pressé je pense... Pourquoi ? Il ne t'a pas dit où il allait ? Je croyais qu'il repartait chez lui Samedi ?

Les battements de mon cœur s'intensifient, je pose ma main sur son bras et le regarde dans les yeux, le visage sérieux et accablé par la surprise. Je n'avais pas vraiment d'espoir en lui posant cette question, mais Léo vient de me redonner espoir.

– Non, je souffle, non il ne m'a rien dit... Nous... je secoue la tête et baisse le regard. Nous nous sommes pas séparés sur de bons termes hier. Je me suis mal comporté avec lui et j'ai besoin de réparer les choses. Je lui ai envoyé des tas de messages, mais il ne me répond pas et...

– Alors mon garçon, qu'est-ce que tu attends ? Me coupe Léo en fronçant les sourcils. Cours après lui ! Quand une chance se présente à toi, il faut la saisir tout de suite !

Une chance. Ses paroles me font directement pensé au pendentif d'Harry. Hier encore, je le tenais entre mes doigts en l'embrassant. Et je me souviens. De sa phrase, chacune de ses paroles. Parce que je refuse de croire que je t'ai rencontré pour que notre histoire s'arrête dans trois jours. On a le droit d'avoir une chance.

Je souris, remercie Léo et lui embrasse les joues. Il ne comprend pas vraiment, mais il rit. Un rire qui vient du cœur. Je lui demande s'il peut garder mon vélo, il me dit de le ramener dans sa boutique. Je me dépêche et cours ensuite vers la gare. Elle est quasiment vide. Mon cœur bat la chamade, j'ai les mains qui tremblent mais je parviens à me calmer pour réfléchir. Où est-ce qu'Harry s'est rendu ?

Mes yeux parcourent les panneaux où les différentes destinations sont affichées avec leurs horaires et tombent ensuite sur une jeune femme qui s'avance dans ma direction, rapidement. Je fronce les sourcils et recule d'un pas quand elle s'arrête juste en face de moi. Elle est essoufflée, ses cheveux dans tous les sens et elle serre son téléphone et un bout de papier entre ses mains, l'air paniqué.

– Dis moi que tu sais où est Harry ?

Harry. Elle connaît Harry ? Mais, je n'ai jamais vu cette femme de ma vie, du moins je n'en ai pas le souvenir. Je ne comprends pas. Mes sourcils se froncent davantage. Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'elle veut dire ou de réfléchir à quoi que ce soit qu'elle lève déjà les yeux au ciel.

– C'est bon, je t'ai vu embrasser mon petit frère hier au lac... Je voulais connaître la raison pour laquelle il s'échappait aussi souvent que possible de la location. Enfin, il fait ce qu'il veut, le problème n'est pas là, il était heureux ces derniers jours et... Je te redemande... est-ce que tu sais où il est parti ? Je viens d'interroger tous les employés de la gare et des gens qui sont là, mais personne ne l'a vu...

– Non, je dis en secouant la tête, non je ne sais pas. Je... Je le cherche aussi.

– Génial...

Elle soupire et passe une main sur son visage. Ses yeux semblent épuisés, elle regarde autour d'elle puis porte à nouveau son attention sur moi. Je n'ai pas le temps de penser au fait que ce soit la sœur d'Harry, qu'elle nous a vu nous embrasser au lac, qu'elle ne sait pas non plus où il se trouve.

Toutes ces pensées se mélangent dans ma tête et je ne sais pas quoi dire ou faire. Finalement, elle me tend le bout de papier qu'elle tient entre ses doigts et continue de parler :

– Je ne sais pas ce qu'il s'est passé exactement, mais il est rentré hier soir, dans la nuit. J'ai été réveillé par des cris. Je suis descendu, il pleurait dans le salon. Il y a eu une... elle grimace, une altercation avec mon père. Harry est monté s'enfermer dans la chambre. Ce matin, je suis venu pour le réveiller et il n'était plus là. La plupart de ses affaires aussi. Il m'a simplement laissé cette lettre Lis la, peut-être que toi tu sauras où il se trouve actuellement.

Je me pince les lèvres et parcours le contenu de la lettre. Quelques mots, à peine dix lignes je dirais. En dehors de toutes ces informations, de toutes ces questions qui tournent dans ma tête, à propos de son père, de sa fugue, de nous, de ses problèmes, j'essaie de ne me concentrer que sur les derniers mots. Harry lui écrit qu'il est parti, jusqu'à Samedi, là où il devrait être.

