Jour 13 (partie deux).

Jeudi.


Louis ?

Je me retourne brusquement, une larme s'échappe de ma paupière et glisse le long de ma joue. Je n'en crois pas mes yeux. Je pourrais m'effondrer dans le sable, là, à cette seconde même. Pendant un temps, je reste figé, comme dans un rêve qui est devenu cauchemar, au milieu des dunes.

Harry est . Il m'a entendu. Il est là, devant moi, son sac à bout de bras. Je retiens mon souffle, il semble que mon cœur ait cessé de battre le temps d'un instant, lui aussi.

Il laisse tomber ses affaires au sol, dans le sable. Je m'avance vers lui, il se met à courir dans ma direction, ouvre ses bras et je me réfugie dedans. C'est lui qui a fui et c'est moi qui ai besoin d'être rassuré.

Mes doigts se referment et s'accrochent à ses vêtements, dans son dos. Ses bras me serrent vigoureusement contre lui, je sens sa main dans mes cheveux et son corps qui tremble. Je ne le lâche pas, plus maintenant. Je ferme les yeux et je laisse les larmes couler silencieusement sur mon visage.

Je n'entends même plus le bruit de la mer autour de nous. Seulement les palpitations incessantes de son cœur contre le mien, et le son de mes propres battements jusque dans mes oreilles.

Nous nous détachons pour nous regarder, parce que j'ai besoin de le sentir et de le voir, de constater que ce n'est pas mon imagination, qu'il est bien là. Je glisse mes doigts sur son visage, ses joues. Ses yeux sont d'un vert sombre, humides de larmes. Il pose son front contre le mien, je ravale un sanglot et presse mes doigts dans ses cheveux.

– Je suis désolé Harry... Je suis tellement désolé... j'ai eu tellement peur si tu savais...

Mes murmures sont tremblants à cause des larmes, je ne vais pas être capable de m'arrêter tout de suite. Il secoue la tête, me caresse le dos et se recule légèrement pour me regarder dans les yeux.

– Non, c'est moi qui suis désolé... Je n'ai pas eu le temps de te prévenir. Hier soir, j'ai reçu un message de mon père quand vous avez commencé ce jeu... Il voulait que je rentre immédiatement et... et il était très en colère. Il a tenté de m'appeler et m'a laissé un message... J'étais obligé de rentrer, je sais comment il est je ne pouvais pas l'ignorer et... j'ai voulu te prévenir mais...

Il marque une pause et je comprends qu'il parle du baiser entre Colin et moi. Je secoue vivement la tête et prend son visage entre mes mains.

– Je n'ai jamais voulu l'embrasser, Harry. Je te jure il ne m'intéresse pas, je...

– Je sais, il me coupe d'un ton calme, je n'ai jamais douté de toi Louis. C'est vrai que ça m'a énervé sur le moment et j'étais en colère. Contre lui, pas toi... Je savais très bien qu'il avait ça pour se venger. Quand tu fumais avec Zayn, on était dans la cuisine et Colin m'a demandé si on était ensemble, toi et moi... Je n'ai pas eu le temps de répondre, Lucas lui a dit que tu leur en parlerai si c'était le cas. Je crois qu'il n'a pas eu besoin de ça pour comprendre...

Je soupire lourdement, pose mon front contre son épaule. Ses doigts se trouvent à présent dans mes cheveux, il me tient encore dans ses bras. Il pourrait me tenir au cœur d'une tempête, je sais que je n'aurai pas peur, je sais qu'il me protégera.

– Après ça, donc, je suis vite rentré chez moi. J'ai eu... Mon père m'attendait. J'ai eu une grosse dispute avec lui... J'ai craqué, je ne pouvais rester dans cette maison avec lui... c'était un enfer.. Il m'a confisqué mon portable en rentrant. J'ai dû laisser une lettre à ma soeur, pour lui expliquer, je n'avais pas le choix. Je ne savais pas si mes parents allaient tomber dessus, alors je n'ai pas pris le risque de lui écrire où je me rendais...

Harry parle assez vite, plus vite que d'habitude, je redresse la tête pour le regarder et passe mes doigts contre sa joue. Son visage n'est plus qu'un mélange d'émotions. La tristesse, la fatigue, la peur, la colère... Il se laisse aller quelques secondes à mon contact, ferme les yeux. Quand il me regard à nouveau, il fronce les sourcils.