Là où il devrait être.

Il me faut à peine quelques secondes. Je n'ai pas besoin de réfléchir. C'est une évidence. A nouveau, l'espoir gonfle ma poitrine, dont les battements en dessous s'affolent. Je rends son téléphone à sa sœur et lui répond rapidement :

– Je sais où il est, suis moi.

Je me dirige, d'un pas vif, jusqu'au guichet et demande deux billets pour le train en destination de la mer. Harry ne peut pas être autre part que là-bas. Mon cœur me le dit, alors je suis sa voix. La sœur d'Harry tend des pièces pour payer sa place et nous nous dirigeons vers le quai. Le train ne sera pas là avant dix minutes. Nous nous asseyons sur un banc, face aux rails.

Elle reprend doucement son souffle, je ne tiens pas vraiment en place, ma jambe tressaute toute seule et je me commence à jouer nerveusement avec mes doigts. C'est le seul endroit où Harry peut être, je n'en vois pas d'autre. Nous y sommes allés à deux, il y a vécu son plus beau souvenir, c'est obligé.

– On le trouvera, je n'arrêterai pas de le chercher. Je ne peux pas le laisser comme ça.

– Moi non plus.

Ses mains sont encore refermées autour du téléphone. Elle aussi doit attendre après un message de sa part. Une personne en plus arrive sur le quai, je regarde impatiemment au bout de la voie et prie pour que le train soit là au plus vite. Je déteste encore plus encore attendre maintenant que je suis presque certain de savoir où il se trouve.

– Il ne répond pas non plus à tes messages ?

Elle secoue la tête, je soupire et sors mon téléphone pour vérifier. Toujours rien. Il est presque quatorze heures trente. Ça veut dire qu'il ne m'ignore pas volontairement. Sa sœur est autant dans le flou que moi. Nous attendons un moment en silence, je tiens précieusement le billet composté entre mes doigts.

Quand le tain entre en gare, nous nous levons. Nous laissons les quelques passagers descendre et nous montons dans la voiture tout au bout. Une fois arrivés, nous perdrons moins de temps à remonter tout le quai. Nous nous asseyons face à face. Elle passe ses doigts dans ses cheveux châtains et décide finalement de les réunir dans une couette.

Maintenant que j'y fais plus attention, Harry et elle ont beaucoup de ressemblances. Notamment le nez et les yeux, les siens sont marrons, presque dorés, mais ils ont le même regard. Doux et bienveillant et profond.

– Je m'appelle Gemma, au fait.

– Louis.

Un sourire apparaît sur son visage et, lui aussi, c'est le même que celui d'Harry. Sans les fossettes. Du moins, elles ne sont pas aussi prononcées. Mais il dégage la même chaleur, la même confiance.

Le train démarre, je regarde le quai qui s'éloigne et le paysage qui prend de la vitesse. Déjà, le trajet me paraît interminable. Un couple avec deux enfants entre dans notre voiture, ils s'installent tout au fond, je pose ma tête en arrière contre le siège et soupire.

– Pourquoi la mer ? Comment tu as su ?

Je passe ma langue entre mes lèvres, regarde Gemma et affiche un sourire nostalgique malgré moi. Je crois que dès que je reviendrais à cette plage, je n'aurais plus en tête que cette après-midi passée avec Harry. Une des plus belles journées de ma vie. Un de mes souvenirs les plus précieux même.

– Nous y sommes allés, avec Harry. La première semaine où vous êtes arrivés. Il m'a dit qu'il n'avait jamais été à la mer, alors je l'y ai emmené.

– Je comprends mieux maintenant, elle sourit, il était vraiment heureux pendant ces deux semaines et je ne comprenais pas pourquoi il passait une partie de la journée dehors, sans nous, pourquoi je l'entendais se lever tard dans la nuit ou rentrer au petit matin. Je ne voulais pas... l'espionner. Mais, je l'ai suivi hier matin, pour connaître la raison de son sourire. Quand tu es arrivé, j'ai vu la manière dont il te regardait et je n'ai pas eu besoin de réfléchir plus longtemps.

Mes joues se mettent à rougir et mon sourire se creuse davantage. Si j'ai réussi à rendre Harry heureux, alors je ne peux que l'être moi aussi. Je le serais quand nous l'aurons retrouvé, quand je me serais excusé, quand il sera dans mes bras et que je pourrai arrêter d'avoir peur de le perdre.