– Comment as-tu fait pour me trouver ?

– Ta sœur.

Sa main quitte mes cheveux et descend sur mon bras. Il se recule, m'interroge silencieusement. Je souris en coin puis souffle :

– C'est une longue histoire. Elle est ici.

– Elle est venue avec toi ?

– Oui, je hoche la tête, je devrais d'ailleurs la prévenir que je t'ai trouvé. Elle est très paniquée. Sans son aide, je ne serais peut-être même pas là.

Je sors mon téléphone de ma poche, écris un rapide message à Gemma pour l'informer que je suis avec Harry et que nous devons nous retrouver à l'entrée de la gare. Après l'avoir envoyé, je range mon portable et glisse ma main dans celle d'Harry. Il a l'air tellement épuisé et triste.

– Je sais que tu ne veux pas retourner voir tes parents, mais... tu pourrais passer la nuit chez moi ? Je refuse de te laisser ici tout seul et je ne veux pas repartir sans toi. Tu m'as fais si peur...

– Je suis désolé, il souffle en baissant les yeux, tellement désolé... j'ai eu cette idée sur un coup de tête et je ne savais pas quoi faire... je ne voulais pas te déranger ou t'inquiéter avec mes problèmes, mais...

– Hey, ce n'est rien. Tu es là, je suis là, je te promets que ça ira. Je ne t'abandonne pas.

Mes doigts serrent les siens, il ferme les yeux et je pose mes lèvres sur son front. Je lui dis les même mots qu'il m'a murmure, lui aussi. Je tente de le rassurer comme lui a su le faire avec moi, ces derniers jours. Après une dizaine de secondes où je le regarde respirer lentement, Harry hoche la tête et ouvre les paupières.

– On aura le temps de parler de tout ça demain, d'accord ?

Harry ravale sa salive, acquiesce et me prends contre lui. Une nouvelle fois, nous nous enlaçons sans aucune parole. Elles ne sont pas nécessaires. Nous nous comprenons par de simples gestes. Nos mains restent liées, son bras est passé dans mon dos pour me serrer davantage, mon autre main posée sur sa nuque.

Je sens son souffle chaud et lent dans mon cou. Je suis presque certain qu'il respire mon odeur pour s'assurer que je suis bien là, avec lui. Lorsque nos corps se détachent, je lui souris et demande :

– Tu viens chez moi, alors ?

– Je... tu es certain que ça ne te dérange pas, ou tes parents ?

– Harry...

Le simple fait que je lève les yeux au ciel suffit à faire apparaître le fantôme d'un sourire sur son visage. Je prends cela comme une victoire et serre ses doigts. Il me murmure,

– Je te suis.

Après avoir repris son sac, nous quittons les dunes et remontons le long de la digue. Les nuages noirs sont au-dessus de la plage maintenant, l'atmosphère est apocalyptique mais je ne me soucis plus de l'orage ou des premières petites gouttes fraîches de pluie qui tombent sur mes bras nus. Parce qu'entre mes doigts je tiens la main d'Harry. Il est là, je l'ai trouvé, il n'y a plus rien d'autre qui compte ou me faire peur maintenant.

Tandis que nous marchons, il s'arrête et je cesse de marcher aussi. Son regard est perdu à l'horizon, entre les vagues agitées de la mer et le ciel qui semble vouloir se mêler à la profondeur de l'océan. Ce pourrait être effrayant, mais je ne peux pas m'empêcher de trouver cela fascinant.

– Tu avais raison, c'est encore plus beau quand il y a de l'orage.

Je lui souris et le laisse s'imprégner de ce moment. Il nous faut une quinzaine de minutes pour tout remonter. J'aperçois Gemma, à l'endroit où nous nous sommes quittés tout à l'heure, elle regarde autour d'elle et un sourire fend son visage quand elle nous voit. Tout la peur et le stress s'évacue de son corps quand elle ouvre les bras et court pour enlacer son frère. Ils se serrent fortement l'un contre l'autre. C'est beau à voir.

Des larmes se mettent à couler sur les joues de Gemma, elle le traite d'idiot et lui fait jurer de ne plus jamais faire une chose pareille. Elle a eu la peur de sa vie. Harry hoche la tête et s'excuse plusieurs fois. Quand ils se séparent, sa main vient chercher directement la mienne. Sa sœur prend son sac, nous regarde tour à tour et sourit. Un vrai sourire qui aurait la force de chasser la tempête.