– Après, j'ai eu la confirmation de ce que je pensais quand vous avez commencé à vous embrasser au milieu du lac, elle lève les mains, je te promets je suis vite partie à ce moment là !

Nos rires se mêlent. Je secoue la tête et elle me sourit, fièrement, amusée un peu aussi. La voix du conducteur s'élève dans la voiture et il annonce les noms de tous les arrêts. Quand il termine, Gemma se penche un peu plus vers moi et me dit, très sérieuse maintenant :

– Je n'ai jamais vu mon frère comme ça, Louis. Il ne s'ouvre pas aux autres et les quelques minutes où je vous ai vu ensemble, j'ai eu l'impression qu'il était enfin lui-même. Je ne peux pas te dire à quel point ça me fait du bien, de le savoir heureux. Et je ne sais pas quelle est la nature de votre relation, si c'est quelque chose de sérieux, si vous comptez garder contact après Samedi, mais Louis, je vais être très claire avec toi...

Je l'écoute attentivement, elle articule chaque mot, elle prend son temps pour me faire comprendre l'impact de chacun d'eux.

– Si tu brises une seule fois le cœur de mon frère, je viendrais jusqu'ici s'il le faut pour te tordre moi-même le cou.

Même s'il annonce cette menace sur le ton de la rigolade, je lis dans ses yeux une part de vérité. C'est un avertissement. Elle protège Harry et je comprends. Si j'avais eu un frère ou une sœur, je pense que je me serais comporté de la même manière. J'ai une forte tendance à défendre corps et âme les personnes qui compte pour moi. Harry en fait partie à présent, je n'ai plus aucun doute là-dessus.

Je hoche la tête, elle me sourit et se remet correctement dans son siège. Gemma n'est pas le moins du monde méchante, au contraire, c'est une femme forte, indépendante et qui sait ce qu'elle veut. Elle ne mâche simplement pas ses mots et je dois dire que je l'admire pour ça. Elle est un peu comme moi, un franc-parler qui déstabilise un peu les autres.

– Je ne veux que son bien.

– Je devine, elle me répond en me regardant, tu ne serais pas à ce moment même dans ce train sinon.

Pour le reste du trajet, nous discutons afin de nous connaître mutuellement mais aussi pour faire passer le temps qui semble terriblement long. Ce voyage ne m'a jamais paru aussi interminable. Je suis heureux, d'un côté, de ne pas avoir à le faire seul.

Si Gemma n'était pas venu à ma rencontre tout à l'heure, je serais encore certainement dans la gare à chercher où Harry pourrait bien s'être rendu, ou bien même chez moi à paniquer car Harry ne me donne toujours aucun signe de vie.

– Je me sens tellement coupable et bête, je souffle, j'aurais dû lui courir après hier soir ou rester avec lui, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête...

– Louis, ce n'est pas de ta faute cette histoire.

Je viens de lui raconter les événements de la fête d'hier soir. Le baiser de Colin. La disparition d'Harry. Elle m'a écouté attentivement, l'expression sur son visage est la même que celle de son frère dès qu'une conversation devient sérieuse. Les sourcils légèrement froncés, les lèvres retroussées en une ligne droite, le regard fixé sur le visage de l'autre personne. Maintenant, elle tend sa main pour la poser sur mon avant-bras, penchée vers moi.

– C'est principalement, et uniquement je crois, à cause de notre père qu'il a décidé de fuir. Ça aurait très bien pu se passer dans un mois, trois semaines, un an que sais-je, chez nous. Tu n'es pas coupable, je pense même que tu l'as beaucoup aidé quand il en avait le plus besoin. Et aujourd'hui, c'est le cas. Il a besoin de toi.

– Pourquoi ne m'a-t-il pas appelé pour venir le rejoindre ou au moins pour me prévenir alors ?

Les doigts de Gemma exercent une légère pression sur mon poignet, je glisse ma main dans la sienne et lève les yeux vers elle. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que j'ai, malgré tout, un rôle dans sa fuite.

– Harry n'est pas le genre de personne à demander de l'aide. Comme je te l'ai dis, il se renferme sur lui-même et il attend que la tempête passe. Sauf que, avec notre père...

– Elle n'est vraiment jamais passée ?