Nous retournons à la gare. Gemma va chercher nos billets et j'achète une barre de céréales et une bouteille d'eau pour Harry à un distributeur. Nous patientons sur un banc pour l'arrivée du train. Au-dessus de nos têtes, la pluie tombe et frappe bruyamment sur le toit. Un éclair fend le ciel, au loin, et l'orage éclate quelques secondes plus tard. Ses grondements en font presque trembler le sol.

Nous sommes à l'abri dans le train du retour. La pluie ne cesse de s'accroître, elle s'écoule contre les vitres de notre voiture. Les lumières ont été allumé au plafond. Dehors, le ciel est noir, sombre. On pourrait facilement se croire en pleine nuit. Parfois, un éclair surgit d'entre ces gros nuages et nous surprend. Nous avons pris place autour d'une petite table pour quatre personnes. Gemma est assise en face de moi, Harry me tient encore la main, sa tête est posée sur mon épaule, il dort.

Je souris, discrètement, quand je pense au fait que, quelques jours avant, c'était moi qui m'était endormi contre la sienne. Mais aujourd'hui, j'ai le sentiment que c'est différent. Il n'y a aucune gêne. C'est naturel et rien ne m'a jamais semblé aussi évident que ça. Nos doigts enlacés.

Durant le trajet, à voix basse, je raconte à Gemma comment j'ai retrouvé son frère. Elle m'écoute, les larmes au bord des yeux. Elle me remercie plusieurs fois, je lui souris et serre sa main à elle aussi. Ce n'est pas pareil qu'avec Harry, mais nous avons tous les trois besoin de ce soutient, de ce réconfort.

Arrivés la gare du village, nous attendons que la pluie se calme. Elle tombe abondamment sur les pavés et personne n'ose arpenter les rues. Harry a enfilé un pull à capuche, il est emmitouflé dedans et lové dans mes bras. Gemma soupire, passe une main dans le dos de son frère et me regarde. Je ne sais pas s'il dort encore, mais il est calme. Il n'a rien dit depuis notre départ de la mer.

– Je peux te le laisser alors, tu es sûr ?

– Oui, je hoche la tête sans hésiter, ça ira. Je pense surtout qu'il va se reposer et je vais prendre soin de lui, ne t'en fais pas.

– Je te fais confiance, je sais qu'il est entre de bonnes mains.

Nous échangeons un sourire. Harry bouge légèrement dans mes bras. Ses yeux sont fermés, j'embrasse son front, pousse ses cheveux de devant ses yeux. Le tonnerre gronde toujours

– Qu'est-ce que tu vas leur dire, à vos parents ?

– Certainement qu'il reste chez un ami jusqu'à notre départ. Notre père ne s'en portera que mieux, notre mère s'en fiche un peu. Elle ne dit jamais rien, de toute façon et elle ne cherche pas à le consoler ou prendre sa défense. Tu sais, elle est plongée dans son travail, elle n'est quasiment jamais à la maison. C'est plutôt moi qui, depuis les dix ans d'Harry environ, assure le rôle des deux parents.

J'aimerais lui poser des tas de questions, savoir ce qui a pu déclencher tout ça, où se trouve la source du problème, ce qu'Harry peut endurer. Mais je sais que Gemma n'est pas celle qui me donnera les réponses et explications dont j'ai besoin pour tout comprendre. Harry partagera avec moi cette partie de sa vie quand il s'en sentira capable. Ce sera peut-être dans des jours, des semaines, des mois, je peux attendre. Je peux attendre pour tout connaître de lui, pour tout apprendre de son histoire.

L'orage semble se calmer, la pluie est moins dense. Je secoue doucement Harry, il ouvre des petits yeux tristes et nous nous levons. Gemma le serre dans ses bras, embrasse son front et lui fait promettre de prendre soin de lui. Il hoche la tête lentement, s'enlacent une dernière fois. Elle a les larmes aux yeux, mais elle reste forte, parce qu'elle sait qu'elle doit l'être pour lui. Je suis un peu surpris quand elle se tourne vers moi et me prend aussi contre elle. Du coin de l'oeil, je vois Harry qui nous regarde et sourit du bout des lèvres.

Gemma me demande de lui donner des nouvelles par message de son frère, je lui promets de la tenir au courant. Elle nous adresse un dernier sourire et nous prenons chacun une route différente, sous les gouttes de pluie. Je passe par la bouquinerie de Léo pour prendre mon vélo. Quand il nous voit arriver, son sourire s'étire jusqu'aux oreilles. Il fait le tour de sa caisse et vient nous prendre, chacun notre tour, dans ses bras. Harry est un peu déstabilisé, mais je lui souris.

– Vous êtes trempés ma parole ! Venez je vais vous préparer un thé et j'ai des biscuits dans la réserve. Louis, tu connais le chemin, emmène Harry avec toi. Je ferme la boutique et je vous rejoins.

– Léo, je soupire en souriant toujours, ne t'embête pas avec ça, nous...

– Non non non jeune homme je ne veux rien entendre de tout ça ! Il secoue la tête. Ne contrarie pas une personne âgée, en plus la pluie recommence à tomber abondamment. Autant rester à l'abri le temps que ça se résolve.

Je lève les yeux au ciel, avant de confirmer, je regard Harry. Il hoche la tête en me souriant. Nous allons nous installer dans l'arrière de la boutique. Le son de la pluie est doux, reposant. Je me sens en sécurité ici, au milieu des livres, dans une librairie, avec Harry et Léo. Je crois qu'il n'y a nulle part ailleurs où je voudrais être à cet instant de mon existence.

Harry s'assoit en face de moi, son regard fatigué voyage un peu partout autour de lui. Même cette petite pièce regorge d'un tas de livres. Il retire son pull mouillé, le pose sur le dossier de sa chaise. Je pose mes doigts sur son genou et lui demande si ça va, il hoche la tête en me regardant dans les yeux.

Léo entre dans la réserve peu de temps après, il nous prépare du thé et ramène des biscuits aux amandes sur la table encombrée qui lui sert de bureau. Il verse l'eau bouillante dans trois tasses et s'assoit à côté de nous. Je crois qu'un seul regard lui a suffi pour comprendre ce qu'Harry et moi partageons, parce qu'un petit éclat brille dans ses yeux ridés. Je ne sais pas si c'est de la malice ou de la fierté, mais ça gonfle mon cœur de joie.

Nous restons une bonne heure à discuter dans la réserve. Harry est plus détendu, bien que parfois perdu dans ses pensées. La pluie s'est arrêtée de tomber, mais l'orage menace encore au-dessus du village. Léo nous raccompagne et ouvre la porte d'entrée avec une clé, il salue Harry et lui dit espérer bientôt le revoir ici. Je sais qu'il le pense sincère, il a compris qu'Harry est une personne importante à mes yeux. Et qu'il a peut-être changé ma vie à jamais.

Harry sort de la boutique, je serre délicatement Léo dans mes bras. Sa main me caresse le dos et il me regarde, derrière ses lunettes, son expression n'a jamais été aussi douce.

– C'est vraiment un garçon bien, il pose les yeux sur Harry dehors et sur moi, je vois qu'il te rend heureux. Vraiment. Je t'ai rarement vu comme ça, Louis. Vous me faites penser à ma femme et moi, quand nous avions votre âge, nous venions de nous rencontrer et nous étions fous amoureux l'un de l'autre. Et... C'est tout ce que je souhaite, d'avoir quelqu'un comme lui dans ta vie. Tu le mérites.

Une boule se forme en travers de ma gorge, une boule d'émotion. Je vois aussi les larmes au bord de ses yeux. Léo me serre contre lui et je le remercie, parce que je ne savais pas que j'avais besoin d'entendre ces mots. Nous nous quittons et j'ai le cœur un peu retourné. Je lui dois beaucoup.

Harry tient mon vélo. Je grimpe sur la selle, il s'assoit sur le porte-bagages. Il s'accroche à moi, je ressens la même sensation de chaleur que les autres fois, mais son intensité est décuplée. Je commence à rouler et souris quand sa tête se pose dans le creux de mon dos et que ses bras s'enroulent presque autour de mon ventre.

Mes parents sont tous les deux à la maison quand nous rentrons. Je laisse mon vélo dans le jardin. Harry me suit, un peu gêné. Mon père ressuie de la vaisselle à l'évier et ma mère écoute la radio en feuilletant un magazine d'art à la table de la cuisine, une tasse de café fumante devant elle. Ils se tournent tous les deux dans notre direction quand nous approchons et se lèvent pour venir saluer Harry.