Je l'interromps en ancrant mon regard dans le sien. Elle hoche la tête, l'air grave et soudainement très sombre. A mon tour, je lui serre les doigts pour lui faire comprendre que moi aussi je peux l'écouter. Gemma voit que j'attends d'en savoir plus, sur leur famille, sur leur père, sur sa relation avec Harry. Elle passe une main sur son visage puis pousse un long soupir.

– Je pense qu'Harry préférera t'en parler lui-même quand il sera prêt. Ce n'est pas à moi de te le raconter... Mais ce qu'il a écrit dans le message, ce n'était pas des paroles en l'air. Dès qu'il en aura l'occasion, il partira de la maison.

A ses mots, je comprends que c'est bien plus qu'un simple conflit familial. Ce n'est pas cette période où il pense détester ses parents parce qu'ils lui refusent tout et le prennent encore pour un enfant. Moi même j'ai connu ça, même si ce fut très bref, à peine quelques mois. Pour Harry, cela semble être une relation ambiguë qui est bien plus dure et profonde et construite sur la haine. Sinon, il ne voudrait pas partir dès que ce serait possible.

Nous ne disons plus rien pour les dix minutes restantes du trajet. Le train finit par s'arrêter en gare. Nous descendons sans attendre. Une fois que nous sommes sur la digue, je regarde autour de moi dans l'espoir de voir son visage apparaître. Gemma me prend le bras et me demande par où commencer à chercher.

– On devrait se séparer pour aller plus vite et couvrir plus de terrain. Je prends la plage et les dunes. Occupe toi des rues autour et si tu as une photo de lui, va peut-être demander à certains commerçants s'ils l'ont vu ?

– Ça marche !Attends, avant de partir, je te donne mon numéro. On pourra se tenir au courant et se prévenir si on le trouve.

J'enregistre rapidement mon numéro dans son téléphone et moi le sien. Nous nous regardons une dernière fois et nous partons ensuite chacun dans notre direction. Je mets à marcher aussi vite que possible, je crois même que je cours au bout d'un moment.

Tout en remontant le long de la digue, je crie son prénom. Partout. Mon regard essaie de tout englober autour de moi. J'ai de la chance qu'il n'y ait pas trop de monde aujourd'hui. Le temps n'est pas non plus à la promenade au bord de la plage ou même la baignade. Cela n'empêche pas quelques esprits curieux d'aller s'aventurer dans l'eau.

Au-dessus de ma tête, le ciel est gris. Les énormes nuages noirs arrivent, poussés par le léger vent chaud. Aucun doute, l'orage ne va pas tarder. Si l'averse venait à tomber et les éclairs à éclater, j'espère au moins qu'Harry est à l'abri.

Je descends sur un ponton qui mène jusqu'au bord de l'eau, la mer vient lécher avidement le sable. Le bruit des vagues est assourdissant, elles se fracassent les unes sur les autres et se brisent contre les rochers. Quand l'orage arrive, l'océan se déchaîne, se libère. Et c'est beau. Mais pas aujourd'hui. Pas maintenant. Pas alors que je cours tellement pour trouver Harry que j'en ai le souffle coupé. Il n'est pas non plus vers l'entrée de la petite grotte ou entre les rochers secs où se trouvent des petits coins de sable.

Cela fait déjà vingt minutes que je cherche. Gemma ne m'a toujours rien envoyé. Je continue et remonte jusqu'aux dunes. C'est mon dernier espoir, sinon cela voudra dire qu'il s'est réfugié quelque part dans la ville.

Son prénom franchit à nouveau plusieurs fois mes lèvres. Je ne prends pas la peine d'enlever mes baskets quand j'arrive dans le sable. Je n'en ai pas le temps. Je crie.

Ma voix est brisée, par l'angoisse et les larmes qui se bloquent dans ma gorge. Et si je me suis trompé ? Et s'il n'est pas ici ? Et si l'endroit où il devait être c'était le lac ? S'il m'attend encore là-bas ?

Je commence sérieusement à paniquer. Mon rythme cardiaque s'accélère, je manque de trébucher dans le sable. Je ne peux pas abandonner, pas maintenant, pas tant que je ne l'ai pas sous mes yeux.

Le vent se lève davantage. Je veux qu'il porte son prénom partout, dans la ville, dans le monde entier pour qu'il m'entende l'appeler

Harry

H a r r y

HARRY

Louis ?

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