Ils comprennent qu'il n'est pas vraiment au meilleur de sa forme. Je hoche la tête lentement quand mon père me lance un petit regard inquiet. Ma mère nous propose une part de tarte, un sourire bienveillant sur les lèvres. Je sens qu'ils essaient de mettre Harry à l'aise et lui faire savoir qu'il est à sa place ici.

– On vient de manger chez Léo, je réponds, Harry est fatigué. Je crois qu'on va aller se reposer un peu dans ma chambre.

– D'accord, mon père se tourne vers lui, n'hésite pas à venir nous demander si tu as besoin de quelque chose.

Harry hoche la tête et les remercie sincèrement, un sourire faible traverse tout de même son visage. Je lui dis d'aller dans ma chambre et que je le rejoins dans cinq minutes. Il acquiesce, je le regarde partir dans le couloir et disparaître ensuite.

Une fois que nous sommes à trois, je dis à mes parents que je leur expliquerai plus tard, mais qu'Harry ne va pas très bien et qu'il restera là cette nuit. Ils ne semblent pas avoir de problèmes avec ça, ma mère propose même à mon père d'aller faire des courses pour nous dîner ce soir, mais surtout pour nous laisser un moment seuls je crois.

Je les remercie et monte dans la chambre. Harry observe à la fenêtre, la vue sur le jardin et la pluie qui recommence à tomber. Il tient encore son sac sur son épaule et son pull autour de lui. Je ferme la porte, tire les couvertures de mon lit, range un peu mes affaires pour lui faire de la place.

– Tu veux aller te laver avant ? Je peux te prêter des vêtements, ils seront peut-être un peu petits, mais bon...

Il hoche la tête, me soufflant un remerciement, et s'assoit sur le bord du lit. Je fouille dans mon armoire pour lui trouver des vêtements assez amples, tandis qu'il pose son sac au sol et retire son pull.

Je lui montre la salle de bains, lui donne une serviette propre et pose les vêtements sur la chaise. Le temps de sa douche, je m'assois sur mon lit et envoie un message à Gemma. Je lui écris que nous sommes rentrés et qu'il va certainement dormir.

Harry revient une quinzaine de minutes plus tard. J'ai eu le temps de ranger un minimum ma chambre. Mon tee-shirt lui va parfaitement et le jogging n'a pas l'air de trop lui serrer non plus. Je me redresse et vais baisser le volet le temps qu'il range ses affaires dans son sac. Il s'installe dans le lit, je m'assois à ses côtés et l'attire dans mes bras.

Au bout d'un moment, nous sommes allongés l'un contre l'autre, la couverture remontée jusqu'à nos épaules. Il fait chaud, mais on ne se soucis pas vraiment de ça. Je le regarde, passe mes doigts contre sa joue, il soupire et sa voix, légèrement cassée, s'élève au milieu de la pièce :

– Je suis désolé Louis...

– Eh, je murmure, ne t'excuse pas. Tu n'as rien à te reprocher. Tu es là, c'est le plus important.

Ses paupières se ferment un instant sur ses yeux humides. Une de ses mains est posée dans mon dos, il me tient contre lui, la chaleur de mon corps le rassure autant que la sienne me réconforte. Mes bras entourent sa taille, je ne lâche pas. Il ouvre les yeux pour me regarder. Je sens qu'il a envie de me dire encore des milliers de choses, que ça pourrait nous prendre toute une vie. Mais, malgré tout, malgré son départ dans deux jours, nous avons tout notre temps. Parce que nous avons saisi notre chance et que maintenant, nous devons lui laisser le temps de fleurir.

Harry ne répond pas, il se penche vers mon visage et pose sa bouche contre la mienne. C'est baiser lent et léger que nous échangeons, mais il semble durer une éternité. Je crois que c'est surtout pour nous sentir respirer l'un l'autre. Pour sentir que nous sommes bien vivants.

Quand il se détache de moi, Harry me regarde dans les yeux et me remercie. Dans un murmure, il me dit :

– Merci d'exister Louis.

Sa tête repose près de la mienne, presque au creux de mon cou. Sa respiration se fait plus lente, régulière. Il ne lui faut que quelques minutes pour s'endormir. Je ne bouge pas, je lui caresse le dos, je ne ferme pas les yeux, j'embrasse son front. Et c'est seulement quand je suis certain qu'il dort que j'autorise une larme à couler le long de ma joue.

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